Dans un point de presse
qu’il a animé à Cotonou
L’une des salles de
conférence du Chant d’oiseau de Cotonou a abrité le premier point de presse des
membres du Front pour le Sursaut patriotique (Fsp), pour le compte de la
nouvelle année. L’événement s’est déroulé le jeudi 4 janvier 2018. A travers la
Déclaration lue par Jean Kokou Zounon, Coordonnateur et Porte-parole de la formation
politique, et rendue publique, il a été dénoncé l’absence de l’organisation des
Etats généraux du peuple et l’aggravation du climat social dans le pays, tout
en pointant du doigt, en passant, un fait : le Président de la République,
Patrice Talon, n’inspire plus confiance …
Marcel Kpogodo
Les leaders du Fsp (Photo d'archives) |
Intégralité de la
Déclaration du Front pour le Sursaut patriotique
DECLARATION A PROPOS DE
LA SITUATION NATIONALE ACTUELLE
Le 13 octobre 2017, à
l’occasion d’un géant meeting de protestation contre la gouvernance du
Président Talon organisé à la Bourse du Travail à Cotonou avec la participation
des députés de la minorité parlementaire, le Front pour le Sursaut Patriotique
avait publié une déclaration à propos de la situation nationale. Dans cette
déclaration, nous montrions que « le peuple a faim… , que jamais l’inégalité
n’a atteint des proportions aussi vertigineuses dans notre pays et, ce, dans
tous les domaines, …, que l’impunité et la corruption sont protégées au sommet
de l’Etat et la rigueur, soi-disant de la loi, ne frappe que les faibles et les
opposants…, que jamais l’administration n’a été aussi politisée…, que jamais
les institutions n’ont été aussi avilies par un Président de la République..,
que jamais les libertés n’ont été autant violées », bafouées, niées par le
pouvoir en place. Nous montrions que le « Président avait perdu toute
crédibilité à cause des reniements spectaculaires de la parole donnée ». Nous
avons montré que cette situation est très grave et « demande des mesures
courageuses de changement de sa gouvernance ». C’est pourquoi le Front pour le
Sursaut Patriotique avait demandé solennellement ce jour-là, vendredi 13
octobre 2017, « au Chef de l’Etat, Patrice Talon, s’il lui reste encore un peu d’amour
pour ce pays, d’accéder à l’exigence pressante de la réunion d’une Assise
nationale d’ici le 31 décembre 2017 pour revoir la gouvernance du pays. »
Le 31 décembre 2017 est
passé. Au lieu de la lueur d’espoir qu’aurait suscitée l’adhésion du Chef de l’Etat
à cette exigence des Etats généraux, aujourd’hui réclamés par des acteurs dans
maints secteurs, le Président de la République plonge davantage le peuple dans
l’angoisse, la famine et la misère et se lance dans la restauration d’une
dictature autocratique au profit d’une mafia au sommet de l’Etat.
En effet, depuis
octobre 2017, la situation du pays s’est aggravée dans tous les domaines. La
faim et la misère se sont étendues avec l’augmentation des prix des produits de
première nécessité face à un pouvoir d’achat en chute libre. Aucune perspective
au profit des milliers de petits producteurs déguerpis des rues ; au contraire,
le pouvoir menace, dans un mépris total de la personne humaine, de poursuivre
les casses sans avancer une alternative. Le chômage s’est aggravé avec des
licenciements économiques de milliers de salariés. Le climat des affaires s’est
davantage dégradé et il n’y a plus de certitude pour les opérateurs économiques
non associés au clan au pouvoir. La dépendance économique du pays s’est
renforcée avec la remise dans une opacité totale des centres névralgiques du
pays à des monopoles étrangers et des sociétés écrans appartenant au Chef de
l’Etat et à son clan.
Non seulement la misère
et la faim, mais c’est à la mort que le pouvoir de Talon condamne le peuple
avec la multiplication des obstacles à l’accès à la santé dont on veut à tout
prix privatiser les centres. En témoignent les restrictions à la prise en
charge des milliers de fonctionnaires en fonction ou à la retraite ainsi que
leurs familles qui ont poussé le CNHU, l’hôpital public de référence, à refuser
les modestes prises en charge des malades de ces secteurs. Nous disons qu’il
s’est agi là, rien moins qu’un crime de masse.
Et pour établir un
silence de cimetière au Bénin, des mesures des plus assassines contre les
libertés sont prises en complicité avec une Assemblée nationale corrompue,
ligotée d’un côté et bâillonnée de l’autre. Des députés sont interdits de
parole au sein même de l’hémicycle ; des lois scélérates liberticides sont
prises tous les jours sans égard à la Constitution et à la Cour
Constitutionnelle. Celle-ci est superbement ignorée dans toutes ses mesures
pouvant aller à l’encontre de la volonté du Chef de l’Etat. Ainsi, la décision
sans équivoque et avec des délais formels, pour l’installation du Cos-Lépi est
rejetée par la majorité présidentielle. Les libertés syndicales et le droit de
grève sont retirés à la police, aux travailleurs de la santé, de la justice et
aux magistrats. Le pays renoue avec des poursuites et des détentions politiques
que l’on essaie de couvrir par des montages judiciaires et de slogans de lutte
– sélective - contre la corruption.
Aujourd’hui, tous les
droits conquis par le peuple dans sa victoire sur l’autocratie en 1989-1990 et
consacrés par la Constitution sont dans les fers. Il n’y a plus d’institutions
de contre-pouvoir. Le Parlement est vassalisé. La Haac est à ordre et continue
de fermer des organes de presse non conformistes. La liberté de presse est
traquée. Une guerre est lancée contre la Justice pour sa soumission totale au
désidérata du Chef de l’Etat. La Cour constitutionnelle, clé de voûte du
système, est méprisée et ses décisions ne valent que ce que le Chef de l’Etat
veut en faire. La Constitution elle-même est, chaque jour, piétinée et les
droits fondamentaux des citoyens et des travailleurs sont niés. Notre pays
n’est plus un Etat de droit, mais est devenu un Etat voyou et policier où les
décisions de justice, y compris celles de la plus haute instance en matière
constitutionnelle, sont rejetées.
A la place de l’Etat de droit et de la dignité de la
parole donnée, on assiste au déploiement nauséeux de la ruse et de la rage. A
la place de la satisfaction des accords négociés par le Chef de l’Etat en
personne avec des travailleurs en grève, le pouvoir, à l’échéance du moratoire,
organise un coup de force anticonstitutionnel contre le droit de grève. La
parole du Chef de l’Etat du Bénin n’est plus crédible et plus aucune
crédibilité ne peut désormais lui être accordée.
Telle est la situation actuelle. En réponse à la demande
solennelle de la réunion des Etats généraux, le président Talon, par les
mesures prises, entend soumettre le peuple à sa dictature autocratique et faire
des citoyens du Bénin des employés de la société Talon et Cie.
Le peuple est en face d’un défi, celui de rejeter la
dictature autocratique du Président Patrice Talon. Il lui appartient désormais
de prendre ses responsabilités comme il a su les prendre par le passé face aux
présidents "gouverneurs" et dictateurs autocrates. Déjà, de partout,
les fausses tribunes de dialogue social mises en place par le pouvoir de la
duperie sont dénoncées et boycottées. Déjà se multiplient les exigences de la
réunion des Etats généraux de la santé, de dialogue social, etc. Il appartient
au peuple de se lever pour laver l’imposture, les parjures ainsi que la honte
dont le pouvoir de Talon couvre le Bénin et les Béninois. Il appartient au
peuple de se lever pour venir à bout de la gouvernance de la ruse et de la
rage.
Et dans ce combat
salutaire, le peuple saura, à coup sûr, réunir les conditions et moyens de
tenir ses Etats généraux afin de recouvrer et de consacrer toutes les libertés,
d’instaurer une autre gouvernance, une gouvernance patriotique et de probité.
Le Front pour le Sursaut Patriotique (FSP) ainsi que
toutes ses organisations membres demeurent debout et confiants. Il salue et
soutient les organisations des travailleurs, de la jeunesse, les honnêtes
députés dans leurs diverses actions légitimes de protestation contre le danger
public de la dictature autocratique. Les régimes oppresseurs ne peuvent
perdurer. La dictature autocratique ne passera pas Ici, c’est le Bénin !
Ensemble nous vaincrons !
Enfants du Bénin debout
!
Cotonou, le 04 janvier
2018
Le Front pour le
Sursaut Patriotique
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