Dans le cadre d'un meeting de solidarité avec le peuple togolais
Le vendredi 6 octobre 2017 s’est tenue une cérémonie
de soutien à la lutte du peuple togolais, organisée par la Convention
patriotique des forces de gauche (Cpfg). C’était à la Bourse du Travail de
Cotonou.
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Gilbert Kouessi |
« 50 ans de
dictature clanique, ça suffit ! Faure Gnassingbé, dégage ! ». Ainsi s’est
violemment terminée l’allocution introductive au meeting de soutien au peuple
togolais en lutte pour mettre fin au règne du clan Gnassingbé, depuis un
demi-siècle, qui s’est tenu le vendredi 6 octobre 2017, à la Bourse du Travail
de Cotonou.
La déclaration
circonstancielle, lue par Gilbert Kouessi, au nom de la Convention patriotique
des forces de gauche (Cpfg), structure organisatrice de la manifestation, a
permis de retracer l’historique du passage au pouvoir de Gnassingbé Eyadéma
qui, décédé en 2005, a vu le système politique organiser sa succession par son
fils, Faure Gnassingbé, ce que la déclaration a vivement dénoncé avant d’exiger
son départ de la tête de l’exécutif togolais.
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Rodrigue Yarégo |
D’autres interventions
ont meublé le meeting : celles des représentants respectifs
d’organisations de jeunes, de femmes, de travailleurs retraités, notamment. Par
ailleurs, Rodrigue Ayégo, journaliste togolais, correspondant d’une radio
suisse, a ému par son témoignage sur les tueries orchestrées par les militaires
au Togo. Ont aussi eu droit au pupître des membres de la diaspora togolaise
vivant au Bénin.
Ramane Aïsso
Intégralité de la
Déclaration de la Convention patriotique des forces de gauche (Cpfg)
CONVENTION PATRIOTIQUE
DES FORCES DE GAUCHE (CPFG)
Tél : 98 33 29 88/ 90
91 41 97
PCB, CDP, PSD-Bélier,
CSTB, FESYNTRA-Finances, UNSEB, UNAPEEB, ANADEC, ODHP, INIREF, CCUMAB, CPCM,
MFLPP
MEETING DE SOUTIEN A LA
LUTTE DU PEUPLE TOGOLAIS
Cotonou, Bourse du
Travail, 06 octobre 2017
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Allocution introductive
VIVE LA LUTTE HEROIQUE
DU PEUPLE TOGOLAIS
Le 13 janvier 1963, alors qu’il se préparait à doter le
Togo de sa monnaie nationale, le père de l’indépendance nationale Sylvanus
Olympio a été assassiné par un groupe de soldats de l’armée togolaise,
téléguidé par les services français de Jacques Foccart et conduit par le
sergent GNASSINGBE Eyadema. Après un intermède de 4 ans, où le pays est dirigé
par un pantin de la FrançAfrique, la France fait prendre le pouvoir, le 13
janvier 1967 par le même Eyadema GNASSINGBE, indiquant que le jour de
l’assassinat du premier président du Togo est la date fondatrice de son
pouvoir. A son arrivée, tous les partis politiques ont été dissous ; l’armée,
républicaine au départ, a été transformée en une armée clanique avec
l’élimination physique systématique de tous ceux qui pouvaient lui faire
ombrage. En 1970, avec le soutien et la complicité d’intellectuels
opportunistes, il a créé son parti unique, le RPT, avec obligation pour tout le
monde d’y militer ; aucune voie discordante n’est tolérée et toute velléité
d’opposition est noyée dans le sang. Ainsi, depuis 1967, le peuple togolais
souffre le martyr avec un régime dictatorial et kleptocrate.
En 1990, comme
beaucoup de peuples africains, le peuple togolais s’est soulevé pour mettre fin
à la dictature. Le 5 octobre 1990, la jeunesse togolaise, à travers le MO5,
mouvement du 5octobre, s’est soulevé pour demander la fin de la dictature. La
répression a été terrible ; mais le mouvement s’est poursuivi, aboutissant à la
Conférence Nationale où les rapports de force auraient permis de chasser
Eyadema, n’eut été la trahison de certains leaders togolais toujours enclins à
la compromission avec la dictature. Malgré cela, d’importantes avancées
démocratiques ont été obtenues limitant les marges de manœuvre du dictateur. On
se rappelle dans quelles conditions atroces, le clan GNASSINGBE a pris d’assaut
la primature pendant la transition en massacrant des centaines d’innocents. On
se rappelle aussi, comment les troupes françaises en route pour Lomé pour soi-disant
aller sauver la démocratie togolaise, se sont en définitive arrêtées au Bénin
et comment elles ont été chassées de notre pays parce qu’elles voulaient
profiter de la situation pour s’éterniser au Bénin et souiller ainsi le pays de
Béhanzin, de Kaba et de Bio Guerra.
