dimanche 16 juillet 2023

Festival, ’’Zogben’’ 2023 : « […] faire découvrir […] notre culture, […] danses, […] chants, […] plats, […] art culinaire », promet Adédoyi Imelda Bada

Dans une interview accordée à notre rédaction 


La 3ème édition du Festival international, ’’Zogben’’ (Fiz), se déroulera du 11 au 13 août 2023, dans la localité d’Oké-Owo, sise commune de Savè, au Bénin. La personnalité initiatrice de l’événement, Adédoyi Imelda Bada, est la Présidente de l’Ong, ’’Partage diaspora béninoise’’. Elle a accepté d’accorder à notre rédaction une interview. Cet échange permet de se faire une idée du contenu du programme du Festival. En perspective, un véritable éventail culturel ...  


Adédoyi Imelda Bada, dans une action de communication sur le Fiz 2023

Le Mutateur : Bonjour, Adédoyi Imelda Bada. Vous êtes la Présidente de l’association, ’’Partage diaspora béninoise’’ (Pdb), qui organise la 3ème édition du festival international, ’’Zogben’’ (Fiz), du 11 au 13 août 2023, à Oké-Owo, une localité de la commune de Savè, au Bénin. Un élément d’attraction retient l’attention : il est prévu le parcours par les festivaliers de 15 villes du Bénin. Pourriez-vous nous détailler cette activité ? 


Adédoyi Imelda Bada : "Partage diaspora béninoise" organise la troisième édition du Festival international, ’’Zogben’’, du 11 au 13 août 2023, à Oké-Owo.  


L'élément d'attraction, cette année, c'est plutôt l'invitation de tous les Béninois, avec la mise à leur disposition d'une navette, dans plusieurs villes, pour les amener, sur place, à Savè, afin qu’ils puissent découvrir cette commune. Beaucoup de Béninois, malheureusement, ne connaissent pas le Bénin. C'est, déjà, le premier point.  


L'affiche officielle de l'événement sur les navettes organisées

Nous avons essayé de mettre en place des navettes, en sollicitant, bien sûr, la contribution de chacun, pour payer ces navettes, pour payer la location de ces bus. Donc, concernant votre première question, l'attractivité, c'est de permettre à tous les Béninois, surtout, aux étudiants, de sortir de Cotonou et de voir autre chose.  



D’une première édition du Fiz en ligne, en 2021, et, après la deuxième, à Bohicon, en 2022, vous vous dirigez, pour sa 3ème édition, vers Oké-Owo, le village, chef-lieu de l’arrondissement de l’Okpara, dans la ville de Savè, à 258 kilomètres de Cotonou, la capitale économique du Bénin. Qu’est-ce qui vous a conduit à vous lancer ce défi ? 


A la base, le Festival international, ’’Zogben’’, est un festival itinérant. L'objectif final en sera de le ramener hors du Bénin, pour faire vivre le Bénin à d'autres personnes. Le constat, face aux deux précédentes éditions, nous a prouvé que nos frères du Bénin n'ont pas connaissance de ce que nous, nous voulons exporter. Pour cela, ce que nous avons fait, nous permet, également, à nous, membres du comité d'organisation, d’avoir un ancrage, au niveau du Bénin, pour réussir, réellement, à transporter le Bénin, ses valeurs et à les faire voir aux gens, au fait, parce que, oui, nous aurons parcouru et pratiqué le Bénin.  


Aperçu de la culture alimentaire béninoise à découvrir sur le Fiz 2023

J'espère que, d'ici cinq éditions, du Nord au Sud du Bénin, nous aurons été imbibés de tout ce qu'il y a comme croisements et comme aires culturelles, chez nous. Le défi est là. Le défi, c'est d'aller vers le Bénin, ce n'est pas de nous enfermer entre quatre murs et de dire que nous voulons faire le Festival. 



De quels moyens financiers disposez-vous pour relever ce défi ?  


