Dans le cadre d’un
point de presse qu’ils ont tenu à Cotonou
Trois des avocats de
Laurent Mètongnon ont animé un point de presse à la Bourse du travail de
Cotonou, dans la matinée du mercredi 22 novembre 2017, pour se prononcer sur
l’évolution de la procédure judiciaire ayant conduit à renouveler la
garde-à-vue du syndicaliste. Il ressort de leurs propos que se trouvent
fautives toutes les instances impliquées dans la conduite de cette situation de
privation de liberté.
De gauche à droite, Amos Akondé, Aboubakar Baparapé et Alfred Bocovo, avocats de Laurent Mètongnon |
« Ce dossier est
vide, complètement vide ! En principe, la détention de Laurent Mètongnon
ne se justifie plus », a martelé Maître Aboubakar Baparapé, l’un des
avocats de l’ancien Président du Conseil d’administration de la Caisse
nationale de sécurité sociale (Cnss), au cours du point de presse qui s’est
tenu à la Bourse du travail, à Cotonou, le mercredi 21 novembre 2017, cette
personnalité qui a vivement dénoncé les comportements respectifs du
Gouvernement, de la police et de la justice, dans le traitement de l’affaire.
Selon cet avocat, la
présentation faite devant les journalistes avait deux objectifs : d’une
part, « couper court aux rumeurs pernicieuses et fallacieuses les plus
folles » sur le dossier ’’Bibe-Cnss’’, dans le cadre du renouvellement de
la garde-à-vue de Laurent Mètongnon, pour une durée de quarante-huit heures, dans
le début de la soirée du mardi 21 novembre. D’autre part, les animateurs
du point de presse se sont donné le devoir
d’éclairer le public sur la procédure permettant la détention de Laurent
Mètongnon, sans intervenir sur le fond de l’affaire, vu que cette procédure suit
son cours.
En outre, la première
institution qu’a dénoncée Aboubacar Baparapé est le Gouvernement. En effet,
selon lui, en se fondant sur un rapport d’enquête de l’Union économique et
monétaire ouest-africaine (Uémoa) et sur un autre émanant de l’Inspection
générale des finances (Igf), l’Exécutif a lancé les hostilités contre Laurent
Mètongnon en le condamnant sans l’avoir jamais écouté, vu que le communiqué du
Conseil des Ministres du 2 novembre 2017, faisant état de la situation à la
Cnss, lui a reproché d’avoir mis en danger cette institution, de même que la
vie des retraités, en mettant en Dépôt à terme à la Banque internationale du
Bénin (Bibe), en faillite, à l’époque, plus de 17 milliards de Francs de la
Cnss, dans le but d’encaisser des rétro-commissions d’une valeur de 71 millions.
Ces faits ont amené, pour l’intervenant, le Gouvernement Talon à instruire le
Ministre de la Justice pour lancer des poursuites judiciaires contre les mis en
cause, dans le but de faire la lumière sur cette affaire. Ainsi, le Procureur
de la République a alerté la Brigade économique et financière (Bef) pour des
enquêtes idoines, ce qui a occasionné la « mise en marche du rouleau
compresseur » contre Laurent Mètongnon et a conduit à ce que cette Brigade
écoute Dramane Diatéma, l’actuel Dg de la Cnss, qui a montré qu’un autre Dat de
quatre milliards a été fait, sous sa houlette, à la Cnss, une initiative qu’a
confirmée l’actuel Ministre des Finances, Romuald Wadagni. Et, de son côté,
Laurent Mètongnon a reçu, dans la soirée du jeudi 16 novembre, une convocation
de la Bef, le siège d’une structure à laquelle il s’est présenté le vendredi 17
novembre, à 9h30, alors qu’il y avait été appelé pour 10h. Puis, après une
heure d’audition, il y a été maintenu jusqu’à tard dans la nuit pour une
confrontation avec un ancien Dg de la Cnss, qui a affirmé avoir fait envoyer, à
l’époque des faits, à Laurent Mètongnon, par un commissionnaire, une somme de 2
millions 500 mille francs répartis en quatre tranches, la dernière étant de 500
mille francs, un montant auquel a été adjoint un pack de champagne d’une valeur
de 130 mille francs. Donc, il ne s’agit plus d’une rétro-commission de 71
millions. Par ailleurs, l’intermédiaire indiqué a aussi été questionné par les
policiers et a radicalement nié les faits qui lui ont été attribués. « A
cette étape, le débat est clos sur ces accusations portées par le Conseil des
Ministres ! », a enfoncé l’avocat Aboubakar Baparapé selon qui
Laurent Mètongnon devrait avoir été mis en liberté puisqu’il « offre des
garanties suffisantes de représentation ».
De gauche à droite, Thérèse Wahounwa, Jean Kokou Zounon et Eugène Azatassou, leaders du Fsp, présents au point de presse |
De plus, à en croire
l’homme de loi, le Gouvernement s’est trompé dans ses analyses, vu que, depuis
2013, la Bibe n’était plus en difficultés financières, parce que, a ajouté
Maître Amos Akondé, confirmant la sortie de crise de cette banque, trois
arrêtés avaient été pris par le Ministre des Finances en exercice, à cette
époque, pour, respectivement, mettre fin à l’administration provisoire de la
Bibe, de même qu’aux fonctions de l’Administrateur provisoire, puis pour nommer
un Directeur général intérimaire.
Du traitement infligé à
Laurent Mètongnon
Pour Me Aboubakar
Baparapé, après avoir été confronté à l’intermédiaire qui a nié lui avoir
transmis les différents dons de l’ex-Dg de la Cnss, Laurent Mètongnon devrait
recouvrer sa liberté après 48h de garde-à-vue, ce qui n’a pas été fait. Plutôt,
le dimanche 19 novembre, son domicile a été perquisitionné en présence de deux
de ses avocats avec, à la clé, une saisie de plusieurs de ses documents
personnels, et leur mise sous scellé, après un point contradictoire. Pire, le
mardi 21 novembre 2017, dans les environs de 18h, sa garde-à-vue a été prolongée
de 48h, après sa présentation au Procureur de la République, alors que « selon
la loi, si rien n’est reproché à quelqu’un, sa détention n’est plus nécessaire
à la manifestation de la vérité », a réitéré l’avocat qui pense que le
Procureur veut user de sa prérogative lui permettant de retenir un prévenu pour
une durée de huit jours.
Abordant un autre
aspect de la question, le conférencier a dénoncé une garde-à-vue « non
douce ni tranquille » marquée par « des mesures restrictives
attentatoires aux droits de la défense » par les policiers enquêteurs. Selon
lui, au lendemain de la perquisition de son domicile, Me Lionel Agbo, l’un de
ses avocats, n’a pu rencontrer Laurent Mètongnon, étant donné que « des
instructions fermes ont été données pour que plus personne, même ses avocats,
ne puisse entrer en contact avec lui », en dehors de son épouse,
précise-t-il, surtout que, en début d’après-midi, ce lundi 20 novembre,
lui-même, à l’Ocertid, s’est heurté à la résistance des policiers dans sa
volonté de rencontrer son client, ceux-ci ayant argué des instructions imposant
une autorisation préalable de la Bef et de la Direction générale de la police
nationale (Dgpn) pour rencontrer Laurent Mètongnon, « une violation des
droits de la défense, garantis par la Constitution », s’est indigné
l’avocat. Et, ce sont de vives protestions de ses conseils, qui ont amené à
l’assouplissement de ces mesures par le Procureur. Ainsi, il y a eu « la
restauration des droits » de son client, ce dont Aboubakar Baparapé a
félicité cette autorité judiciaire.
Ingérences politiques
De son côté, Me Alfred
Bocovo, le troisième avocat de Laurent Mètongnon, présent au point de presse, a
dénoncé un biais de la police ; selon lui, celle-ci a refusé d’organiser
une confrontation entre le commissionnaire de l’ex-Dg/Cnss et Laurent
Mètongnon, ce qui est la preuve que le dossier est vide. Tout en dénonçant
« l’utilisation abusive de la garde-à-vue » par le Procureur, il
s’est fendu en d’autres propos de stigmatisation : « Il suffit d’une
simple accusation contre quelqu’un pour le faire garder, ce qui est grave pour
la démocratie », avant de continuer par la dénonciation des
« rapports incestueux » entre la justice et les hommes politiques
avec une conséquence intolérable : « Maintenir les citoyens dans la
hantise prolongée de la détention ». Il a appelé, pour clore son propos, à
l’impartialité de la justice.
Marcel Kpogodo
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