Une piètre inspiration politique
L’actualité de la semaine dernière a été, entre autres, ponctuée par la mobilisation d’un nombre assez conséquent de conducteurs de taxi-moto, communément appelés « zémidjan ». A travers celle-ci, ils entendaient renouveler leur soutien au Chef de l’Etat actuel. Le Ministre de l’Intérieur les a reçus à cette occasion, et a promis de transmettre leur motion de soutien à qui de droit. Remarquons que ces zémidjans ont dû se lever d’un très bon pied ce jour-là, car les marches d’autres catégories socioprofessionnelles ne bénéficient pas d’un tel traitement et, ce, malgré la pertinence des revendications qui y sont formulées. Si ces conducteurs de taxi-moto se sont réunis, c’est surtout parce qu’ils ont su être motivés en conséquence. Si ce n’était pas le cas, on compterait le nombre d’entre eux qui seraient prêts à laisser leur travail pour quelques heures et, ce, juste pour aller manifester leur soutien à un homme politique. Les mœurs politiques au Bénin sont ainsi. Une pratique bien huilée qui se décline en terme de marche d’appui contre une rémunération de quelques centaines ou milliers de nos francs. Chaque partie s’en tire à bon compte. L’homme politique se gargarise d’une certaine adhésion populaire, et les marcheurs disent avoir reçu de l’argent sans grand effort. A quelle logique peut répondre de tels faits qui sont aux antipodes des réponses que doivent apporter nos hommes politiques aux citoyens dont ils sont les représentants à divers niveaux ? Et le citoyen, a t-il conscience du tort qu’il se fait à lui-même ? Aujourd’hui, après vingt ans de démocratie, notre pays doit franchir des caps sur plusieurs points. Avec cette crise économique qui durcit davantage la vie au quotidien pour une grande partie de la population, il est bien difficile pour un citoyen lambda de ne pas céder à une telle proposition. Le ventre affamé n’ayant pas d’oreilles et cette somme d'argent, aussi menue qu’elle soit, permettant de s’assurer le repas d’un jour. Toujours est-il que pour les prochaines échéances électorales, les réponses de nos hommes politiques doivent être autres. Que ce soit la mouvance actuelle ou ceux qui s’opposent à elle, ils doivent apporter des solutions concrètes aux problèmes sociaux qui accablent la grande masse. En terme de santé, d’éducation, de transport, et j’en passe, des approches de solutions sont nécessaires. Comment chaque camp pense garantir à chaque citoyen un accès aux soins de santé ? Quel avenir pour chaque composante de l’enseignement public ? Par quel moyen il convient d’éveiller la conscience citoyenne de tout un chacun afin qu’il sache que de ses droits découlent également des devoirs ? Voici une liste non exhaustive de questions autour desquelles il faut réfléchir. "Tout ce qui n’avance pas recule", dit-on. Si, après vingt ans de renouveau démocratique, nous en sommes toujours aux mêmes pratiques politiques, les élections ne pourront plus constituer le seul baromètre de notre vie démocratique. Et, tel que les choses se présentent depuis que la campagne précoce pour 2011 a commencé, c’est un film identique aux précédentes élections que nous suivrons. Et, nos hommes politiques montrent qu’ils sont mal inspirés et presque déconnectés des réalités de ceux qui triment chaque jour pour avoir une vie décente.
Bernado Houenoussi
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