Justice rendue aux éperviers du Togo !
Sur notre continent, on dit souvent que le linge sale se lave en famille. En d'autres termes, tous les problèmes trouvent une solution après une concertation entre les membres du clan. Loin de moi l'idée de considérer le monde du football africain comme un clan, mais le dénouement que devrait connaître ce 15 mai le dossier de la suspension par la Confédération africaine de football (Caf) de l'équipe nationale de football du Togo des éliminatoires pour les années 2012 et 2014 de la Coupe d'Afrique et des nations (Can) est un joli pied-de-nez à cet adage. Le Comité exécutif de la Caf qui se réunira à cette date lèvera officiellement la suspension du Togo. Et, pour que la balle soit remise à terre, il aura fallu la médiation de Sepp Blatter, président de la Fédération internationale de football associations (Fifa), suite au recours déposé par la Fédération togolaise de football devant le Tribunal Arbitral du Sport, pour que sa suspension soit levée. Le drame qu’ont vécu les joueurs togolais, juste avant cette Can, est toujours dans les esprits. La gestion maladroite, bancale de cette affaire par la Caf a révélé que les dirigeants de cette Confédération et son président pensent plus au blé qu'à l'Homme; les logiques financières ont pris le pas sur d'autres considérations, au mépris de la mémoire d'Abalo Amélété et Stanislas Ocloo, les deux membres de la délégation togolaise qui ont trouvé la mort dans le mitraillage du bus des joueurs du Togo par les rebelles du Cabinda. Les propos d'Emmanuel Adébayor, Capitaine de cette équipe, pour décrire la panique et la peur ressenties par ses coéquipiers et lui ont ému plus d'un. Monsieur Ayatou a évoqué le règlement de la Caf pour justifier la suspension du Togo le 30 janvier 2010, à la veille de la clôture de la Can angolaise. Et, comme un cinglant désaveu, le crû 2010 de cette compétition aura été mi-figue, mi-raisin. Entre les problèmes concernant les terrains, la météo et le drame togolais, cette Can a été particulière. Et, pour que personne ne perde la face dans cette affaire, la Fédération togolaise reconnaît qu'elle aurait dû notifier officiellement à la Caf son retrait de la compétion. En ne l'avoir pas fait, elle a violé le réglement de la Can que la Caf se doit de faire respecter. Celle-ci justifie ainsi pour elle-même le respect strict du règlement qu'elle a brandi pour justifier sa décision de suspendre les éperviers du Togo. Au finish, cette affaire écorne l'image de la Caf et celle d'Issa Ayatou qui la préside depuis plus d'une vingtaine d'années. Une gestion solitaire, bien huilée avec des hommes de main qui se montrent très efficaces, qui faire taire toute vélléité de contestations, en témoigne le fait qu'aucune fédération africaine de football ne s'est prononcée officiellement au sujet de la gestion du dossier. A croire que la Caf est un patrimoine personnel, comme certains chefs d'Etats africains dictateurs considèrent comme leur patrimoine personnel leur pays. A un mois de l'ouverture de la première coupe du monde organisée par un pays africain, ces messieurs ont bien trouvé une bien mauvaise idée pour donner une piêtre image d'eux-mêmes. Libéralisme économique débridée, course à l'argent, autant de modèles de développement qu'on impose depuis les années 1980 aux pays africains, sur fond de programme d'ajustement structurel. Et, cela fait passer l'accessoire avant l'essentiel. L'Homme passe après l'argent.
Bernado Houenoussi
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire