Bilan des quatre années de Boni Yayi au pouvoir
Jude Lodjou crucifie le Changement
Quatre années après avoir porté son choix sur le Président Boni Yayi, en ce temps candidat, l’Opposition constituée par l’Union fait la nation ne lui fait aucun cadeau en matière de critiques acerbes. C’est en ce sens que l’Honorable Jude Lodjou, Député Force Clé de l’actuelle législature, invité à se prononcer sur le bilan de Boni Yayi au pouvoir, explore plusieurs domaines et broie du noir.
Journal Le Mutateur : Il y a quatre ans, le parti Force Clé notamment soutenait le candidat Boni Yayi pour le second tour, ce qui lui a permis d’être élu Président de la République. A présent, quel bilan pouvez-vous faire de la gestion du pays par le Chef de l’Etat ?
Jude Lodjou : D’abord, je vous remercie pour l’intérêt que vous portez à notre République, à notre pays ; ça prouve que la génération montante, comme on le dit souvent, pourrait toujours prendre sa part de feu dans la construction de notre Etat. Ceci dit, c’est vrai que Force Clé fait partie des alliances et partis politiques qui ont porté le Président Yayi au pouvoir, surtout à partir du second tour, parce que, comme vous le savez certainement, Force Clé avait son candidat en la personne du Président Sèhouéto Lazare. Nous avions porté notre choix sur le candidat yayi, simplement parce que ce qu’il avait présenté comme programme de société nous avait relativement intéressé. Et, nous avions pensé donc que la mise en œuvre objective de ce projet de société, de ce programme pourrait participer un tant soit peu à une construction partielle, même s’il faut le dire, de notre pays, puisqu’en réalité, pour résumer, les éléments basiques, les éléments qui constituaient le fond de son programme peuvent se lire en quatre ou cinq points ; il s’agit, premièrement de consolider les bases de notre démocratie, il s’agit de mettre ce pays au travail, c’est-à-dire permettre à ce que l’agriculture qui occupe le plus de jeunes dans notre pays puisse véritablement avoir cet élément qui pousse, pour que les jeunes puissent avoie envie d’aller à la terre, donc remettre le pays au travail. Assainir l’économie, avait-il dit, c’était le troisième volet et, le quatrième volet devait être la lutte contre la corruption.
Nous avions donc pensé que si effectivement ces piliers étaient mis en route et si les programmes qui étaient prévus là s’appliquaient véritablement, on pouvait espérer que notre pays connaîtrait un début de développement digne du nom. Face à cela, comment ne pas soutenir un candidat du genre ? Nous l’avons donc soutenu et il est devenu Président de la République. Mais, avant la fin de la première année, Force Clé avait déjà vu des feux s’allumer dans le domaine de la gouvernance ; on avait constaté tout de suite que tout se passait comme s’il n’y avait pas un programme, un cadre logique avec des indicateurs objectivement vérifiables très clairs, ça n’existait pas, parce que le programme de gouvernement semblait se résumer aux rêves du Chef de l’Etat ; il suffisait que le Chef de l’Etat rêve sur quelque chose la nuit et, le lendemain, tout le gouvernement devait aller à l’assaut de cela, à telle enseigne qu’on a agi par précipitation, on a agi sans grande vision et le résultat, c’est les catastrophes que nous avons aujourd’hui. Cela n’a pas commencé aujourd’hui. On dit en fon que lorsque vous faites tomber les bagages que vous avez sur votre tête, ce n’est pas l’endroit où les bagages sont tombés qu’il faut voir, mais c’est là où vous avez cogné votre pied qu’il faut voir. Donc, c’est depuis le début que ça a commencé. Mais, dans les premières années, le peuple était tellement aveuglé par le slogan assourdissant qu’on lui avait prononcé, il n’avait pas vu les clignotants s’allumer. Donc, pendant un an ou pratiquement deux, le Chef de l’Etat avait une grande liberté de mettre en application sa politique. Ce n’est qu’à partir de la troisième année que le peuple a commencé à ouvrir les yeux, à voir qu’en réalité, ce n’était rien que des chimères, à voir qu’en réalité, les promesses n’étaient pas tenues, à voir qu’en réalité, il y avait un peu trop de comédie par rapport à la réalité. De comédie, il y en a tellement, parce que, ce que moi j’ai toujours souhaité est que nos dirigeants disent franchement ce qu’ils font et qu’ils fassent réellement ce qu’ils disent. Mais, ce qui se passe dans notre pays, on dit une chose, mais on fait autre chose. Sur tous les plans, la précipitation est si grande que dans tous les domaines, on a mobilisé les ressources de l’Etat qu’on a englouties dans des projets non pensés et, par finir, c’est le fiasco.