Comme je l'ai affirmé, tout à l'heure, par exemple, pour la mise en place des navettes, nous demandons la souscription de tout le monde. Nous avons mis en place ces navettes à 15000 francs Cfa, pour tout le monde. Le dire, comme cela, c'est comme voir quelqu'un qui quitte Bohicon, une ville moins éloignée du lieu du festival, par rapport à celui qui se déplace de Cotonou.  


Cependant, la seconde personne va devoir payer 15000 francs, également, pour permettre aux organisateurs de conduire tout le monde à Savè. Nous avons mis en place la possibilité de payer ce montant en trois fois. Pour chaque envoi, le participant paiera 5100 francs, à raison de 5000 francs, comme une tranche du montant de la navette, et de 100 francs, de frais de retrait par l’organisation, le destinataire du montant.  


En réalité, notre choix d’Oké-Owo relève d’une invitation que nous avons reçue de l’Association générale des Résidents et des ressortissants pour le développement d'Oké-Owo (Agrod). Elle participe activement, avec nous, sur place, aux démarches et à la mise en place.  


En termes de financement, nous espérons beaucoup, surtout, de nous-mêmes. Quand je parle de nous, j’évoque les Béninois. Nous espérons, également, avoir, cette fois-ci, l’appui financier réel de l'État central parce qu'il y a des budgets pour cela. Il serait déplorable de ne pas permettre la réussite de ce projet, par manque de financement. Ce serait, vraiment, un appel que je profite de votre tribune pour lancer pour qu'on puisse nous donner un coup de main.  



A part l’activité touristique, quelles sont les autres manifestations prévues pour le Fiz 2023 ?  





L'activité touristique, c'est un plus parce que la base même du festival, c'est de ramener nos touristes, oui, de les faire voyager à travers le temps et de leur faire découvrir tout ce qui relève de notre culture, à travers les danses, les chants, les plats, l'art culinaire, ancestral ; nous allons mettre un buffet pour les boissons de chez nous : l’ "atan", le ’’tchoukoutou’’, le ’’sodabi’’, le ’’tchapalo’’, des jus de fruits naturels, de chez nous, également.  


Fiz 2023, l'affiche indicative des boissons locales à promouvoir

En plus, en août, nous serons en pleine période de l'igname. Ce sera presque le réveillon du 15 août ! Nous allons, vraiment, avoir trois jours pour vivre intensément le Bénin. Il y aura également des projections cinématographiques, avec des films que nous avons sélectionnés, qui abordent des réalités béninoises, qui mettent en valeur notre patrimoine. 



Vous avez reçu la bénédiction de dignitaires de religions endogènes de Savè pour les manifestations du Fiz 2023. Cette précaution d’ordre spirituel est-elle si importante pour la réussite de cette 3ème édition ? 


Je ne sais pas ce qui vous fait dire cela. Nous n'avons pas été dans un temple de religion endogène. Et puis, je tiens à souligner que le Fiz est un festival culturel, c'est-à-dire que l'aspect cultuel de notre tradition n'est pas ce que nous voulons vendre ni ce que nous voulons mettre en avant mais c'est vraiment le culturel, plus précisément, l'aspect qui est accessible à tous.  


Nous étions avec les membres du comité d'organisation et, surtout, celui local, à travers ceux qui sont au niveau d’Oké-Owo. Nous avons été voir le ’'balè’’, celui qui, traditionnellement, est le chef de terre de la localité. Nous l'avons salué et lui avons présenté officiellement le projet. Il en était déjà au courant mais il fallait que nous puissions lui dire que nous étions dans ses murs. Nous avons également rencontré les autorités locales, celles décentralisées, c'est-à-dire le Maire et le Secrétaire exécutif de la commune de Savè. Nous avons aussi pris contact avec les autorités pour la sécurisation, donc, avec le commissaire central de Savè, et avec les postes de sécurité, établies à Oké-Owo et dans ses environs. Ce sont des précautions que nous avons prises mais nous n'avons pas été dans un temple. 


 

Vous nous aviez dit, à une interview, « La culture est la vénération de la lumière ». ’’Zogben’’, la lampe, en langue béninoise du fon, incarne cette lumière que vous brandissez, par votre festival. La lumière dont il s’agit est-elle si forte pour faire éclairage sur les facteurs encore méconnus du patrimoine culturel immatériel du Bénin ? 


