Dans le cadre du règlement de la dette
intérieure par l’Etat béninois
(Le Ministre Romuald
Wadagni ouvertement en conflit avec ses collègues, la solidarité
gouvernementale en lambeaux, Patrice Talon défié)
A l’avènement du
pouvoir de la Rupture et du Nouveau départ, le règlement de la dette intérieure
vis-à-vis des opérateurs économiques, a focalisé toutes les attentes et les
attentions. Quelques semaines après le lancement de ce processus, par le biais
d’un emprunt obligataire obtenu par le Gouvernement, c’est la grande déception
des prestataires privés, partenaires de l’Etat, vu que des cadres ayant
travaillé pour le régime de la Continuité sont tapis dans les ministères,
empêchant en sourdine ces prestataires de se voir rembourser leurs dettes.
Romuald Wadagni |
« L’argent est le
nerf de la guerre », affirme-t-on souvent. Et, la guerre est déclarée
entre le Gouvernement et ses partenaires économiques locaux, dans le cas
particulier du règlement par l’Etat béninois des dettes qu’il a consenties,
sous le régime défunt, auprès des entreprises lui ayant vendu des prestations
de tous genres. En effet, un bon nombre de semaines après le lancement par
l’Etat du règlement de la dette intérieure, plusieurs ministères traînent les pieds,
empêchant de nombreuses sociétés privées d’encaisser leurs fonds, aux fins de faire
face aux dépenses d’investissement, à la dette salariale, aux besoins de
fonctionnement des sociétés concernées et, notamment, à leurs prêts bancaires
aux échéances depuis longtemps dépassées.
Ceux qui sont en cause ne
sont personne d’autre que des cadres du Ministère de l’Economie et des
finances. Mais, contrairement à ce que l’on peut imaginer, ceux-ci n’exercent pas
directement sous l’œil et les mains de Romuald Wadagni, titulaire du
portefeuille ministériel. En réalité, ils sont ses représentants dans les
autres ministères de la République, chargés qu’ils sont de veiller au bon grain,
quant à la gestion réglementaire des dépenses publiques, dans leur département
ministériel de travail : ce sont ceux qui opèrent au sein du Contrôle
financier de chaque ministère, appelés qu’ils sont les Délégués du contrôle
financier (Dcf). Dans le cas d’espèce, ils sont chargés de valider le paiement
par le Trésor public des prestations effectuées par les opérateurs économiques
ayant contracté avec le Ministère en question, lorsque le dossier demandé à cet
effet est en règle.
Là où le bât
blesse : dans plusieurs ministères, ils font preuve d’un zèle effarant,
délétère. Même lorsque les pièces du dossier à fournir sont complètement à jour
et que le prestataire n’attend que l’ ’’Ok’’ libérateur du Délégué du Contrôle
financier pour se rendre au Trésor afin d’achever le laborieux processus par le
retrait du chèque et par son monnayage en des liasses de billets craquants, ce
cadre se transforme, tout d’un coup, en Satan, en un véritable cauchemar pour
l’entrepreneur ayant sué sang et eau pour exécuter le bon de commande qui lui a
été délivré par le Ministère. Il se voit alors notifier d’apporter une
autorisation spéciale du Ministre de l’Economie et des finances, Romuald
Wadagni, avant que le fameux Dcf, devenu, tout d’un coup, plus important que
jamais, sur ses gros ergots, ne délivre le précieux quitus.
Conséquence, le
prestataire qui se savait arrivé au bout du tunnel, ayant fait foi aux
déclarations du Gouvernement du règlement débuté de la dette intérieure,
commence à se faire du souci : comment rembourser la banque où des prêts
ont été contractés ? Et que faire pour les dettes contractées lors de
l’opération de la prestation, celles-ci pour lesquelles il ne cesse de recevoir
appels, matin et soir ? Que dire à ces correspondants au bout du fil, pour
qui une énième promesse vient de tomber à l’eau ? De là, un autre ordre de
questions se précipitent dans l’esprit du malheureux : la dette intérieure
est-elle effectivement en train d’être payée, comme l’a stipulé le Gouvernement
de la Rupture ? Y aurait-il certains qui seraient en train d’être réglés
face à d’autres qui ne le seraient pas ? La stratégie de l’annonce
publique serait-elle un moyen de l’Exécutif pour camoufler le manque de
ressources pour s’acquitter de la dette intérieure ? Le Gouvernement
a-t-il donné des instructions secrètes et fermes à ces Dcf pour bloquer les
paiements, le temps que des ressources soient trouvées et affectées à ce
règlement de la dette intérieure ?
