Dans le cadre de la rentrée
scolaire 2016-2017
Mesure phare de la
première rentrée scolaire effectuée par le régime du Nouveau départ : les
élèves filles du second cycle des établissements publics du Bénin ne
bénéficient plus, dès la rentrée scolaire 2016-2017, de l’exonération des frais
de scolarité. L’une des informations fortes relevant de l’interview qu’a bien
voulu accorder à notre Rédaction, Lucien Kokou, Ministre des Enseignements
secondaire, technique et de la formation professionnelle. En outre seront mises
en œuvre plusieurs autres mesures de réorganisation par le Gouvernement du
secteur éducatif.
Lucien Kokou |
Le
Mutateur :
Bonjour à vous, M. Lucien Kokou. Vous êtes le Ministre des Enseignements
secondaire et technique, et de la formation professionnelle. Merci d’avoir
accepté de nous accorder cette interview, en cette veille de la rentrée
scolaire 2016-2017. Il nous semble qu’en dehors de la proclamation des vrais
résultats du Brevet d’études du premier cycle (Bepc), pour l’année scolaire
écoulée, vous ayez aussi à votre actif d’autres actes profondément réformateurs
de l’enseignement secondaire et technique au Bénin. Combien sont ces nouvelles
réformes et quelles sont-elles ?
Le
Ministre Lucien Kokou :
Merci, M. le Journaliste. En réalité, il n’est pas réellement question de
réformes, mais on est en train de repartir aux éléments basiques dans un
système éducatif. Pour dire vrai, l’approche que nous avons constatée, en
application, manque d’une véritable politique de manuels. Donc, il faut mener
une vraie politique de manuels, en suivant une procédure très simple que des
groupes ont déjà expérimentée, des groupes spécialisés, à l’Inspection
pédagogique. Je pense que nous sommes dans ce schéma-là.
Ensuite, il y a une
évaluation, en bonne et due forme, de l’Approche par compétences, au 1er
cycle du secondaire. Donc, de la 6ème en 3ème, nous avons
choisi 6 à 7 matières qui doivent nous permettre de la réussir. Et, à partir de
cette évaluation, nous allons trouver les éléments vraiment nécessaires pour
envisager des mesures correctives, celles-ci qui doivent se baser sur un
travail scientifique. Ces données pourront permettre d’opérer ces retouches que
tout le monde réclame. En Français, par exemple, tout le monde réclame le
retour à la dictée. Mais, la dictée seule ne suffit pas, aujourd’hui, pour
résoudre toute la problématique dans cette discipline ; il faut avoir une
base de données claires, ce qui aboutira à cet état des lieux et aidera à
trouver les mesures correctives nécessaires et utiles.
Il faut dire aussi que
la nomination des membres du corps administratif dans les écoles, les collèges
et les lycées s’est fondée, pour une fois, sur la liste d’aptitude ; donc,
cette année, nous avons vraiment tenu compte du grade qui fait, par exemple,
qu’un directeur ne soit pas moins élevé que son censeur. Donc, on est revenus à
ces éléments fondamentaux de la hiérarchie et des grades, notamment. C’est un
peu dans ce contexte que le thème de la Journée pédagogique, à l’enseignement
général, qui s’est tenue le 29 septembre dernier, est intitulé : « Le
respect de la hiérarchie dans l’enseignement secondaire général en République
du Bénin : état des lieux et perspectives ».
En dehors de cela, nous
avons aussi fermé quelques lycées techniques, 8 précisément et, la raison en
est que, qui dit lycée technique, dit un gros investissement. L’état des lieux
a montré qu’aucun des lycées concernés ne compte 100 apprenants. Or, cela fait
partie des normes qui existent ; il en est ainsi dans le but d’amoindrir
les coûts unitaires de formations. Certains de ces lycées créés depuis 3 ans,
comme celui de Tchaourou, n’ont pas atteint cet effectif. Il est à noter que,
si à l’ouverture d’un lycée technique, on n’atteint pas l’effectif de 100
apprenants, on considère que, soit les spécialités du lycée créé ne
correspondent pas à la demande des populations en matière de formations, soit
le lycée créé ne tient pas compte des potentialités économiques et sociales, ce
qui laisse croire que son importance n’est pas perçue par les populations pour
que celles-ci y envoient leurs enfants en formation. En dehors de Tchaourou qui
a un site avec des limites connues, tous les autres lycées ne disposaient pas
d’un site viabilisé, au moment de la prise de décision. Et, il faut ajouter
pour Tchaourou, par exemple, que pour la soixantaine des élèves, il faut
mobiliser des professeurs vacataires qui quittent Ina, à N’Dali, à près de 100
kilomètres, pour aller donner leurs cours, le proviseur en étant le seul agent,
en bonne et due forme. Donc, du point de vue viabilité, il y a problème. Du point
de vue même du bâtiment qui a été construit, on ne l’avait pas encore
réceptionné ; ayant été sur le site, j’ai constaté qu’il était déjà
croulant.
