mardi 20 décembre 2011

Situation politique en Côte d’Ivoire et au Gabon


Elections législatives en Côte d’Ivoire et au Gabon


Alassane Ouattara et Ali Bongo triomphent sans gloire


Lors des élections législatives du 17 décembre dernier, les électeurs gabonais ont boudé les urnes, comme les ivoiriens l’ont fait le 11 décembre dernier dans le cadre du même scrutin. Bien que les causes politiques de cette bouderie ne soient pas les mêmes, elles ont produit le même effet.


De gauche à droite : Alassane Ouattara et Ali Bongo

Photo : Jeuneafrique.com


Avec un taux de participation qui tourne autour de 35 %, à peine un électeur ivoirien sur trois est allé voter dans le cadre des élections législatives du 11 décembre dernier. Si la crise postélectorale qu’a vécue le pays de décembre 2010 à avril dernier y est pour quelque chose, le boycott des partisans de Laurent Gbagbo y a également contribué. Sans surprise, le Rassemblement des républicains (Rdr) d’Alassane Ouattara sort largement vainqueur du scrutin. Le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (Pdci), son allié au sein du rassemblement des houphouétistes, décroche un peu moins d’une centaine de sièges. Le futur parlement ivoirien, sera donc monocolore, et tout acquis à la gloire du nouveau pouvoir. Mais ce pouvoir ne commet t-il les mêmes erreurs que Laurent Gbagbo en octobre 2000, lorsque celui-ci a ramassé le « pouvoir dans la rue » comme il se plaisait à le dire ? En autorisant avec une certaine célérité le transfert de Laurent Gbagbo à la Cour pénale internationale (Cpi), Alassane Ouattara a voulu porté le coup de grâce qui liquide politiquement Laurent Gbagbo. Mais il a pris le risque de voir les plus modérés de l’ex majorité présidentielle ivoirienne, boycottés les élections législatives. Or, avec la participation de ceux-ci, son pouvoir pouvait se targuer du fait que les élections législatives du 11 décembre dernier n’étaient pas jouées d’avance. Quant aux partisans de Laurent Gbagbo, ils se sont auto excluent du jeu politique. Et leur marge de manœuvre face au pouvoir actuelle, est désormais quasi nulle. Au finish, c’est la réconciliation tant prônée depuis la dernière crise postélectorale qui prend un grand coup. Le Rdr avait boycotté les élections législatives de décembre 2000. Avec le boycott des partisans de Laurent Gbagbo, c’est tout comme si l’histoire se répétait mais dans un contexte sociopolitique différent de celui d’il y a une décennie


Le Pdg toujours très fort au Gabon


Toutes les formations politiques gabonaises sont unanimes sur le fait que, la mobilisation des électeurs lors du scrutin législatif du 17 décembre dernier a été faible. Néanmoins, le pouvoir en place, et la partie de l’opposition qui a décidé de boycotter ces élections, ne font pas la même analyse de cette timide mobilisation des électeurs. Depuis son élection en août 2009, Ali Bongo veut se démarquer de certaines pratiques politiques de son feu père. Omar Bongo, ayant réussi le tour de force de porter à bout de bras le pays durant plus de 42 ans. Mais Ali Bongo a gardé dans le même temps, certaines vieilles recettes du passé telles que la mise de l’opposition devant le fait accompli. Car une partie de celle-ci a réclamé à corps et à cris, la mise en place d’un fichier électoral biométrique dans le cadre du scrutin législatif qui vient de se tenir. Les formations politiques qui ont boycotté ces élections législatives, se réjouissent donc de la faible participation des électeurs. Mais comment vont-elles désormais faire un contrepoids au Parti démocratique gabonais (Pdg), qui sort renforcer de ces élections législatives ? La politique de la chaise vide montre donc de nouveau sa principale limite. La victoire annoncée du Pdg, donne également du grain à moudre à tous ceux qui pensent qu’au Gabon rien n’a changé depuis l’arrivée au pouvoir d’Ali Bongo.


Bernado Houenoussi

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