La polémique fait grand
bruit en ce moment au sujet de la tenue ou non des élections en République du
Bénin. En vue de rassurer les uns et les autres de ce que les élections
communales et municipales voire présidentielles auront bel et bien lieu,
contrairement à ce que Dame Rumeur ventile au sein de la population, le Gouvernement
a entrepris une vaste communication et une grande information dans nos langues
nationales. Ce sont les ministres de la République qui sont commis à cet
exercice.
Dorothée Kindé Gazard |
Tour à tour, les ministres,
selon leur localité de provenance, expliquent au peuple, dans leurs langues
maternelles, l’intention et la bonne volonté de l’Etat à organiser, à bonne
date, les élections. Pour y arriver, plusieurs langues sont ciblées : le
fongbé, le ditamari, le dendi, le mina et le goun. C’est le Ministre de la
Justice, Valentin Djènontin-Agossou, qui, le premier, s’est adonné, visiblement,
avec joie, à l’exercice. Au bout d’un quart d’heure, on pouvait voir une
autorité très à l’aise à parler sa langue locale, à démontrer ses atouts linguistiques,
sans y introduire un seul mot de la langue française. Les chiffres, les lettres
et les nombres n’avaient aucun secret
pour le ministre. Son homologue en charge de l’Enseignement secondaire, Alassane
Soumanou Djemba, loin d’être seulement un ‘’bon marcheur’’ et ‘’un excellent
danseur’’ pour remercier le chef de l’Etat, son Excellence, le Docteur, s’est
montré un digne fils de Djougou, une fois encore, en démontrant tout son talent
linguistique en dendi. Pas d’écorchure ni d’emprunt à la langue française, à
l’exception des mots tels que ’’million’’ et ’’milliard’’ qui ont causé des
problèmes au ‘’Manager’’. Eric N’da,
loin de décevoir les siens, s’en est tiré d’affaire royalement.
Et si la Ministre de la
santé osait dire non à l’exercice…
« Quand on refuse, on
dit non », disait Ahmadou Kourouma. Si les ministres sus-cités se sont
donné à cœur joie à l’exercice, visiblement, il y a un, qui l’a fait à contre-cœur.
La mine ‘’lugubre’’ affichée par madame la Ministre en disait long. Il s’agit de
celui de la santé, Akoko Kindé Gazard qui, pourtant, a une parfaite maîtrise du
mina, sa langue maternelle. La pilule lui paraissait bien amère à avaler. Il
est vrai que madame la Ministre, loin
d’être une ‘’marcheuse’’ et ‘’une danseuse’’ voire ‘’une demandeuse de messe’’
en vue d’un quelconque remerciement au Chef Suprême des Armées, n’est habituée
qu’à parler santé. Mais, quand le rythme change, madame la Ministre, la
cadence change. Et, Dieu seul connaît le prochain exercice auquel vous serez
conviée.
Simplice Codjo doit aller à
l’école de Roger Gbégnonvi…
S’il y a un qui, au cours de
cet exercice qui a eu plus de peine à rendre son texte oral, c’est bien le
Ministre de l’ Intérieur. On a
vu un ministre en charge des cultes arriver péniblement à parler le goungbé
afin d’expliquer aux siens la bonne volonté du Gouvernement auquel il
appartient à organiser à temps les élections. Attention, Monsieur le Ministre,
cela pourrait bien vous coûter cher. Sachez tout simplement que si « tomber
est naturel, se relever est divin ». Il semble nécessaire, pour y arriver,
aller à l’école de votre ex-homologue, Roger Gbégnonvi !
Abel Dako
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