Il est non
partant pour la députation et, aspire à être Maire
L’ancien Ministre de la
Justice, Victor Topanou, en marge de la validation définitive des listes des
candidats aux législatives, élections auxquelles il ne se présente pas personnellement,
a accepté de partager avec nous ses ambitions de Maire pour la Commune d’Abomey-Calavi.
Victor Topanou |
Journal ’’Le Mutateur’’ : Bonjour
Monsieur le Ministre. Le Front uni pour la république (Fur), parti politique
dont vous êtes le Président, n'a pas présenté
de liste pour les élections législatives
d'avril prochain, ce qui montre que vous ne participerez pas à ces joutes. Si cette idée est confirmée,
qu'est-ce qui justifie votre position?
Victor Topanou : Non, non, il ne faut pas penser que le Front uni pour la république ne
participera pas aux législatives ; nous sommes en discussion, attendez la
publication définitive des listes des candidats et, vous verrez que nous avons
des candidats sur des listes. Comme la plupart des partis sont allés en
alliance, nous avons réussi à aller en alliance avec quelques partis, mais je
vous laisse le temps de découvrir, d’ici moins de huit jours, puisque la Céna a
huit jours pour afficher la liste définitive, et on pourra vous dire, à ce
moment, là où nous avons pu positionner des gens.
Ceci dit, il est évident que c’est un Parti jeune, qui est dans sa
troisième année d’existence ; il faut reconnaître que nous n’avons pas
encore la capacité, en ressources humaines, de présenter des candidats dans
toutes les circonscriptions. Donc, nous avons fait comme tout le monde : aller
en alliance pour pouvoir mutualiser les forces et positionner les candidats que
nous estimons de bonne qualité dans les circonscriptions que nous pensons pouvoir
remporter.
Il nous est revenu que vous, n’étant pas candidat
à la députation, vous avez un choix particulier, celui de diriger la Mairie
d'Abomey-Calavi, à l'issue des municipales, des communales et des
locales de mai 2015. Peut-on dire que votre ambition de diriger cette Commune
est comme un désaveu, un rejet de la gestion du Maire sortant, Patrice Hounsou-Guèdè ?
Non, ce n’est pas forcément un désaveu ; il y a d’abord le fait que
les compétitions électorales sont des compétitions concurrentielles. En
démocratie, ça fait désordre ou mauvais goût de savoir qu’il n’y a qu’un
candidat. Donc, je crois que cela participe même de l’ordre des choses ;
il ne faut, de toute façon, pas oublier que le Maire actuel qui est là n’avait,
au sortir des urnes, en 2008, remporté que 2 sièges sur les 35 et, que c’est
grâce à une coalition avec les Conseillers majoritaires des Fcbe qu’il s’est
retrouvé Maire. Donc, ce n’est pas qu’il y a un désaveu, mais, à l’origine,
déjà, il n’avait pu s’en sortir qu’avec deux élus. Et, forcément, lorsque, cinq
ans après et, même six ans et demie puisque le mandat a été prolongé, de façon
indue, depuis 2013, à partir de ce moment-là, je dis, c’est de bonne guerre, qu’il
y ait une pluralité de candidatures.
Maintenant, si vous voulez savoir pourquoi, moi, j’ai opté pour les
communales et non pour les législatives, c’est parce que, justement, mon ambition,
c’est d’être Président de la République et, le Président de la République, c’est
l’Exécutif, alors qu’aller à l’Assemblée nationale, c’est le Législatif dont le
mode de fonctionnement n’est pas tout à fait le même que celui de l’Exécutif.
Or, la Mairie, c’est un exécutif d’un territoire décentralisé. Donc, c’est déjà
un apprentissage de l’Exécutif même si, par ailleurs, moi, j’ai une grosse
expérience, déjà, dans la gestion de l’Exécutif, puisque j’ai été Secrétaire général
du Gouvernement puis, ensuite, Garde des Sceaux, Ministre de la Justice, de la
législation et des droits de l’homme.
Que pensez-vous apporter de révolutionnaire et
d'innovant à la Commune d'Abomey-Calavi?
