Ezin Pierre Dognon est un acteur culturel béninois vivant
et opérant désormais en France. Ayant choisi de ne pas rester indifférent à
l'actualité liée à l'élection présidentielle de mars 2016 au Bénin, il a fait
parvenir à votre Journal un chronique dont le contenu assez édifiant concerne
un rêve idéal pour le pays, une projection dont les comportements politiques
actuels au Bénin fragilisent la possibilité de réalisation ...
Ezin Pierre Dognon |
Plongé dans une
brochure intitulée "La constitution du Bénin", je me suis assoupi
vers les dernières pages ..., preuve que je m'en suis mis plein la tête. Et
pour preuve, j'en ai rêvé ! J'ai rêvé du Bénin tel que je souhaite le voir
d'ici à là : un pays totalement exorcisé, un pays où tout le monde parle d'une
même voix. J'ai rêvé d'un Dahomey démocratique où, main dans la main, marchant
gaiement, tous les citoyens sont prêts pour une révolution des pensées, une révolution
des mœurs, une révolution de la gouvernance. J'ai rêvé de ce Dahomey où valets
et princes, courtisans et princesses, rois et sujets, tous sèment et
entretiennent ensemble les graines d'un réel développement. J'ai dormi mais
j'ai aussi rêvé ! J'ai rêvé d'une nation dahoméenne solidaire et prospère,
offrant son émergence manifeste aux yeux du monde. J'ai rêvé qu'il n'y avait
plus de vote des bêtes sauvages ! Plus de discours politiques flatteurs et
parfois grossiers ! Plus d'invite à la haine, ni au régionalisme, ni à l’ethnocentrisme
! J'ai rêvé d'un Dahomey où l’on ne vote plus l'argent ou la fratrie mais la
patrie ! Un Dahomey où le KO n'arrive plus à toutes les élections et où les
résultats des urnes ne sont plus connus d'avance ! J'ai encore plus dormi et
encore plus rêvé d'un Dahomey avec des industries fleurissantes et le peuple
mangeant à sa faim, une jeunesse dahoméenne ayant un emploi, une croissance
économique fulgurante ! Ô combien j'ai rêvé d'un pays dirigé enfin par des
hommes intègres où la corruption, les éléphants blancs n'étaient plus que de
vagues souvenirs.
Je voulais rêver
davantage.
Hélas ! Et quand défilent à mon écran ou résonnent dans mes oreilles, ces discours tordus émanant de ceux-là, qui, des monts aux vallées, des hameaux aux châteaux, ne s'arrêtent devant rien pour faire passer leurs exaspérantes aspirations à gouverner le Bénin, je ne dirai pas que je regrette mon rêve mais que j'ai mieux fait d'interrompre mon sommeil. Décidément, en cette période-ci, les assoiffés de gain facile et de reconnaissance imméritée de la part de quelques guignols les glorifiant, prônent l'émergence de l'accessoire au détriment du capital, les folies inqualifiables et les folles agitations au détriment de réelles visions pour le pays. C'est à croire que le rêve n'est pas béninois, ni aujourd'hui, ni demain ... sans pour autant être pessimiste ! Même si j'ai bien peur de donner raison à ceux qui le sont.
Ezin Pierre DOGNON
Médiateur
Culturel / Auteur -
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire