dimanche 16 mai 2010

Handifestival 2010 - Dakar au Sénégal


Ousmane Thiendella Fall





Dans le cadre de la 3ème édition d'Handifestival à Dakar au Sénégal





Ousmane Thiendella Fall : "[...[ le modèle inclusif peut être une stratégie de développement durable en Afrique"







Mis en place conjointement par l'Association Xamlé des personnes handicapées et "Baobab Communication", avec le haut patronnage d'Abdoulaye Wade, Président du Sénégal, "Handifestival" est une manifestation culturelle annuelle qui regroupe, depuis 2007, des personnes handicapées. L'ambition de ces promoteurs est d'offrir à ces personnes l'opportunité de mettre en exergue, aux yeux du public, leurs talents de tous ordres. Après la réussite des deux premières éditions et, au travers de cette interview qu'il nous accorde, Ousmane Thiendella Fall, Prix 2008 du Concours Harubuntu, aborde avec nous les contours de cette 3ème édition qui se tiendra du 28 au 30 mai à Dakar au Sénégal.





Le Mutateur : Quels seront les temps forts de cette troisième édition ?




Ousmane Thiendella Fall : La 3ème édition de "Handifestival International" est prévue du 28 au 30 mai 2010 à la Maison de la Culture Douta Seck, à Dakar, au Sénégal. Cette édition est une occasion de discuter encore sur le thème de l’inclusion. Nous apportons notre contribution au débat sur la Renaissance Afrique dans ce contexte de cinquantenaire des indépendances de beaucoup de nos Etats. Nous souhaitons que nos pays se dirigent vers des sociétés inclusives, ce qui colle bien à nos réalités d’Afrique traditionnelle.

L’exposition d’arts plastiques de cette édition de "Handifestival international" entre dans le cadre des Off de la Biennale Dak'art 2010, ce qui permettra certainement aux artistes plasticiens en situation de handicap qui participeront à ce Festival de pouvoir avoir des rencontres et des échanges avec des artistes et des esthètes de dimension internationale. L’inclusion vers laquelle nous espérons que nos sociétés iront peut également se voir dans le thème de cette biennale qui est "Rétrospective, perspectives". Nous signalons que des artistes togolais, burkinabé, malien, français et sénégalais feront partie de cette exposition.




Lors de l'entretien que vous nous avez accordé six mois auparavant, vous avez évoqué l'idée de discuter, lors de la troisième édition d'Handifestival, de la situation des Albinos. Qu'en sera t-il ?





L’une des têtes d’affiche des concerts musicaux de cette édition est un chanteur albinos. Il s’agit de Mohamed Faye qui conjugue mélodieusement modernité et tradition à travers sa belle voix.

Nous voulons attirer l’attention des Africains sur le respect de la différence et la valorisation de tous les êtres humains. Comme vous le savez, nous recevons de façon sporadique des nouvelles sur les difficultés que rencontrent les albinos dans certains pays du continent. A cela s’ajoutent les problèmes médicaux qu’ils subissent et qui sont inhérents au contexte de pauvreté et d’érosion qui caractérise nos pays. Nous ne devons plus taire certains comportements qualifiables d’inhumains si, rigoureusement, nous souhaitons vivre dans un continent émergent.





"La contribution des personnes handicapées à la Renaissance Africaine" est le thème de cette édition. Pourquoi avoir fait un tel choix ?





Nous l’avons dit en entame de notre propos, notre contribution en la renaissance africaine est une sorte d’appel que nous lançons à tous les Africains vers une société inclusive. A notre sens, le modèle inclusif peut être une stratégie de développement durable en Afrique. A la lumière des luttes fratricides qui déchirent le continent, nous avons pensé que la reconstruction ne doit laisser personne en rade. Ce continent ne peut renaître en mettant en épochè environ 10% de sa population qui peuvent contenir son génie créateur. La légende de Soundjata est encore fraîche dans les mémoires du continent. Si l’Afrique reprend la main sans ses enfants, il est certain qu’elle n’ira pas loin. Aussi appelons-nous nos gouvernants, les militants des droits de l’Homme, les partenaires au développement à faire leur possible pour bâtir quelque chose de durable en Afrique, la conception universelle qui est au cœur du modèle inclusif. Nos édifices publics doivent se faire en prenant en compte les personnes en situation de handicap, l’accès des enfants en situation de handicap à l’école doit être pris en compte en amont et en aval dans les politiques éducatives ; quand la personne en situation de handicap a accès au cadre de vie, personne n’est laissé sur les marges. C’est cela le développement ; c’est cela la renaissance, à notre sens.





Quelle est votre opinion sur la polémique autour de la Statue de la Renaissance Africaine ?





Ho ! La question est difficile pour le Directeur de "HandiFestival" que je suis. Certainement, les personnes en situation de handicap sont de tous les côtés de cette polémique. De ce fait, je m’interdis de me situer dans l’un ou l’autre camp car, "HandiFestival" est pour tous et pour personne. Nous pouvons retenir que cette statue fait couler beaucoup d’encre et de salive. Ce que nous pouvons retenir de ce débat est que sa solution serait à chercher dans l’avenir. C’est l’avenir qui détient la vérité symbolique de ce chef-d’œuvre. De toute façon, nous préférons cette polémique aux batailles rangées qui sourdent en Afrique. Peut-être qu'à cette polémique succèdera une véritable discussion méthodique et organisée sur les véritables questions du développement du continent.





Comment avez-vous choisi les créateurs et groupes d'artistes qui participent cette année ?





Nous avons lancé un concours pour sélectionner le plus objectivement possible les artistes qui exposeront leurs œuvres pendant ce festival. Nous en profitons pour remercier l’Ong "Handicap International" qui nous soutient à ce niveau. En effet, le Festival est ouvert à tous les artistes en particulier ceux en situation de handicap. Le manque de moyens nous oblige à restreindre. Nous savons qu’il y a beaucoup de personnes en situation de handicap qui veulent participer.

Jusqu’ à présent nous recevons des demandes de partout. Aujourd’hui même, j’ai discuté dans ce sens avec des artistes musiciens du Bénin, du Burkina et du Niger qui veulent participer. En ce sens, je vous prie de me permettre de lancer un appel aux gouvernements des pays africains, à l’Ua, l’Uemoa, la Cedeao, à l’Oif, l’Iar, aux compagnies aériennes, etc., pour une meilleure présence des personnes en situation de handicap, aux manifestations culturelles économiques qui s’organisent dans le continent. Nous avons d’énormes difficultés à prendre en charge les frais de voyage de tous ceux qu’ils veulent assister à ce festival qui est en train de devenir pour les artistes en situation de handicap ce que le Fespaco est pour le cinéma africain.





Parlez-nous du Concours d'Art qui est le fruit du partenariat entre vous et Handicap International et dont les lauréats participeront eux aussi à "Handifestival".





Le Concours d’Art est un aspect important de ce Festival. Il est un cadre d’émulation des artistes en situation de handicap. L’art peut faciliter l’inclusion et l’inversion des regards. En mettant en place ce concours et en inscrivant l’exposition qui en découle au Dak’art 2010, nous voulons que la personne en situation de handicap qui évolue dans ce cadre se sente concernée par les questions qui se posent dans son temps. "Handicap International", à travers le projet "Decisiph", a bien compris notre démarche et n’a pas hésité à nous accompagner. C’est un acquis de taille pour les personnes en situation de handicap de la sous-région et du continent.





Ce concours d'Arts sera t-il pérennisé ?





Nous comptons beaucoup sur le soutien de "Handicap International" pour pérenniser cette action. L’appui d’autres partenaires sera certainement déterminant et nous permettra d’élargir le Concours vers d’autres formes d’expressions artistiques.

Propos recueillis par Bernado Houenoussi

samedi 15 mai 2010

Le Togo face à la Caf

Chronique Football

Justice rendue aux éperviers du Togo !