Il est vrai que les
lycées techniques et la formation professionnelle restent les domaines de prédilection
du Gouvernement, mais il faut rationnaliser un peu les choses, de manière que,
d’ici 2 ans, que l’Etat continue d’investir sur ces sites pour que les gens
reviennent dans ces lycées. En réalité, par le passé, on s’est contentés d’y
aller faire des cours théoriques.
A Dassa et à Savè, les
professeurs quittaient souvent Bohicon. Avec cette distance, un accident est
vite arrivé, quand on est sur la voie. Donc, il s’agit pour nous de protéger
les professeurs et de travailler à ce que les apprenants ne viennent plus
seulement prendre des cours théoriques. On s’est dit qu’il valait mieux arrêter
et les envoyer dans les lycées disposant de tout ce qu’il faut, en matière
d’équipements, afin qu’ils bénéficient d’une formation professionnelle et
technique, en bonne et due forme. En effet, pour les lycées techniques, il
s’agit d’améliorer l’employabilité des jeunes, ce qui fait que les cours
théoriques ne sont pas suffisants et qu’il faut aller à la pratique qui suppose
des équipements. Or, selon le point qu’on m’a fait, la dernière fois, le coût
brut d’un lycée est estimé à 1 milliard 200 millions de Francs Cfa, pour qu’il
soit immédiatement fonctionnel. L’Etat va engager des dépenses puisque nous
voulons former une masse critique d’ouvriers spécialisés, d’ingénieurs, ce qui
signifie qu’il faut prendre toutes les dispositions pour que nos apprenants, à
l’issue de leur formation, puissent être compétitifs sur le marché du travail.
Voilà les raisons qui fondent ces fermetures-là.
Un autre élément
d’innovation pour cette rentrée : les chefs d’établissement seront dotés
d’une lettre de mission, qui est déjà conçue ; on va leur dire ce qu’on
attend d’eux et, ils vont être présents dans des classes pour effectuer au
moins 6 heures de cours, parce que le directeur d’un collège ou le proviseur
d’un lycée est le premier responsable pédagogique. A ce titre, il faut qu’il
mette la main à la craie. Donc, les membres de l’administration auront des
classes ; cela aussi relève du fait qu’en tenant compte des grades, entre autres,
les meilleurs professeurs sont les directeurs, aujourd’hui. Donc, on ne va pas
perdre cette main-d’œuvre qualifiée-là.
En outre, pour
accompagner vraiment les préfets de Département, le Gouvernement a décidé que
les secteurs de la santé et de l’éducation soient présents directement avec ces
Préfets. Donc, il faut 12 Directeurs départementaux que j’ai pu nommer, à
l’issue du Conseil des Ministres du mercredi 28 septembre. Ceux-là aussi auront
un cahier de charges bien précis. Et, en ce qui concerne le secteur de
l’éducation, c’est le Conseil national de l’éducation qui va être installé qui
est habilité à recruter les Directeurs départementaux, à travers un appel à
candidatures et une étude de dossiers. Ainsi, ceux que j’ai nommés le sont de
manière vraiment transitoire, et tout est fin prêt pour installer le Conseil
national de l’éducation.
Aussi, cette année,
nous avons pu mobiliser, au niveau du Ministère des Finances, un genre d’avance
pour les subventions concernant l’exonération de la contribution scolaire des
filles du 1er cycle, parce qu’il n’y en a pas pour le 2nd
cycle ; aucun texte ne l’indique, jusque-là. Dès la rentrée, le Ministère
des Finances procèdera au paiement, sous forme d’avance, selon un certain
pourcentage du total à payer, en attendant le vote du budget. En effet, ce qui
faisait la difficulté, c’est que l’année scolaire est à cheval sur deux années
budgétaires, le vote du Budget général de l’Etat n’intervenant qu’en décembre,
alors qu’il faut toujours attendre avril ou mai pour mettre en exécution ce
budget. Donc, cette année, le Gouvernement a décidé d’anticiper en octroyant
une avance tout en ajustant, dès décembre, avec le nombre effectif des élèves filles
du 1er cycle, dans les établissements scolaires. Nous avons un progrès,
à ce niveau.
Par ailleurs, pour le
Budget 2017, on est en train de prévoir une petite enveloppe d’environ 150
millions pour les établissements privés, qui ont des filles aussi ! Ce
sont aussi des enfants béninois qui vont dans ces écoles qui réalisent de
bonnes performances. Grâce à ces écoles, le pourcentage de réussite s’améliore
un peu. Alors, il est question de justice, ce qui impose de commencer à faire
quelque chose, en attendant que le Conseil national de l’éducation puisse se
prononce sur le cadre d’aide qu’il faut apporter aux établissements privés. Un
effort financier est donc prévu pour soutenir les écoles privées. Pour que cet
objectif soit atteint, quelques critères sont déjà disponibles : par
exemple, au moins 50% de réussite au Bac, avec au moins 50 inscrits … Donc,
même si c’est 1 million qu’on donne à un établissement privé, c’est déjà
quelque chose pour que ces établissements aient de quoi mener des
investissements. Ce n’est qu’un début.
Au niveau des
enseignants, j’ai eu le départ massif à la retraite d’un contingent
d’enseignants bien formés : la dernière promotion de l’Ecole normale
supérieure, recrutée en 1986. Alors, urgemment, on doit recruter dans l’ordre
de 3000 enseignants ; le Ministère de la Fonction publique et le mien en sont
déjà dans la procédure. Aussi, quelques enseignants qui sont dans les bureaux
ont été déplacés vers les classes et, les Inspecteurs déployés dans les
Inspections pédagogiques départementales (Ipd) vont encadrer la vacation qui
reste une source de gaspillage de ressources ; imaginez-vous que, rien que
pour 2015, la vacation a coûté 16 milliards à l’Etat, pour quel résultat ?
Or, avec ce montant important, on aurait pu recruter des contractuels, au
moins ! Ce qui est gênant, c’est qu’on a effectué des contrôles, au moment
où j’exerçais comme Inspecteur, des contrôles ayant permis de détecter que des
gens trichaient, ne faisant pas le cours et émargeant, vu qu’ils étaient
directement payés par le Trésor public ; imaginez un professeur de sport
qui prend 5 classes en même temps, pendant 2 heures de temps, et qu’il émarge
dans 5 cahiers de textes. Cela fait 10 heures ! De ces anomalies, il y en
a plein sur le terrain. Il faut pouvoir encadrer la vacation, cette année, pour
que nos ressources qui deviennent de plus en plus rares, soient mieux gérées.
Nous avons aussi
réinstauré le livret scolaire qui va être informatisé bientôt ; un
logiciel nous permettra d’inscrire et d’identifier chaque apprenant qui aura un
identifiant unique, ce qui aidera à le suivre dès la 6ème. Pourquoi
nous devons faire ça ? Nous n’avons pas une politique d’orientation de nos
élèves. Alors, avec les dirigeants de l’Unesco, j’ai pu avoir un
entretien ; ils veulent utiliser leur pôle de Dakar pour former quelques
spécialistes en orientation. Si nous prenons en compte les élèves de 6ème,
cette année, c’est pour pouvoir les suivre dans les acquis de leurs
compétences, dans les différentes disciplines, de manière qu’à leur arrivée en
3ème, nous ayons des éléments d’appréciation pour mieux les
orienter, parce que nos enfants ont des atouts, des potentialités que nous
n’arrivons pas à vite découvrir pour mieux les orienter. Nous voulons renverser
une tendance, pour les 4 ou 5 ans qui viennent, celle de cet effectif élevé de
l’enseignement général ; nous voulons retourner cela à la formation
professionnelle et à l’enseignement technique. Cela veut dire que nous voulons
avoir des lycées techniques performants, avec des équipements modernes, pour
que nos élèves de la 3ème puissent être orientés dans ces filières,
pour devenir des ingénieurs de travaux, des ouvriers spécialisés dans les
domaines pointus de la technologie, de manière à ce que nous entrions dans
cette universalité de l’informatisation, notamment, et que nos apprenants aient
ces atouts pour se rendre utiles. Donc, pour l’orientation, nous allons envoyer
en formation quelques cadres dans le pôle de l’Unesco de Dakar et, il semble
qu’en 18 mois, cela peut se faire. Donc, ils vont revenir pour que nos
établissements commencent à orienter les apprenants.
Deuxièmement, nous
voulons donner un statut aux collèges. Un collège, c’est de la 6ème
en 3ème et, l’enseignement fondamental, suivant la Loi sur
l’orientation de 2003, c’est du Ci en 3ème, ce qui fait 10 ans. Il
faut alors donner un vrai statut aux collèges pour qu’on ait des lycées,
sachant qu’un lycée va de la seconde en terminale. Cette identification fait
partie du programme que nous devons exécuter ; nous voulons retourner à
ces normes-là, à ces règles basiques, pour que ce que nous avons comme collèges
où les effectifs sont écrasants, qu’on puisse les désengorger en créant des
collèges à part et des lycées à part. Le faire signifie que nous aurons des
lycées scientifiques où l’objectif est d’avoir un lycée scientifique par
Département, pour que des filières comme la série C, qui disparaissent, qu’on
puisse les réhabiliter. Dans ces lycées, il y aura des enseignants qualifiés en
Mathématiques, en Svt, en Spct, entre autres, des professeurs qualifiés pour
encadrer réellement les apprenants en sciences. On ne va plus disperser nos
énergies, avec, à tous les kilomètres, un collège qui dispose d’une seconde C
ou d’un terminale C, avec 10 élèves. Un kilomètre plus loin, on a un collège
qui a 8 élèves, pour la même série. Il faut regrouper ce genre d’apprenants
pour arriver à un effectif raisonnable, pour qu’on puisse envoyer des
professeurs de Mathématiques dans ces centres-là, pour donner cette formation à
nos apprenants. Donc, il y a quand même quelques efforts que nous devons faire.
Et, à l’endroit des
enseignants, du corps professoral, les Statuts particuliers vont être revus,
ceux-ci que le Gouvernement veut loger dans l’ensemble global de la revue de la
Loi 086, qui organise la Fonction publique ; il a fait cette option parce
qu’il veut mettre les corps à statuts particuliers dans un ensemble qui va être
voté par l’Assemblée nationale. Mais, en attendant, l’indice de 1,25 point est
reconnu et est donné aux enseignants, les reversés sont en train d’être
reclassés. Petit à petit, ces problèmes vont trouver solution. Progressivement,
nous allons essayer de retrouver la ligne d’un système éducatif, en bonne et
due forme. Voilà donc quelques grands chantiers qui sont ouverts, au niveau du
Ministère des Enseignements secondaire et technique, et de la formation
professionnelle, et que nous devons conduire.
M.
le Ministre, à travers votre intervention, faut-il comprendre que la gratuité
de la scolarité au niveau des filles du second cycle des établissements publics
ne sera pas effective pour cette nouvelle rentrée scolaire ?
En fait, nous, nous ne
parlons pas de gratuité, mais d’exonération des frais de scolarité au niveau
des jeunes filles. Pour le second cycle, si vous vous en souvenez, c’était une
annonce qui avait été lancée, à la veille de la compagne présidentielle. Donc,
le budget de l’année 2016 était déjà bouclé. Cela a pénalisé beaucoup
d’établissements qui ont cru en cette idée. Mais, quand nous avons fait le
point financier de cette mesure et que nous l’avons envoyé au Ministère des
Finances, tout le temps, on nous a rétorqués qu’aucun texte ne soutenait la
chose. Donc, je dis à tous les directeurs des Ceg (Collège d’enseignement
général, Ndlr) que le second cycle n’a pas été pris en compte, pour 2016, et
que cela ne le sera pas aussi pour 2017, parce que les textes que nous avons
aujourd’hui parlent de la 6ème en 3ème ; c’était un
thème de campagne, que les gens ont utilisé, aucun texte ne supportait la
chose. Nous, nous ne pouvons pas nous engager là-dessus.
Vous
avez aussi pris un Arrêté concernant les heures de vacation vers les collèges
privés, effectuées par les membres du corps administratif des établissements
publics …
Tout directeur, s’il
doit travailler, c’est chez lui, c’est dans son établissement qu’il prend des
heures ; la lettre de mission le spécifie clairement. Il n’est pas
question qu’il aille faire de la vacation ailleurs, parce que nous voulons des
directeurs présents. Dites-vous qu’il y a une erreur que nous commettons dans
le pays : le directeur d’un collège est le premier responsable pédagogique,
comme je l’ai dit tantôt, et il a l’obligation de suivre tout ce qui se passe
dans toutes les disciplines, au sein du collège. Je suppose qu’il enseigne
l’Anglais ; cela ne l’empêche pas d’aller suivre un cours de
Mathématiques. Pour cela, il se fait accompagner de l’Animateur d’établissement
(Ae), dans cette matière. Quand il va dans la salle de classe, c’est la
démarche méthodologique qu’il regarde, mais les notions académiques, l’Ae est
là pour lui dire ce qui se passe. Donc, nos directeurs doivent avoir ce
réflexe-là ; étant les premiers inspecteurs, cela leur permet de suivre
tout de près, c’est de cette façon qu’ils n’auront plus le temps d’aller
ailleurs. Les directeurs doivent utiliser le clair de leur temps à être
présents dans leur établissement, à être à l’écoute de tous les acteurs, de
manière à ce qu’ils prennent en mains cet établissement et, que, du point de
vue de la discipline, de la sécurité, de toute la responsabilité leur
incombant, ils puissent jouer leur rôle.
Par ailleurs, il y a
quelque chose que je ne devrais pas oublier : dans nos établissements
scolaires, la Note de service en est déjà prise, les apprenants auront deux
heures hebdomadaires d’activités culturelles et sportives ; les clubs de
théâtre, d’arts plastiques, les sports individuels comme collectifs, notamment,
tout cela sera exploité, pour deux heures obligatoires par semaine, pour que
l’école vive, pour qu’elle mette en exergue les potentialités de nos enfants,
parce que la manière dont nous travaillons, de 7 heures à 19 heures où l’école
tourne en dispensant que des cours théoriques, ce n’est pas une bonne chose, il
fait aérer cela par d’autres activités ludiques qui permettent à ces apprenants
de développer d’autres compétences. N’oubliez pas que cette portion d’âge, qui est
celle de nos apprenants, c’est l’étape où l’enfant doit mettre en place les
fondamentaux pour pouvoir aller à l’âge adulte ; si vous voulez avoir un
compétiteur ou un sportif de haut niveau, c’est à cette tranche d’âge-là qu’on
doit pouvoir le préparer. Donc, nous instaurons les activités culturelles et
sportives, dès cette rentrée 2016-2017, et puis, nos apprenants ne comprennent
rien de notre culture ; nos danses, cela ne leur dit rien. Donc, il faut
remettre en place cette culture-là, pour que l’école forme nos enfants dans
toutes les dimensions de la vie. En liaison avec les directeurs
d’établissement, chaque Direction départementale va définir le jour adéquat
pour tenir ce type d’activités.
Parlant
des revendications des enseignants, sommes-nous certains que nous aurons,
d’abord, une rentrée effective, ce 3 octobre et, ensuite, une année scolaire
apaisée où les cours puissent se dérouler de manière stable ?
Je suis aussi
enseignant, je connais mon problème, je ne suis que le porte-parole des enseignants
auprès de l’autorité, pour dire que nous n’avons aucun intérêt, enseignants et
autorités, à ce que les cours ne démarrent pas, parce que les derniers
résultats ont montré quand même que nous sommes tous responsables de ce qui est
arrivé à nos élèves. Pour tout dire, les élèves qui ont passé le Bepc en
2015-2016 étaient au Ci en 2006. Donc, vous voyez ce que cela veut dire. Or, la
période 2006-2016, c’est celle la plus tumultueuse que notre système éducatif
ait connue ; il y a eu trop de mouvements, les programmes n’étaient pas
exécutés à une proportion élevée et les apprenants passaient en classe
supérieure. Donc, ce cumul de contre-performances, cela a fait un
manque-à-gagner, du point de vue de l’apprenant, vu que concernant les
compétences, les acquis ont été floués et, c’est en classe d’examen qu’on veut
tout remettre en place.
Donc, nous n’avons pas
intérêt à ce que l’année ne soit pas apaisée. Tout compte fait, le Gouvernement
a déjà donné le top, à travers la rencontre de négociations avec les Centrales
et les Confédérations ; nous leur avons expliqué toutes les mesures prises
pour une bonne rentrée. Maintenant, il ne suffit pas de faire une bonne
rentrée, il faut l’entretenir. Donc, nous sommes dans un dialogue permanent et,
moi, au niveau de mon secteur, il faut être à l’écoute des enseignants, il faut
dialoguer avec eux, il faut être proactif dans les actions à mener envers les
enseignants, pour qu’on ne soit pas surpris par une crise de longue durée,
comme ce qu’on a connu jusque-là. Tout compte fait, le Gouvernement est
disponible et, nous avons un Gouvernement très très à l’écoute des travailleurs
et, je pense quand même que les problèmes sont nombreux, dans notre secteur, et
il faut avoir une programmation, en bonne et due forme, et régler les problèmes
de façon cohérente, avec suite. Par exemple, nous avons beaucoup de dettes
envers les écoles normales supérieures ; il faut pouvoir les rembourser
pour que les textes soient appliqués. J’entends les enseignants qui réclament
déjà qu’on les mette en formation. Les mettre en formation dans quelle
école ? Si les écoles normales n’entrent pas dans leurs fonds, elles ne
pourront pas payer les encadreurs. Il y a que le système lui-même est à
reformer ; il y a de grandes réformes que le Conseil national de
l’éducation mettra en place, dans quelques mois, pour que les problèmes
récurrents puissent trouver des solutions, à court, moyen et long terme. Comme
vous l’imaginez, aucun système éducatif ne peut être performant dans un climat
non apaisé. Donc, il faut dialoguer, il faut être avec les partenaires sociaux,
il faut être à l’écoute : voilà mon cheval de bataille, ma ligne de
conduite.
Originellement,
vous êtes Professeur de Mathématiques, vous êtes Inspecteur de l’Enseignement
secondaire. Selon vous, quels sont les 7 principes cardinaux que vous
conseillez aux apprenants pour qu’ils réussissent leur année scolaire qui
commence ?
D’abord, il y a un
principe qui ne dépend pas des élèves ; il faut pouvoir mettre à leur
disposition des enseignants, c’est la première chose. Ensuite, tout élève qui
commence une année scolaire a, pour objectif, la réussite. Alors, pour réussir,
il faut des conditions. Très tôt, il faut se dire que, pour réussir, il faut
des sacrifices ; qui dit sacrifices, dit se passer de certaines choses,
par exemple, être toujours avec les portables, les écouteurs dans les oreilles,
avec de la musique, du bruit, tout cela, non ! Il faut se passer de cela.
Comme troisième chose,
il faut se dire qu’après le sacrifice, ça réussit toujours et, on réussit quand
on s’organise bien. Donc, il faut s’organiser. Dans cette organisation, il faut
pouvoir avoir le temps pour soi, le temps pour les études et, si on doit se
faire encadrer, suivre bien ce que l’encadrement donne. C’est pour dire que le
temps pour soi est important ; le travail individuel, je veux dire. Quel
que soit ce que le maître fait avec vous, si vous ne le reprenez pas, si vous
ne consacrez pas un temps pour vous-même, pour vous concentrer, ça ne marche
pas. Quatrièmement, il faut être discipliné ; rien ne se fait dans
l’indiscipline. Il faut être obéissant, discipliné parce que plus on est
obéissant, plus on réussit ; cela n’a l’air de rien, mais c’est cela.
Cinquième chose :
le respect du temps qu’on se donne. Cela veut dire que lorsque vous élaborez un
chronogramme, vous devez pouvoir le respecter. Donc, s’il est l’heure des
études, je m’y consacre. Si c’est l’heure de regarder la télévision, je le
fais, sans oublier que je ne permettrai cela que les samedis soirs ; en
semaine, un élève ne doit pas regarder la télévision.
Concernant la sixième
chose, il s’agit de se surveiller, dans l’alimentation, dans le fait de se
protéger, de dormir sous moustiquaire imprégnée ; ce sont de petites
choses pour que l’élève soit présent aux cours, de corps et d’esprit. Donc, il
faut se préserver et, ce faisant, l’alimentation est suivie par les parents.
Mais, je sais qu’il y a des élèves qui sont en même temps parents aujourd’hui,
qui n’ont personne ; c’est dur, mais je pense que la solidarité qui nous a
toujours caractérisés au Bénin, fait qu’on peut toujours avoir le clin d’un
oncle, d’une tante, de quelqu’un, … C’est difficile, mais je dis encore qu’il
faut être respectueux de tout ce qu’on prend comme chronogramme chez soi.
Le dernier conseil concerne
étudier au jour le jour, parce que les explications fraîches que les apprenants
reçoivent dans une matière, il y a une fuite d’informations, quand on les
reprend pas tout de suite, ce qui amène à avoir une connaissance biaisée, si on
met du temps avant de reprendre ses cours. Donc, étudier au jour le jour , en
suivant le chronogramme qu’on s’est donné, être présent en classe, suivre le
professeur, se dire : « Si je ne comprends pas quelque chose, ce
n’est pas encore la fin du monde, le professeur est là pour m’aider, je lui
pose mes questions et je fais mes exercices, je cherche, je ne me précipite pas
pour aller voir un corrigé quelque part, je cherche … ». Quand on cherche,
c’est toujours bon. Même si l’on ne trouve pas ; quand l’apprenant rencontre
son professeur ou son maître d’étude, le fait d’avoir cherché, cela met en
place des éléments qui vont être très utiles pour vite comprendre l’explication
qui sera donnée. Autrement dit, quand on ne cherche pas, on ne s’en sort pas.
Il faut toujours chercher ; c’est pourquoi, nous, dans notre démarche de
travail individuel, il revient à l’élève de faire un effort sur soi, de creuser
et de voir, dans son tréfonds, ce qu’il peut proposer comme solution au
problème qui se pose, avant que l’enseignant ne dise qu’il y a telle correction
à faire, telles indications à donner pour le guider, afin qu’il arrive au
résultat. Donc, je pense que le travail individuel est important ; il faut
travailler au jour le jour, faire des recherches sur les exercices et, avant le
jour de l’examen, on est prêt, parce que quand on travaille au jour le jour, on
fait des révisions partielles chaque fois et, à la veille de l’examen, on est
prêt.
Un
appel aux parents d’élèves, M. le Ministre ?
Les parents d’élèves
doivent suivre les enfants. Aujourd’hui, dans les grandes villes, ce qui se
passe, c’est que nous allons au travail, nous déposons les enfants à l’école,
nous revenons le soir, et avant qu’on ne le fasse, ils sont déjà au lit. Il
revient à chaque parent de toujours feuilleter le cahier des apprenants, des
enfants, chaque soir, quand ils rentrent, pour voir, au moins, ce qu’ils ont
fait, dans la journée. Et, là, on s’assure au moins de ce que l’enfant a vraiment été à l’école et, que, si, entre
temps, on constate des choses, qu’on se rapproche de l’administration de
l’établissement, très tôt, pour corriger les anomalies ; ce contact entre
l’administration et les parents est très utile pour nous permettre à nous,
parents, d’avoir des informations sur nos enfants et de les corriger, petit à
petit, à la maison, de manière que les bonnes dispositions s’installent, au
niveau de ces apprenants-là. Qu’ils veillent sur leur nourriture, et qu’ils se
sacrifient toujours pour donner l’essentiel à ces enfants, parce qu’ils n’ont
pas demandé à naître. Donc, on doit les aider, on doit les accompagner ;
je pense que c’est le rôle de tout parent : savoir que son enfant est allé
à l’école, remarquer ce qu’il a fait dans la journée, évaluer cela avec lui,
chaque fois et, le weekend, faire un bon bilan de la semaine, avec lui. Le
faire aura permis de jouer notre rôle de parents.
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