Dans le cadre d'une conférence publique tenue à Cotonou
La salle de conférence du Centre de promotion de l'artisanat (Cpa) de Cotonou a abrité une conférence publique sur le Ravip, dans la matinée du jeudi 26 octobre 2017. Elle a été animée par le Front pour le sursaut patriotique (Fsp) dont les dirigeants, plusieurs membres et sympathisants étaient présents à la manifestation. Il en est sorti une Déclaration lue par Jean Kokou Zounon, Porte-parole du Fsp, qui a fait ressortir quatre points d' "arnaque" du Recensement à vocation d'identification de la population (Ravip) ...
Le présidium de la conférence publique |
Intégralité de la Déclaration du Fsp sur le Ravip
FRONT POUR LE SURSAUT
PATRIOTIQUE (FSP)
Cél : 97983565 /
97980179
CONFERENCE
PUBLIQUE A PROPOS DU RAVIP AVEC
SAFRAN
Cotonou, CPA, le 26
octobre 2017
Introduction liminaire
Par Jean Kokou ZOUNON,
Porte-parole du FSP
LE RAVIP AVEC SAFRAN :
UNE ARNAQUE (OPERATION DE FRAUDE) TECHNIQUE, POLITIQUE, ELECTORALE ET
FINANCIERE CONTRE LE PEUPLE BENINOIS.
Introduction
Le gouvernement de
Patrice Talon projette organiser à partir du 1er novembre 2017 un Recensement
initial administratif à vocation d’identification de la population (RAVIP) en
vue de la mise en œuvre de la loi n° 2017-08 du 19 juin 2017 portant
identification des personnes physiques en République du Bénin.
Le peuple qui a connu
ces quinze dernières années une cascade de recensements administratifs (Ravec,
Rena) et statistiques (RGPH3 et 4) se pose tout naturellement des questions sur
les finalités et donc l’utilité et les véritables objectifs du gouvernement
Talon.
Ces questions sur
l’opération du RAVIP sont d’autant plus légitimes que l’opérateur technologique
dit "assistant technique" SAFRAN est connu comme ne garantissant pas
la transparence, ni la compétence en matière de recensement et/ou de travaux du
genre en Afrique.
En réponse à ces questions légitimes, les
autorités au pouvoir se sont lancées dans des explications et déclarations
contradictoires pour finalement, comme à bout d’arguments, en venir aux menaces
vertes et brutales contre tout citoyen qui oserait critiquer l’opération.
Alors, tout le monde
peut sentir qu’il y a certainement anguille sous roche et que les mérites
vantés des produits de cette opération ne seraient que de la fumée pour couvrir
une vaste arnaque à laquelle le pouvoir de Talon nous a habitués depuis son
arrivée.
Au FSP, nous disons que
le RAVIP avec SAFRAN est une vaste arnaque technique, politique, électorale et
financière contre le peuple béninois.
1- Le RAVIP : une arnaque technique
Selon la loi n° 2017-08
citée supra, le Recensement initial Administratif à Vocation d’Identification
de la Population, est réalisé par l’Agence Nationale d’Identification des
Personnes (ANIP). Mais, « en attendant la mise en place de l’ANIP, l’ANT en
exerce les missions et attributions. » (Article 90)
C’est donc l’Agence
Nationale de Traitement qui est, au cours de cette phase, l’opérateur au plan
technique. La Société SAFRAN ne lui prêterait que son assistance technologique.
Il est prévu un Comité
technique de pilotage pour la préparation et le suivi technique du RAVIP et
enfin une Commission nationale de supervision composée de neuf (09) députés
désignés par l’Assemblée nationale (dont 7 pour le Bloc de la majorité
présidentielle et 02 pour la minorité) et de neuf (09) membres du Gouvernement
sous la coordination d’un membre du gouvernement et qui « sert à tout besoin
d’identification de personnes physiques en République du Bénin » (article
91).
