Dans le cadre d’un
Communiqué qu’a publié la formation politique de l’opposition
Le Président de la
République, Patrice Talon, s’est prononcé, le vendredi 22 décembre 2017, devant
les Députés, sur l’état du Bénin, à quelques jours de la fin de l’année en cours.
Au lendemain de cette déclaration solennelle du Chef de l’Etat, le Front pour
le Sursaut patriotique (Fsp) a fait paraître, le 23 décembre, sous la signature
de son Coordonnateur et Porte-parole, Jean Kokou Zounon, un Communiqué battant
en brèche les axes d’avancée, évoqués par Patrice Talon. Lisons plutôt …
De gauche à droite, Léonce Houngbadji et Jean Kokou Zounon, du Fsp |
Intégralité de la
Déclaration du Front pour le Sursaut patriotique (Fsp)
FRONT POUR LE SURSAUT
PATRIOTIQUE (FSP)
Cél : 97983565 /
97980179
COMMUNIQUE A PROPOS DU DISCOURS DU
CHEF DE L’ETAT SUR L’ETAT DE LA NATION : UN DISCOURS DECONNECTE
ET NÉGATEUR DE LA RÉALITÉ DU PAYS!
Comme prévu par la
Constitution, le Chef de l’Etat a délivré hier, 22 décembre 2017, son discours
sur l’état de la nation. Pour tous ceux qui ont eu le courage de le suivre ou
de lire ce discours, on a l’impression que le Président Patrice Talon ne parle
pas de ce pays, des peines de ses hommes et femmes, du désespoir de sa
jeunesse. Alors au lieu d’un discours sur l’état de la nation, c’est-à-dire sur
la situation actuelle dans laquelle a conduit sa politique, le Président s’est
lancé encore dans la déclinaison de son programme, dans ses « Projet et Dessein
» (sic) pour aligner les annonces pour 2018 et conclure, sans aucun élément
probant et faute de perspectives réjouissantes pour le peuple, que « notre pays
va de mieux en mieux et surtout ira mieux demain. » (sic). Ainsi, le discours du Chef de l’Etat est un
discours déconnecté et négateur de la réalité du pays et de la vie de ses
hommes.
Le Chef de l’Etat, dans
son discours a passé son temps à nous redire, encore et encore, qu’il « s’est
attelé quotidiennement depuis bientôt deux ans, à construire les bases solides
de notre développement durable et harmonieux » (sic). Or la réalité que vit le
peuple, c’est que depuis deux ans bientôt, le président Talon s’est attelé
quotidiennement à construire, à l’aide du pouvoir d’Etat, les bases solides de
son empire économique et financier dans tous les secteurs vitaux de notre
économie, et ce, au détriment de tous les concurrents potentiels, sans état
d’âme pour le sort des travailleurs, les petits et les pauvres gens. La réalité
dans le domaine économique, c’est la privatisation sauvage qui n’a jamais
conduit, à l’époque actuelle des grandes puissances dominatrices, au
développement des pays dépendants et arriérés.
La réalité du pays, ce
sont des milliers de petits producteurs réduits au chômage en 2017 par la
destruction de leurs outils et lieux de production avec les déguerpissements
insensés et sans alternative. La réalité, c’est le chômage aggravé pour les
jeunes à cause des liquidations des sociétés publiques, de la chasse aux
entreprises privées qui se trouver obligées d’opérer des licenciements
économiques. Avant le discours du Chef de l’Etat, son ministre chargé du
développement, Bio Tchané, avait parlé de 60.000 emplois créés. Il s’agit là et
dans tout le discours du Chef de l’Etat lui-même, de chiffres qu’aucune source
indépendante, y compris l’Institut national de la statistique dépouillé de ses
attributs et moyens, ne peut attester. Du reste, au vu des emplois détruits
depuis le 06 avril 2016, du nombre des jeunes venus sur le marché du travail,
sans parler des promesses du PAG, ce chiffre traduit, dans les faits, un échec
patent de la politique de Talon.
La réalité, c’est
l’analphabétisme qui frappe encore plus de la moitié de la population en âge de
travailler ; et sans éradiquer « l’ignorance des lettres » (sic), le pays ne
peut s’élever au niveau de l’utilisation massive et conséquente des nouvelles
technologies. La réalité, c’est la poursuite de la destruction de l’Ecole, avec
des classes sans maîtres, sans professeurs, sans matériels didactiques, avec
des coûts d’accès aggravés. Quelles bases solides et quel avenir pour la
formation de la jeunesse lorsque la majorité des jeunes est exclue de
l’enseignement supérieur à cause de l’augmentation des coûts de formation et de
la multiplication des barrières d’accès depuis l’enseignement secondaire ?
Dans son discours, le
Président Talon avance que son gouvernement a dépensé 200 milliards de F Cfa
pour les dépenses sociales prioritaires, « bien au-delà » des objectifs fixés
et des engagements pris avec le FMI. Mais pourtant, lui et son gouvernement se
sont tus lorsque la directrice générale du FMI, au cours de son séjour au
Bénin, a répété l’insuffisance du social dans l’action du gouvernement et la
non tenue des engagements pris. Le mensonge sur le social est-il destiné au
peuple ?
Patrice Talon parle de
l’assainissement des finances publiques. La réalité, c’est la multiplication
des collaborateurs extérieurs payés hors grille, pendant que la majorité des
fonctionnaires est réduite à leur salaire de misère. La réalité, c’est la
multiplication des marchés gré à gré dans l’opacité totale, la gestion opaque
du trésor public. Et si « l’argent facile ne circule plus comme c’était le cas
» (sic), mais pourquoi l’argent mérité manque pour les travailleurs et le
peuple ?
La réalité au niveau de
la justice, c’est la vassalisation poussée de la justice. La réalité, c’est ce
que Me Robert Dossou, ancien bâtonnier, ancien doyen de la faculté de droit,
ancien ministre, ancien président de la Cour constitutionnelle, a constaté et a
dû dire : en 44 ans de carrière d’avocat au Bénin, il n’a jamais eu affaire à
une justice aussi à ordre. Jamais dans notre pays, l’inégalité devant la loi
n’a été aussi criarde. La soi-disant lutte contre la corruption ne frappe que
les opposants politiques et les concurrents économiques, pendant que les
dignitaires pilleurs au pouvoir et leurs affidés sont tranquilles.
La réalité dans notre
pays, c’est le mépris des institutions qui ne se soumettent pas au désidérata
du Chef de l’Etat ; c’est la mise en exécution de lois non approuvées par la
Cour Constitutionnelle.
La réalité au plan
politique, c’est le retour d’un pouvoir autocratique où des individus sans
aucun titre officiel peuvent donner des ordres à des ministres. Et avec
l’autocratie, le pays renoue avec la vassalisation de l’Assemblée nationale où
les députés qui ne veulent pas « voter les yeux fermés » comme le demande le
Chef de l’Etat, sont interdits de parole au parlement. Le pays renoue avec la
période sombre où un préfet, au nom du Chef de l’Etat autocrate, peut piétiner
le pouvoir judiciaire et s’introduire jusqu’au palais de la justice pour
"faire régner l’ordre". Avec l’autocratie, le pays renoue avec le
passé douloureux et sombre des détentions et sanctions politiques des
opposants, tels les cas de Laurent METONGNON ou du capitaine TREKPO.
NON et non, c’est faux,
notre pays ne va pas mieux. Il va
certainement mieux pour vous et la caste autour de vous. Mais, il va de mal en
pis pour le peuple. Et à cette allure, la catastrophe n’est pas loin. Un
Président qui connaît vraiment ce pays, qui connaît ses forces et faiblesses,
qui connaît surtout ses attentes et à qui il reste un brin d’amour pour lui,
devrait à l’occasion solennelle du discours sur l’état à la nation, prendre la
mesure de la situation et accéder à l’exigence de la réunion des Etats généraux
du peuple afin de revoir les bases véritables du développement et pour une
autre gouvernance. Cette alternative clamée par le FSP est aujourd’hui
illustrée par maints acteurs qui, en rejet de la politique du pouvoir dans leur
secteur, proposent ici des Etats généraux de la santé, là les Etats généraux
des transports, et là encore même, des Etats généraux du dialogue social !
Voilà la réalité du
pays. Voilà les attentes et perspectives pour les véritables bases du
développement du pays. Et cela, le peuple le réalisera.
Cotonou,
le 23 décembre 2017
Pour
le FSP,
Le
Coordonnateur, porte-parole,
Jean
Kokou ZOUNON
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