’’Révolutionnaire’’, c’est un mot que je n’aime pas beaucoup, qui me
fait peur. Mais, d’ ’’innovant’’, sans aucun doute. Vous savez, quand vous
regardez la Commune d’Abomey-Calavi, aujourd’hui, du point de vue de la
démographie, c’est la première commune du Bénin. Il est tout simplement inacceptable
qu’une commune de cette envergure n’ait pas un stade qui mobilise la jeunesse,
il n’y a même pas de stade ; ça fait désordre et, que l’on ait commencé la
décentralisation depuis 2002, ce qui fait bientôt 13 ans, ça fait désordre, je
pense qu’il faut y remédier en mettant en place un complexe sportif au niveau
de la Commune d’Abomey-Calavi.
Ensuite, Calavi, c’est la Commune où, malheureusement, il y a encore d’énormes
problèmes de recasement, d’énormes problèmes ! C’est inacceptable que,
depuis 54 ans que nous sommes indépendants, il y ait encore des communes non
entièrement urbanisées. A partir de ce moment-là, il faudrait que l’on mette
les bouchées doubles pour y arriver.
Troisièmement, il faut aussi construire les routes ; Calavi, c’est
la première Commune, y compris en matière de superficie, mais il n’y a presque
pas de route, presque pas de route ! Quand vous regardez les frais de
fonctionnement de la Mairie, ça bouffe plus de 75% du Budget général de la
Commune ; il faut plutôt inverser cela, c’est plutôt 25% qui devrait
servir de fonctionnement, et 75% d’investissement. On est complètement à la
renverse ; il n’est pas normal qu’il n’y ait pas un marché international à
Calavi. Et, je pense que, si en moins de cinq ans, on peut refaire ça, Calavi changera
complètement de visage ; c’est pour ça que je dis que je me méfie beaucoup
du mot ’’révolutionnaire’’, on n’a pas besoin de révolutionner, personne ne
nous demande la révolution. Il suffit juste de poser des actes concrets qui ont
des incidences, des effets induits sur le développement et, vous verrez que
Calavi changera de visage, en moins de cinq ans.
Vos relations avec l'actuel Chef de l'Etat et avec
les Soglo sont-elles si bonnes pour que vous comptiez
sur leur appui pour remporter la Mairie d’Abomey-Calavi
?
Pourquoi faut-il s’entendre avec le Chef de l’Etat et les Soglo avant d’être
Maire ? Non, il faut d’abord parler aux populations ; en démocratie,
on parle d’abord aux populations. Ce n’est qu’après l’expression de l’opinion,
de la souveraineté nationale que les équipes peuvent ensuite se faire des alliances
pour essayer, au mieux, d’incarner les attentes de la communauté. Mais, vous ne
commencez pas par dire aux populations : « Nous, on va s’entendre sur
votre dos, on va gérer la Commune avec ou sans vous. » Non ! Par respect
pour les populations, par respect pour la souveraineté nationale, on s’adresse
d’abord aux populations. Donc, je ne m’adresserai pas, en premier lieu, ni à
Soglo ni au Chef de l’Etat, mais je m’adresserai d’abord aux populations. Et,
quand elles se seront exprimées, on verra les tendances qu’elles auront sorties ;
en fonction de ça, on agira, il ne faut pas inverser la pyramide.
Quel est votre appel aux populations
d'Abomey-Calavi, celles sur qui vous comptez pour être élu
comme leur premier citoyen?
Je pense que les populations de Calavi méritent beaucoup mieux que ce qu’elles
ont aujourd’hui. Mais, pour que cela en soit autrement, il faut qu’elles se
mobilisent, il faut qu’elles prennent leur destin en mains, il faut qu’elles
sachent que, gérer une mairie, ce n’est pas simplement se limiter à la vente indue
des réserves domaniales de la Commune. Aujourd’hui, on ne sait pas, personne ne
sait ce qui est fait avec l’argent récolté de la vente des réserves domaniales,
personne ne le sait ; ça n’est pas budgétisé, on ne le sait pas.
Donc, moi, j’en appelle aux populations pour qu’elles fassent ce que j’appelle,
enfin, la rébellion démocratique ; qu’elles sachent que les appareils qui
les régentées jusqu’à présent n’ont pas toujours travaillé dans leurs intérêts,
mais dans les intérêts particuliers de ces partis-là et que, si elles veulent
reprendre leur liberté, elles n’ont qu’à la reprendre, saisir l’occasion de
cette élection du 31 mai, pour l’exprimer, de façon forte, de façon vigoureuse
et, de façon démocratique.
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