La première remarque
qui saute aux yeux, c’est que l’article 2 de la loi 2017-08 relatif à
l’identification nominative et personnelle d’une personne reprend les mêmes
éléments prévus dans la loi 2009-10 du 13 mai 2009 portant organisation de
recensement électoral national approfondi et établissement d’une liste
électorale informatisée. Il en est de même des données biométriques. Pourquoi
organiser alors un autre recensement général ?
La seconde remarque qui
saute aux yeux, c’est qu’aucun organisme technique compétent, stable reconnu
dans notre pays n’assure ni la préparation, ni la mise en œuvre, ni le suivi du
RAVIP. Un comité de pilotage est un organisme transitoire qui ne permet aucune
capitalisation des expériences. La présidence de la supervision est revenue non
pas au ministre chargé de la statistique, mais au ministre de la justice qui ne
dispose d’aucun organe compétent pour superviser techniquement l’exécution d’un
recensement.
Or le pays dispose d’un
organisme compétent de recensement : l’Institut National de la Statistique et
de l’Analyse économique (INSAE) qui a accumulé des expériences depuis 40 ans
bientôt dans l’exécution de quatre opérations de recensements généraux de la
population et des dizaines d’enquêtes démographiques. Bruno Amoussou et Adrien
Houngbédji réclamaient cet institut lors de la réalisation des Lépi. Sous leur
pouvoir de la Rupture, l’INSAE est royalement ignoré (son DG siège en tant que
conseiller). Or le développement exige et signifie accumulation croissante des
expériences. En ce sens l’INSAE est le meilleur réceptacle de tout recensement
futur pour le bien du pays, pour l’accumulation et la capitalisation des
expériences.
La troisième remarque
est que le RAVIP est un recensement initial pour l’identification des personnes
physiques. Mais après l’initialisation, comment se fera l’actualisation ? Qui
devra assurer la collecte des naissances, des décès, des mariages ou divorces,
des changements de résidence principale ou secondaire ? Quel organe permanent a
les qualités pour suivre ces éléments d’état civil ? Un organe transitoire du
genre d’un comité de pilotage ne peut le faire, ni même l’ANIP qui est censé
mettre à jour (sans autres précisions) les Registres national et communaux des
personnes physiques. Or sans un système de saisie et d’enregistrement des
mouvements d’état civil, tout registre des personnes physiques est obsolète dès
le lendemain même de sa mise en place et est voué à très court terme à l’échec.
Le dispositif échafaudé
par le pouvoir de Talon est fait comme pour ne pas laisser des traces. Le RAVIP
est ainsi exécuté à l’image des gens qui surgissent, agissent et disparaissent,
donc à l’image des voleurs.
2- Le RAVIP : une arnaque politique
La loi sur le RAVIP
fait partie des lois scélérates et pirates (sur l’embauche, les collaborateurs
extérieurs, l’espionnage des citoyens, etc.) que le pouvoir de Talon a fait
introduire en sous-mains par ses députés en propositions de loi et étudiées en
séminaire gouvernemental à Dassa-Zoumè dans le but de la vassalisation de
l’Assemblée nationale et de contournement de la Cour suprême. Le RAVIP est
donc, dès le départ, un projet scélérat.
Aujourd’hui, on nous le
présente avec beaucoup de qualités. Ainsi, le RAVIP promet "une carte qui
simplifie la vie" à tout citoyen. Or, la carte du RAVIP ne remplace pas
les autres documents d’identification (carte d’identité, passeport). C’est le
gouvernement qui veut compliquer la vie des citoyens, en instituant
l’inscription du numéro personnel d’identification sur tout autre acte
administratif (articles 7,8 et 9 de la loi) et en imposant que « nul ne doit
obtenir un document d’identification s’il n’est détenteur d’un numéro personnel
d’identification et s’il n’est enregistré dans le registre national » (article
53). Donc, en fait, c’est plutôt le gouvernement qui veut se simplifier la
surveillance de la vie des citoyens, se faciliter l’intervention dans leur vie.
