Conférence-débat au Centre culturel français de Cotonou
Tierno Monémembo explique les contours des prix littéraires français
Tierno Monémembo, écrivain guinéen, a été le lauréat 2008 du Renaudot l’un des prix littéraires français les plus en vue. Invité par l’Ambassade de France dans le cadre d’une série de manifestations en prélude au cinquantenaire de l'accession au Bénin à la souveraineté internationale, il a animé, le 03 juin dernier, au Centre culturel français (Ccf) de Cotonou, une conférence-débat axé sur des prix littéraires français.
Qu’est-ce un prix littéraire français ? Quels en sont les contours et les retombées pour le lauréat? Voilà des exemples de questions auxquelles l’orateur du jour a donné des réponses, par le biais de la conférence-débat qu'il a tenue le 03 juin dernier. Celle-ci avait pour thème : « Les prix littéraires français et la promotion de la littérature francophone ». Il a rappelé que le Goncourt et le Renaudot sont les récompenses majeures de la littérature française. Chacun de ces prix est décerné au mois d’octobre et couronne un auteur ayant dernièrement publié un livre. Pour arriver à cette étape ultime, un jury d’écrivains, dix pour le cas du Goncourt, par exemple, est désigné pour opérer son choix après une présélection, et une sélection parmi les ouvrages récemment publiés. Mais, il a tenu à faire remarquer que la récompense que reçoit l’écrivain, lauréat d’un de ces Prix, est de l’ordre du symbolique. Les retombées pour l’auteur relève surtout du grand retentissement médiatique que suscitent chaque année le Goncourt et le Renaudot. Cela assure donc une forte publicité à l’écrivain et augmente considérablement la vente de son livre. L'orateur a, par conséquent, mis en exergue son exemple à travers son roman, « Le roi du Kahel », qui lui a valu le Renaudot 2008. Il dira qu’il en était à sa dixième tentative et que ce fut la bonne. "J’étais à Cuba, quand on m’annonça l’heureuse nouvelle. Le Renaudot me donne juste le droit d’être inviter à partager un repas avec le jury qui m’a choisi et rien de plus", explique-t-il, à ce propos.
Les échanges avec le public
Les débats avec l’auditoire ont tourné notamment autour de la littérature africaine, du lien entre la démocratie et la culture, et de l’objet de son roman « Le roi du Kahel ». Il a ainsi profondément regretté l’inexistence d’un prix littéraire africain. Un tel vide ne saurait subsister encore longtemps et il a fait part de son vœu de concrétiser une telle chose. Un prix de ce genre ne saurait exister sans la création de maisons d’éditions dignes du nom, de librairies et de bibliothèques. Sur ce point, il a rappelé la création de « Présence Africaine » dans les années 1950, qui a publié des auteurs emblématiques africains. Mais, ce qui a gargarisé son évolution, c’est qu’elle n’a pas su s’adapter et prendre l’envergure de la mission qui lui était d’emblée assignée. Pour lui, le contexte politique est déterminant pour l’éclosion d’une culture. Le cas de la Guinée, son pays d’origine, en est un exemple digne du nom, la dictature de Sékou Touré l'ayant contraint à l’exil, de même que d’autres écrivains guinéens. Et, il était même interdit d’écrire durant cette période. Mais, le positif dans ce sombre tableau est le réveil des sociétés civiles africaines. Et, celle de son pays est au cœur des changements politiques qui s’y observent actuellement. Cela permettra l’éclosion de plusieurs talents culturels. Quant au roman « Le roi du Kahel », il présente, sous forme d’une fiction, la vie d’Olivier San Derval. Celui-ci, issu de la bourgeoisie lyonnaise du 18ème siècle, découvre les aventures des explorateurs coloniaux en Afrique. De ses lectures naît ses fantasmes pour la région guinéenne du Fouta Djallon dont il voulait devenir le roi. Abandonnant tout, il mettra pied dans cette contrée et réussira à se faire adopter par son peuple peuhl. Il deviendra en outre l’enfant adoptif du souverain qui lui accordera des terres pour le royaume sur lequel il voulait régner. Ces terres avaient une étendue de vingt six (26) km.
Bernado Houenoussi
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