Suspension de plusieurs journaux par la Haac
La presse béninoise dans la tourmente
La constitution béninoise a dévolu entre autres à la Haute autorité de l’audiovisuelle et de la communication (Haac) : la « mission de garantir et d’assurer la liberté et la protection de la presse », et celle de veiller « au respect de la déontologie en matière d’information ». Durant ce mois de décembre, elle a suspendu à titre provisoire plus d’une dizaine journaux, tandis qu’un autre quotidien est interdit définitivement de paraître.
Edouard Loko, Vice-président de la Haac
La décision de la Haute autorité de l’audiovisuel et de la communication (Haac), relative à l’interdiction définitive des activités du journal “Le Béninois Libéré“, a suscité beaucoup de commentaires, car elle est sans précédent. L’un des alinéas de l’article 6 de la loi organique qui régit la Haac stipule « qu’en en sa qualité de garante de l’exercice de la liberté de presse et de communication (…) elle prend toute initiative et organise toute action de nature à accroître le respect de la déontologie et de l’éthique, la conscience professionnelle (…) ».Au-delà de cela, elle est-elle vraiment fondée à interdire à titre définitif les activités d’un journal ? C’est la principale interrogation que mettent en avant, tous ceux qui accusent la Haac de se muer en un tribunal. En se référant à la loi du 30 juin 1960 sur la liberté de presse, la décision de suspendre un journal ou un périodique ne doit pas excéder trois mois, et n’est du ressort que d’un tribunal, après le lancement d’une procédure judiciaire bien définie. A part “Le Béninois Libéré“, une dizaine d’autres journaux a été interdit de paraitre selon le cas, pour une période de deux à 4 semaines. Ces journaux sont incriminés pour diffamation, publications non fondées, et pour la «violation du code d’éthique et de déontologie journalistique». Jamais la Haac n’avait suspendu à titre provisoire, autant de journaux en l’espace de quelques semaines. Elle met en avant au travers de ses différentes décisions, sa volonté d’assainir la corporation des journalistes au Bénin. Même si la question de cet assainissement fait l’unanimité au sein des journalistes, la décision de la Haac relative à l’interdiction du quotidien “Le Béninois Libéré“, risque de faire jurisprudence dans les prochaines années.
Bernado Houenoussi
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