vendredi 3 décembre 2010

Politique au Bénin

Dans la perspective de mars 2011



Descentes tous azimuts de Houngbédji sur le terrain



Depuis qu’il a été désigné par l’Union fait la nation (Un) pour être le candidat de cette coalition politique à l’élection présidentielle de mars 2011, Adrien Houngbédji semble avoir rangé aux placards de l’histoire ces rares sorties médiatiques qu’on pouvait noter ici et là. Un choix obligatoire pour l’homme qui veut conquérir le Palais de la Marina.



Face à Boni Yayi qui dispose de l’atout majeur d’être le Président sortant et bénéficiant, par ricochets, de l’avantage indéniable d’avoir le dispositif étatique à son service, le Candidat de l’Union fait la nation(Un) devait montrer qu’il avait une certaine marge de manœuvre. C’est ainsi que, depuis quelques mois, Adrien Houngbédji, accompagné des autres ténors de cette Coalition, installe les sections de l’Un dans toutes les communes stratégiques du Bénin. A cela, il faut ajouter les marches de protestations organisées au sein du Front pour la défense de la démocratie (Fdd). Le 27 novembre dernier, « Union fait la nation, un seul mot ! » était le slogan répété à maintes reprises en chœur par les différents orateurs et par le public qui ont répondu présents à Obama Beach. Plusieurs centaines de personnes arboraient, pour la circonstance, des tee-shirts indiquant : « Jeunes ambassadeurs, Adrien Houngbédji, Un ! ». Ce meeting politique, dénommé « Camp des jeunes ambassadeurs », a permis de mettre en exergue plusieurs exposés publics. Ceux-ci ont notamment mis en valeur, les 10 raisons pour lesquelles il fallait soutenir Adrien Houngbédji, les 10 techniques pour convaincre les indécis, le parcours de l’homme et l’historique de l’Union fait la nation (Un). Ce dernier exposé a été fait par Eric Houndété, Député à l’Assemblée nationale. Il a saisi l’occasion pour faire le bilan de la situation politique et donner son diagnostic qui est très peu flatteur, selon lui, pour le pouvoir actuel. Présent à cette rencontre avec les jeunes, qui est destiné à prouver que le courant passe entre lui et la jeunesse béninoise, Adrien Houngbédji a notamment affirmé que l’Union fait la nation était en lice pour la jeunesse. Selon ses propos, l’avenir des jeunes béninois sera davantage sombre si le régime actuel est toujours en place après mars 2011.




Le 29 novembre, une date à double signification


L’ancien Président de la République, Nicéphore Soglo, a fêté, le 29 novembre dernier, son 76ième anniversaire. C’était également l’an 1 de la réconciliation entre Adrien Houngbédji et lui. Juste après la messe célébrée dans ce cadre, le candidat de l’Un a dit :


« Je voudrais remercier la jeunesse engagée qui a pris l’initiative d’organiser cette cérémonie. Merci à tous pour avoir penser que ce jour est un grand jour qu’il faut célébrer. Monsieur le Président, joyeux anniversaire ! L’année dernière, à la même date, je formulais pour vous des vœux de bonne santé, des vœux de grande force pour vous-même d’abord, pour votre famille. J’avais dit que je vous souhaitais de passer encore de très nombreuses années à côté de votre vaillante épouse, de vos enfants et de vos petits enfants. Je formulais aussi le vœu que ce qui vous reste de dynamisme, de conviction pour le Bénin et pour l’Afrique soit consacré à donner l’espoir à notre pays, à notre sous-région. Cette célébration est aussi la célébration de la réconciliation. Je me souviens avec beaucoup d’émotion de cette matinée du 29 novembre 2009. Je me suis levé à 6h du matin, pour rédiger le discours que j’allais prononcer devant vous. Vous vous en souvenez, je suis arrivé chez vous à 14h30, alors que j’étais invité pour midi. C’est que j’ai passé près de 8h à écrire ce discours, Monsieur le Président, j’ai transpiré, j’ai déchiré, j’ai recommencé, ce n’était pas facile de venir devant les Béninois, à la face du monde et demander pardon pour un acte qu’on a cru faire en bonne conscience. Mais, il fallait le faire, Monsieur le Président, je l’ai fait et je l’assume. Et, je vois que, petit à petit, la graine qui a été semée ce jour-là est en train de prendre. Et, c’est le Bénin tout entier qui se fera à la graine de la réconciliation. Pas seulement la réconciliation entre le Président Soglo et le Président Houngbédji, pas seulement entre Porto-Novo et Abomey, mais la réconciliation entre toutes les familles politiques du Bénin. Monsieur le Président, c’était un acte d’humilité, mais cet acte n’a pu avoir de suite que parce qu’en face, il y avait une volonté de magnanimité. Pardonnez-nous nos offenses, comme nous le pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés, dit la prière. En pardonnant cette offense, vous avez fait preuve de grandeur, de magnanimité et vous avez ouvert la voie de la réconciliation générale de toutes les Béninoises et de tous les Béninois. Je vous en remercie de tout mon cœur. Je voudrais aussi remercier Madame la Présidente, car il n’y a de grand homme que s’il y a à côté de lui une grande femme, une grande dame. Je suis persuadé que vous n’aurez pu faire cet acte de magnanimité si Madame Rosine Vieyra Soglo n’avait été là. ».



A la sortie de la messe, Richard Senou, Chargé de mission auprès de Boni Yayi, Président de la République, s’est exprimé en ces termes :


« Comme cela a été dit et redit à l’église, j’ai un souhait de longue vie pour le Président Soglo. Pour moi particulièrement, c’est quelqu’un qui a marqué ma vie. C’est grâce au Président Soglo que j’ai pu faire 25 ans à la Banque mondiale. C’est lui qui a pris mon dossier, il y a une trentaine d’années, l’a déposé auprès du Président de la Banque mondiale et lui a dit : « Je veux que vous me recrutiez ce Béninois. Et, grâce à lui, j’ai pu faire la carrière que j’ai eu à faire, je remercie Dieu et le Président Soglo. »


Le Mutateur : Que pensez-vous de la réconciliation entre Adrien Houngbédji et Nicéphore Soglo ?


Richard Sènou : La vie des grands hommes, des grands pays est fait de réconciliation. On a fait des erreurs ou on a fait quelque chose qui est traité comme une erreur. Il faut faire preuve de beaucoup d’humilité pour reconnaître qu’on a fait une erreur qui peut changer le destin d’un pays. C’est la première fois dans l’histoire du Bénin que des frères ennemis se réconcilient publiquement, sans honte et en toute humilité. C’est la marque des grands hommes. Et, je voudrais dire, une fois encore, merci au Président Soglo, parce que c’est grâce à lui que vous avez l’homme qui est devant vous. Et, j’assume totalement cela.



Réalisation : Bernado Houenoussi

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