Sur notre continent, on dit souvent que le linge sale se lave en famille. En d'autres termes, tous les problèmes trouvent une solution après une concertation entre les membres du clan. Loin de moi l'idée de considérer le monde du football africain comme un clan, mais le dénouement que devrait connaître ce 15 mai le dossier de la suspension par la Confédération africaine de football (Caf) de l'équipe nationale de football du Togo des éliminatoires pour les années 2012 et 2014 de la Coupe d'Afrique et des nations (Can) est un joli pied-de-nez à cet adage. Le Comité exécutif de la Caf qui se réunira à cette date lèvera officiellement la suspension du Togo. Et, pour que la balle soit remise à terre, il aura fallu la médiation de Sepp Blatter, président de la Fédération internationale de football associations (Fifa), suite au recours déposé par la Fédération togolaise de football devant le Tribunal Arbitral du Sport, pour que sa suspension soit levée. Le drame qu’ont vécu les joueurs togolais, juste avant cette Can, est toujours dans les esprits. La gestion maladroite, bancale de cette affaire par la Caf a révélé que les dirigeants de cette Confédération et son président pensent plus au blé qu'à l'Homme; les logiques financières ont pris le pas sur d'autres considérations, au mépris de la mémoire d'Abalo Amélété et Stanislas Ocloo, les deux membres de la délégation togolaise qui ont trouvé la mort dans le mitraillage du bus des joueurs du Togo par les rebelles du Cabinda. Les propos d'Emmanuel Adébayor, Capitaine de cette équipe, pour décrire la panique et la peur ressenties par ses coéquipiers et lui ont ému plus d'un. Monsieur Ayatou a évoqué le règlement de la Caf pour justifier la suspension du Togo le 30 janvier 2010, à la veille de la clôture de la Can angolaise. Et, comme un cinglant désaveu, le crû 2010 de cette compétition aura été mi-figue, mi-raisin. Entre les problèmes concernant les terrains, la météo et le drame togolais, cette Can a été particulière. Et, pour que personne ne perde la face dans cette affaire, la Fédération togolaise reconnaît qu'elle aurait dû notifier officiellement à la Caf son retrait de la compétion. En ne l'avoir pas fait, elle a violé le réglement de la Can que la Caf se doit de faire respecter. Celle-ci justifie ainsi pour elle-même le respect strict du règlement qu'elle a brandi pour justifier sa décision de suspendre les éperviers du Togo. Au finish, cette affaire écorne l'image de la Caf et celle d'Issa Ayatou qui la préside depuis plus d'une vingtaine d'années. Une gestion solitaire, bien huilée avec des hommes de main qui se montrent très efficaces, qui faire taire toute vélléité de contestations, en témoigne le fait qu'aucune fédération africaine de football ne s'est prononcée officiellement au sujet de la gestion du dossier. A croire que la Caf est un patrimoine personnel, comme certains chefs d'Etats africains dictateurs considèrent comme leur patrimoine personnel leur pays. A un mois de l'ouverture de la première coupe du monde organisée par un pays africain, ces messieurs ont bien trouvé une bien mauvaise idée pour donner une piêtre image d'eux-mêmes. Libéralisme économique débridée, course à l'argent, autant de modèles de développement qu'on impose depuis les années 1980 aux pays africains, sur fond de programme d'ajustement structurel. Et, cela fait passer l'accessoire avant l'essentiel. L'Homme passe après l'argent.

Bernado Houenoussi

Congrès du Synadomap à Cotonou

Issa Badarou Soulé, Ministre béninois de l'Economie maritime



Congrès ordinaire du Syndicat National des Dockers et des Manutentions Portuaires du Bénin



Une concertation sous le signe de la veillée d'armes



Le Port autonome de Cotonou connaît actuellement des réformes qui concernent notamment les dockers, l'un des acteurs clés du secteur. Et, c'est pour discuter de l'avenir de ses membres face aux conséquences de ces réformes que cette grande assise a eu lieu du 08 au 09 mai dernier à la bourse du travail de Cotonou.



«Nous ne voulons plus travailler pendant des décennies en tant qu'occasionnels», clame Epiphane Hountondji, Sécrétaire administratif du Syndicat national des dockers et des manutentions portuaires du Bénin (Synadomap). Ces propos sonnent en écho et rappellent le thème du congrès ordinaire de ce syndicat: "Occasionnel à vie: quel avenir pour le docker béninois ? "

Les membres du Syndicat ont fait part de leurs inquiétudes et ont sonné l'heure d'une mobilisation. Ces inquiétitudes ont trait, entre autres, à l'augmentation de leurs taux horaires de base et à la garantie d'un effectif de dockers professionnels et permanents, égal au tiers de leur effectif actuel. En effet, évalués à plus six mille actuellement, les dockers qui pourront bénéficier des réformes en cours ne seront que trois cents. Ceux-ci seront des professionnels permanents et auront un contrat à durée indeterminée. Quatre cents autres seront des semi-professionnels et jouiront d'une priorité après les trois cent professionnels. Les milliers d'autres dockers seront toujours des occasionnels. Par ailleurs, le taux horaire de base connaîtra une augmentation comprise entre 5% et 10% alors que le Synadomap revendique qu'elle varie de 25 à 75%. C'est suite à une séance de travail que, Issa Badarou Soulé, Ministre de l'Economie maritime, des transports maritimes et des réformes portuaires, a signifié ces propositions au sujet des revendications syndicales. Créé le 22 juin 1997, le Synadomap entend élargir sa mobilisation aux autres syndicats du secteur portuaire qu'il a conviés à son Congrès. Le but en est de constituer ensemble un front susceptible de peser de tout son poids pour la concrétisation de leurs doléances auprès des autorités compétentes.





