Le dimanche 31 août 2014, le Président de l’Assemblée
nationale, Mathurin Nago, est sorti, à nouveau, de son mutisme. Mais, cette
fois-ci, il a été question pour lui, de manière directe, de fustiger la gestion
du pouvoir actuel, à travers la dénonciation d’un détournement de fonds, en
défaveur d’un projet de construction d’une bretelle de 1,2 km à Bopa, la
localité d’origine de la deuxième personnalité de l’Etat. Ce langage libre, de
plus en plus, semble devoir lui coûter cher, aux prochaines consultations
électorales.
Les propos de Mathurin Nago, Président de l’Assemblée
nationale, à Bopa, son fief électoral, le dimanche 31 août 2014, n’ont pas
laissé indifférente la classe politique béninoise. Elles stigmatisaient l’absence
de réalisation du projet de construction d’une bretelle de 1,2 km, à Bopa, la
commune dont il est originaire, malgré le déblocage d’un financement de 4,5
milliards par la Banque africaine de développement (Bad).
Cela commence à faire trop, d’abord, après le difficile
vote du budget 2014 par la représentation nationale. Il faut rappeler que le
projet de loi avait d’abord été rejeté par les députés et, que des farouches
partisans de Boni Yayi au Parlement avaient perçu en Mathurin Nago l’artisan de
cette gifle, étant donné qu’il avait autorisé que les représentants du peuple
manifestent leur vote de manière secrète. Cette stratégie a permis aux
opposants tapis dans la mouvance présidentielle de manifester leur
désapprobation à donner le quitus des dépenses publiques au Gouvernement.
Ensuite, un autre fait de défiance vis-à-vis du Président
Yayi a été le discours, très moralisateur et critique, prononcé par le Chef du
Perchoir, le 7 janvier 2014, lors de la présentation des vœux à la Marina. Enfin,
Mathurin Nago, parmi les siens, vient de dégainer à nouveau et de noircir l’action
de l’Exécutif dans sa Commune.
Des sources
émanant de la mouvance présidentielle permettent de croire que le Chef de l’Etat,
même s’il ne se prononcera pas ouvertement pour faire connaître sa désapprobation
face à la tendance depuis peu critique d’un Mathurin Nago qui a tout gagné du
régime et qui n’a plus rien à en perdre, vu que le dernier mandat présidentiel
de Yayi tire à sa fin, on commence difficilement à prendre la mesure de la
liberté de ton de la deuxième personnalité de l’Etat et, les représailles ne
tarderont pas à se faire sentir, déjà avec les élections municipales, si
celles-ci avaient lieu, à la date prévue. Et, après, avec les consultations de
2015 pour lesquelles Mathurin Nago devrait commencer à dire adieu à un
positionnement sur les listes des Forces cauris pour un Bénin émergent (Fcbe).
Ses détracteurs rient à l’avance des déconvenues qui l’attendent, bien
convaincus qu’ils sont du fait que Mathurin ne doit son fief électoral, sa
victoire, en tant que député et son exercice, pour deux mandats consécutifs, du
perchoir, à son appartenance à la mouvance présidentielle ; ils s’attendent
donc à le voir chuter impitoyablement de sa position politique actuelle pour,
au lendemain des législatives de 2015, ne se retrouver que comme simple
citoyen, sans compter qu’ils lui prédisent un échec lamentable aux élections
présidentielles, lui qui n’est rien sans Yayi. Il ne reste qu’à attendre les
échéances électorales concernées pour voir si Mathurin Nago saura faire vendre
cher sa peau, face à toutes les embûches qui l’attendent, de la part de ses
amis politiques d’hier, ayant à leur tête, le Chef de l’Etat.
Marcel Kpogodo
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