Je prends un premier exemple : la Sonapra. Dès son arrivée, le Chef de l’Etat a mis tous les efforts dans la Sonapra ; on a parlé de payer les dettes des producteurs, on a estimé qu’il y a des opérateurs qui doivent aux producteurs et qui n’ont pas encore les moyens pour payer et, le Chef de l’Etat a décidé par lui-même de prendre des sous de la République pour les avancer à ces opérateurs-là, pour payer les producteurs à la place de ces opérateurs, quitte à ce que les opérateurs payent après. Présenté sous cette forme, beaucoup pourraient comprendre, mais la réalité est qu’aucune discussion n’a été menée avec l’opérateur, parce que, quelques temps après, l’opérateur a dit qu’il n’a pris aucun engagement avec le Chef de l’Etat. Alors, sur quoi notre Gouvernement s’est-il basé pour faire cette avance à cet opérateur et payer les soi-disant producteurs ? Producteurs dont certains continuent de dire jusqu’à aujourd’hui qu’ils n’ont pas perçu ce que le Gouvernement a dit qu’il a payé. Dans cette ambiance, à l’Assemblée nationale, un an après cette avance faite, nous avons demandé au Gouvernement de venir nous faire le point de cette avance faite et des remboursements, si remboursement il y a déjà. C’est là où moi, j’ai été scandalisé, parce que mon Gouvernement n’était pas en mesure de nous donner de manière fixe et précise le montant qu’il a dit avoir avancé à l’opérateur économique. Dans une précédente question posée en fin 2006, il avait évoqué un montant ; la même question est revenue en 2007, le montant est devenu différent. Cela veut dire que le Trésor public n’avait même pas une idée précise des sous qu’on a dit avoir avancé à un opérateur économique. On est dans quel pays ? Et, sans donc une étude profonde sur les causes du désastre qu’on a dans la culture du coton dans notre pays, le Chef de l’Etat a seulement mis de l’argent, on a englouti de l’argent. Résultat : au jour d’aujourd’hui, plus d’une trentaine de milliards évaporés ! C’est ça la manière dont on gère notre pays. On peut prendre d’autres secteurs ! Si vous vous rappelez très bien, c’est dans ce pays qu’on est venu nous dire que les Malaysiens viennent, qu’ils veulent moderniser nos palmeraies, et on a envoyé tous les ministres, je dis bien tous les ministres du Gouvernement aller rechercher des terres. Résultat : zéro ; les Malaysiens ont dit que la pluviométrie qui est au Bénin ne permettait pas cela. Cela veut dire qu’à chaque fois, on pose d’abord les actes avant d’aller réfléchir.
