mardi 20 mars 2018

« […] on va envoyer du lourd, du très lourd ! », promet fortement Mina Agossi


Dans le cadre de ses deux concerts du weekend à Cotonou

Mina Agossi, chanteuse franco-béninoise de jazz, se produit les vendredi 23 et samedi 24 mars 2018, à l’Espace ’’Tchif’’ de Cotonou. Ainsi, l’artiste a bien voulu se confier à nous, à travers une interview exceptionnelle au cours de laquelle elle s’ouvre en toute sincérité, en une véritable profondeur, sur ses prochains spectacles, sur son parcours, dans un certain passé …

De gauche à droite, Jean Adagbénon et Mina Agossi

Journal ’’Le Mutateur’’ : Bonjour Mina Agossi. Les 23 et 24 mars 2018, vous vous produirez en deux concerts respectifs de jazz, à l’Espace ’’Tchif’’ de Cotonou. Votre dernière prestation de ce genre, au Bénin, date de 2012. Qu’est-ce qui va se passer au cours de ces deux soirées ?


Mina Agossi : Le vendredi 23 mars, ce sera une soirée Vip, à 20h30, l’Espace ’’Tchif’’ ; je serai accompagnée d’une légende locale du Bénin, qui s’appelle Jean Adagbénon, à la batterie, et qui m’a fait l’honneur de venir sur mon disque qui s’appelle ’’Urbafrika’’. Deuxièmement, je serai accompagnée de Laurent Succab qui est un Guadeloupéen extraordinaire, qui est très très très ému parce que c’est son premier voyage sur le continent africain. En plus, connaissant les racines du Bénin et tout ce qui se transmet à travers les valeurs béninoises à Haïti, en Guadeloupe et qu’on retrouve aussi au Brésil, vous vous imaginez dans quel état il est. Donc, j’ai pris l’instrument avec moi ; ça s’appelle le tambour ’’ka’’. Donc, il va jouer avec le savoir-faire guadeloupéen, de ce tambour, avec Jean [Adagbénon]. En troisième lieu, il y aura Eric Jacot qui est mon partenaire, mon alter ego depuis quinze ans ; il sera à la guitare basse. Cela peut être un peu étrange parce qu’il n’y a pas d’instrument harmonique mais, vous allez voir : on va envoyer du lourd, du très lourd ! On peut faire beaucoup de choses : contrebasse, batterie et ’’ka’’, c’est explosif.
Pour la soirée concert du samedi 24 mars, c’est absolument la même formation, avec la différence que je fais du jazz et, le jazz, quand on joue un morceau, on ne le joue jamais pareil, dans un autre lieu, le lendemain, à un autre moment ; c’est très très différent, puisqu’on improvise, puisqu’on est dans un rapport de démocratie et d’échange où la voix a, certes, une place très importante, mais elle n’accapare pas tout, comme en variété, où c’est 75% de chant et 25% de musique. Là, on est vraiment dans une découverte sans fin, en fonction de la réponse du public sur nous. Sur la scène, on est dans un échange sans fin de cette musique et de cette culture. Même si on joue le même morceau le 23, le lendemain, il ne sera pas pareil.
En plus de ça, il se trouve que je suis un tout petit peu fofolle, je n’ai pas une liste fixe, je fais des morceaux au feeling, en sentant la salle, en sentant les gens. Donc, il se peut que je joue  des morceaux que je n’ai pas joués la veille ; c’est très libre.


Cela fait six ans que vous êtes produite au Bénin. Comment appréhendez-vous ce concert de retrouvailles avec le public béninois ?

On m’a toujours dit que le public béninois est dur (Rires). « Quand tu vas là-bas, il faut assurer. C’est dur ! Il y a des tas de gens … ». Moi, j’ai trouvé extraordinaire, à chaque fois, y compris sur des positions où j’avais quand même fait un spectacle de comédie musicale, où il y avait des costumes, des décors, eh bien, ce côté-là était entré totalement dans l’imaginaire des gens dans la salle et, je n’ai jamais eu aucun problème. Pour moi, c’est un public que j’adore, que j’adore ; je suis très très heureuse de retransmettre tout ce manquement de six ans-là, qui bouillait là et qui va maintenant pouvoir sortir.


Mina Agossi, vous êtes une chanteuse Franco-béninoise de jazz avec, à votre actif, douze albums après vingt-six ans de carrière musicale. Qu’est-ce qui fait la particularité de ce douzième album qui s’intitule ’’Urbafrika’’ et que nous aurons sûrement l’occasion de découvrir au cours de ces deux concerts ?

Cet album, c’est mon hommage, c’est ma vision. Il faut bien comprendre que, moi, j’ai principalement grandi plus dans la partie occidentale et j’ai beaucoup grandi sur le continent africain. Mais, le Bénin, je ne le connaissais pas, ma mère enseignait au Niger. Donc, j’ai gardé des sons du désert, comme les grands groupes ’’Tinaréwène’’ qui me parlent beaucoup, etc. Il y a toutes sortes de sons aussi ivoiriens, puisque j’étais un tout petit peu en Côte d’Ivoire, qui sont dans mon être, qui sont imprégnés. Et, ensuite, toute la culture béninoise avec les Poly Rythmo, les Angélique Kidjo, les Lionel Louèkè, les Jean Adagbénon, etc., tout ça s’est vraiment trouvé intégré et j’ai eu le plaisir de pouvoir jouer avec Tériba, de partager des moments à Montréal avec Angélique Kidjo, etc.
Mais, c’est vrai qu’on est tout le temps en train de bouger sur la planète, on se croise et, moi, il fallait, à un certain moment, que je concentre toutes ces énergies et que je me dise : « Il faut que je fasse avec mon style, mon ’’Tribute to Benin’’.


Quand on dit ’’Mina Agossi’’, cela sonne beaucoup béninois et, on sait que vous êtes d’ici de racine. Depuis que vous avez quitté le Bénin, est-ce que vous avez eu une fois l’impression que vous avez abandonné quelque chose de cher ?

Absolument ! Six ans, c’est long mais, vous savez, quand on est en tournée, qu’on ne sait pas vraiment ce qui va se passer, après, moi, je ne parle pas vraiment de ma vie privée, je peux très bien venir voir ma tante entre les six ans, je n’ai pas forcément besoin d’en parler.
Au niveau professionnel, c’est long : il y a eu plusieurs occasions qui ont été malheureusement ratées. Après, il y avait les élections ; tout ça était très compliqué. Il fallait que tout le monde sache ce qu’allait devenir ceci ou cela, il y a eu quand même aussi la rénovation de l’Espace ’’Tchif’’ et, il ne se passait plus rien. Cela a été remonté maintenant. Et puis, au niveau du travail, moi, j’étais en pleine évolution, je venais de finir un disque, j’étais en sortie, donc, les années ont passé. Mais, professionnellement, c’est un manque. Au niveau privé, pas du tout, je rassure. Moi, je suis toujours avec le Bénin tout le temps, chaque mois (Rires).


Et s’il était donné à Mina Agossi de partager son point de vue par rapport à l’évolution de la musique au Bénin …

Je pense qu’on peut aller vers une pente un peu glissante, en copiant beaucoup la musique occidentale ; il ne faut vraiment pas tomber dans le piège, je dirais, sur pas mal de choses. Mais, ça, c’est valable pour tout, pour tous les pays, pour tout ; il y a des valeurs ici qui sont absolument nécessaires au préservement, pour moi et, j’ai rencontré des slameurs … Il faut développer ça tout en gardant les racines, ne pas essayer de faire du copier-coller systématique. 


Mina Agossi pourrait nous parler un peu du déroulement de ses vingt-six ans de carrière : le commencement, l’évolution et la manière dont cela s’effectue actuellement.