Et ce n’est pas un acte de développement comme le prétendent les thuriféraires
du pouvoir, mais un acte de police et de contrôle plus serré des citoyens. Et
tous les pays qui avant le nôtre l’ont adopté ne le cachent guère. On peut
ainsi commencer à comprendre déjà pourquoi le cerbère du Littoral, le Préfet
Toboula, aboie contre toute critique du projet.
Seulement, ici, chez
nous où la ruse est une doctrine politique de gouvernance, il faut tromper le
peuple, lui cacher les véritables objectifs d’une opération qui lui coûtera des
dizaines de milliards de francs, des heures d’ennuis, des inquiétudes sur ce
perpétuel recommencement sans fins d’opérations de recensements.
Les mensonges ont
atteint des niveaux insoupçonnés lorsque le pouvoir et ses députés du Bloc de
la majorité parlementaire disent, proclament, jurent que le RAVIP n’a pas de
but électoral. Or l’article 13 alinéa 2 de la loi encadrant le RAVIP dit
explicitement : « le registre national sert de base à la production des données
nominatives, personnelles et biométriques à mettre à la disposition de l’organe
chargé par la loi pour l’établissement de la Liste électorale permanente
informatisée (Lépi). Ces données serviront également au recensement
administratif à vocation d’identification de la population….»
Ensuite, parmi les
informations à collecter auprès de chaque personne, il est prévu son centre de
vote que ce soit dans sa résidence principale ou dans sa résidence secondaire.
Malgré tout cela, le pouvoir et ses agents continuent de mentir.
Le registre national
est établi avec l’enregistrement des données d’identification des personnes
physiques. Les registres communaux sont
destinés à la collecte des données des personnes physiques dans les communes.
Ils sont tenus par les maires. On comprend alors la hargne du pouvoir de Talon
de se soumettre tous les maires pour leur docilité à exécuter ses volontés. Les
destitutions de ceux soupçonnés de résistance visent cet objectif.
Enfin, la remise de
l’exécution du RAVIP à l’Agence Nationale de Traitement, une structure chargée
justement de la gestion de la Lépi et non à l’INSAE montre bien que l’objectif
premier de toute cette opération est d’ordre politique, électoral et non
technique. Le choix de SAFRAN, bien connu dans les tripatouillages électoraux,
souligne bien la volonté politique du pouvoir de TALON et de son clan. Et à
chaque fois pour l’homme qui dans tout ce qu’il fait pense d’abord à lui-même,
l’action politique se double toujours d’une arnaque financière.
3- Le RAVIP : une arnaque financière avec
SAFRAN
La société SAFRAN a été
choisie en Conseil des ministres le 18 novembre 2016 en procédure de gré à gré
longtemps avant le vote de la loi 2017-08 du 19 juin 2017 portant
identification des personnes physiques en République du Bénin et encadrant le
RAVIP. Il y avait évidemment un deal conclu entre cette société dont la
réputation sulfureuse est connue pour ces méfaits en Afrique. Dès novembre 2016
« le choix de la société SAFRAN pour le recensement administratif fait
polémique » comme on peut le constater à travers des médias de la place. Ainsi
le journal "La Nouvelle Tribune" en date du 24 novembre a pu reporter
ce qui suit :
« Invité ce mercredi 23
novembre 2016 sur le plateau de l’émission
100 % Bénin » de la chaîne panafricaine SIKKA TV, Clotaire Olihidé,
juriste et spécialiste des questions électorales, a évoqué un certain nombre de
faits qui retirent toute crédibilité à la société SAFRAN. Il s’agit en premier
lieu de la qualité de ses prestations qui laisse à désirer. Il donne pour
preuve, les dernières prestations de la société française en Guinée Conakry et
au Ghana. « Quand SAFRAN est intervenue en Guinée Conakry, le fichier qui en
est sorti est impropre. (…) Lorsqu’elle est intervenue au Ghana, ça été pareil
» a fait savoir Clotaire Olihidé indiquant que ces deux pays ont été contraints
de débourser de nouvelles ressources et faire appel à d’autres opérateurs pour
reprendre le travail.
Outre la qualité des
prestations, le juriste reproche également à la société SAFRAN son implication
dans des affaires de corruption notamment en Côte d’Ivoire, au Nigeria et au
Mali.
Au vu de ces différents
éléments, Clotaire Olihidé pense que c’est une grave erreur d’avoir attribué le
recensement administratif à vocation d’identification de la population au
groupe français qui, à en croire le ministre des Infrastructures et des
Transports, est aussi la société à qui le gouvernement a accordé le marché de
sécurisation des aéroports, mais qui devra créer une société de droit béninois,
notamment la société Morpho Dys pour l’exécution du contrat».
Ailleurs, on peut lire
sur le site de "benintimes" en date du 5 octobre 2017:
« Le géant français
Safran spécialisé entre autres dans la fabrication des documents électroniques,
la biométrie électorale ayant bénéficié de Talon la réalisation de RAVIP,
entendez Recensement initial Administratif à vocation d'identification de la
Population est une entreprise très contestée et diversement appréciée en
Afrique.
En effet, lors des
élections présidentielles kenyanes d’août passé, Morpho Safran avait été accusé
de "subvertir la volonté du peuple" en fournissant à la commission
électorale des services technologiques non conformes à la loi kényane.
En Côte d'Ivoire,
Safran a savamment orchestré un Hold-up électoral en faisant élire Ouattara au
premier tour à 83 %. Au Mali, Safran avait produit plus de huit (8) millions de
cartes d’électeurs alors que selon le recensement électoral effectué dans ce
pays, le nombre des électeurs n’atteignait même pas sept (7) millions. Cette
supercherie a valu à Sidi Kagnassi, patron de Safran Morpho en Afrique de
l’ouest, une nomination à la présidence malienne au poste de conseiller spécial
par le Président Ibk.
Est-il inutile de
rappeler que Morpho Safran avait été condamné en 2012 pour avoir été mêlé à une
affaire de corruption au Nigéria sous la présidence de Olusegun Obasanjo où le
groupe connu pour ses magouilles avait versé des pots-de-vin pour l’octroi d’un
contrat de fabrication de 70 millions de cartes d’identité, reconnu coupable
l’opérateur avait versé 500.000 euros d’amendes. En clair, voilà la fiche
signalétique de Safran qui est chargée de réaliser le RAVIP au Bénin. »
Le cas actuel du Kenya,
où la société SAFRAN est accusée de tripatouillage des élections
présidentielles qui ont été annulées par la Cour Suprême de ce pays et qui
risque de sombrer dans une guerre civile devrait conduire au rejet de la
société SAFRAN de l’exécution du RAVIP au Bénin.
En conclusion
L’opération RAVIP est
véritablement une arnaque technique, politique, électorale et financière. Des
milliards de francs cfa sont donnés à
SAFRAN pour consolider la gestion autocratique de Talon et préparer les hold-up
électoraux. Le maquillage et la duperie par la ruse et la rage à propos d’une
certaine simplification de la vie du citoyen sont indicatifs de la nature de ce
pouvoir qui ne vise que les intérêts de Talon-Boko et leur clan.
L’opération RAVIP 2017
avec SAFRAN constitue une menace contre la démocratie, contre la paix et la
sécurité au Bénin. Cela vient aggraver la crise multidimensionnelle que
traverse le pays. Le peuple a faim.
L’école est en ruine et les enfants des pauvres davantage exclus du système. Le
chômage s’est aggravé avec la politique de privatisation sauvage. Les libertés
sont attaquées avec de nouvelles méthodes comme le brouillage des émissions de
radio (Soleil Fm). Le pouvoir reste sourd aux cris et aux luttes dans plusieurs
secteurs (santé, justice) sans aucun égard au sort des populations. Plus que jamais, le peuple doit se lever pour
rejeter la politique du pouvoir de Talon-Boko et ses projets avec la société
SAFRAN, faiseur de trouble et exiger la tenue des Etats généraux afin de revoir
les bases de reconstruction et de la gouvernance de notre pays.
SAFRAN, HORS du BENIN !
Vive le peuple béninois
debout !
Merci.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire