Plus loin du pathétique
L’actualité de la cinquième législature de l’Assemblée nationale du Bénin est régulièrement ponctuée par certains députés dont les actes sortent carrément du cadre politique. Ils s’illustrent, notamment, par des actes inqualifiables, dignes de ceux qu’on reproche aux écoliers. Ces élus se bagarrent, tambourinent, s’insultent et, ce, au vu et au su de tout le monde, et se donnent en spectacle, aux yeux de l’opinion. Le dernier fait d’arme de ce constat épouvantable a été les propos très discourtois que Rosine Vieyra Soglo et Hélène Aholou Kèkè ont échangés en début de semaine. Ces deux dames, dont l’une d’elles est une septuagénaire, en sont presque venues aux mains. Triste image que celle d’un Parlement dont les élus sont censés représenter les citoyens qui ont porté leur choix sur eux. On pourrait en rire ou en sourire, mais l’Assemblée nationale est-elle à l’image du pays ? Le fossé déjà grand entre eux et leurs différents mandats se creusera davantage. Ces Honorables, qui ont déjà une piètre image au sein de la population, ne se rendent pas compte du mal qu’ils font à la démocratie béninoise. Et, pourtant, ils oublient qu’ils lui doivent tout, eux qui jouissent allègrement des différents avantages que leur confèrent leurs fonctions ; dire qu’arrivés au Parlement, ils ne se soucient guère de ferrailler dur en votant les lois susceptibles de permettre à leurs différents électeurs de voir améliorer leurs conditions de vie. L’Assemblée nationale compte actuellement 83 députés et ce nombre est susceptible de passer à 99. Ils s’échinent plus pour permettre à d’autres de leurs compères laminés électoralement de faire de nouveau leur entrée au Palais des gouverneurs. Ou bien, c’est aussi une manière de verrouiller un système dont ils ont les clés en main. Cheville ouvrière de notre démocratie au même titre que l’Exécutif et le pouvoir judiciaire, notre parlement, qui doit être le lieu par excellence des débats d’idées, des joutes oratoires et des empoignades politiques, dans un état d’esprit bon enfant, étale ses nombreuses carences, près de vingt ans après l’élection de la toute première législature. Le règlement intérieur du Parlement montre ses limites et a besoin d’être renforcé par un code éthique qui stipulera clairement les comportements à bannir au sein de l’hémicycle. Au point où les choses en sont arrivées, il vaut mieux prendre le taureau par les cornes. Personne ne franchira le rubicond de vouloir expulser ponctuellement un élu ayant des comportements indélicats au sein du Parlement, mais prévoir une telle disposition, ou a fortiori une forte amende financière pourrait freiner les ardeurs enfantins de ces élus. Et, au finish, c’est le Bénin qui s’en portera mieux.
Bernado Houenoussi
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