dimanche 14 février 2016

Le rêve désabusé de Pierre Dognon pour le Bénin

Dans le cadre de l'élection présidentielle de mars 2016


Ezin Pierre Dognon est un acteur culturel béninois vivant et opérant désormais en France. Ayant choisi de ne pas rester indifférent à l'actualité liée à l'élection présidentielle de mars 2016 au Bénin, il a fait parvenir à votre Journal un chronique dont le contenu assez édifiant concerne un rêve idéal pour le pays, une projection dont les comportements politiques actuels au Bénin fragilisent la possibilité de réalisation ... 
Ezin Pierre Dognon
Plongé dans une brochure intitulée "La constitution du Bénin", je me suis assoupi vers les dernières pages ..., preuve que je m'en suis mis plein la tête. Et pour preuve, j'en ai rêvé ! J'ai rêvé du Bénin tel que je souhaite le voir d'ici à là : un pays totalement exorcisé, un pays où tout le monde parle d'une même voix. J'ai rêvé d'un Dahomey démocratique où, main dans la main, marchant gaiement, tous les citoyens sont prêts pour une révolution des pensées, une révolution des mœurs, une révolution de la gouvernance. J'ai rêvé de ce Dahomey où valets et princes, courtisans et princesses, rois et sujets, tous sèment et entretiennent ensemble les graines d'un réel développement. J'ai dormi mais j'ai aussi rêvé ! J'ai rêvé d'une nation dahoméenne solidaire et prospère, offrant son émergence manifeste aux yeux du monde. J'ai rêvé qu'il n'y avait plus de vote des bêtes sauvages ! Plus de discours politiques flatteurs et parfois grossiers ! Plus d'invite à la haine, ni au régionalisme, ni à l’ethnocentrisme ! J'ai rêvé d'un Dahomey où l’on ne vote plus l'argent ou la fratrie mais la patrie ! Un Dahomey où le KO n'arrive plus à toutes les élections et où les résultats des urnes ne sont plus connus d'avance ! J'ai encore plus dormi et encore plus rêvé d'un Dahomey avec des industries fleurissantes et le peuple mangeant à sa faim, une jeunesse dahoméenne ayant un emploi, une croissance économique fulgurante ! Ô combien j'ai rêvé d'un pays dirigé enfin par des hommes intègres où la corruption, les éléphants blancs n'étaient plus que de vagues souvenirs.
Je voulais rêver davantage.

Hélas ! Et quand défilent à mon écran ou résonnent dans mes oreilles, ces discours tordus émanant de ceux-là, qui, des monts aux vallées, des hameaux aux châteaux, ne s'arrêtent devant rien pour faire passer leurs exaspérantes aspirations à gouverner le Bénin, je ne dirai pas que je regrette mon rêve mais que j'ai mieux fait d'interrompre mon sommeil. Décidément, en cette période-ci, les assoiffés de gain facile et de reconnaissance imméritée de la part de quelques guignols les glorifiant, prônent l'émergence de l'accessoire au détriment du capital, les folies inqualifiables et les folles agitations au détriment de réelles visions pour le pays. C'est à croire que le rêve n'est pas béninois, ni aujourd'hui, ni demain ... sans pour autant être pessimiste ! Même si j'ai bien peur de donner raison à ceux qui le sont.

Ezin Pierre DOGNON
Médiateur Culturel / Auteur -

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