J’ai commencé à chanter en 1992, complètement par hasard ; j’étais étudiante et puis, en fait, je suis allée dans un café en face de la fac, à l’époque. Il y avait un groupe, on m’a proposé de chanter et j’ai dit : « Pourquoi pas ? ». Puis, je suis allée sur scène et je me suis retrouvée à aimer ça, à y aller de plus en plus, et je suis vraiment autodidacte. Après, il a fallu se dire : « Je vais devenir professionnelle. Là, cette fois, je fonce, je vais apprendre ». Donc, j’ai passé beaucoup de temps : je voulais faire du rock et, le groupe n’était jamais présent ; c’était très rock’n’roll, on n’arrivait pas à répéter. C’était dans les années 1990. Il y a quelqu’un qui m’avait remarquée, qui ne m’a pas lâchée, qui tenait une salle de jazz et qui m’a dit : « Vraiment, essaye, essaye, essaye … ». J’ai fait une soirée avec du new orleans, ce qui fait que moi, j’ai commencé vraiment avec la base en new orleans, en swing et je suis partie en pop. Ensuite, j’ai décidé de développer un peu mon son et je suis devenue vraiment pro en 1997.
De 1992 à 1997, j’étais en apprentissage, mais j’avais vraiment déjà des tas de mélodies dans la tête. Je n’écris pas la musique, je n’ai pas fait d’école. Par contre, je compose tout le temps, dans ma tête. Le contrebassiste écrit pour moi et les morceaux se mettent en place, à tel point qu’après, j’ai eu une carrière qui a commencé à se développer un tout petit peu à l’international ; j’ai été remarquée par Archie Shepp, j’ai chanté pendant à peu près dix ans, il m’invitait régulièrement. Archie Shepp, c’est quand même l’un des inventeurs du free jazz, qui, maintenant, est revenu aux sources du blues ; c’est un très très grand saxophoniste.
Et puis, alors, le nec plus ultra, pour la stupeur, pour la reconnaissance qui m’a été accordée, c’était l’année dernière quand Ahmad Jamal m’a invitée sur son disque et m’a demandé de traduire. Il faut savoir qu’Ahmad Jamal, Miles Davis rêvait de l’avoir sur scène et, il n’a jamais voulu avoir de chanteuse, de toute sa carrière. Il a 88 ans et, je suis la seule qui ait pu chanter pour lui. J’en suis très honorée. J’ai chanté avec Ted Curson qui était trompettiste de Charles Mingus aux Etats-Unis. Donc, j’ai un parcours à l’international, qui est assez marqué mais, c’est du jazz ; ce n’est pas du tout des notoriétés comme Angélique Kidjo. On est très connus dans notre milieu, mais ça reste un peu confiné.


Pourquoi cette attirance pour le jazz, et pas pour les autres musiques ?

Moi, je voulais faire du rock. Pour moi, le jazz, c’était pour les vieux, c’était chiant et, c’est ce monsieur qui tenait une salle de jazz et qui trouvait que ma voix convenait plus au jazz ; il m’a tellement parlé de ça que j’ai fini par dire : « Ah bon ! Ok ». J’ai essayé et j’ai adoré. En fait, j’écoute de tout : de l’électro, du rap, de l’asijazz, de la world ; j’écoute un peu de tout, je n’ai pas du tout de frontières. Bien au contraire ! D’ailleurs, j’ai été connue pour ça : de mélanger beaucoup de styles dans mon jazz ; j’étais la première à apprendre du Jimi Hendrix, j’étais la première à faire une formation sans un instrument harmonique ; c’était complètement impressionnant, à l’époque, dans les années 2000 où on faisait plutôt un jazz très propre, très carré et, moi, j’arrivais, je faisais guitare électrique, à la voix uniquement.


Et, l’album ’’Urbafrika’’, combien de titres comporte-t-il ?

Il y a dix titres là-dessus. C’est un album très optimiste, très frais. Puisqu’on est dans une période très ’’sinistrosée’’, très plombante, je voulais faire quelque chose de très frais. Il y a quand même un morceau qui parle des ’’boat people’’, ’’Another life’’. Il y a le morceau ’’Azosse’’ qui a été co-écrit entre Jean et moi, en hommage à la vallée de l’Ouémé. Et, après, il y a des choses un peu new yorkaises, un tout petit peu plus urbaines, mais ça reste très frais.


Dans le goût de la musique universelle, quels sont les artistes de renom, qui ont influencé Mina Agossi ?

Encore une fois, j’écoute vraiment de tout, de Carruzo à Bjrk, en passant par Reine Pélagie, Lata Mandreshka, en Inde, … J’écoute de tout ! Après, en parlant des stars, des émules du jazz, il est évident que je ferais plutôt partie, dit-on, de la tranche ’’Billie Holiday’’.


Pensez-vous que le Bénin a une industrie musicale qui pourra désormais donner de l’essor à la musique béninoise ?

J’en suis persuadée à tel point que je pense que ça devait être en 2005, j’avais même eu envie de créer le disque équitable au Bénin. Après, c’était très compliqué avec les papiers et les trucs pour former. Mais, là, ça commence à s’alléger au niveau investissements ; je pense qu’il peut se passer beaucoup de choses, à savoir qu’un disque, au lieu d’être une copie faite en Chine, qui arrive sur des étals des marchés sous le soleil, etc., de faire un vrai disque – il faut savoir qu’un album pièce, c’est 1,20 euro à la confection – si on vendait ça à 1000 ou 1200 francs au maximum, en vrai Cd, pas en copie, pas en chose revisitée, à 700 ou 1000 francs Cfa, on pourrait vraiment récupérer, mais nous, les artistes, rien, avec les maisons de disques, ça ne change rien. Même si c’est 1,20 euro en France, chez ’’Naïve’’, ’’Universal’’ ou ce que voulez, l’artiste, au final, ne touche pas. Donc, c’est très compliqué. Pourquoi ne pas créer, soi-même, sa propre compagnie, son propre disque ? J’avais pensé à ça. Je pense que c’est une idée qui peut maintenant se formuler, parce qu’il y a des allègements, il y a beaucoup de choses qui se mettent en place. Je ne vois pas pourquoi la musique malienne, la musique sénégalaise sont ultra médiatisées à travers la planète, et qu’on ne parle pas assez du Bénin.


Sur ce point, le Bénin n’a pas encore réussi à avoir un timbre musical spécifique, unique … Pensez-vous que nous y parviendrons un jour ?

C’est marrant, ce que vous dites, parce que vous l’avez en vous ; le Bénin a des rythmes tellement complexes ! Il y a des batteurs de jazz aux Etats-Unis, qui n’arrivent même pas à comprendre comment on joue ici, comment les rythmes se font ; il faut miser sur la force. L’impact, c’est quoi ? Il y a énormément de rythmes qui sont  partis du Bénin, qui sont arrivés au Brésil, qui ont influencé des tas de choses. Il y a un phénomène béninois qui se passe en ce moment : je crois que ’’Marvel’’ veut faire quelque chose avec le Bénin sur les amazones ; il y a un tel patrimoine ! Seulement, nous, on a un vrai problème avec le passé et la traite négrière, c’est quelque chose qui reste un traumatisme très complexe à transmettre. De tout ça, il y a les rythmes qui sont sortis d’ici, ont été revisités, sont partis là-bas : il faut revenir à la source et dire : « Venez au Bénin, venez découvrir le pays ! Beaucoup d’entre vous sont partis par la force, mais on s’en fout ! Venez découvrir le Bénin ! ».
Et, si on arrive, à mon avis, à faire ça, on va avoir des hôtels et on va avoir tous les Afro-américains qui vont débarquer ! Cela peut être très intéressant : repartir à la source.


En bonne Béninoise, quand on invite Mina Agossi à table, elle adore quoi, comme mets, au Bénin ?

Le Gbékouin, à 300% !


Mina Agossi, vous êtes une compatriote béninoise originaire d’Azowlissè, dans la Commune d’Adjohoun , du Département de l’Ouémé. Pouvez-vous nous donner la signification de votre nom, ’’Mina Agossi’’, qui sonne typiquement béninois ?

’’Mina’’, c’est un oiseau ; c’est un prénom arabe ou indien. Ici, au Bénin, c’est une langue. En Inde, ’’Mina’’, c’est un oiseau,  c’est plein de choses. Mais, moi, je suis née par le siège. Même si ma mère n’est pas restée avec mon père et qu’ils se sont séparés avant ma naissance, le fait que je sois née par le siège, on m’appelait ’’Agossi’’. Donc, ça, ça m’est resté.


Qu’avez-vous à dire à nos lecteurs et qui devrait leur donner envie de venir à l’un ou l’autre des deux concerts que vous donnez le weekend prochain ?

Ce que je pourrais dire à tous ceux qui s’intéressent à la culture, pour les inciter à venir : je n’aimais pas le jazz et, en fait, le jazz a tellement ouvert ses portes ; il faut venir, vous allez comprendre, on peut aimer le jazz, ce n’est pas qu’une musique élitiste.

