jeudi 12 janvier 2012

Le Bénin montre de nouveau sa dépendance vis-à-vis du Nigéria



Suppression de la subvention du prix de l’essence au Nigéria


Les répercussions de cette mesure du « grand voisin de l’est » sur le Bénin


Depuis le 1er janvier dernier, le gouvernement nigérian a décidé de supprimer la subvention du prix de l’essence à la pompe dans le pays. Cette mesure a eu des conséquences immédiates sur le Bénin, et pour cause.


Etalage d´essence clandestin à Cotonou

Photo : Ouvertures


Depuis plusieurs décennies, et ce principalement à cause du nombre insuffisant de stations services, la demande en produits pétroliers du Bénin principalement en essence, est assurée de source officielle à 75 % par l’essence de contrebande. En effet, l’essence du Nigéria y est notamment importée par le biais d’une filière de contrebande qui s’appuie sur un réseau d’approvisionnement bien organisé. Vendu habituellement à 300 Fcfa (0,45 ) par litre, le prix de ce produit dépend de l’évolution de la situation sociale du Nigéria. Ainsi, la décision du gouvernement nigérian de suspendre la subvention du prix de l’essence dans le pays, a fait doubler le coût de l’essence vendu dans le circuit informel au Bénin. Selon les localités du pays, il varie désormais de 700 Fcfa à 1000 Fcfa, (1, 06 à 1,52 ) par litre. Le passage du prix du litre d’essence à la pompe dans les stations services du Nigéria, de 65 à plus de 140 naira, (30 à 66 centimes €), a donc rejaillit automatiquement sur celui vendu dans le circuit informel au Bénin.


Deux millions vivraient de la contrebande de l’essence


Depuis la semaine dernière à Cotonou, c’est la ruée vers les stations services, car elles vendent le litre d’essence à 570 Fcfa (0,86 €), un prix fixé par le gouvernement qui tient compte de l’évolution du prix du baril au niveau mondial. Les habitants des villes de l’intérieur du pays, dont certaines ne disposent pas de stations services, sont toujours contraints de s’approvisionner dans le circuit informel. Outre cela, la hausse du prix de l’essence de contrebande, a entrainé celle du coût du transport interurbain. A court terme, il impactera le prix des articles et autres produits consommés au Bénin, et qui sont importés par voie terrestre du Nigéria. Si l’exécutif nigérian maintient sa décision, c’est la fin annoncée de la vente de l’essence de contrebande au Bénin. De source officielle, ce commerce ferait perdre annuellement à l’Etat 02 milliards de Fcfa (3O millions d’euros), et ce en raison des taxes dont s´exonère le circuit informel. Deux millions de personnes, dépendraient directement ou indirectement de ce commerce. Les gouvernements successifs l’ont toléré et ce en violation de la loi, car ils ont toujours été tétanisés à l’idée de l’explosion sociale qui pourrait découler d’une lutte plus active contre les fraudeurs. Avec la situation actuelle, le gouvernement pourrait remettre au goût du jour le projet de financement de la construction de micro stations service. Lancé en octobre 2008, ce projet était destiné à la reconversion des vendeurs du secteur informel.


Bernado Houenoussi

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