jeudi 25 septembre 2014

A chaque ministre sa langue nationale

Concernant la tournée gouvernementale d'explications sur l'organisation des élections

La polémique fait grand bruit en ce moment au sujet de la tenue ou non des élections en République du Bénin. En vue de rassurer les uns et les autres de ce que les élections communales et municipales voire présidentielles auront bel et bien lieu, contrairement à ce que Dame Rumeur ventile au sein de la population, le Gouvernement a entrepris une vaste communication et une grande information dans nos langues nationales. Ce sont les ministres de la République qui sont commis à cet exercice.
Dorothée Kindé Gazard
Tour à tour, les ministres, selon leur localité de provenance, expliquent au peuple, dans leurs langues maternelles, l’intention et la bonne volonté de l’Etat à organiser, à bonne date, les élections. Pour y arriver, plusieurs langues sont ciblées : le fongbé, le ditamari, le dendi, le mina et le goun. C’est le Ministre de la Justice, Valentin Djènontin-Agossou, qui, le premier, s’est adonné, visiblement, avec joie, à l’exercice. Au bout d’un quart d’heure, on pouvait voir une autorité très à l’aise à parler sa langue locale, à démontrer ses atouts linguistiques, sans y introduire un seul mot de la langue française. Les chiffres, les lettres et les nombres n’avaient  aucun secret pour le ministre. Son homologue en charge de l’Enseignement secondaire, Alassane Soumanou Djemba, loin d’être seulement un ‘’bon marcheur’’ et ‘’un excellent danseur’’ pour remercier le chef de l’Etat, son Excellence, le Docteur, s’est montré un digne fils de Djougou, une fois encore, en démontrant tout son talent linguistique en dendi. Pas d’écorchure ni d’emprunt à la langue française, à l’exception des mots tels que ’’million’’ et ’’milliard’’ qui ont causé des problèmes au ‘’Manager’’.  Eric N’da, loin de décevoir les siens, s’en est tiré d’affaire royalement.  


Et si la Ministre de la santé osait dire non à l’exercice…

« Quand on refuse, on dit non », disait Ahmadou Kourouma. Si les ministres sus-cités se sont donné à cœur joie à l’exercice, visiblement, il y a un, qui l’a fait à contre-cœur. La mine ‘’lugubre’’ affichée par madame la Ministre en disait long. Il s’agit de celui de la santé, Akoko Kindé Gazard qui, pourtant, a une parfaite maîtrise du mina, sa langue maternelle. La pilule lui paraissait bien amère à avaler. Il est vrai que madame la   Ministre, loin d’être une ‘’marcheuse’’ et ‘’une danseuse’’ voire ‘’une demandeuse de messe’’ en vue d’un quelconque remerciement au Chef Suprême des Armées, n’est habituée qu’à parler santé. Mais, quand le rythme change, madame la Ministre, la cadence change. Et, Dieu seul connaît le prochain exercice auquel vous serez conviée.


Simplice Codjo doit aller à l’école de Roger Gbégnonvi…


S’il y a un qui, au cours de cet exercice qui a eu plus de peine à rendre son texte oral, c’est bien le Ministre de l’            Intérieur. On a vu un ministre en charge des cultes arriver péniblement à parler le goungbé afin d’expliquer aux siens la bonne volonté du Gouvernement auquel il appartient à organiser à temps les élections. Attention, Monsieur le Ministre, cela pourrait bien vous coûter cher. Sachez tout simplement que si « tomber est naturel, se relever est divin ». Il semble nécessaire, pour y arriver, aller à l’école de votre ex-homologue, Roger  Gbégnonvi !

Abel Dako

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