vendredi 29 août 2014

Yayi ’’se fout’’ de la débâcle dans l’éducation au Bénin

Vu le mutisme du Gouvernement face aux menaces de perturbation de la rentrée 2014-2015
(Le communiqué du 21 juillet 2014 du Front est clair : la rentrée 2014-2015 sera hypothéquée)


Depuis le 21 juillet 2014, le Front d’action des trois ordres d’enseignement a rendu public un communiqué faisant un triste état des lieux des négociations entre le Gouvernement et les acteurs syndicaux du monde des enseignements maternel, primaire et secondaire. Ceci n’augure rien de bon de la prochaine rentrée scolaire qui, si rien n’est fait, sera boycottée par les enseignants de ces trois sous-secteurs. Malgré cette réalité, l’Exécutif se montre enfermé dans un total mutisme qui donne l’impression que le Président Boni Yayi, en fin de mandat, ne se préoccupe plus autant du devenir de l’école béninoise. 

Boni Yayi
Le Président de la République semble ne plus avoir à cœur un avenir radieux pour l’école béninoise. C’est ce que laisse penser le silence du Gouvernement, depuis le 21 juillet dernier, que le Front d’actions des trois ordres d’enseignement, structure syndicale influente des enseignements maternel, primaire et secondaire, a fait connaître ses analyses concernant l’état des négociations avec l’Exécutif. Quand on se souvient du résultat catastrophique du Bac 2014 et de la responsabilité évidente des grèves dans cette situation, on est surpris de ce mutisme qui laisse croire que les ministres respectifs des enseignements maternel, primaire et secondaire, que sont Eric N’da et Alassane Soumanou Djimba, fraîchement reconduits dans le troisième Gouvernement de Yayi 2, attendent que les hostilités syndicales commencent, se corsent, durent dans le temps et atteignent un niveau de destruction assez remarquable avant de se lever et de se lancer dans des négociations souvent de la forme du « Médecin après la mort ».
Il faut rappeler que le communiqué émanant du Front d’action des syndicats des trois ordres d’enseignement, datant du 21 juillet 2014, est intitulé ’’Appel aux enseignantes et enseignants’’. En substance, il rappelle les conditions psychologiques divergentes et difficiles de la reprise des cours, ordonnée par le Front, l’année écoulée et, notamment, le boycott de la rentrée 2014-2015, « pour obtenir la satisfaction par rapport aux revendications en suspens et l’adoption des Statuts particuliers des personnels enseignants de la maternelle, du primaire et du secondaire, et la sédentarisation des vacataires ». La gravité de l’annonce qui y est faite devait pousser le Président de la République et son Gouvernement à montrer qu’ils prenaient au sérieux les menaces du Front, en invitant les membres de ce regroupement syndical à la table des discussions.
Mais, nos investigations montrent que rien n’est encore fait dans ce sens, ce qui manifeste, apparemment, le manque d’intérêt du Gouvernement pour la crise qui s’annonce et, par extension, le mépris du premier des Béninois pour le monde éducatif. En effet, celui-ci, quelques années plus tôt, empêtré dans un bras-de-fer avec les syndicats de l’enseignement, avait déclaré qu’il n’était plus candidat à rien et que les syndicalistes pouvaient fermer les portes des écoles. Donc, même si le Chef de l’Etat n’a plus rien à perdre, vu qu’il ne se présentera plus à une élection pour subir une certaine sanction du peuple, il faudrait qu’il se préoccupe de son image d’homme d’Etat, lorsqu’il ne serait plus aux affaires, à l’heure du grand bilan de ses dix années d’exercice présidentiel. Cependant, tenant compte du fait que la rentrée scolaire 2014-2015 est prévue pour le 29 septembre prochain, il faudrait que le Gouvernement prenne l'initiative, au plus tôt, d'un cadre de négociations efficaces et productives avec le Front, pour que les apprenants de notre pays puissent être écartés de ces situations délétères pour leur niveau et leur avenir, celles que génèrent les grèves perlées dans l'enseignement public. 


Marcel Kpogodo



Le communiqué du Front


FRONT D’ACTION DES SYNDICATS DES TROIS ORDRES D’ENSEIGNEMENT
Tél. : 95 05 04 24 / 96 64 57 79 / 97 37 16 90 / 97 27 08 56 / 97 44 63 33
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Appel aux enseignantes et enseignants
Chers collègues, cela fait trois mois que, sur votre recommandation expresse et tenant compte du risque d’une année blanche aux conséquences multiples pour notre pays et nos apprenants, nous avons, en toute responsabilité, levé le mot d’ordre de grève. Dans ce sens, nous nous sommes en gagés à sauver l’année scolaire déjà compromise en conduisant les apprenants aux différents examens. Nous l’avons dit et nous l’avons fait. Soyez en tous remerciés, du fond du cœur, pour la mobilisation et la résistance observées malgré les menaces et pressions multiformes du pouvoir, les difficultés, les déchirures morales et la déception consécutives à la trahison du 18 mars venant de ceux que vous connaissez très bien, des camarades de lutte qui ne se préoccupaient que de leurs poches et des postes de nomination.

Nous n’avons pas suspendu le mouvement ni fixé de moratoire pour dire hypocritement que nous reprendrons incessamment la grève au cas où le Gouvernement ne donnerait pas satisfaction à nos revendications légitimes avant la fin de l’année tronquée en cours. Nous savions que le Gouvernement ne ferait rien après l’arrêt des mouvements de débrayage et qu’il resterait dans sa posture d’immobilisme et de provocation, comptant sur la corruption active de ses amis du 18 mars qu’il a tôt fait de récompenser en les cooptant superviseurs du BEPC et qui seront bientôt nommés, à différents niveaux de l’administration scolaire, comme responsables administratifs, en récompense du sabotage de la grève, donc de la mission à eux confiés.

Il est de notre devoir de vous dire la vérité et de nous organiser ensemble pour rebondir avec nos propres forces et faire plier ce pouvoir qui ne connaît que l’affrontement et le double langage comme modes de fonctionnement et de gestion des crises, en lieu et place d’un dialogue sincère et fécond. C’est pourquoi, après avoir observé le mépris du Gouvernement à l’égard de nos revendications, il est loisible de faire les constats suivants :
1.      Le relevé des conclusions des séances de négociations en tre le Gouvernement et les Centrales, Confédérations Syndicales et la FESYNTRA-FINANCES du 10 mars 2014 et le Relevé des Décisions issues de la Rencontre accordée par le Chef de l’Etat aux Centrales, Confédérations et à la FESYNTRA-FINANCES du 12 mars 2014, sont royalement violés par le Gouvernement ;
2.      La Commission Nationale Permanente de Concertations et de Négociations Collectives Gouvernement / Centrales et Confédérations Syndicales, réinstallée depuis le 07 avril 2014, n’a plus jamais été convoquée pour aborder et résoudre la question des 1, 25 de revalorisation du point indiciaire accordée à tous les Agents de l’Etat, en 2011, et dont les enseignants de la maternelle, du primaire et du secondaire sont injustement exclus, sont gelés ;
3.      Notre détermination collective, malgré les déchirures morales et le sentiment de déception face à la non satisfaction de certaines revendications majeures comme la non rétrocession des défalcations de 2012 restées, jusqu’à ce jour, à l’état de promesse, a permis, entre autres, d’obtenir la vacuité de l’arme de la défalcation ;
4.      A l’opinion publique nationale et internationale alertées quant à l’immobilisme du Gouvernement et son refus de négocier, nous avons annoncé que la rentrée 2014-2015 sera boycottée pour obtenir la satisfaction par rapport aux revendications en suspens et l’adoption des Statuts particuliers des personnels enseignants de la maternelle, du primaire et du secondaire, et la sédentarisation des vacataires ;
5.      La lutte résolue contre les menaces de représailles et les mutations punitives agitées pour fait de grève, si elles arrivaient à être mises en œuvre ;
6.      La refondation du Front avec une nouvelle direction plus dynamique est en cours avec l’actualisation et l’adoption des Statuts et Règlement Intérieur de notre instrument commun de lutte dont le label sera sauvegardé, loin des calculs d’intérêts et des jeux de coulisse.

Seule la lutte paie !!!
Fait à Cotonou, le 21 juillet 2014
Pour le FRONT,
Les Porte-parole
Thomas Kossi CAKPO                                                          Cyrille Tamègnon LISSANOU

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