Dans le cadre de la
clôture d’une période de trente jours de transmission de connaissances
Le vendredi 20 avril 2018 a été marqué d’une
pierre blanche à la Ferme ’’Yanzo’’ du village Aïfa, dans la Commune de Zê du
Département de l’Atlantique. En effet, une dizaine de femmes de la localité
sont arrivées au terme d’une formation d’un mois dans la production de la
qualité supérieure de la semoule de manioc, encore appelée ’’gari’’, ce qui
leur a permis de se voir décerner une Attestation de fin de formation, au cours
d’une cérémonie des plus simples. L’Association ’’Assouka France-Bénin’’ et la Ferme
’’Yanzo’’ étaient aux commandes de tout le processus.
Les dix lauréates du Groupement ''Hontongnon'' |
Dix femmes, le visage
fermé, vivent, l’instant d’une cérémonie, l’émotion profonde d’étudiants en fin
de cycle et exhibent, pour la pose photo, un parchemin qu’elles ont obtenu de
haute lutte. L’atmosphère ayant régné dans le milieu de l’après-midi du
vendredi 20 avril 2018, sur le site de production d’Aïfa, un village de la
Commune de Zê, dans le Département de l’Atlantique, au cours d’une
manifestation insolite, pour le milieu concerné : la remise de leur
Attestation de fin de formation dans la production du gari de qualité
supérieure, dénommé ’’Sohoui’’, en langue fon, à ces femmes du Groupement
’’Hontongnon’’, après une période de renforcement et d’amélioration de leurs
capacités, ayant débuté le 22 mars, pour s’achever le 21 avril, à l’initiative
de l’Association ’’Assouka France-Bénin’’ et de la Ferme ’’Yanzo’’.
Ayant eu l’honneur de
la prise de parole ayant ouvert les interventions des personnalités présentes à
la cérémonie, connu comme le Directeur de l’Ensemble artistique national (Dean)
mais, dans le cas d’espèce, portant la double responsabilité d’accompagner le
Projet et de représenter l’Association ’’Assouka France-Bénin’’, le partenaire
financier essentiel, Marcel Zounon a, d’abord, fait l’historique de
l’initiative de fabrication du gari de qualité supérieure, ’’sohoui’’. Ensuite,
il a présenté ses remerciements aux membres de l’Association ’’Assouka
France-Bénin’’, en générale et, en particulier, à sa Présidente, Annie Eynard,
pour leur soutien financier à la réalisation du Projet. Par ailleurs, Marceel
Zounon a témoigné sa reconnaissance au superviseur principal et au facilitateur
du Projet dans la localité, pour les efforts de divers ordres qu’ils ont
accomplis aux fins de la réussite de l’implantation du Projet à Aïfa.
De même, il a manifesté
sa gratitude, d’une part, à la formatrice des dix femmes et, d’autre part, à
celles-ci, pour avoir accepté de s’engager dans l’initiative et pour y avoir
été assidues. Pour lui, elles doivent se faire les porte-parole des techniques
acquises auprès de leurs communautés respectives, de façon à y rendre plus que
jamais hygiéniques les conditions de fabrication du gari ; « cela
permettra aux populations de se voir épargner les maux de ventre et les petites
maladies que cause la consommation du gari produit dans des conditions
hygiéniques douteuses, après une exposition à tous les aléas possibles de la
nature », a-t-il renforcé. Il les a, en outre, exhorté, à mener avec
sérieux cette activité qui devrait les conduire à la prospérité. Closant son
propos, Marcel Zounon a expliqué à l’assistance que seules les quatre
meilleures des récipiendaires, reconnues comme telles par la formatrice, ont
été retenues à l’effet de l’animation du site : Léonie Avohou, Yvette
Anato, Elisabeth Anato et Delphine Kounou. Les autres pourront s’associer à
cette équipe permanente des quatre, pour la sensibilisation de la Commune de Zê
à la production du gari de qualité supérieure.
D’autres
intervenants
De gauche à droite, Albert Kakpo, Marcel Zounon, Théophile Doglo et Eugénie Gbaguidi |
De son côté, Albert
Kakpo, peintre de formation, qui a accepté de se consacrer au fonctionnement de
la Ferme, n’a pas manqué de s’exclamer : « Le gari ’’sohoui’’, voilà
l’enfant dont le Projet a accouché ! ». Ensuite, il a présenté Marcel
Zounon comme la référence, comme une personnalité aimant profondément son pays,
au vu de toute son implication dans le Projet, en dépit de son agenda chargé.
Après avoir déversé des bénédictions sur la formatrice, il a aussi félicité les
stagiaires et les a appelées à cultiver un grand espoir que le Projet leur
procure beaucoup de revenus, dans un futur proche.
Enfin, Eugénie
Gbaguidi, la formatrice tant félicitée, originaire de Savalou, la ville du
gari, recrutée de cette Commune, par les soins de Marcel Zounon, s’est montrée
à la fois émue et sobre ; elle a démontré sa satisfaction et sa joie par
des chants qu’elle a ardemment lancés et qui ont été repris en chœur par ses
élèves qui battaient des mains. Dans une liesse aussi partagée, il a été mis
fin à la cérémonie de remise des attestations de fin de formation.