Propos recueillis par Marcel Kpogodo



Lucarne 1 : « [Jean Adagbénon], c’est du sable dans la voix … »


Originaire d’Azowlissè comme Mina Agossi, l’icône de la musique béninoise, Jean Adagbénon, pièce maîtresse, rythmiquement parlant, de l’album ’’Urbafrika’’, constitue un maillon incontournable dans les deux concerts du weekend prochain, qui verront la chanteuse franco-béninoise de jazz se produire à l’Espace ’’Tchif’’ de Cotonou. En effet, comme en témoigne Mina Agossi, il se trouve impliqué dans la totalité des dix morceaux de l’album, dans le jeu de la batterie ou des tambours, intervenant dans quatre ou cinq d’entre eux. Il est donc le maître d’œuvre de ce jazz aux couleurs béninoises, lui qui y voit comme un coup de valorisation artistique que lui donne Mina Agossi : « « Je suis batteur de jazz, à l’origine ; c’est plutôt elle qui me prête son épaule maintenant ».
Après leur rencontre fortuite, en 2000, à la Cafétéria de l’ex-Centre culturel français, ils ont collaboré dans deux œuvres : ’’Mina Agossi, une voix nomade’’, un documentaire du réalisateur français Jean-Henri Meunier, en 2005, et la comédie musicale, ’’La belle et la bête’’, jouée en 2008. Depuis, ces deux profonds compatriotes se sont suivis partout, en France, en Afrique, pour des concerts. ’’Urbafrika’’ sonne donc comme le fruit d’une affinité et d’une communion artistiques dont le public n’a d’autre choix que de venir jouir. Et, l’hommage de Mina Agossi est émouvant : « Il n’y a pas beaucoup de batteurs qui chantent, il chante, mais c’est du sable dans la voix, c’est quelque chose qui donne des frissons, c’est extraordinaire et, il est extraordinaire à la batterie », ce que lui rend bien Jean Adagbénon, motivant le public à faire massivement le déplacement du concert de la soirée du samedi 23 mars 2018, dès 20 heures, à l’Espace ’’Tchif’’ : « Des concerts de jazz, il n’y en a pas beaucoup, mais du bon jazz, il n’y en a pas non plus beaucoup, du bon jazz avec une source béninoise, il n’y en a pas beaucoup … ».

M.K.



Lucarne 2 : Soria Assouhan, « future championne de rugby »


De gauche à droite, Soria Assouhan et Mina Agossi
Entre le rugby et le jazz, aucun lien, sauf si le cœur s’investit à construire un pont entre les deux disciplines. Le cœur qui bat dans la poitrine de Mina Agossi a réussi l’exploit de cette rencontre inattendue. Conséquence : la chanteuse de jazz donne un peu de son temps pour soutenir et mettre sous les feux de la rampe l’évolution de la jeune Soria Assouhan, 21 ans, dans le rugby féminin béninois. Se trouvent au fondement de la prise de conscience par l’artiste de sa vocation pour mener ce genre d’action humanitaire deux faits majeurs de distinction : sa réception, en 2011, par Frédéric Mitterrand dans l’Ordre national du Mérite en France et, 2017, le décernement à son endroit, en 2017, par le Haut conseil des Béninois de l’extérieur (Hcbe), du Prix féminin.
Désormais, motivée, boostée, sous l’effet du « déclic », la voilà procurant du poids et de la richesse à sa vie par deux causes : en tant que Porte-parole de l’Ong ’’Ekin’’, user de sa notoriété pour concrétiser la construction d’un immeuble de cinq étages, pour prendre en héberger les filles-mères déscolariser. Ensuite, comme Ambassadrice de l’autre Ong dénommée ’’Rugby pour tous’’, contribuer à développer le rugby féminin, par le biais de l’entretien de la réussite de Soria qui, depuis, n’est plus la même : entraîneuse, pour le compte de cette discipline sportive, au foyer ’’Sonagnon, et membre de l’équipe ’’Les lynx’’, elle a déjà effectué un stage à Montauban, en France. Depuis trois ans que Mina Agossi l’a rencontrée, sa vie explose de perspectives et d’un dévouement à la cause, ce qui conduit sa marraine à voir en elle une future championne du rugby féminin. Avec le lobbying de l’artiste, les jeunes joueuses béninoises ont déjà bénéficié d’un don de 300 kg de matériel en chaussures, en ballons et en outils de protection. Soria, championne, avec son équipe, depuis le samedi 17 mars 2018, sent, de manière pratique, que la lumière qu’apporte dans sa vie l’engagement social de Mina Agossi, lui ouvre les portes d’une destinée d’une réalisation inévitable de soi.

M.K.

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