Dans le cadre de la conception d'une nouvelle carte universitaire du
Bénin
Le mercredi 27 juillet
2016, le Conseil des Ministres du Gouvernement du Président Patrice Talon a
adopté un réaménagement de la carte universitaire du Bénin, ce qui a
suscité une réorganisation et un
regroupement des 22 centres universitaires autour de 4 grands nouveaux pôles
universitaires que sont l’Université d’Abomey-Calavi, l’Univeristé de Parakou,
l’Université des Sciences technologiques, d’ingénierie et de mathématiques d’Abomey
et l’Université nationale d’agriculture de Porto-Novo. Conséquence : la
suppression pure et simple de certains autres centres. Cette vision, peu
partagée par les députés béninois, a donné lieu, le 12 août dernier, à des
déclarations publiées respectivement par certains d’entre eux, constitués en 2
groupes bien distincts. Le premier comporte les parlementaires émanant des 15ème,
19ème, 20ème, 21ème, 22ème, et 23ème
circonscriptions électorales. La seconde est constituée par des députés de la
tendance ’’Forces cauris pour un Bénin émergent’’ (Fcbe) et de ses alliés. Tout
décompte fait, un total de 45 représentants du peuple fustige ce choix du
Gouvernement, ce qui laisse entrevoir de chaudes empoignades politiques, dans
les prochaines semaines.
Ramane Aïsso
Patrice Talon |
1. DECLARATION POLITIQUE DES DEPUTES DES 15EME, 19EME, 20EME, 21EME,
22EME ET 23EME CIRCONSCRIPTIONS ELECTORALES
Monsieur le Président de l’Assemblée Nationale,
Chers Collègues Députés,
Dans le cadre des reformes engagées dans le secteur Educatif dans notre pays,
le gouvernement réuni en conseil des ministres le mercredi 27 juillet 2016 a
adopté une nouvelle carte universitaire dite « resserrée et non
régionaliste ».
Ainsi, l’Université d’Agriculture de Kétou a été purement et simplement
supprimée pendant que l’Université pluridisciplinaire de Porto-Novo ville
capitale a été vidée de son contenu et réduite en une Université Thématique
d’Agriculture qui ne regroupe même pas l’ensemble des facultés de sciences
agronomiques reparties sur le territoire national.
Monsieur le Président de l’Assemblée Nationale, chers collègues, les
populations des départements de l’Ouémé et du Plateau s’indignent très
profondément et s’insurgent véritablement contre une telle décision notamment
en ce qui concerne les Universités de Porto-Novo et Kétou.
Les députés signataires de la présente déclaration, sensibles au désarroi et
aux cris de cœur des populations, considèrent l’acte du gouvernement comme une
volonté de rationaliser la carte universitaire de notre pays. Toutefois, dans
la pratique, la décision comporte des insuffisances graves et inquiétantes.
En effet, tout se passe comme si avec la nouvelle carte universitaire, on veut
vider simplement la capitale Porto-Novo de sa substance universitaire
pluridisciplinaire et d’y substituer une coquille quasi-vide d’établissements
dont la population estudiantine totale ne dépasse guère deux mille (2000) et
dont aucun des campus, école ou centre n’est implanté sur son territoire
propre.
Monsieur le Président de l’Assemblée Nationale, chers collègues, tout se passe
comme si, avec la nouvelle carte universitaire on veut arrêter le développement
de la cité historique de Kétou en la vidant du véritable levier de rayonnement
que constitue l’Université d’Agriculture; tout se passe comme si le choix de
Kétou n’était pas adossé à une étude préalable.
Monsieur le Président de l’Assemblée Nationale, dans le monde entier, chaque
capitale de pays a une université pluridisciplinaire . Nous demandons au
gouvernement de rétablir les deux universités:
1- L’Université de Porto-Novo avec toutes les structures qui y sont attachées:
ENS, IMSP de Dangbo, Faculté de Médecine de Porto-Novo, FLASH d’Adjarra ,
l’INJEPS, Haute Ecole de Commerce de Sèmè.