Le
gari ’’sohoui’’, un processus laborieux et purificateur
La cuisson du gari au feu |
Et, avant d’être
mis sur le marché, le gari ’’sohoui’’ est soumis au contrôle de qualité du
Laboratoire central de contrôle de la sécurité sanitaire des aliments (Lcssa),
situé à Cotonou.
Le ''Hontongnon gari'', désormais consommable et exportable |
Contrairement à ces
phases, auparavant, la farine brute obtenue était partiellement cuite au feu
puis récupérée, étalée et mise à sécher sur des bâches ou sur des nattes, à
l’air libre, à la merci de la poussière, du vent, des intempéries, du passage
des insectes et des rongeurs de tous genres qui, notamment, y laissent leurs
excréments ; un tel gari, dénommé ’’ han gali’’, au goût souvent amer, est
récupéré et vendu aux populations, ce qui occasionne chez les consommateurs,
entre autres, des maux de ventre, la diarrhée et des vomissements.
Au-delà donc d’une
innovation, l’Association ’’Assouka France-Bénin’’ et la ferme ’’Yanzo’’ contribuent
à assainir un processus, une action qu’elles devraient être encouragées à
poursuivre à Zê et à étendre à plus de Communes au Bénin, vu que le gari est
populairement demandé.
Des grains de sable
dans le processus
Un projet, une initiative qui s’achève, des
femmes qui capitalisent un savoir-faire à appliquer quotidiennement et à
vulgariser, une machine huilée qui continue à tourner, la ferme ’’Yanzo’’, un
dispositif désormais allégé de fonctionnement. Une dernière considération
traduisant l’existence de nombreux problèmes qu’il a fallu y gérer. Le premier,
celui de l’eau. Crucial handicap qui amenait les femmes à aller s’en
approvisionner à plus d’un kilomètre du site, avant de se voir soulagées par la
construction d’une citerne. Ouf provisoire, puisque celle-ci n’est pleinement
opérationnelle qu’en saison pluvieuse.
La citerne de la ferme |
Donc est très vivement attendue l’entrée
de structures caritatives dans le système de production du gari de qualité
supérieure ’’sohoui’’ dont le nom labellisé est ’’Hontongnon Gari’’ ;
cette implication amènerait à la concrétisation d’un rêve cher à Marcel
Zounon : la construction d’un forage sur la ferme ’’Yanzo’’ avec, comme
conséquence, l’eau potable qui y serait disponible en permanence.
L’argent, l’autre goulot
d’étranglement. Le caractère insuffisant du nerf de la guerre cache mal le
passage de dix à quatre productrices, pour faire tourner ’’Yanzo’’, depuis que
la fin de la formation a été scellée. 1125 Francs Cfa, le montant journalier
dont il faut doter chacune de celles-ci, elles qu’il faut soutenir, qu’il faut
prendre en charge, accompagnées que sont quelques-unes d’entre elles de leurs
enfants en bas âge, dont certains sont encore à la tétée. Un facteur financier,
imprévu, qui renchérit le cout de production du ’’sohoui’’, et qui appelle que
de nouvelles forces s’intéressent avec, à la clé, un enjeu : aider les
femmes rurales de Zê, en général, à sortir de la précarité, et celles du Bénin,
en général, car le ’’Hontongnon Gari’’, face à sa pureté, à son aspect
croustillant, est appelé à produire une grande rentabilité économique. Avis,
donc, aux institutions, aux femmes et aux hommes en combat pour l’éclosion
économique des zones rurales, pour le développement décentralisé.Théophile Dogbo, bonne cheville ouvrière : « Tout faire pour apprendre à faire le gari ’’sohoui’’ ! »
Théophile Dogbo |
Vive exhortation d’un esprit averti qui aura tout compris sur le processus traditionnel de fabrication du gari : une méthode très délétère, dangereuse pour la santé ! Fort de cette connaissance, Théophile Dogbo a investi toute son énergie dans la concrétisation de la ferme ’’Yanzo’’. Imprégné dans sa région d’origine, il a savamment mis en place l’équipe des stagiaires, proportionnellement au nombre des villages appartenant à la Commune de Zê. La formation étant terminée, l’homme continue sa lutte, sensibilisant les productrices de gari de sa localité à ne plus retomber dans les gestes aussi bien faciles que destructeurs de la santé. Selon lui, il est très prometteur pour elles de faire le ’’sohoui’’ qui, à Savalou, coûte 500 Francs, la mesure, pendant qu’il est à 700 au marché Dantokpa, ce qui leur garantit une bonne marge bénéficiaire. Reste alors qu’il leur insuffle toute la patience nécessaire, le temps que leur fonctionnement dans le nouveau processus leur devienne rentable.
Marcel Kpogodo
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