Selon une analyse de Victor Nongni, un expert averti
Partout au monde, le football est un facteur de développement des nations, en général, et d'épanouissement pour la jeunesse, en particulier. Mais, au Bénin, c'est plutôt une source de malentendus, de crises, ce qui constitue une énigme à mille inconnues. Toutefois, cette discipline sportive, qui étale régulièrement ses plaies, au grand jour, a des atouts qui laissent entrevoir une lueur d'espoir, ce que nous livre Victor Nongni, Journaliste sportif et bon connaisseur de la question du football béninois.
Oswald Homéky, Ministre béninois des Sports |
Les 9 plaies du football béninois
1- L'Etat central
Nous désignons par État central, les différents régimes, leur chef et leurs
gouvernements, qui se sont succédé, depuis l'avènement du Renouveau
démocratique, au Bénin, en 1990. En réalité, pendant la Révolution marxiste-léniniste,
une orientation claire avait été donnée au sport-roi par le régime en place. Et,
c'est exactement ce qui fait défaut, depuis 1990. L'option de l'économie de
marché à plusieurs variantes, à la Conférence nationale des forces vives de la
nation, en février 1990, a fait que les principaux acteurs ont oublié le sport,
en général, et le football, en particulier. Et, puisque la nature a horreur du
vide, les désœuvrés, avides du gain facile se sont accaparés cette filière. Le
résultat, on le connaît. En somme, aucun régime, depuis 1990, n'a pu et n’a su
donner une orientation au sport et au sport-roi. Il manque ce qu'on appelle
ailleurs la ’’Politique du sport au Bénin’’. Par conséquent, le Président de la
Fébéfoot n'a d'obligation envers personne, puisqu'il n'est lié par aucune
contrainte de résultat et de gestion, issue de l'orientation du sport ou de la
politique sportive de la nation.
2-Les acteurs
2-Les acteurs
Dans aucun secteur d'activité, au Bénin, il n'y a de graves problèmes qu'en
sport. C'est tout un véritable panier à crabes de divers acabits. Et, dire
qu'il y a aussi des journalistes dans ce groupe, est hallucinant.
3-Les infrastructures
Le Bénin fait partie des pays au monde n'ayant aucune infrastructure propice à
la pratique et au développement du football. Même le Stade de l'Amitié Mathieu
Kérékou, si scintillant, est un piège à hommes, non réglementaire et sans
normes internationales. Pis, le Stade Charles de Gaulle de Porto Novo, un
véritable champ de patates. Le reste, un «désert» : pas de centres de
formation des jeunes ni des formateurs. En somme, un véritable «désert de
compétences».
4-Les joueurs/les pratiquants
Aussi paradoxal que cela puisse paraître, bien que le Bénin soit situé à côté
du Nigeria, du Togo et, surtout, du Ghana, le footballeur béninois n'est pas
talentueux. En outre, l'indiscipline congénitale, qui s'observe dans le
quotidien des Béninois, transparaît dans son jeu. Le football est un jeu
collectif, très tactique, réservé aux peuples disciplinés. L'Allemagne gagne
souvent la Coupe du monde parce que les Allemands sont disciplinés, au
quotidien et, du coup, dans leur jeu. Les Brésiliens, disciplinés et
techniques, les Allemands, disciplinés et tactiques et, les Italiens,
tactiques, disciplinés et rigoureux. Voilà pourquoi, c'est toujours eux qui
gagnent. Et, puisque, nous autres, Béninois, ne sommes pas tactiques ni
disciplinés ni rigoureux, il faut aller l'apprendre chez les autres, avec une
mentalité de gagner.
5-La mentalité
Le football est un jeu collectif, comme mentionné précédemment, où le joueur fait
rigoureusement son travail et aide surtout les autres à assumer leurs
responsabilités. Or, de nature, le Béninois n'a aucune notion de groupe. Sa
mentalité est trop tournée vers l'individualisme. Voilà pourquoi, on ne va pas
loin dans les grandes compétitions.
6-Le Ministère des Sports
Cette entité gouvernementale, au lieu d'être le chantre du développement de la
chose sportive, est transformée en un couvent de fonctionnaires affamés,
toujours aux aguets pour saisir les meilleures occasions de surfacturation et d’autres
délits du genre. Après un match des Écureuils, à domicile, tous les employés du
Ministère des Sports se partagent de l'argent, ce qu’on appelle appelé ’’Prime
spéciale’’, étalée jusqu'au gardien et au concierge. Tout cela, puisé dans la
caisse de l'Etat. Et, pour les matches à l'extérieur, ce sont des copines que
les cadres de ce Ministère font voyager. Il n'est pas rare d'avoir, dans la
délégation, plus d’accompagnateurs que de joueurs. Dans une délégation
béninoise de 40 personnes, on a souvent 16 joueurs pour 24 autres membres
inutiles. Voilà pourquoi les Écureuils constituent une priorité pour tous les
acteurs, car c'est une foire de circulation de l'argent liquide.
