Grogne des magistrats
Boni Yayi calme le jeu, alors que le Garde des sceaux aurait pu se passer de cette fronde.
Avocate depuis plusieurs années au barreau de Cotonou, et donc bien au fait de certaines pratiques par très orthodoxes au sein du milieu judiciaire béninois, Marie-Elise Gbedo, devenue depuis mai dernier Ministre de la Justice, savait que sa déclaration du 08 décembre, allait déclencher la furie des magistrats béninois.
Boni Yayi, Chef de l'Etat béninois
Il était urgent que Boni Yayi trouve la bonne formule, pour calmer cette poussée de fièvre entre le Ministre de la Justice et les magistrats. C’est dans cette optique, qu’il a rencontré les membres de l’Union nationale des magistrats du Bénin (Unamab) le 16 décembre dernier, alors qu’ils tenaient leur assemblée générale le même jour. Et depuis hier, il a également promis de revoir les nominations de magistrats au quelles le Garde des sceaux a procédé, et que l’Unamab n’approuve pas. En effet, à part sur ses nominations, l’Unamab était également remontée contre Marie-Elise Gbedo à cause de certains de ses propos du 08 décembre dernier. Car elle avait déclaré : « vous qui entrez au Bénin pour investir perdez toute espérance tous les juges sont corrompus la justice par terre ». Or dans le cas d’espèce, la loi portant statut de la magistrature, lui donne les coudées franches pour engager des poursuites contre tout magistrat sur lequel pèseraient des soupçons de corruption. Ainsi l’alinéa 1 de l’article 69 de cette loi dispose que : «le Garde des Sceaux, ministre chargé de la justice, saisi d’une plainte ou informé de faits paraissant de nature à entraîner des poursuites disciplinaires contre un magistrat, saisit le Conseil Supérieur de la Magistrature qui, s’il y a urgence et sur proposition des chefs hiérarchiques, peut interdire au magistrat l’exercice de ses fonctions jusqu’à décision définitive sur l’action disciplinaire … ». C’est pourquoi sa déclaration du 08 décembre dernier, était purement de l’ordre symbolique. Car, elle devait utiliser le levier législatif pour aller au bout de l’opinion qu’elle a émis. Comme il fallait s’y attendre, la réaction des magistrats n’a pas tardé. Avec l’intervention de Boni Yayi dans cette crise, ceux-ci en sortent renforcer. Mais implicitement, Boni Yayi désavoue les déclarations de Marie-Elise Gbedo
Bernado Houenoussi
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