Quand vous êtes dans l'obscurité et que quelqu'un allume, ne serait-ce qu'une bûchette d'allumette, cela vous permet d'avoir de l'espoir. Lors du Fiz, habituellement, il y a le samedi soir, on met des flammes et on fait la cérémonie de la flamme d'or. On décerne des distinctions à certaines personnalités qui œuvrent dans le domaine de la culture. Cette remise symbolique de la flamme, c'est pour permettre qu’elle soit ragaillardie, revigorée et alimentée afin qu'elle ne s'éteigne pas.  


Fiz 2023, l'affiche officielle du programme de l'événement

Plus nous serons nombreux à avoir cette flamme, plus nous allons entretenir l'espoir que l'éclairage sera d'envergure, qu’il sera si fort que tout notre patrimoine culturel sera éclairé. Après cet éclairage, nous allons pouvoir assainir parce que si nous ne voyons pas clair dans ce que nous avons, nous ne pouvons pas nettoyer, nous ne pouvons pas mettre en valeur la partie visuelle de notre patrimoine que nous avons commencé à mettre en lumière. Ainsi, chacun va pouvoir apporter sa pierre à l'édifice. Le ’’zogben’’ n'est pas que pour Imelda Bada, il est pour tous les Béninois. Toutes les filles et tous les fils du Bénin sont concernés par le Festival international, ’’Zogben’’. 


 

Chaque année, vous vous mettez à cheval entre Reims, la ville du nord-est de la France, que vous habitez, et le Bénin, pour cette promotion du patrimoine culturel immatériel dans votre pays. Quel est le secret de cette passion qui se renouvelle en vous ? 


Je l'ai dit plusieurs fois. La tâche que j'exerce, aujourd'hui, vis-à-vis de mon Bénin, est née en France. Comme vous avez dit, j'habite à Reims, une ville culturelle à laquelle l'histoire de la France est liée : les premiers rois de France ont été sacrés à Reims. Je vois comment cela est conservé : la cathédrale de Reims, la basilique de Saint-Rémy où le roi Clovis a été baptisé. A travers l'histoire qui est gardée, quand j'ai vu comment cela se passe en France, je me suis demandé : “Pourquoi cela ne se passe pas comme cela chez moi ?”.  


Avec la fête Johannique, à Reims, le passé français est célébré ! Quand nous nous évertuons à effacer notre mémoire, au quotidien, quand nous essayons de nous donner l'image des autres, cette image qui n'existe même pas, vu que les autres sont rattachés à leur passé, une rivière qui se détache de son lit se dessèche tout simplement. C’est cela, ce qui me motive, ce qui me pousse à ne pas abandonner.  


Adédoyi Imelda Bada, engagée dans sa passion à faire rayonner le Patrimoine culturel immatériel (Pci) du Bénin

Je vis ma passion. Je vis cette passion à travers ce que je vois des autres et que j'aimerais qu’il se passe dans mon pays, également.  


J'aimerais beaucoup que nous puissions y faire de grandes célébrations, à l’instar de la fête Johannique, par exemple, où l’on met en scène Jeanne d'Arc qui, dans l'histoire, a été brûlée vive, sur un bûcher, pour sorcellerie, mais, qui, aujourd'hui, est célébrée.   


C'est pour vous dire qu’on n'efface pas son passé mais on travaille avec lui. Vous allez voir beaucoup de personnes qui viennent à Reims, juste pour ces deux jours où l’on célèbre une fête médiévale et remplie de patriotisme. Vous allez voir comment les Français sont attachés à leur culture. C’est ce que je veux pour mon pays. Vous allez voir des gens ramener des chaudrons, ce qu'on ne voit plus communément. C'est cela qui m'a inspiré, ce qui a allumé, au fond de moi, cette passion de voir cela se faire également chez moi. 


Recueil des propos : Marcel Kpogodo – Transcription : Léandre Houan - Rédaction : Marcel Kpogodo 

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