Une hargne à la chaîne
Ne sachant alors où
donner de la tête, le prestataire dont le parcours est devenu un vrai chemin de
croix commence d’abord à maudire le ministère pour lequel il a opéré ses
travaux. Quelle mouche a pu le piquer pour aller faire affaire avec cette
institution d’un Etat qui peine à reconnaître la dette du régime défunt ?
Et, de fil en aiguille, de renseignements en renseignements, il finit par
tomber sur le pot-au-rose : le Dcf qui fait obstacle à son paiement avait
été nommé par le régime Yayi et, sa métamorphose opportuniste aux couleurs de
la Rupture et du Nouveau départ a tôt fait de laisser échapper qu’il avait
ardemment travaillé avec l’ancien Ministre des Finances, Komi Koutché. Donc, au
dehors, il se vêtit du bleu de Patrice Talon, du jaune de Pascal Irénée Koupaki
ou, selon les circonstances, de l’orange d’Abdoulaye Bio Tchané. Mais, en
dedans, il maintient résolument le vert très cher aux Forces cauris pour un
Bénin émergent (Fcbe). Et, sa manière à lui de faire valoir sa couleur politique
intrinsèque, de faire payer à la Coalition de la Rupture d’avoir remporté la
présidentielle des 6 et 20 mars 2016 est de torpiller un dossier aussi sensible
que celui du paiement de la dette intérieure. Son but est de contribuer plus
que jamais à noircir l’image déjà problématique du Chef de l’Exécutif, en proie
à l’exercice du pouvoir. Il lui faut alimenter la chaîne du désenchantement.
C’est ainsi que les opérateurs économiques chez lesquels il entretient
l’amertume et la haine du pouvoir en place ne manquent pas de distiller les
mêmes sentiments dans leur entourage immédiat et lointain.
Une solidarité
gouvernementale en cause
Cette situation de la
dette intérieure en peine de paiement met Romuald Wadani en conflit avec un
ministre quelconque dont les prestataires ne sont pas réglés, puisque le Dcf ne
cesse de renvoyer ces malheureux à l’argentier pour la délivrance d’une
certaine autorisation de paiement, devant une situation où toutes les pièces du
dossier de remboursement sont au nombre. Par extension, c’est le Président de
la République, Patrice Guillaume Athanase Talon, qui voit son autorité foulée
aux pieds, rejetée, méprisée, traînée dans la boue, lui qui a fait du paiement
de la dette intérieure l’une des premières actions de son régime, allant même
jusqu’à contracter un emprunt obligataire pour en finir avec ce nœud gordien. Sa
personnalité de Chef de l’Etat se voit banaliser par rien moins que des
colibris tapis à des postes stratégiques de l’administration ministérielle. Il
suffirait qu’il se souvienne de la triste expérience vécue par l’un de ses
illustres prédécesseurs, le Général Mathieu Kérékou. Celui-ci, à son retour au
pouvoir, en avril 1996, avait été gentil avec les collaborateurs de Nicéphore
Soglo, laissant le choix à ceux qui le voulaient de rester travailler dans son
administration. Très tôt, ceux-ci n’ont pas tardé à le récompenser en monnaie
de singe en diffusant les dossiers les plus secrets de la République sur la
place publique, fragilisant ainsi sa gouvernance.
Le Président Talon devra
donc prendre ses responsabilités en remerciant urgemment tous les tenants du
régime fini, eux dont un bon nombre développent une grande capacité de
nuisance, sans en rien laisser paraître. En attendant ce nettoyage en
profondeur, le Chef de l’Etat devra se saisir de la question de l’apurement de
la dette intérieure pour en contrôler le niveau d’exécution avant que ses
ennemis ne causent plus de victimes, faisant de ce processus salvateur un vœu
pieu, une fausse promesse d’homme politique.
Marcel Kpogodo
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