Bernado Houenoussi

samedi 1 mai 2010

3 mai, Journée internationale de la presse

Journée internationale de la liberté de la presse, édition 2010

Le SYNAPROMEB plaide pour des conditions économiques meilleures

Chères consoeurs,

Chers confrères,

Professionnels des médias du Bénin,

Ce 3 mai, la communauté internationale célèbre la 16è édition de la Journée internationale de la liberté de la presse. Cette année, la célébration ouvre sa Une sur le thème général de « La liberté d’information : le droit de savoir ». Un thème qui trouve écho dans la Constitution de notre pays dont l’article 8 prescrit à l’Etat de garantir, entre autres, l’égal accès des citoyens à l’information. Au-delà de la concordance de vues entre le thème retenu par l’ONU via l’UNESCO et la Constitution du Bénin, la liberté d’information apparaît comme une déclinaison du droit à l’information, lui-même étant une exigence de la liberté d’expression. Or, dans un système qui se veut démocratique, la jouissance de ce droit est en grande partie tributaire de la bonne action des organes d’information de masse, des organes de presse tout simplement. Une telle compréhension crédite les professionnels des médias d’un rôle majeur dans l’éveil, la conscientisation, l’éducation des populations. Et, plus encore dans les pays comme le nôtre, à majorité analphabète, les professionnels des médias ont le devoir, sinon qu’ils doivent se l’assigner, se l’imposer, d’aider les populations à sortir de l’ignorance et de les affranchir de la dépendance de leur conscience vis-à-vis de ceux qui ont intérêt et oeuvrent à les maintenir dans l’obscurité. Il apparaît alors que la liberté de presse ne trouve sa pleine signification que par l’action des professionnels des médias en faveur de l’autonomisation des masses et, partant, en faveur des progrès des sociétés, quoique l’accomplissement de ce sacerdoce, parfois, ne se fait qu’au prix d’énormes sacrifices voire de leurs vies. L’on conviendrait alors de ce que les menaces, les pressions et autres attitudes liberticides des pouvoirs publics sont autant de freins à l’épanouissement de la presse et, par ricochet, des populations. Autant d’ailleurs que les piètres conditions de travail et surtout de vie des animateurs de la presse. C’est dire si chez nous où les professionnels des médias, dans leur écrasante majorité, sont réduits à la précarité économique et sociale, la liberté de presse et son corollaire le droit à l’information vraie des citoyens, sont des quêtes permanentes.

Dès lors, plus qu’une simple célébration, cette Journée nous donne l’occasion de poser les vraies questions qui agitent notre presse. Aussi convient-il de se demander pourquoi plus de deux ans après sa signature, la Convention collective devant la régir n’est toujours pas mise en application alors que, vu le temps qui s’est écoulé entre sa rédaction et son adoption, ses dispositions relatives aux travailleurs des médias sont apparues largement en deçà des attentes légitimes. De même le besoin de réorganisation du secteur nous semble être en cause dans les dérives que nous observons et qui ont noms : désinformation, communication à outrance, instrumentalisation, etc.

C’est donc le lieu d’en appeler à des réformes en faveur de la liberté économique des médias et de leurs acteurs. Liberté économique pour les professionnels des médias à travers l’application de la Convention collective et l’amélioration de ses dispositions relatives aux conditions de vie, liberté économique pour les organes eux-mêmes à travers les réformes qui leur créent des conditions favorables à un développement cohérent et licite. En d’autres termes, le développement économique s’impose comme une condition déterminante de la liberté de presse. Autrement, au lieu d’être des acteurs de l’éveil des masses, les professionnels des médias, dans l’enfer du dénuement chronique, se révèleront des suppôts du manque de professionnalisme, de la manipulation et de l’endormissement des masses, de leur maintien dans l’ignorance au lieu de contribuer à les en libérer.

C’est pourquoi il sonne urgent pour le SYNAPROMEB que les promoteurs et responsables d’organes de presse de notre pays s’emploient à mettre leurs travailleurs dans les conditions requises ou qui s’en rapprochent tout au moins, et que tous, nous luttions pour l’amélioration qualitative de notre espace médiatique.

D’ores et déjà, le SYNAPROMEB entend apporter sa modeste contribution en décernant une fois encore, à certains professionnels des médias et organes de presse de notre pays, ou à des acteurs de la société civile, une attestation de défense de la liberté de la presse, pour leur contribution à cette fin.

Vive la presse béninoise libre et responsable !

Vivent les professionnels des médias du Bénin !

Vive le SYNAPROMEB !

Le Secrétaire général national,

Wilfried Léandre HOUNGBEDJI