C’est la même chose qui se passe avec cette question de mécanisation de l’agriculture. On est dans quel pays ? On dit qu’on veut moderniser et mécaniser l’agriculture et, quelle est la première action qu’on pose ? On va acheter les engins avant qu’on ne cherche maintenant les terres sur lesquelles les engins vont travailler. Ce n’est qu’après ça qu’on va chercher à organiser les gens qui vont travailler sur les terres. On est où ? A mon avis, ce qui motive plus les gens par rapport à cette mécanisation, l’Honorable Yahouédéhou l’a dit, c’est les ristournes qu’ils peuvent avoir sur l’achat de ces machines. Sinon, aucun pays sérieux ne peut organiser une agriculture de cette manière-là. Ce n’est qu’au Bénin qu’on trouve ça. Evidemment, c’est le Changement, il paraît ! Donc, avec le Changement, on peut faire tout à l’envers !
On peut prendre tous les secteurs, vous allez voir.
Moi, j’ai toujours dit qu’au Bénin, nous n’avons pas de pétrole, nous n’avons pas de ressources extraordinaires. Mais, Dieu a fait que nous sommes aujourd’hui à côté du Nigeria, nous sommes dans une position préférentielle par rapport aux pays de l’hinterland ; ce que nous pouvons vendre véritablement, c’est notre intelligence, c’est les services. Et, les services, affiner les intelligences, c’est à l’école que ça se fait. Cela veut dire que nous devons mettre beaucoup de ressources dans l’éducation et véritablement moderniser notre éducation, savoir les orientations que nous voulons donner à notre éducation, savoir le profil de Béninois que nous voulons pour demain. Et, c’est par rapport à cela qu’on doit pouvoir organiser l’éducation dans notre pays. Mais, vous voyez, je n’ai rien contre les enseignants qui ne demandent que ce qui leur est dû ; il semble que le gouvernement de mon pays ne sait pas que lorsque vous augmentez des salaires, ça devient des charges permanentes qui s’ajoutent au budget et l’alourdissent. Au départ, nos gouvernants n’ont pas su cela, parce que les différentes augmentations qui ont été faites deviennent à partir de maintenant des charges permanentes. Or, nous n’avons pas de pétrole pour avoir des ressources supplémentaires. C’est le port que nous avons là et puis les partenaires au développement. Donc, sur le plan de la prise en charge et de l’organisation de l’éducation dans notre pays, c’est un problème.
Le Chef de l’Etat et ses compagnons évoquent souvent que l’éducation des filles est gratuite ; c’est à croire que les gouvernements précédents n’avaient rien fait. Les gouvernements précédents avaient commencé ; les filles, au départ, à un moment donné, ne devraient pas payer, ainsi de suite.
Lorsqu’on en arrive là, lorsqu’on pose une action relativement isolée dans un secteur, on pense qu’on a fini de réorganiser le secteur. Vous vous imaginez ? On évoque la question de la césarienne comme l’eldorado, comme la fin de tous les problèmes dans le milieu de la santé, ce qui est faux ! Le développement d’un secteur est une politique qu’il faut penser et c’est un plan qu’il faut faire et mettre en œuvre progressivement ; il ne suffit pas de régler un problème dans un monde pour croire que tout ce monde est devenu l’eldorado ! Aujourd’hui, est-ce qu’on peut dire le secteur de la santé est un secteur organisé et en harmonie au Bénin ? La réponse est non. Et, pourtant, il y a la césarienne.
Je prends le secteur de l’assainissement de l’économie. Moi, je ne dirai rien, mais je vais seulement visiter ce que le Syndicat des travailleurs des finances publiques a dit. Nos finances publiques sont délabrées, l’orthodoxie de la gestion aujourd’hui est contournée, les op (Ndlr : ordres de paiement) sont devenues aujourd’hui la règle et non l’exception. Et pourtant, tout cela a été critiqué par le Gouvernement à son arrivée ; l’assainissement donc de l’économie est un échec cuisant, n’en parlons même plus !
Je pense que vous n’allez pas croire qu’il y a la consolidation de la démocratie dans notre pays. Je suis désolé, parce que c’est avec ce régime que notre presse occupe le rang qu’elle occupe aujourd’hui ; je ne veux pas dire que c’est que le Gouvernement qui en est entièrement responsable, mais sa part de responsabilité est là, qu’on le veuille ou non. Par ailleurs, des élections organisées depuis 2008, on continue d’en organiser ; il y a des conseils élus qui ne sont pas encore installés jusqu’à aujourd’hui, parce que le prince de la République n’a pas voulu que ces conseillers soient installés ; on ne peut pas gérer une République de cette manière. La consolidation de la démocratie, prônée, n’est pas une réalité.
En ce qui concerne la lutte contre la corruption, vous savez, je suivais une émission interactive la dernière fois et un paysan avait appelé ; la question à l’ordre du jour, c’était si on lutte contre la corruption au Bénin. Et, le paysan prend la parole pour dire que lui, il n’aime pas cette manière de faire. Pour préciser, il dit qu’il ne comprend pas pourquoi les gens sont en train de critiquer le Chef de l’Etat, que lui, une fois que quelqu’un vous dit clairement ce qu’il veut faire et qu’il le fait, on ne doit pas le critiquer. Le journaliste a dit qu’il ne comprend. Et, le paysan que lui a répondu qu’il sait que quand il vient en ville, il rencontre des choses qu’il ne connaissait pas et qu’il se renseigne, et que le Chef de l’Etat avait marché contre la corruption, et qu’il a baptisé cette marche, la « marche verte contre la corruption », et qu’il n’avait pas trop compris, mais que quand il est arrivé en ville, il a compris : quand il arrive au carrefour, il y a les feux tricolores et qu’on lui a expliqué que quand le feu est à l’orange, c’est qu’il faut commencer par ralentir, qu’il faut s’arrêter au rouge et que quand le feu est au rouge, on ne circule pas, mais que quand le feu passe au vert, c’est la circulation libre, et que le Chef de l’Etat, en faisant cette marche, a dit que c’est la marche verte, ça veut dire « voie ouverte à la corruption ». Donc, aujourd’hui, qu’il soit impliqué ou non, qu’il ne dise rien aujourd’hui par rapport à la lutte contre la corruption, qu’on ne devrait plus le critiquer. Cela a fait l’objet d’un rire profond, mais je crois que l’analyse que faisait le paysan est une analyse assez judicieuse, parce que, vous vous imaginez que le Chef de l’Etat, pour son discours sur l’Etat de la nation, qu’il a donné à l’Assemblée nationale la dernière fois, il a parlé de tous les autres domaines, sans parler de la lutte contre la corruption. Quand même ! On ne va pas me dire que le Chef de l’Etat et tous ses conseillers ont oublié la lutte contre la corruption ! Mais, non ! Exprès, il ne l’a pas évoquée et, il y a deux interprétations possibles : la première, c’est soit qu’il est dépassé par les événements ; il avait parlé de la lutte contre la corruption, mais l’allure que prennent les choses aujourd’hui, il en est dépassé et il ne sait plus à quel saint se vouer. C’est pourquoi, il a préféré se taire. Ou bien, il est entièrement et totalement complice du jeu de la corruption qui se mène aujourd’hui ; si vous êtes complice ou mêlé à quelque chose, vous ne pouvez plus dénoncer cette chose-là. Mais, je crois que c’est la dernière alternative qui est la meilleure. Le Chef de l’Etat est impliqué dans bien de dossiers de corruption dans notre pays. Alors, comment voulez-vous qu’il puisse aujourd’hui nous parler de la lutte contre la corruption ?
Alors, lorsqu’on voit les choses se passer ainsi, par rapport à tout ce qui avait été prévu, on se rend compte que nos réalités aujourd’hui, sur des plans donnés, sont plus sombres que les réalités qu’on critiquait déjà de Kérékou.
Aujourd’hui, c’est devenu un sujet ambiant de discussion dans notre pays : le régionalisme. Bien sûr que c’est devenu un sujet ambiant sous le gouvernement de Yayi ; ça veut dire que c’est l’approche du Chef de l’Etat par rapport à la gestion des hommes, par rapport à la gestion de nos ethnies, qui fait qu’aujourd’hui, il y a cet engouement pour la discussion sur le régionalisme, puisque, on a quand même eu un Chef de l’Etat du Nord dans ce pays. Et pourtant, le Chef de l’Etat, Mathieu Kérékou a dirigé ce pays ; jamais on a pu avoie un sujet principal de discussion qu’est le régionalisme ! Si vous lisez un peu la déclaration faite par les syndicats de l’administration des finances, ils ont évoqué la question du régionalisme, comment les nominations aujourd’hui sont faites sur la base gauche et vilaine du régionalisme.
Voilà les réalités qui sont les nôtres aujourd’hui.
Moi, je suis un peu peiné, je suis un peu peiné, parce que, à y voir de très près, nous avons reculé sur plusieurs plans ; nous avons reculé sur la lutte contre la corruption, sur la consolidation des bases de notre démocratie, nous avons reculé même sur l’assainissement de notre économie. Le Changement-là, c’est où alors ? Le Changement est-il donc tirer le pays vers le bas ? Je crois que, de plus en plus, vous l’avez certainement constaté avec moi, la grande excitation qui caractérisait ceux qui déclinaient les vers du Changement, que l’excitation a perdu de son ardeur ; je n’entends plus sur les ondes : « Changement, Changement, Changement … ». Déjà, depuis un certain moment, je n’entends plus non plus « Emergence, émergence, émergence … » ; ici, nous aimons décréter les choses, au lieu de les réaliser : quand j’entends des responsables au niveau supérieur de mon pays dire que le Bénin est un pays émergent, alors que je sais que le Brésil aujourd’hui, dans son état actuel de développement, est un pays émergent, quand je sais que la Chine ne se dit pas encore pays développé alors qu’elle est un pays émergent, je me dis que c’est rigolo.
Revenons à terre, revenons ici et voyons nos réalités en face. Mais, je crois que les responsables qui nous dirigent aujourd’hui, pensaient qu’ils avaient toutes les capacités possibles et, à la pratique, je crois qu’ils ont eux-mêmes constaté qu’ils ne les avaient pas et, quand on est dans une condition pareille, on doit pouvoir se rendre à l’évidence et, peut-être, avoir l’humilité nécessaire et prendre la décision qu’il faut, sinon, on va droit à la ruine et dans la honte, parce que, de plus en plus, les prises de position, les approches de décision montrent que nos responsables n’ont pas entièrement une idée claire de ce qui devait être la gestion d’une République. Véritablement, il manque encore des choses. C’est pourquoi, j’aurais fortement souhaité qu’au lieu que nous prenions les grands airs, qu’au lieu nous montions très tôt sur nos grands chevaux, qu’on revienne à terre et qu’on voie ce dont on est capable, soi-même en tant qu’individu et, si on a des faiblesses, qu’on essaie de compenser ces faiblesses en appelant les autres qui en nt la possibilité, pour qu’ils vous aident à faire. Ou bien carrément, se dire : « Je suis véritablement incapable » et que je rende le tablier. Sinon, après totalement les cinq ans, on risque de se retrouver à -15, par rapport au niveau où on était en 2006, ce que je ne souhaite pas, parce que, les autres pays, si aujourd’hui, on les envie, ils ne se sont pas faits avec des « un pas devant et deux pas derrière ». Il faut que nous puissions évoluer ; il y avait un certain nombre de plans, notamment « Alafia 2025 ».
Je crois qu’il faut tenir compte de ces réalités et construire petit à petit notre pays ; les grandes infrastructures, d’accord, faudrait-il encore que les choix soient de bons choix. Je n’ai rien contre un certain nombre de choses, mais lorsque je prends, par exemple, le passage supérieur qui est construit à Ganhito. Peut-être que moi je vois mal, mais le problème qu’on a voulu régler pour construire cela, le problème n’a pas été réglé, parce que, aux heures de pointe, le go-slow est toujours là, présent : le problème n’est pas réglé. Cela veut dire que le choix-là qui est fait est un mauvais choix, alors qu’on a englouti des milliards dedans ; c’est ça le véritable problème. Reconnaissons que nous sommes un pays totalement sous-développé, mais, il n’y a pas de ressources minières et que ce que nous avons véritablement à affiner, c’est le service, c’est notre intelligence et qu’on cesse d’humilier l’intelligence dans notre pays. Lorsqu’on aura compris cela, je crois qu’on pourra évoluer.
Sinon, les quatre ans, véritablement, c’est quatre ans de recul. C’est vrai qu’il y a une chose affichée : le Chef de l’Etat a la volonté affichée, on le voit, il bouge beaucoup, mais ce n’est pas ça, ce n’est pas ça. Vous voyez, on a connu d’autres présidents dans ce pays ; lorsqu’il y a des problèmes sociaux qui se posent, ça peut durer, ça peut prendre du temps, mais lorsque le Chef de l’Etat prend la parole pour intervenir, c’est la fin ; ça veut dire que les chefs d’Etat doivent être le dernier recours. Mais, notre Président est déjà devant toutes les questions, les ministres nommés sont des ministres de nom, ils sont pour la plupart incapables de prendre des décisions, parce que c’est le chef qui veut prendre toutes les décisions. Vous constatez aujourd’hui : n’importe quel petit syndicat a un petit problème, il faut qu’on aille voir le Chef de l’Etat, et on laisse les ministres. Mais, non ! Un ministre est une personnalité du pays. Soit vous avez confiance en la personne et vous la nommez, vous lui assignez des missions pour l’évaluer après. C’est comme ça ! Ou bien, vous ne nommez pas de ministre et vous êtes tout à la fois et, on le constate : un chef d’Etat ne peut pas tout faire à la fois, c’est impossible, même s’il est demi-urge. Or, nous, on est des humains ici.
Evidemment, quand c’est comme ça, on doit le voir partout et, comme on le dit : « Qui trop embrasse, mal étreint ». C’est les réalités que nous avons aujourd’hui ; nous avons de sérieux problèmes : des problèmes de gouvernance, nous en avons sérieusement et ça, il faut qu’on s’en rende compte. Vous voyez les histoires qu’il y a eu autour des budgets ! Des budgets successifs où on note une volonté de briller, de montrer qu’on est ceci, alors qu’on ne l’est pas ; on veut montrer que notre budget est passé à plus de 1000 milliards, alors que nous n’avons pas la capacité véritable de tenir ce budget. Et puis, on fait un budget de 1200 milliards, on n’a pas pu l’exécuter à concurrence de 800 milliards et, l’année qui suit, on l’augmente encore à 1300 milliards, ce n’est pas réaliste ! Et, au même moment où vous montez le budget, vous-même vous dites que les possibilités de recouvrement que nous avons à l’interne ne nous permettent pas d’atteindre ces objectifs-là, et pourtant, vous dites que ça ne doit être qu’ainsi. Pourquoi ? Quel intérêt nous avons à brandir des budgets très supérieurs pour ne pas être en mesure d’en réaliser les 50% ? Je ne trouve pas et, pourtant, c’est l’exercice auquel on veut soumettre l’Assemblée. Evidemment, vous avez compris que, la dernière fois, l’Assemblée a rejeté ce budget, parce qu’il n’est pas objectif, qu’il n’est pas réaliste! En rien, il n’est réaliste. Et, c’est ça la gouvernance dans notre pays ! Je crois, si on ne veut pas peindre pour peindre, si on ne veut pas jouer, il faut reconnaître aujourd’hui que nous avons de sérieux problèmes dans notre pays. Et, il faut revenir à terre pour repenser la manière dont nous tenons notre pays.
Propos recueillis par Marcel kpogodo
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