Au sortir de la Conférence Nationale, une Constitution a
été adoptée qui comme la nôtre, limite le nombre de mandats à deux, avec
impossibilité d’y déroger en aucun cas. Le 31 décembre 2002, arrivé au terme de
ses deux mandats après 27 ans de règne, GNASSINGBE-Père change la Constitution
et impose la non limitation des mandats. D’autre part, pour commencer à
préparer le terrain pour son fils Faure GNASSINGBE, âgé de 36 ans, il rabaisse
l’âge d’éligibilité de 45 ans à 35 ans. Sur cette base, il se fait réélire en
juin 2003.
Le 5 février 2005, le dictateur meurt brutalement. C’est la panique au sein
du clan. La Constitution togolaise prévoit en son article 65 qu’en cas de
vacance de pouvoir, c’est le Président de l’Assemblée Nationale qui assure
l’intérim. Voilà que ce Président n’est pas de la famille GNASSINGBE ; que
faire ? Comme le hasard fait bien les choses, et que le Président de
l’Assemblée Nationale est à l’étranger, il faut l’empêcher de rentrer. C’est ce
qui a été fait. L’avion de ce dernier, sur sa route de retour, a été détourné à
Cotonou où le Président de l’Assemblée Nationale a été retenu en otage. Dans la
même nuit du 5 février 2005, la France envoie un juriste français pour modifier
la Constitution le 6 février 2005, pour permettre à l’héritier du
dictateur, de monter sur le trône. C’est
ainsi que Faure GNASSINGBE est arrivé au pouvoir. Il serait bon que ceux qui
parlent de droit, de légalité, d’ordre constitutionnel, sachent comment leur
grand démocrate et ami, Faure GNASSINGBE, a pris le pouvoir.
Depuis lors,
d’élections truquées en élections préfabriquées, Faure se maintient au pouvoir,
aggravant la souffrance du peuple togolais. Comme cette famille a pris le
peuple togolais en otage, le petit dictateur devait croire que lui aussi allait
mourir au pouvoir et se faire remplacer par son fils. Mal lui en a pris,
puisqu’aujourd’hui, le peuple togolais est dans la rue aux cris de : 50 ans de
dictature, on n’en veut plus !
En effet, Depuis
le 19 août 2017, le peuple togolais qui légalement depuis 1967, mais de fait
depuis 1963 subit la dictature implacable du clan GNASSINGBE, s’est dressé pour
dire : « Ca suffit ! ». Depuis là, la mobilisation ne se dément pas. Les 6 et 7
septembre 2017, les 20 et 21 septembre, le 29 septembre journée ville morte,
les 4 et 5 octobre 2017 et ça continue. Et on voit comment ce peuple qui s’est
toujours battu, qui a brillamment conquis son indépendance en 1958 au prix de
son sang, se bat avec courage et fait
l’admiration des autres peuples et surtout du nôtre qui doit lui
apporter son soutien le plus ferme.
Alors, quand on
entend une femme, qui plus est béninoise, comme Dandi Gnamou (Directrice du
centre de droit international et d’intégration africaine), qui se dit agrégée
de droit, déclarer le 27 septembre 2017 sur SIKKATV qu’il faut respecter
la légalité parce que Faure a été élu et
bien élu, on croit rêver et on a envie de pleurer. Cette dame a-t-elle une
pierre à la place de son cœur ! Suit-elle la souffrance du peuple togolais ?
Sait-elle comment ce petit dictateur est arrivé au pouvoir après la mort de son
père ? Sait-elle que la volonté du peuple est supérieure à toute Constitution ?
Notre agrégée de droit sait-elle qu’en juin 1989, Kérékou avait été légalement
et « brillamment » réélu avant d’être chassé quelques mois plus tard par notre
peuple. Sait-elle que Ben Ali en Tunisie était en plein mandat quand le peuple
tunisien l’a chassé ? Sait-elle qu’il en est de même de Compaoré au Burkina ?
Alors, nous disons à notre agrégée nationale, si vous avez des intérêts obscurs
à défendre, laissez le droit et la légalité de côté. Ici, il est question de la
souveraineté du peuple, de son droit à l’insurrection reconnu par tous les
instruments et instances internationaux aujourd’hui.
Pour notre part,
chers amis, nous voulons relayer ici, le soutien de notre peuple au peuple
frère du Togo. La lutte du peuple togolais est la nôtre. Voilà pourquoi nous
disons avec lui :
50 ANS DE DICTATURE
CLANIQUE ÇA SUFFIT ! FAURE GNASSINGBE DEGAGE !
Cotonou, le 6 octobre
2017
Pour la Coordination de
la CPFG
Gilbert KOUESSI
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