lundi 2 mars 2015

Victor Topanou appelle Abomey-Calavi à la ’’rébellion démocratique’’

Il est non partant pour la députation et, aspire à être Maire


L’ancien Ministre de la Justice, Victor Topanou, en marge de la validation définitive des listes des candidats aux législatives, élections auxquelles il ne se présente pas personnellement, a accepté de partager avec nous ses ambitions de Maire pour la Commune d’Abomey-Calavi.  

Victor Topanou
Journal ’’Le Mutateur’’ : Bonjour Monsieur le Ministre. Le Front uni pour la république (Fur), parti politique dont vous êtes le Président, n'a pas présenté de liste pour les élections législatives d'avril prochain, ce qui montre que vous ne participerez pas à ces joutes. Si cette idée est confirmée, qu'est-ce qui justifie votre position?

Victor Topanou : Non, non, il ne faut pas penser que le Front uni pour la république ne participera pas aux législatives ; nous sommes en discussion, attendez la publication définitive des listes des candidats et, vous verrez que nous avons des candidats sur des listes. Comme la plupart des partis sont allés en alliance, nous avons réussi à aller en alliance avec quelques partis, mais je vous laisse le temps de découvrir, d’ici moins de huit jours, puisque la Céna a huit jours pour afficher la liste définitive, et on pourra vous dire, à ce moment, là où nous avons pu positionner des gens.
Ceci dit, il est évident que c’est un Parti jeune, qui est dans sa troisième année d’existence ; il faut reconnaître que nous n’avons pas encore la capacité, en ressources humaines, de présenter des candidats dans toutes les circonscriptions. Donc, nous avons fait comme tout le monde : aller en alliance pour pouvoir mutualiser les forces et positionner les candidats que nous estimons de bonne qualité dans les circonscriptions que nous pensons pouvoir remporter.  



Il nous est revenu que vous, n’étant pas candidat à la députation, vous avez un choix particulier, celui de diriger la Mairie d'Abomey-Calavi, à l'issue des municipales, des communales et des locales de mai 2015. Peut-on dire que votre ambition de diriger cette Commune est comme un désaveu, un rejet de la gestion du Maire sortant, Patrice Hounsou-Guèdè ?

Non, ce n’est pas forcément un désaveu ; il y a d’abord le fait que les compétitions électorales sont des compétitions concurrentielles. En démocratie, ça fait désordre ou mauvais goût de savoir qu’il n’y a qu’un candidat. Donc, je crois que cela participe même de l’ordre des choses ; il ne faut, de toute façon, pas oublier que le Maire actuel qui est là n’avait, au sortir des urnes, en 2008, remporté que 2 sièges sur les 35 et, que c’est grâce à une coalition avec les Conseillers majoritaires des Fcbe qu’il s’est retrouvé Maire. Donc, ce n’est pas qu’il y a un désaveu, mais, à l’origine, déjà, il n’avait pu s’en sortir qu’avec deux élus. Et, forcément, lorsque, cinq ans après et, même six ans et demie puisque le mandat a été prolongé, de façon indue, depuis 2013, à partir de ce moment-là, je dis, c’est de bonne guerre, qu’il y ait une pluralité de candidatures.
Maintenant, si vous voulez savoir pourquoi, moi, j’ai opté pour les communales et non pour les législatives, c’est parce que, justement, mon ambition, c’est d’être Président de la République et, le Président de la République, c’est l’Exécutif, alors qu’aller à l’Assemblée nationale, c’est le Législatif dont le mode de fonctionnement n’est pas tout à fait le même que celui de l’Exécutif. Or, la Mairie, c’est un exécutif d’un territoire décentralisé. Donc, c’est déjà un apprentissage de l’Exécutif même si, par ailleurs, moi, j’ai une grosse expérience, déjà, dans la gestion de l’Exécutif, puisque j’ai été Secrétaire général du Gouvernement puis, ensuite, Garde des Sceaux, Ministre de la Justice, de la législation et des droits de l’homme.  


   
Que pensez-vous apporter de révolutionnaire et d'innovant à la Commune d'Abomey-Calavi?