2- L’Université d’Agriculture de Kétou et les écoles qui y sont attachées
notamment l’Ecole d’Agriculture d’Adjohoun, l’Ecole de Transformation des
Produits Agricoles de Sakété et celles relatives à l’Horticulture et au
Machinisme agricole de Kétou.
Les députés signataires de la déclaration se réservent le droit d’utiliser
toutes les dispositions légales et réglementaires pour que réparation soit
faite.
Vive la démocratie !
Vive le Bénin
Je vous remercie!
Porto-Novo, le 11 Août 2016
Ont signé
1- SCHANOU AROUNA Sofiath
2- SANI GLELE Yibatou
3- ZINSOU Edmond
4- AKISSOE Noël
5- AHOUANVOEBLA Augustin
6- DONWAHOUE Janvier
7- CODJO Dossou Simplice
8- GBENOU Paulin
9- AGBODJETE Justin
10- VLAVONOU Louis
11- GBAMIGBADE Joseph
12- ABIMBOLA Jean Michel
13- KOUSSONDA A. Moukaram
14- AKOTEGNON Raphaël
15- PADONOU Corneille
16- AGUEMON Badirou
2. DECLARATION PARLEMENTAIRE DES DEPUTES
FCBE ET ALLIES, RELATIVE A LA NOUVELLE CARTE UNIVERSITAIRE
Monsieur le Président de l’Assemblée Nationale,
Madame et Messieurs les membres du Bureau de l’Assemblée Nationale,
Mesdames et Messieurs les membres de la Conférence des Présidents,
Chers collègues, Honorables députés,
Depuis 2006, le Gouvernement du Bénin a inscrit au rang de ses priorités, le
renforcement du capital humain et la promotion d’une éducation de développement
en se fondant sur la Vision qui veut que « le Bénin dispose à l’horizon 2025
d’un sous-secteur d’Enseignement Supérieur et de Recherche Scientifique qui
fournit des ressources humaines de qualité et des résultats de recherche
adaptés aux problèmes de développement national ».
Pour ce faire et prenant en compte les recommandations de plusieurs documents
de politique à savoir :
La Stratégie de Croissance pour la Réduction de la Pauvreté (SCRP),
Les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD),
Le Rapport d’Evaluation du Plan Décennal de Développement du Secteur de
l’Education (PDDSE),
Le Cadre macro-financier du Rapport d’Etat sur le Système Educatif National
(RESEN) et
Les orientations stratégiques de la Lettre de Politique Educative, proposée par
tous les acteurs du Secteur,
Il a été procédé à la création de 24 Centres universitaires reposant sur les 3
principes suivants :
Le Principe de la Différenciation et de la Complémentarité,
Le Principe de la Décentralisation et de la Déconcentration,
Le Principe de la Simplicité.
Ces centres universitaires ont été regroupés en 5 Universités de plein
exercice, dont 3 Thématiques et 2 Pluri-Thématiques.
Du point de vue des universités thématiques, on dénombre :
L’Université d’Agriculture de Kétou (UAK),
L’Université Polytechnique d’Abomey (UPA),
L’Université des Sciences, Arts et Techniques de Natitingou (USATN).
Du point de vue des universités pluri-thématiques, on a :
L’Université de Porto-Novo (UPN),
L’Université de Lokossa (UL).
Par ailleurs, il n’est pas superflu de remarquer que Porto-Novo fait partie des
rares capitales du Monde n’ayant pas été dotées d’une université jusqu’en 2015.
En effet, faut-il le rappeler, le développement universitaire au Dahomey et au
Togo s’est d’abord fait conjointement à partir de centres universitaires, créés
à Porto-Novo et à Lomé en 1968. En 1970, ces centres ont évolué pour générer
l’Université du Bénin à Lomé (Togo) et l’Université du Dahomey à Abomey-Calavi,
qui en 1975 devint l’Université Nationale du Bénin (UNB). En 2001, avec la
création d’une 2e université, l’Université de Parakou, l’UNB prit le nom
d’Université d’Abomey-Calavi (UAC).
