Après 8 mois de pouvoir
Le Chef de l’Etat, Patrice Talon, présente une personnalité
qui se laisse découvrir, au fur et à mesure qu’il égrène les jours, les
semaines et les mois de son mandat présidentiel. Désormais, il est identifiable à travers 9
atouts pouvant lui permettre d’atteindre ses objectifs de réussite, et 9
éléments de faiblesse, qui pourraient constituer un frein à son évolution
politique.
Le Président Patrice Talon |
Les atouts
1.
une bonne élection à plus de 65% des
suffrages exprimés, ce qui lui octroie une franche légitimité et une marge de tolérance
de la part de la population béninoise ; elle saura alors comprendre
quelques erreurs du début de gouvernance.
2.
Deux grosses têtes pensantes dont il est
entouré : Pascal Irénée Koupaki et Abdoulaye
Bio Tchané ; ce sont deux Ministres brillants, de par leur capacité à
mener des débats de fond, en ce qui concerne le développement d’un pays. Cadre
émérite, le premier a fait ses preuves sous le Président Boni Yayi, concernant
sa rigueur dans la gestion des affaires publiques et sa force de conception. Le
second est un ancien Directeur adjoint du Fonds monétaire international, dont
les idées pour conduire le développement d’un pays du Tiers-monde comme le
Bénin, ne peuvent contribuer à donner de l’épaisseur à la propre vision du
Président Talon. L’entente parfaite entre les deux hommes, pour l’instant, sert
les intérêts du Chef de l’Etat.
3.
Un abord méthodique de l’exécution de sa
charge de Président de la République. Dans le cas d’espèce, le Conseil des
Ministres semble pour lui une religion dont il faut respecter les rites sacrés,
ce qui lui a fait s’imposer d’être présent à toutes les séances et de faire
préparer tous les dossiers à l’avance et de s’en tenir informé du contenu avant
la séance proprement dite. Il n’y aura donc jamais d’improvisation ni de coups
à jouer de non information des dossiers sensibles. Et, si l’instance forte
qu’est le Conseil des Ministres ne dure pas, il ne se tient qu’une fois la
semaine.
4.
La libération de l’espace médiatique
public, en l’occurrence la télévision nationale de l’image permanente du Chef
de l’Etat, apparemment omniprésent et omnipotent. Dans une discrétion absolue,
il pose ses pions et ses communicants se chargent du reste, exploitant à fond
les espaces conventionnels des médias et les réseaux sociaux.
5.
La réelle restauration d’une certaine
autorité de l’Etat : il ne se mêle apparemment pas de tout, laisse
appliquer des mesures très impopulaires d’établissement de l’ordre sans revenir
sur des mesures impopulaires, lorsque les plaintes des populations se font
persistantes : il a un objectif précis à atteindre.
6.
Ses ministres semblent disposer d’une
autonomie ; on ne le voit pas les mettre sous pression ni de les
intimider.
7.
L’annulation des concours frauduleux et
la prise d’autres mesures d’assainissement a montré de lui une volonté très
applaudie de composer avec le propre, l’intègre et le juste. Pourvu que ça
dure !
8.
Il sait se ménager de bons rapports avec
la classe politique dont des ramifications importantes sont perceptibles à
l’Assemblée nationale.
9.
Il dispose d’une capacité intéressante
d’anticipation, ce qui fait qu’à la veille de la nouvelle année, il détient son
budget 2017, son Pag et, le discours sur l’état de la nation au Parlement
relève désormais du passé.
9 faiblesses du
Président Talon
1.
Anticonformiste, le Président Talon n’a
pas voulu se conformer à des actes de rien du tout, mais qui ont une portée
politique remarquable : le refus de signer son serment, de porter
l’écharpe de Chef de l’Etat et d’arborer la Croix du Grand maître de l’Ordre
national du Bénin ; il donne l’impression, par ces refus, qu’on peut
bafouer ces choses apparemment symboliques mais qui sont significatives.
2.
Il a mis du temps à déclarer ses biens.
3.
Il a mis en orbite ses entreprises
personnelles dans les réformes entreprises pour remettre la filière coton sur
les rails.
4.
Plusieurs éléments importants de
l’héritage de la gouvernance Yayi sont bafoués, alors que ce sont les deniers
publics qui ont servi à les mettre en œuvre, en l’occurrence, l’aéroport de
Tourou.
5.
Le social ne semble pas une grande
priorité pour lui.
6.
Il valorise la sobriété dans les
dépenses publiques, mais n’a pas hésité à consacrer la bagatelle de 500
millions de Francs Cfa, pour les membres de la Commission des réformes
politiques.
7.
Une apparente ingratitude vis-à-vis des
grandes franges sociales de sa victoire à la présidentielle : les femmes,
les jeunes et les journalistes.
8.
Il a succombé au piège de la
centralisation de la communication gouvernementale à la présidence de la
République.
9.
Il n’a pu résister aux nominations de
remerciement.
Marcel Kpogodo
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