Dans le cadre d’une
cérémonie tenue à Cotonou
Le Codiam de Cotonou a
abrité la cérémonie de signature de la Charte du Front pour le Sursaut
patriotique (Fsp) par les organisations qui en sont membres. C’était dans la
matinée de ce jeudi 20 avril 2017, en présence de plusieurs personnalités
influentes du Fsp et de nombreux membres des structures signataires. Au
décompte final, 26 signatures ont été enregistrées.
Léonce Houngbadji, signant la Charte du Fsp |
Le Parti communiste du
Bénin (Pcb), le Parti pour la libération du peuple (Plp), l’Alliance des Forces
cauris pour un Bénin émergent (Fcbe). Trois importantes organisations
politiques parmi les 26 dont les responsables désignés ont apposé leur
signature au bas de la Charte du Front pour le Sursaut patriotique. Il s’agit d’un
document de quatre pages comportant cinq parties.
De gauche à droite, Laurent Mètognon, Gilbert Koessi et Jean Kokou Zounon ... |
D’abord, dans un
Préambule en cinq points, elle présente des fondements importants du
fonctionnement de notre pays, que sont l’indépendance et le renouveau
démocratique, mais qui n’en ont pas amélioré la qualité, surtout, du point de
vue politique. Ensuite, dans les domaines que sont la politique, la diplomatie,
l’économie, l’administration, la justice et la société béninoise, la gestion,
sous le Régime de la Rupture, en serait des plus inacceptables, vu les éléments
d’observation présentés. Troisièmement, les signataires de la Charte s’y
engagent à cinq objectifs cardinaux, plus précisément, « se battre
ensemble pour la préservation des acquis démocratiques … », « se
battre pour la préservation du patrimoine national … », « lutter
activement pour éradiquer l’impunité … », « se battre contre le
pouvoir autocratique de Patrice Talon … » et « œuvrer pour le
rassemblement de toutes les forces politiques et sociales pour la tenue des
Etas généraux du Peuple … ».
... et, ci-contre, Eugène Azatassou et Léonce Houngbadji, au présidium de la cérémonie |
Quatrièmement, six actions immédiates
focalisent l’attention des membres du Front pour le Sursaut patriotique : « Œuvrer
pour la levée des mesures contre les mass media », « se battre pour l’indemnisation
et le relogement des populations déguerpies », « se battre contre la
privatisation des universités publiques, des centres de santé publics, et pour
la revue de la carte universitaire », notamment, « œuvrer pour le
retour dans le patrimoine de l’Etat de toutes les activités douanières et
portuaires », « se battre pour le retour des entreprises publiques
privatisées dans le domaine de l’Etat ». En dernier point, ils exigent la « sanction
des crimes et des scandales » de tous ordres. Enfin, sixièmement, un
espace a été consacré à la signature proprement dite de la Charte par les
membres du Fsp.
Des « assises
nationales » incontournables
« Mobiliser pour
aller aux Etats généraux du peuple, à de nouvelles assises nationales ! ».
Tel est le crédo qu’a martelé Jean Kokou Zounon, Porte-parole du Fsp, manifestant
ainsi la mission essentielle que se donne ce creuset d’organisations engagées. « Ce
qui affame le peuple, c’est la gouvernance qui est là. Donc, il faut mettre fin
à cette gouvernance ! », a lancé, de son côté, Eugène Azatassou,
Coordonnateur des Fcbe et présent au podium de la cérémonie, en même temps que
Léonce Houngbadji, Président du Plp, Gilbert Koessi, représentant le Pcb et
Laurent Mètognon, de la Fédération des Syndicats des travailleurs des finances
(Fesyntra-Finances).
Un aperçu du grand public ayant fait le déplacement |
Intervenant, chacune à
son tour, aucune de ces personnalités n’a manqué de faire un bilan désastreux
de la première année du mandat du Président de la République, Patrice Talon. « Peuple,
lève-toi pour mettre fin à la gouvernance actuelle ! », a clamé le
Porte-parole Zounon, closant l’étape des échanges avec les journalistes, ayant
succédé à la signature de la Charte. Si celle-ci est ouverte à ce que d’autres
organisations et d’autres personnalités puissent la signer, le Fsp se définit,
comme première action, une réunion avec tous les signataires aux fins de la
définition d’un calendrier des prochaines activités.
Marcel Kpogodo
CHARTE
DU FRONT POUR LE SURSAUT PATRIOTIQUE
I-
Préambule
1°- Depuis l’indépendance de notre
pays en 1960, les obstacles majeurs à son développement et à l’épanouissement
de notre peuple sont :
-le pacte colonial et l’inféodation
de nos dirigeants à l’ancienne puissance coloniale, la Franceetl’absence
d’amour réel pour la patrie ;
- la mauvaise gouvernance induite
par ce pacte colonial avec la tendance pernicieuse d’instauration d’un pouvoir
personnel au mépris de la souveraineté du peuple.
- l’impunité des crimes politiques
et économiques.
2°-Pendant près de deux décennies,de
1975 à 1990 notamment, notre peuple, face à un pouvoir autocratique, a mené des
luttes héroïques au prix de la sueur et du sang de ses fils et filles, et en a
triomphé.
3°-La Conférence Nationale tout en
constituant un moment fort de l’Histoire de notre pays a
consacré les libertés démocratiques si chèrement conquises, mais, n’a pas
résolu la question de l’impunité qui est devenue une véritable gangrène pour le
développement de notre pays.
4°-Pendant vingt-sept ans, notre
peuple s’est toujours opposé à toutes formes de restauration de l’autocratie, a
toujours exigé que l’impunité cesse et que soient sanctionnés tous ceux qui ont
attenté aux libertés, à la vie des citoyens pour raison politique ou qui ont
commis de graves prédations contre les ressources nationales.
5°-Face à la mauvaise gouvernance
qui s’est poursuivie ces dix dernières années, avec des scandales, le pouvoir
de Patrice Talon s’est présenté comme un espoir pour le peuple béninois
meurtri.
II-
Les Signataires de la présente Charte,
Constatant
que le pouvoir dit de la Rupture de Patrice Talon après seulement une année
d’exercice s’est illustré par la négativité dans tous les domaines, politique,
diplomatique, économique et social :
Au plan politique :
Graves remises en cause des libertés fondamentales (restriction des libertés de
manifestation avec les tracés de "lignes rouges" à ne pas franchir,
interdiction d’organisations d’étudiants et répression de réunion en dehors des
campus, fermeture de media non conformistes et dérangeant le pouvoir, et mise
au pas de la plupart des organes de presse, interdictions de marches et de sit-in,
et autres manifestations publiques ) ;
Au plan diplomatique :
Missions personnelles et quasi quotidiennes du Chef de l’Etat en France et
particulièrement à l’Elysée pour recevoir des ordres, ceci au mépris de nos
voisins stratégiques comme le Nigeria et au détriment parfois d’instances
continentales africaines, entraînant en fait notre pays dans un isolement diplomatique visible ;
népotisme dans les nominations aux postes diplomatiques ;
Au plan économique :
Dénaturalisation du Partenariat public-privé en un Partenariat
privé-privé ; Opacité dans la gestion du bien public ; Transformation
progressive de tout le patrimoine national en une propriété quasi privée où
tous les secteurs productifs sont accaparés par Talon et son groupe ; Privatisations
sauvages des entreprises publiques servant à garnir par rachat ou offre
publique d’achat (OPA), le portefeuille privé de Talon et Compagnies (SODECO,
SDI, DFA (coton), Port sec d’Allada, Benin
Control (PVI), main basse sur le domaine de l’Etat..) ;Emprunts
obligataires effectués dans l’opacité totale
servant en priorité à régler les affaires personnelles de Talon plutôt
qu’à payer les privés, créanciers de l’Etat qui attendent toujours… ; Marchés
de gré à gré illégaux au profit du Président Talon et de son sérail avec le
placement à tous les postes de commande d’éléments de son clan entravant ainsi
les investissements des opérateurs économiques nationaux et même internationaux
;
Au plan
administratif : Désarticulation de la fonction
publique et sa transformation progressive en une Administration d’Entreprise
avec des cabinets privés de consultants à ordre ; Débarquement de
personnes étrangères, sous prétexte que le Bénin est un "désert de
compétences",mise en place d’une véritable légion étrangère qui gère
désormais notre administration et payée grassement hors grille aux frais du
Trésor public pendant que notre jeunesse est plongée dans le chômage
généralisé ; Précarisation accentuée des emplois publics et privés au
Bénin ; Clientélisme dans la promotion et nomination des cadres et agents.
Au plan judiciaire :
Tentative de soumission des magistrats aux injonctions du Chef de l’Etat,
tentative de remise en cause de l’indépendance de la justice ;
Au plan social : Option du "tout privé" et de
"l’Etat minimum" ; Multiplication des barrières à l’accès des
enfants des pauvres à l’instruction ; Aggravation des conditions d’accès
des pauvres à la santé ; Fermeture des entreprises publiques notamment
dans le secteur rural avec licenciement et mise à la porte de milliers de
travailleurs sans solution de rechange ; surtout destruction massive des
moyens de survie des petits producteurs à travers l’opération de
déguerpissement (sans aucune mesure d’accompagnement),envoyant de nombreux
citoyens(jeunes, pères et mères de famille) à la famine et à la mort certaine ;
Véritable politique antisociale et de gangstérisme d’Etat entraînant une grave
crise économique et sociale qui frappe
aujourd’hui notre pays de plein fouet.
Attendu
que pour constitutionnaliser toute cette politique autocratique, d’impunité,
d’apatridie et de ruine des populations, le pouvoir de Patrice Talon, lance au
forceps son projet de Constitution comptant sur la corruption d’un Parlement
vénal,acquis à sa cause par des menaces et des achats de conscience à coup de
millions selon les aveux de Maître Adrien Houngbédji de l’existence de "télécommandes
non vertueuses", les récentes dénonciations de la Doyenne
d’âge et du député Basile Ahossi;
Vu
toutes les protestations contre une réécriture de la Constitution qui
établissait une nouvelle Constitution (43 articles modifiés sur 160 et 15
dispositions nouvelles) sans implication du peuple et en dehors de lui ;
Vu
la détermination de notre peuple, la levée des démocrates et patriotes dans
toutes les couches à l’intérieur comme à l’extérieur du pays et l’importante
contribution du Front pour le Sursaut Patriotique qui ont mis en échec un
dessein aussi funeste ;
Vu
les succès déjà remportés par ce Front - le plus large ayant jamais existé dans
notre pays depuis 1960 - et l’accueil enthousiaste qu’il suscite dans le peuple.
Décident
Du
maintien et de la poursuite de l’alliance de combat dénommée Front pour le
Sursaut Patriotique (FSP) et se donnent la présente Charte devant servir de
base à leurs actions.
En
vertu de quoi ils s’engagent à :
1°- Se battre ensemble pour la
préservation des acquis démocratiques contre toutes atteintes aux libertés fondamentales
et toutes velléités de restauration de l’autocratie ;
2°- Se battre pour la préservation du
patrimoine national, contre tout accaparement par les dignitaires du pouvoir,
toute désarticulation de la Fonction publique avec ses corollaires :
privatisations, externalisations, licenciements massifs ;
3°-Lutter activement pour éradiquer
l’impunité, se battre pour la transparence dans la gestion du bien public et soutenir
les initiatives du contrôle par les travailleurs et les citoyens de cette
gestion, œuvrer pour que les criminels politiques et économiques déjà
identifiés soient punis, et les victimes réhabilitées et dédommagées ;
4°- Se battre contre le pouvoir autocratique
de Patrice Talon pour sa politique d’atteintes graves aux libertés démocratiques,
de mafia,d’accaparement du patrimoine national à des fins personnelles, de destruction
de la fonction publique, de chômage pour les jeunes, de privatisation de tous
les secteurs et de famine pour la population; de protection des criminels
politiques et économiques et d’impunité et, enfin pour sa politique d’isolement
de notre pays au plan diplomatique.
5°-Œuvrer pour le rassemblement de
toutes les forces politiques et sociales pour la tenue des Etats Généraux du
Peuple en vue d’un pouvoir patriotique et de probité.
Dans
l’immédiat, les Signataires s’engagent à :
-
Œuvrer pour la levée des mesures contre les
mass médias (Sikka-Tv, E-télé, Le Béninois Libéré, etc.) et l’accès de tous aux
organes de service public ;
-
Se battre pour l’indemnisation et le
relogement des populations déguerpies ;
-
Se battre contre la privatisation des
universités publiques, des centres de santé publics, pour la revue de la carte
universitaire ;
-
Œuvrer pour le retour dans le patrimoine
de l’Etat de toutes les activités douanières et portuaires et s’opposer par
tous les moyens au retour du PVI- Bénin Control de Patrice Talon-Boko Olivier
et consorts ; la fin des marchés de gré à gré illégaux au profit du
clan présidentiel ;
-
Se battre pour le retour des entreprises
publiques privatisées dans le domaine de l’Etat notamment agricole (SONAPRA,
ONS, ONASA, CAIA, CARDER, etc.) et la restitution du domaine arbitrairement
acquis par le Chef de l’Etat ;
-
La sanction des auteurs des crimes et
scandales ICC-Services, Maria-Gléta, Assemblée Nationale, PPEAII, Machines
agricoles, Dangnivo Pierre Urbain, dame Sohoudji Agbossou Bernadette, etc.
Les
organisations signataires gardent leur autonomie politique et organisationnelle.
La présente Charte sera complétée par un Règlement
intérieur qui précisera les organes de fonctionnement et le mode de financement
des activités du Front ainsi que les droits et devoirs des membres.
Fait à Cotonou le 20
avril 2017
M.K.
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