7- Anjorin Moucharafou
Il pense toujours que sans lui le football n'existerait pas au Bénin. Autant il
est vrai que c'est avec lui que le Bénin a connu sa première Coupe d’Afrique
des nations (Can), autant il est vrai qu’il faudrait que cette personnalité
retrouve de quelle manière il pourrait contribuer efficacement à la renaissance
du football béninois, surtout qu’il est en bonne intelligence avec la
Confédération africaine de football (Caf) et la Fédération internationale de
football association (Fifa). S’il se montre réellement incapable de conduire le
Bénin à cette renaissance, il faudrait lui interdire toute activité sportive au
Bénin.
8- Félix Sohoundé Pépéripé et l’Ortb
Journaliste sportif avéré et confirmé, connu à partir de ’’Radio Tokpa’’, il a
aussi une grande partition à jouer pour le décollage du sport-roi au
Bénin ; il en est de même pour l’Office de radiodiffusion et de télévision
du Bénin (Ortb)
9- Les investissements
C'est extraordinaire que ce qui est un atout sous d'autres cieux est, ici, au
Bénin, un handicap pour le football. L'argent. L'investissement de la Fifa, et
de l'Etat béninois.
En dix ans, sous Boni Yayi, l'Etat a investi plus de 10 milliards de francs, soit un milliard chaque année pour la saison sportive des Écureuils. Pour quels résultats? Du côté de la Fifa, ce sont des dizaines de millions qui sont envoyés à chaque Fédération pour les championnats hommes et dames. La suite, on la connaît. Bagarres, à ne point en finir …
En dix ans, sous Boni Yayi, l'Etat a investi plus de 10 milliards de francs, soit un milliard chaque année pour la saison sportive des Écureuils. Pour quels résultats? Du côté de la Fifa, ce sont des dizaines de millions qui sont envoyés à chaque Fédération pour les championnats hommes et dames. La suite, on la connaît. Bagarres, à ne point en finir …
Les 9 atouts pouvant contribuer à sauver le football béninois
1-L'Injeps
C'est difficilement compréhensible que le Bénin puisse posséder une unité de
production et de fabrication de formateurs sportifs sans jamais les utiliser. Qu’on
ne nous dise pas que l'Institut de la jeunesse et de l’éducation physique et
sportive (Injeps) ne donne que des professeurs de sport. Faux. Il forme des
sportifs qui ont la science du sport. De là sortent des docteurs en sport qu'on
ne veut pas utiliser sur le terrain, mais, plutôt, dans les bureaux.
D'ailleurs, la plupart des entraîneurs de football, au Bénin, sont sortis de
l'Injeps, comme professeurs ou maîtres de sport, avant de faire une formation
continue. Il faut réorienter la formation de l'Injeps et, le tour est joué.
2-Les hommes
Il n'y a de richesse que d'hommes. 10 millions d'âmes. Dieu n'est pas injuste
pour concentrer autant d'individus sur un si restreint espace de 112.600 km2,
sans y mettre des valeurs de réussite en sport. Non. Ce n'est pas possible. Les
vrais Béninois en mesure d'impulser un dynamisme au football sont là. Il faut
les trouver. Les vrais footballeurs béninois sont dans les bureaux et dans les ateliers.
Découragés par la gestion faite de ce sport tant aimé par les Béninois, il faut
aller les chercher.
3- La passion
Rien de grand ne se fait sans passion. La passion pour le football, les Béninois
l'ont. Combien de fan-clubs des équipes étrangères n'a-t-on pas au Bénin? En
effet, déçus par la gestion faite de la chose ici, ils se rabattent sur ce que
les autres font et qui est largement mieux. Il faut recréer la confiance.
4- Les moyens
Si l'Etat investit un milliard chaque année dans les Écureuils, on peut
affirmer que les moyens existent. Mieux, on peut aller les chercher. Sébastien
Ajavon en a déjà donné l'exemple avec le championnat professionnel.
5- La politique
Contrairement à ce que l'on pense, la politique, à mon avis, n'est pas une plaie
pour le sport-roi. C'est sous le Président Yayi qu'il y a eu trop de connivences
entre la Présidence et Anjorin Moucharafou. Sinon, la politique et le football
font, bel et bien, bon ménage. La preuve, les politiciens utilisent le football
pour rassembler leurs partisans. Après les tournois, pendant la campagne,
nécessité doit être faite pour chaque homme politique d'envoyer un à deux
joueurs de sa région dans une école de foot en Europe. Cinq ans après, les
résultats parleront d'eux-mêmes.
6- Le Cifas et Ajavon
Il faut tout faire pour que le Centre international de football Ajavon
Sébastien (Cifas) redevienne une école de foot, et persuader ensuite Sébastien Ajavon
de revenir organiser son championnat professionnel. Avant, les Béninois
n'étaient pas prêts, dans leur tête. Mais, maintenant, ils ont compris.
7- Les qualifications à la Can
Le Bénin doit continuer de se qualifier pour la Coupe d’Afrique des nations (Can).
Seulement, maintenant l'argent versé par la Caf aux nations qualifiées doit
servir à former des joueurs et à construire des stades.
8- Le Brésil
Envoyer les enfants au Brésil. D'accord. Mais, les laisser là-bas dans le
championnat après leur formation est la meilleure option.
9- Patrice Talon
Convaincre l'actuel Président de la République, Patrice Talon, d'amener les
opérateurs économiques nationaux et internationaux à prendre le football et à
en faire leur affaire.
Victor Nongni
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