Vu le mutisme du Gouvernement
face aux menaces de perturbation de la rentrée 2014-2015
(Le communiqué du 21 juillet 2014 du Front est
clair : la rentrée 2014-2015 sera hypothéquée)
Depuis le 21 juillet 2014, le Front d’action des
trois ordres d’enseignement a rendu public un communiqué faisant un triste état
des lieux des négociations entre le Gouvernement et les acteurs syndicaux du
monde des enseignements maternel, primaire et secondaire. Ceci n’augure rien de
bon de la prochaine rentrée scolaire qui, si rien n’est fait, sera boycottée
par les enseignants de ces trois sous-secteurs. Malgré cette réalité,
l’Exécutif se montre enfermé dans un total mutisme qui donne l’impression que
le Président Boni Yayi, en fin de mandat, ne se préoccupe plus autant du
devenir de l’école béninoise.
Boni Yayi |
Le Président de la
République semble ne plus avoir à cœur un avenir radieux pour l’école
béninoise. C’est ce que laisse penser le silence du Gouvernement, depuis le 21
juillet dernier, que le Front d’actions des trois ordres d’enseignement,
structure syndicale influente des enseignements maternel, primaire et
secondaire, a fait connaître ses analyses concernant l’état des négociations
avec l’Exécutif. Quand on se souvient du résultat catastrophique du Bac 2014 et
de la responsabilité évidente des grèves dans cette situation, on est surpris
de ce mutisme qui laisse croire que les ministres respectifs des enseignements
maternel, primaire et secondaire, que sont Eric N’da et Alassane Soumanou
Djimba, fraîchement reconduits dans le troisième Gouvernement de Yayi 2,
attendent que les hostilités syndicales commencent, se corsent, durent dans le
temps et atteignent un niveau de destruction assez remarquable avant de se
lever et de se lancer dans des négociations souvent de la forme du
« Médecin après la mort ».
Il faut rappeler que le
communiqué émanant du Front d’action des syndicats des trois ordres
d’enseignement, datant du 21 juillet 2014, est intitulé ’’Appel aux
enseignantes et enseignants’’. En substance, il rappelle les conditions
psychologiques divergentes et difficiles de la reprise des cours, ordonnée par
le Front, l’année écoulée et, notamment, le boycott de la rentrée 2014-2015,
« pour obtenir la satisfaction par rapport aux revendications en suspens
et l’adoption des Statuts particuliers des personnels enseignants de la
maternelle, du primaire et du secondaire, et la sédentarisation des
vacataires ». La gravité de l’annonce qui y est faite devait pousser le
Président de la République et son Gouvernement à montrer qu’ils prenaient au
sérieux les menaces du Front, en invitant les membres de ce regroupement
syndical à la table des discussions.
Mais, nos investigations
montrent que rien n’est encore fait dans ce sens, ce qui manifeste,
apparemment, le manque d’intérêt du Gouvernement pour la crise qui s’annonce
et, par extension, le mépris du premier des Béninois pour le monde éducatif. En
effet, celui-ci, quelques années plus tôt, empêtré dans un bras-de-fer avec les
syndicats de l’enseignement, avait déclaré qu’il n’était plus candidat à rien
et que les syndicalistes pouvaient fermer les portes des écoles. Donc, même si
le Chef de l’Etat n’a plus rien à perdre, vu qu’il ne se présentera plus à une
élection pour subir une certaine sanction du peuple, il faudrait qu’il se
préoccupe de son image d’homme d’Etat, lorsqu’il ne serait plus aux affaires, à
l’heure du grand bilan de ses dix années d’exercice présidentiel. Cependant, tenant compte du fait que la rentrée scolaire 2014-2015 est prévue pour le 29 septembre prochain, il faudrait que le Gouvernement prenne l'initiative, au plus tôt, d'un cadre de négociations efficaces et productives avec le Front, pour que les apprenants de notre pays puissent être écartés de ces situations délétères pour leur niveau et leur avenir, celles que génèrent les grèves perlées dans l'enseignement public.
Marcel Kpogodo
Le communiqué du Front
FRONT
D’ACTION DES SYNDICATS DES TROIS ORDRES D’ENSEIGNEMENT
Tél. :
95 05 04 24 / 96 64 57 79 / 97 37 16 90 / 97 27 08 56 / 97 44 63 33
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Appel
aux enseignantes et enseignants
Chers
collègues, cela fait trois mois que, sur votre recommandation expresse et
tenant compte du risque d’une année blanche aux conséquences multiples pour
notre pays et nos apprenants, nous avons, en toute responsabilité, levé le mot
d’ordre de grève. Dans ce sens, nous nous sommes en gagés à sauver l’année
scolaire déjà compromise en conduisant les apprenants aux différents examens.
Nous l’avons dit et nous l’avons fait. Soyez en tous remerciés, du fond du
cœur, pour la mobilisation et la résistance observées malgré les menaces et
pressions multiformes du pouvoir, les difficultés, les déchirures morales et la
déception consécutives à la trahison du 18 mars venant de ceux que vous
connaissez très bien, des camarades de lutte qui ne se préoccupaient que de
leurs poches et des postes de nomination.
Nous
n’avons pas suspendu le mouvement ni fixé de moratoire pour dire hypocritement
que nous reprendrons incessamment la grève au cas où le Gouvernement ne
donnerait pas satisfaction à nos revendications légitimes avant la fin de
l’année tronquée en cours. Nous savions que le Gouvernement ne ferait rien
après l’arrêt des mouvements de débrayage et qu’il resterait dans sa posture
d’immobilisme et de provocation, comptant sur la corruption active de ses amis du 18 mars qu’il a tôt fait de
récompenser en les cooptant superviseurs du BEPC et qui seront bientôt nommés,
à différents niveaux de l’administration scolaire, comme responsables
administratifs, en récompense du sabotage de la grève, donc de la mission à eux
confiés.
Il
est de notre devoir de vous dire la vérité et de nous organiser ensemble pour
rebondir avec nos propres forces et faire plier ce pouvoir qui ne connaît que
l’affrontement et le double langage comme modes de fonctionnement et de gestion
des crises, en lieu et place d’un dialogue sincère et fécond. C’est pourquoi,
après avoir observé le mépris du Gouvernement à l’égard de nos revendications,
il est loisible de faire les constats suivants :
1. Le
relevé des conclusions des séances de négociations en tre le Gouvernement et
les Centrales, Confédérations Syndicales et la FESYNTRA-FINANCES du 10 mars
2014 et le Relevé des Décisions issues de la Rencontre accordée par le Chef de
l’Etat aux Centrales, Confédérations et à la FESYNTRA-FINANCES du 12 mars 2014,
sont royalement violés par le Gouvernement ;
2. La
Commission Nationale Permanente de Concertations et de Négociations Collectives
Gouvernement / Centrales et Confédérations Syndicales, réinstallée depuis le 07
avril 2014, n’a plus jamais été convoquée pour aborder et résoudre la question
des 1, 25 de revalorisation du point indiciaire accordée à tous les Agents de
l’Etat, en 2011, et dont les enseignants de la maternelle, du primaire et du
secondaire sont injustement exclus, sont gelés ;
3. Notre
détermination collective, malgré les déchirures morales et le sentiment de
déception face à la non satisfaction de certaines revendications majeures comme
la non rétrocession des défalcations de 2012 restées, jusqu’à ce jour, à l’état
de promesse, a permis, entre autres, d’obtenir la vacuité de l’arme de la
défalcation ;
4. A
l’opinion publique nationale et internationale alertées quant à l’immobilisme
du Gouvernement et son refus de négocier, nous
avons annoncé que la rentrée 2014-2015 sera boycottée pour obtenir la
satisfaction par rapport aux revendications en suspens et l’adoption des
Statuts particuliers des personnels enseignants de la maternelle, du
primaire et du secondaire, et la sédentarisation des vacataires ;
5. La
lutte résolue contre les menaces de représailles et les mutations punitives
agitées pour fait de grève, si elles arrivaient à être mises en œuvre ;
6. La
refondation du Front avec une nouvelle direction plus dynamique est en cours
avec l’actualisation et l’adoption des Statuts et Règlement Intérieur de notre
instrument commun de lutte dont le label sera sauvegardé, loin des calculs
d’intérêts et des jeux de coulisse.
Seule la lutte paie !!!
Fait
à Cotonou, le 21 juillet 2014
Pour le FRONT,
Les Porte-parole
Thomas Kossi CAKPO
Cyrille Tamègnon LISSANOU
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