Dans
le cadre d’une conférence de presse animée par l’Uneb et l’Unseb
La
salle de conférence de la Bourse du travail à Cotonou a abrité la tant
interdite, dispersée et attendue conférence de presse des responsables de certaines
des institutions faîtières des étudiants de l’Université d’Abomey-Calavi. C’était
dans la matinée du vendredi 3 mars dernier. Elle a donné l’occasion aux
Présidents de l’Union nationale des étudiants du Bénin (Uneb) et de l’Union
nationale des scolaires et étudiants du Bénin (Unseb) de fustiger un bon nombre
de faux frais dont seraient l’objet les étudiants de certains départements de
faculté de ce temple du savoir. Et, notamment, une plateforme revendicative en
11 points a été rendue publique.
De gauche à droite, Prince Boris Aké et Nicolas Zinsou, au cours de la conférence de presse |
15
mille Francs de frais de scolarité à payer par les étudiants de l’ex-Faculté
des Lettres, arts et sciences humaines (Flash) de l’Université d’Abomey-Calavi
(Uac), mis en situation de redoublement collectif du fait de l’année invalidée,
1050 Francs de frais d’inscription pédagogique à régler à la banque, 100 mille
francs comme frais de formation à payer par les nouveaux bacheliers non retenus
à la Faculté des Sciences et techniques (Fast), 2500 Francs de frais de
tee-shirt de sport, 1000 Francs obligatoires à titre de frais de Td pour les
étudiants du Département de Philosophie, sous peine de ne pas voir corriger
leurs copies, entre 100 et 1000 Francs à payer par les étudiants en Espagnol à
la fin de certaines compositions, 35 mille Francs à régler par d’autres
étudiants avant d’obtenir un thème de soutenance, 1000 Francs avant de se voir
attribuer un thème d’exposé, le passage de 451 mille à 651 mille Francs pour
s’inscrire en Master, paiement de 1000 Francs par les étudiants en Psychologie
et en Sociologie avant d’obtenir leurs notes de composition, imposition du
paiement de 1500 Francs par Unité de valeur (Uv), en cas de réclamation. La
longue liste des frais dont doivent s’acquitter les étudiants de l’Université
d’Abomey-Calavi, selon les facultés et les départements dont ils proviennent,
ce qu’a dénoncé, notamment, Prince Boris Aké, Président de l’Union nationale
des scolaires et étudiants du Bénin (Unseb), au cours de la conférence de
presse initiée par cette institution, de pair avec l’Union nationale des
étudiants du Bénin (Uneb), le vendredi 3 mars 2017, à la salle de conférence de
la Bourse du travail, à Cotonou.
Devant
un parterre de responsables de centrales et de confédérations syndicales et, en
face de plusieurs dizaines d’étudiants et d’hommes de médias, le Président de l’Unseb
a profité de sa prise de parole, bien avant l’évocation des différents faux frais,
pour faire l’état des lieux de la crise qui secoue l’Université d’Abomey-Calavi,
depuis que, le 24 juin 2016, les étudiants de l’ex-Faculté des lettres, arts et
sciences humaines (Flash) ont refusé de se présenter à la composition de fin d’année,
en session unique, prévue pour se tenir le 25 juin. Entre temps, le 28 juillet,
l’année académique 2015-2016 avait été purement et simplement invalidée par le
Recteur Brice Sinsin, ce qui a déclenché une cascade d’événements de tension :
une grève générale, l’arrestation de Prince Boris Aké et de certains de ses
camarades, leur relaxe, l’exclusion de 21 étudiants, le scindement de l’ex-Flash
en deux facultés, l’interdiction des activités des institutions faîtières du
mouvement des étudiants, sans oublier le tir à bout portant sur l’étudiant
Habib Ahandessi par le Chargé de mission du Recteur Sinsin et, en février 2017,
l’interdiction par la première autorité de l’Uac de la présence des 21 exclus
sur les campus de l’Université et l’empêchement par les forces de sécurité de la
tenue de cette conférence de presse ayant été préalablement programmée pour le
17 février 2017, à l’Hôtel ’’Le Refuge’’, à Zogbadjè, dans la Commune d’Abomey-Calavi.
Cette
présentation par le Président de l’Unseb a suscité l’indignation des
responsables syndicaux présents, ce qu’ils ont manifesté à travers leurs prises
respectives de parole.
Morceaux
choisis
Les
responsables des centrales et des confédérations syndicales, de même que ceux d’autres
structures assimilées, sont montés au créneau pour fustiger les exactions
liberticides dont le Gouvernement de la Rupture rend victimes les étudiants de
l’Uac, en général et, les institutions faîtières du mouvement étudiant, en
particulier.
Moudachirou Bachabi |
Moudachirou
Bachabi, Secrétaire général de la Confédération générale des travailleurs du
Bénin (Cgtb), remplaçant de Pascal Todjinou :
« Nous sommes avec [les
étudiants] parce qu’il s’agit des libertés dans notre pays », « Plus
jamais ça, s’il vous plaît ! », « Le pain aussi, c’est au bout
de la paix, de la liberté », « Nous sommes là et nous les empêcherons
de confisquer le fruit de nos luttes ».
Noël Chadaré entre Prince Boris Aké et Nicolas Zinsou |
Noël
Chadaré, Secrétaire général de la Confédération des organisations syndicales
indépendantes du Bénin (Cosi-Bénin) :
« Nous sommes là, par principe,
parce que les libertés sont menacées … », « Sans vie associative sur
nos campus, nous allons former des godillots », « La démocratie, c’est
le respect des différences », « Nous, on est outrés, scandalisés,
catastrophés par ce qui se fait contre nos libertés », « Nous serons
de tous les combats contre la confiscation des libertés ».
Désiré Sèmèvo, ci-contre |
Désiré
Sèmèvo, 1er Adjoint du Secrétaire général de l’Union nationale des
syndicats des travailleurs du Bénin (Unstb) :
« Votre combat est
digne et noble », « Le Bénin ne sera jamais un Etat à la dimension de
l’ex-Urss », « Nous n’allons pas laisser le Gouvernement de la Rupture
nous retourner en arrière », « La ligne, au niveau de la Bourse du
travail, vous la traversez pour montrer qu’il y a des citadelles imprenables ».
Julien
Tgbadja, Président de la Ligue des droits de l’homme (Ldh) :
Julien Togbadja, au centre |
« Plus
jamais cela, sur la terre de Béhanzin ! », « Le Bénin a
entrepris sa marche à rebours », « Le Président Talon et son équipe
ont choisi de nous faire marcher à reculons », « Ces gens qui nous
dirigent, ils font honte ! », « Vous nous interpellez, nous
avons le devoir de répondre à cette interpellation », « La Ligue vous
adopte, votre combat est le nôtre », « Le Bénin est en danger »,
« Nous exigeons que les étudiants exclus de l’université reprennent leurs
études à l’université », « Touche pas nos franchises universitaires,
touche pas nos droits associatifs ! », « Nous proposons que soit
tenue cette même conférence de presse à l’Université d’Abomey-Calavi ! »
Habib Ahandessi, au cours de la confé&rence de presse |
Habib
Ahandessi, arbitrairement détenu …
En
marge de ses propos de soutien aux étudiants de l’Uac, Julien Togbadja s’est
étendu sur des révélations se rapportant aux conditions arbitraires et anti-démocratiques
de la brève détention de l’étudiant Habib Ahandessi, plusieurs heures avant la
tenue de la conférence de presse. Selon lui, le concerné a été privé de sa
liberté, dans la soirée du jeudi 2 mars 2017, aux environs de 21 heures, puis
conduit dans une destination inconnue, retenu qu’il a été jusqu’au petit jour
du vendredi 3 mars, et libéré à 2h 30 minutes, avec interdiction formelle de l’organisation
de la conférence de presse.
Apparemment,
cette intimidation n’a pas eu ses effets, vu que, non seulement Habib Ahandessi
s’est présenté à la conférence après avoir travaillé à sa réussite, mais y a
aussi joué le rôle de Maître de cérémonie (Mc). Dans cette posture, après une
exécution timide par le public de l’hymne national, avant le début de la
conférence de presse, il a clamé : « L’université est en deuil ! ».
En outre, sa partition dans l’enrichissement de la conférence de presse n’a pas
été des moindres, lui qui a attiré, en langue nationale, entre autres, l’attention
des parents d’étudiants sur le fait que l’Uac n’était plus l’espace très connu
pour former intellectuellement les futurs cadres de la nation.
Plateforme
revendicative
Nicolas Zinsou, lisant la plateforme revendicative |
S’adressant,
à son tour, à l’assistance, Nicolas Zinsou, Président de l’Union nationale des
étudiants du Bénin (Uneb), a présenté les 11 revendications des étudiants :
1.
Annulation du décret portant
interdiction des activités estudiantines
2.
Réintégration et dédommagement des 21
étudiants exclus
3.
Paiement sans délai de tous les arriérés
d'allocation universitaire aux étudiants de l'ex-Flash, pour l'année 2015-2016
invalidée
4.
Retrait des conditions d'accès aux sessions
de rattrapage dans l'ex-Flash
5.
Suppression des faux frais dans toutes
les facultés, écoles et dans tous les instituts par les autorités décanales et
rectorale
6.
Remboursement des fonds escroqués aux
étudiants
7.
Annulation de la mesure de sélection
pour permettre aux bacheliers laissés sur le carreau d'avoir accès à
l'éducation supérieure et, ce, dans leur faculté de choix
8.
Abrogation de la Note de service
qu'auraient prise le Directeur général de l’Enseignement supérieur et le Directeur
de l’Office du Bac exigeant aux candidats au Bac une somme de 1500 Francs pour
frais d'étude de dossier pour le choix des filières après l'obtention dudit
parchemin
9.
Réfection de tous les bâtiments qui
servent de dortoir dans les universités publiques du Bénin
10.
Acquisition de nouveaux bus au profit du
transport des étudiants
11.
Envoi d’une Commission pour auditer la gestion du professeur Brice Sinsin,
Recteur de l'Université d'Abomey-Calavi.
Des soupçons de
trahison
De gauche à droite, Josué Santos Didolanvi et Farid Salako |
La conférence de presse
des Présidents respectifs de l’Unseb et de l’Uneb a laissé percevoir un grande
vide, celui qu’a laissé celui de la Fédération nationale des étudiants du Bénin
(Fneb), Emmanuel Assimada, ce à quoi les observateurs ont été habitués depuis
peu. Cependant, dans le public estudiantin ayant fait le grand déplacement de
la Bourse du Travail, le vendredi 3 mars 2017, il fallait trouver,
paradoxalement, quelques membres du Bureau exécutif fédéral des étudiants (Bef),
relevant de la Fneb. Ainsi, Josué Santos Didolanvi, Premier Vice-président (Pvp)
de la structure concernée, n’a pas caché son adhésion totale à la cause
défendue par l’Unseb et l’Uneb. De même, Farid Salako, Secrétaire général du
Bef, montre sa fusion avec le combat de ces deux institutions et a manqué de mots
pour justifier l’absence d’Emmanuel Assimada, aux côtés de ses pairs.
De gauche à droite, Jean Kouton et Julien Charlexe Sah |
Très vite, non loin d’eux,
Jean Kouton, Organisateur général du Bureau d’Union d’entité de la Faculté des
Sciences économiques et de gestion (Faseg), et Julien Charlexe Sah, Responsable
à l’Organisation du Bureau d’Union d’entité de la Faculté de Droit et de
sciences politiques (Fadesp), ont fait connaître leur indignation contre l’absence
du Président de la Fneb. « Il demande que les étudiants aillent se
défendre eux-mêmes ; c’est un Judas ! », s’écrie l’un d’eux.
Marcel Kpogodo
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