mardi 17 avril 2018

« […] mes larmes sont le signe d’une honte, d’un regret et d’une alerte … », dixit l’ex-Président Boni Yayi

Dans le cadre d’une publication sur sa page Facebook


Au lendemain des assises effectuées à Djeffa par les prestigieux membres de la Coalition pour la défense de la démocratie au Bénin, le samedi 14 avril 2018, dans la Commune de Sèmè-Kpodji, une instance à l’issue de laquelle une Déclaration historique a vu le jour, et qui a fait voir verser des larmes, à son départ des lieux, par l’ex-Président de la République, le Docteur Boni Yayi, cette personnalité a partagé une déclaration justificative de ce comportement. C’était le dimanche 15 avril 2018, en milieu de matinée, sur sa Page Facebook. Il ressort qu’il n’était nullement question de jouer de la comédie. L’intégralité du propos de l’ex-Chef de l’Etat …

De gauche à droite, Boni Yayi et Nicéphore Soglo, aux assises de Djeffa, du samedi 14 avril 2018



Intégralité de la Déclaration de Boni Yayi sur sa page Facebook   


« LE SENS DE MA PRESENCE A DJEFFA A L’INVITATION DES FORCES VIVES DE LA NATION »

« Notre patrie va mal. Sortons de cette tautologie. Les symptômes s’aggravent mais les racines ne datent pas d’aujourd’hui. Interrogeons notre histoire et notre passé lointains. Notre responsabilité est partagée dans ce qui nous arrive. La surprise est que la rupture promise ne rassure plus le peuple. Le concept est génial mais la pratique sociale a déjà abouti à une crise de confiance en notre sein. Gouvernement - institutions – société civile – jeunes – femmes – travailleurs, peuple, etc.
L’Etat de veille conféré à tout citoyen a déserté le forum. Les acquis de notre Conférence Nationale et de notre constitution ne sont plus garantis. Nous en sommes tous comptables avec le silence de tous face à ce Peuple victime d’un système éducatif défaillant. Sans éducation point de démocratie.
Victime d’une crise de confiance, ce Peuple est dans le sous-sol d’une misère sans précédent avec le risque d’une aggravation programmée par le rejet répétitif de notre architecture légale et constitutionnelle en matière électorale. L’Appel de Djeffa est fondamental : le respect des décisions de la Haute juridiction constitutionnelle : la mise en place de la LEPI et du COS-LEPI pour des élections transparentes, équitables, pacifiques et consensuelles. Autrement plus d’Etat de droit et de Démocratie.
Mes gouttes de larmes, vraiment non préméditées et loin d’une comédie, état l’âme d’un ancien Président qui s’accuse aussi, à côté de mon ainé Nicéphore Dieudonné SOGLO dans la plus haute fonction au sommet de notre Etat, du Frère Melchior Albert TEVOEDJRE, de notre hôte Sébastien AJAVON, Président NATA et autres personnalités que je salue, je dis bien mes larmes sont le signe d’une honte, d’un regret et d’une alerte face au drame qui nous guette sans le consensus du processus électoral en cours.
Ces pleurs partagent en même temps les souffrances de ce peuple et de cette jeunesse.
Où va ma patrie que j’aime si tant ? Assurément je n’ai pas le monopole du Cœur. Au terme de mon mandat constitutionnel au sommet de l’Etat, je m’attendais naturellement à plus de consensus, valeur constitutionnelle dans la gestion des affaires de notre cité commune, car à aucun moment je n’ai cru que tout était parfait sous moi. C’est évident et la Palice en dirait autant. Faire mieux que mon administration, c’est le sens de toute alternance démocratique. Autrement, cette alternance serait piégée.
Sortons vite ensemble de ce guêpier et de ce piège dans l’unité nationale et sans considération d’âge ni de sexe et allons à une république exemplaire qui facilite la mise en place d’un Etat fort et d’une Autorité respectueuse.
L’Appel de Djeffa a vécu et est devenu historique avec l’ultimatum lancé à tous pour le respect de notre Loi Fondamentale, notre Vouloir Vivre Ensemble, notre attachement à ce consensus à valeur constitutionnelle pour éviter le drame des processus électoraux mal préparés qui malheureusement nous menacent en ce moment.
Les réformes structurelles comme institutionnelles pour une véritable transformation radicale de notre pays, source d’une croissance inclusive dans l’intérêt de tous, notamment de cette jeunesse sans emplois sont possibles. Elles exigent cependant la cohésion et l’adhésion négociée de tous. Pour convaincre, ces réformes doivent éviter les conflits d’intérêts au sommet de l’Etat. Oui c’est possible. Soyons ensemble et unis autour de l’idéal de paix et de développement durable et partagé de notre pays.
En ma qualité d’Homme d’Etat et Homme politique, je défendrai toujours cet idéal à l’instar du combat des grands hommes d’Etat de ce monde, soucieux de leur leadership pour changer leur pays et notre planète. Le Président OBAMA est en pleine tournée dans son pays pour sensibiliser les américains sur les nombreux défis à relever par son pays comme une nation unie décidée à préserver sa place de première Puissance Mondiale. C’est mon rêve pour mon pays le Benin et je le partagerai sur toute l’étendue du territoire national et dans le monde. C’est mon Droit et mon Devoir.

Que Dieu vous bénisse tous et bénisse la jeunesse de mon Pays ».

Dr Thomas boni YAYI
Ancien Président du Bénin

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