Convaincu de la pertinence de la carte universitaire, indiquée supra, le
Gouvernement du Docteur Yayi Boni, pour accompagner sa vision a identifié des
Partenaires Techniques et Financiers (PTF) pour la construction des 6 nouvelles
universités en dehors de l’UAC.
La carte d’intervention des PTF dans le financement des universités a été
élaborée et se présente comme suit :
Université de Porto-Novo incluant les centres universitaires de Porto-Novo,
d’Adjara, de Dangbo et de Sèmè-Podji : 93 milliards auprès de la compagnie
chinoise SINOCONST,
Université d’Agriculture de Kétou, composée des centres universitaires de
Sakété, de Kétou et d’Adjohoun : 56 milliards auprès du Fonds Saoudien (1ère
phase) et de la BID (2e phase),
Université des Sciences, Arts et Techniques de Natitingou, composée des centres
universitaires de Djougou, de Natitingou, de Kouandé et de Bassila : 90
milliards auprès de la compagnie chinoise BNA,
Université de Lokossa, composée des centres universitaires de Lokossa,
d’Aplahoué et de Comè : 94 milliards auprès de la BADEA et de la compagnie
chinoise BNA,
Université Polytechnique d’Abomey, composée des centres universitaires
d’Abomey, de Dassa et de Savalou : 45 milliards auprès de la BID,
Université de Parakou : 90 milliards auprès de la compagnie chinoise BNA.
Le total des financements prévus est de 469 milliards dont :
Financement déjà mobilisés par le Gouvernement du Docteur Yayi Boni et en cours
d’utilisation à Kétou : 6 milliards,
Financement mobilisé par le Gouvernement du Docteur Yayi Boni et en cours de
ratification : 99 milliards,
Financement négocié par le Gouvernement du Docteur Yayi Boni et en cours de
mobilisation : 363 milliards.
Hormis cet effort de mobilisation financière et pour l’effectivité du démarrage
des activités académiques, il est mis en place depuis 2009, un Fonds spécial
d’appui à la formation des formateurs dans les Ecoles doctorales des
Universités nationales. Ce Fonds a permis la formation à ce jour de plus de 50
docteurs dans maints domaines de formation.
Malgré toutes ces dispositions organisationnelles et financières prises par le
Gouvernement du Docteur Yayi Boni, le Gouvernement actuel a mis en place une
Commission d’Experts dont les travaux ont abouti à la mise en place d’une
nouvelle carte universitaire que le Gouvernement en place a adoptée.
De notre point de vue, cette carte universitaire présente de nombreuses
incohérences, notamment au niveau de sa territorialité. En effet comment
comprendre que les centres universitaires de Gogounou et de Djougou si proches
de Parakou soient rattachés à Porto-Novo ? Le même constat est valable pour
Natitingou qui devra parcourir des centaines de kilomètres avant de venir
régler ses problèmes administratifs à Porto-Novo, pendant que Parakou est à
côté. C’est entre autres, les mobiles des fortes critiques, formulées par de
nombreux universitaires et les partenaires sociaux de l’enseignement supérieur.
De surcroit, après l’adoption de la carte universitaire par le Gouvernement
actuel, de vives protestations sont notées ça et la par les populations du
Bénin.
C’est pourquoi, nous, Députés FCBE et Alliés, considérons la nouvelle carte
universitaire comme un grand recul par rapport à la vision portée par :
Bénin-Alafia 2025, les OMD, la SCRP et le PDDSE et porte du même coup une
grande entorse aux négociations et aux engagements pris avec les PTF.
De ce qui précède, nous, Députés FCBE et Alliés invitons instamment le
Gouvernement actuel à garder intacte la carte universitaire dont il a héritée
du Gouvernement défunt, car cette carte résulte d’une démarche méthodologique,
scientifique et consensuelle de tous les acteurs de l’Ecole Béninoise.
Pour finir, les Députés FCBE et Alliés invitent le Gouvernement actuel à
finaliser avec succès les négociations entamées avec les PFT pour mobiliser les
363 milliards restants.
Vivent les FCBE et Alliés !
Vive le Renouveau Démocratique !
Vive l’Education au Service du Développement !
Vive le Bénin !
Nous vous remercions.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire