2ème Sommet international des décideurs
Une réflexion sur les bases d’une économie culturelle au Bénin
Les 28 et 29 mai derniers, au Novel Orisha de Cotonou, le Ministère de la Culture du Bénin et le Club Dauphine Afrique ont réuni les acteurs de la culture béninoise et divers partenaires publics et privés. L’objectif était, de concert avec les pays membres de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa) invités dans ce cadre, de réfléchir sur l’industrie culturelle qui est encore à un état embryonnaire dans notre pays.
« De la structuration de l’économie de la culture au Bénin », tel était le thème de cette rencontre de deux jours. Celle-ci a été ponctuée par deux communications dont l’une a été animée par Toussaint Tiendrebeogo, Ministre de culture du Burkina-Faso. Sa communication était axée autour du thème de la stratégie de développement économique par la culture, selon une approche sous-régionale. Sa présentation était en prélude aux ateliers qui ont réuni les ministres de la culture de la sous région. Ceux-ci ont débattu, notamment, des innovations financières, et de la gestion des risques liés au financement de la culture, en mettant en exergue le cas du Bénin. Ce Sommet auquel ont participé des artistes, des hommes de théâtre et d’autres figures de la culture béninoise, a également connu la présence de certains ministres du gouvernement béninois. Le ministre de la culture, Ganiou Soglo, a notamment rappelé que les cinquante ans d’indépendance n’ont pas permis à l’industrie culturelle de sortir de l’ornière. Il a fait également remarqué que l’Etat était le principal acteur de la culture au Bénin. Selon lui, il faut s’inspirer de l’exemple du Brésil dont les télénovélas inondent nos écrans, tout cela n’ayant été rendu possible que par une politique de défiscalisation. Son homologue, Kogui N’Douro, Ministre d’Etat chargé de la Défense, qui représentait le Chef de l’Etat, a appuyé ses propos en rappelant, en substance, les efforts du pouvoir actuel, notamment par le milliard culturel. Deux priorités majeures découlent à son avis de cette rencontre : d’une part, une approche sous-régionale et, d’autre part, une valorisation de nos patrimoines.
Le Club Dauphine Afrique
Né en juin 2009 à Paris, il regroupe des anciens étudiants africains diplômés de l’université Paris Dauphine. Le but poursuivi est d’exploiter les compétences de chaque membre, quel que soit son domaine d’activités ou son pays d’origine. Ce sommet qu’il organise cette année, en partenariat avec le Bénin, s’inscrit dans la dynamique du précédent qui a été organisé en novembre 2009 au Burkina-Faso. Le thème de première rencontre était “L’Afrique, ses matières premières et son système éducatif universitaire, facteurs stratégiques de sortie de crise ? “
Michel Pinheiro, un des participants, donne son avis sur cette rencontre
« Je pense que c’est une très bonne chose, que le ministère de la culture du Bénin ait pensé à organiser un sommet pour traiter du financement de la culture et voir comment structurer le réseau pour pouvoir faire profiter de l’économie culturelle à nos pays. J’espère que ce n’est pas encore un sommet de plus parce qu’on a l’habitude de voir des sommets qui ne donnent aucun résultat sur le terrain. J’ai été vraiment marqué par la communication présentée par le ministre burkinabé de la culture, un homme averti en la chose et qui a apporté des approches de solutions. Et, comme on le dit, une hirondelle ne fait pas le printemps. Je suis heureux qu’on ait parlé dans le projet de la lutte contre la piraterie qui est une gangrène de la culture en général dans la sous région, et pas qu’au Bénin. Mais, nous avons cette particularité au Bénin de faire preuve d’un certain laisser-aller. En Côte d’ivoire, il y a eu une lutte qui a été freinée à cause de la crise politique.
Mais, puisque la situation est relativement calme maintenant, cette lutte a repris et des pirates sont de nouveau en prison. Aujourd’hui, nos Etats doivent légiférer et condamner la piraterie, car c’est du vol. Si on peut mettre un voleur de poulet en prison, on doit pouvoir en faire autant pour un pirate. Celui-ci vient et achète un Cd, le duplique à des milliers d’exemplaires qu’il vend à moindre coût. L’artiste ne vend plus parce qu’on n’a pas les mêmes investissements. Il faut aussi punir ceux qui achètent des œuvres piratées ; parce qu’on punit le receleur, il faut sanctionner ceux qui achètent les œuvres piratées.
Quand vous aimez un artiste, vous allez acheter légalement son œuvre au lieu de le faire chez un pirate parce que c’est moins cher
L’œuvre de l’esprit n’a pas de prix parce que la thérapie que cela vous apporte est inestimable. J’espère que les travaux des ateliers et les contributions des autres pays en matière d’expériences seront pris en compte. Le Burkina-Faso est un pays qui connaît la valeur de la culture. C’est pour cela que le Festival panafricain de cinéma de Ouagadougou (Fespaco) a fêté ses quarante ans d’existence en 2009. Au Bénin, il n’y a pas encore une telle prise de conscience. Quand on commence quelque chose, on ne va pas jusqu’au bout : le Festival international de théâtre du Bénin (Fitheb) a failli ne pas avoir lieu cette année. Franchement, je pense que c’est des trucs qu’on ne doit plus avoir, si on connaît la valeur réelle de la culture et son impact sur la société. »
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