Sarkozy aux Etats-Unis
Après la gifle électorale reçue par son camp aux dernières élections régionales, la visite officielle au début de cette semaine du président français au pays de l’oncle Sam lui a permis d’avoir un répit de 48 heures. Et, ce voyage a été au-delà de ses espérances. Il en a profité, au cours d’un échange avec des étudiants d’une université américaine très huppée, pour vanter les mérites de la sécurité sociale qui existe en France depuis plus d’un demi-siècle. Un brin donneur de leçon qui nous rappelle que « chassez le naturel, il revient au galop ». L’autre temps fort de sa visite est l’entretien qu’il a eu avec le président américain dans le très prisé bureau ovale, avec en prime, un dîner privé avec le couple présidentiel américain. Les deux chefs d’Etat en ont profité pour rappeler leurs convergences de vue sur plusieurs dossiers internationaux tels que l’Iran, l’Afghanistan. Même le premier ministre de l’état hébreu, allié privilégié des Etats-Unis, n’a pas encore eu un tel honneur, depuis qu’il se rend aux Etats-Unis sous l’ère Obama. Mais, cela est une autre paire de manches. Après ce voyage, les chefs des exécutifs américain et français retournent à des préoccupations intérieures. Obama, après avoir réussi à faire passer sa réforme sur l’assurance maladie, a maintenant en ligne de mire les élections de mi-mandat en novembre prochain, qui constituent un vrai baromètre pour lui, après deux ans de présidence. Nicolas Sarkozy, de retour dans le chaudron hexagonal, doit affronter la fronde au sein de sa famille politique où il ne fait plus l’unanimité. Son impopularité dans les sondages d’opinion réveille les appétits présidentiels des anciens premiers ministres Alain Juppé et Dominique de Villepin. L’un se dit disposé à être le candidat de la droite en 2012 pour remplacer, en cas de coup dur, au pied levé, le président, tandis que le second se prépare à lancer son propre mouvement politique qui sera indépendant vis-à-vis du parti présidentiel. Ajoutée à cela, la grogne des élus du parti qui réclament d’être entendus par le chef de l’Etat. La gauche, quant à elle, est revigorée par sa victoire éclatante aux élections régionales. Et, plus que jamais, elle rêve de reprendre le contrôle de l’Elysée qu’elle a perdu depuis 1995. Face à cela, Nicolas Sarkozy a été obligé de revenir à des fondamentaux de droite, tels que la sécurité, l’immigration, d’une part, en ouvrant le Gouvernement aux chiraquiens et aux villepinistes, les autres sensibilités de l’Union pour la majorité présidentielle (Ump) et, d’autre part, en mettant, du coup, un terme à l’ouverture à gauche dont il a fait sa marque de fabrique. Reste que le challenge qu’il doit relever dans deux ans est énorme ; il s’agira pour lui de reconquérir l’électorat de droite déçu par son action au pouvoir faite de coups d’éclat, d’autoritarisme et de volontarisme bon teint et aller chercher des voix hors de son électorat traditionnel. Sa victoire en 2012 dépend de cette double équation politique qu’il doit résoudre.
Bernado Houènoussi
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