’’Révolutionnaire’’, c’est un mot que je n’aime pas beaucoup, qui me fait peur. Mais, d’ ’’innovant’’, sans aucun doute. Vous savez, quand vous regardez la Commune d’Abomey-Calavi, aujourd’hui, du point de vue de la démographie, c’est la première commune du Bénin. Il est tout simplement inacceptable qu’une commune de cette envergure n’ait pas un stade qui mobilise la jeunesse, il n’y a même pas de stade ; ça fait désordre et, que l’on ait commencé la décentralisation depuis 2002, ce qui fait bientôt 13 ans, ça fait désordre, je pense qu’il faut y remédier en mettant en place un complexe sportif au niveau de la Commune d’Abomey-Calavi.
Ensuite, Calavi, c’est la Commune où, malheureusement, il y a encore d’énormes problèmes de recasement, d’énormes problèmes ! C’est inacceptable que, depuis 54 ans que nous sommes indépendants, il y ait encore des communes non entièrement urbanisées. A partir de ce moment-là, il faudrait que l’on mette les bouchées doubles pour y arriver.
Troisièmement, il faut aussi construire les routes ; Calavi, c’est la première Commune, y compris en matière de superficie, mais il n’y a presque pas de route, presque pas de route ! Quand vous regardez les frais de fonctionnement de la Mairie, ça bouffe plus de 75% du Budget général de la Commune ; il faut plutôt inverser cela, c’est plutôt 25% qui devrait servir de fonctionnement, et 75% d’investissement. On est complètement à la renverse ; il n’est pas normal qu’il n’y ait pas un marché international à Calavi. Et, je pense que, si en moins de cinq ans, on peut refaire ça, Calavi changera complètement de visage ; c’est pour ça que je dis que je me méfie beaucoup du mot ’’révolutionnaire’’, on n’a pas besoin de révolutionner, personne ne nous demande la révolution. Il suffit juste de poser des actes concrets qui ont des incidences, des effets induits sur le développement et, vous verrez que Calavi changera de visage, en moins de cinq ans.



Vos relations avec l'actuel Chef de l'Etat et avec les Soglo sont-elles si bonnes pour que vous comptiez sur leur appui pour remporter la Mairie d’Abomey-Calavi ?

Pourquoi faut-il s’entendre avec le Chef de l’Etat et les Soglo avant d’être Maire ? Non, il faut d’abord parler aux populations ; en démocratie, on parle d’abord aux populations. Ce n’est qu’après l’expression de l’opinion, de la souveraineté nationale que les équipes peuvent ensuite se faire des alliances pour essayer, au mieux, d’incarner les attentes de la communauté. Mais, vous ne commencez pas par dire aux populations : « Nous, on va s’entendre sur votre dos, on va gérer la Commune avec ou sans vous. » Non ! Par respect pour les populations, par respect pour la souveraineté nationale, on s’adresse d’abord aux populations. Donc, je ne m’adresserai pas, en premier lieu, ni à Soglo ni au Chef de l’Etat, mais je m’adresserai d’abord aux populations. Et, quand elles se seront exprimées, on verra les tendances qu’elles auront sorties ; en fonction de ça, on agira, il ne faut pas inverser la pyramide.


Quel est votre appel aux populations d'Abomey-Calavi, celles sur qui vous comptez pour être élu comme leur premier citoyen?

Je pense que les populations de Calavi méritent beaucoup mieux que ce qu’elles ont aujourd’hui. Mais, pour que cela en soit autrement, il faut qu’elles se mobilisent, il faut qu’elles prennent leur destin en mains, il faut qu’elles sachent que, gérer une mairie, ce n’est pas simplement se limiter à la vente indue des réserves domaniales de la Commune. Aujourd’hui, on ne sait pas, personne ne sait ce qui est fait avec l’argent récolté de la vente des réserves domaniales, personne ne le sait ; ça n’est pas budgétisé, on ne le sait pas.
Donc, moi, j’en appelle aux populations pour qu’elles fassent ce que j’appelle, enfin, la rébellion démocratique ; qu’elles sachent que les appareils qui les régentées jusqu’à présent n’ont pas toujours travaillé dans leurs intérêts, mais dans les intérêts particuliers de ces partis-là et que, si elles veulent reprendre leur liberté, elles n’ont qu’à la reprendre, saisir l’occasion de cette élection du 31 mai, pour l’exprimer, de façon forte, de façon vigoureuse et, de façon démocratique.


Propos recueillis par Marcel Kpogodo 

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