Chronique sur la vie politique au Bénin
Yayi et le terrain
Depuis avril 2006 où il a signé un bail de 5 ans et plus éventuellement, au palais de La Marina, Boni Yayi s’illustre par ses fréquentes descentes sur le terrain. Au programme et, tel un mécanisme bien rôdé, il visite différents chantiers routiers en cours et, sporadiquement, sillonnent des services de l’administration publique. Ces derniers jours, le Chef de l’Etat en a remis de nouveau une couche. Sur le site de construction de la centrale électrique de Maria Gléta et, sur l’axe en construction devant relier Ouidah à Allada, tout y est une fois de plus passé. Depuis 4 ans, il en a fait une marque de fabrique, une sorte de rupture avec son prédécesseur, afin de vendre à l’opinion publique l’image d’un président actif. Entre les « you-you » et autres cris de ralliement des personnes présentes, un zeste d’indignation pour agrémenter cette petite sauce en cette période de tension politique, son sermon fait d’injonctions vis-à-vis des différents entrepreneurs sonnait parfois creux. C’est le révélateur de son impuissance face à une lourdeur administrative, entretenue par certains de ses chauds partisans, présents sur les lieux, et qu’il a placés à des postes de responsabilités et qui, comme si de rien n’était, hochaient la tête en parfaits innocents. Cette visite du Chef de l’Etat et l’atmosphère entretenue autour d’elle, rappellent les bisbilles entre l’actuel Ministre des Finances et son homologue des Transports, lors d’une autre descente de Boni Yayi sur le chantier de construction de l’échangeur de Godomey. Mieux encore, l’obligation de rendre compte, l’une des mesures phares de la Charte gouvernementale, au fil du temps, a vécu de sa belle mort. Alors, au-delà de la responsabilité ou non des entrepreneurs, cela met en exergue la conscience du travail bien fait que n’ont pas, et que devraient normalement avoir certains de nos cadres. Mais, tel un traquenard, une nomination flanquée du sceau de la récompense politique, du copinage et du népotisme, porte en elle-même les germes de ses futures conséquences négatives. Et, c’est la grande masse qui en ramasse, au quotidien, les pots cassés. Bien qu’il soit illusoire de croire qu’un Chef de l’Etat après son élection, ne devrait pas gratifier ses soutiens, par des postes de responsabilités, il est posé, plus globalement, l’autre question de la gestion du bien public et de ce qui découle des devoirs en tant que dépositaire à tel ou autre niveau, de l’autorité publique, en assurant cette fonction. On le sait et, plus particulièrement au Bénin, la course contre la contre qui commence, avec les soutiens tous azimuts à tout présidentiable, sert juste à se positionner pour les futures nominations après l’élection. Et nommé, c’est l’occasion pour s’en mettre plein les poches car, consciemment, tout le monde concède que c’est le chemin le plus court pour prendre rapidement l’ascenseur social et s’assurer de passibles vieux jours. Personne n’interdira à Boni Yayi et à ces futurs successeurs de marcher dans ces pas, quand ils auront l’opportunité d’assurer la charge de la magistrature suprême. Mais, l’image du président actif, au four et au moulin, et décidant de tout, prendra un coup de vieux tant les mœurs politiques sont en constante évolution. Survendre cette image en vient à lasser, même s’il permet toujours au Chef de l’exécutif de tester sa popularité. Et, même sur ce point, le diable dans les détails nous demande de chercher à savoir si ces personnes se sont déplacées de façon spontanée ou non.
Bernado Houenoussi
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