mercredi 10 novembre 2010

Politique au Bénin

Boni Yayi, un stratège qui n'en donne pas l'air ...





Harrassé par les marches tous azimuts et les critiques acerbes à son régime



Yayi instrumentalise les zems




Il s’est tenu à la Marina, le jeudi 04 novembre, une rencontre expresse entre le Chef de l’Etat et des conducteurs de taxi-moto, communément appelés ’’Zémidjans’’. Une occasion pour le premier des Béninois de brosser quelques questions actuelles faisant l’objet de la tension politique, et de lancer un appel à la négociation à la classe politique. En réalité, à travers cette séance, Boni Yayi s’est servi des conducteurs de taxi-moto.





C’est un ensemble de ’’Zémidjans’’ debout, arborant le dessus ordinairement jaune mais, particulièrement et ostensiblement estampillé du cauris, qui écoutaient Boni Yayi, dans la rencontre qu’il a tenue avec eux le jeudi 04 novembre à la Présidence de la République. Le Chef de l’Etat ne s’est pas embarrassé pour appeler la classe politique à la négociation sur les questions politiques qui fâchent actuellement. Et, une entité médiatrice se trouve toute désignée par lui : le clergé. Ainsi, sous le couvert d’une acceptation de les recevoir sur leur insistance, le Président de la République en a profité pour faire un tour d’horizon de plusieurs dossiers considérés apparemment comme des éléments de réussite de son mandat, notamment les gratuités de la maternelle, du primaire et de la césarienne. Pratiquement, aucun sujet n’a été oublié parmi ceux qui défraient la chronique, notamment la sécurité mise à mal ces derniers jours, un moyen pour le Président de montrer sa grande préoccupation pour la série de braquages de ces dernières semaines à Cotonou, qui créent une atmosphère de psychose et de mal-être chez les Cotonois.
Même en ce qui concerne la Lépi, le Chef de l’Etat ne s’est pas privé d’en vanter les nombreux avantages avant de faire sentir, implicitement, la nécessité d’une table de négociation autour de laquelle puissent être présents les représentants de l’Opposition et ceux de la mouvance présidentielle. Cette rencontre était censée établir un rapprochement de l’Exécutif avec les conducteurs des taxi-motos pour recueillir les raisons de leurs réticences à entrer dans le Projet mis en place par le Gouvernement et l’Agence française de développement (Afd) pour leur permettre d’acquérir, à coup réduit, des motos à quatre temps, moins polluantes, en remplacement de celles à deux temps. En réalité, cette circonstance s’est révélée une tribune pour le Chef de l’Etat pour prendre la parole, pour se prononcer sur l’évolution politique dans le pays et pour rappeler les idées phares liées à la vision qu’il a toujours défendue et qui, quelques années auparavant, lui avait valu le suffrage favorable massif des Béninois.




Des éléments de profit




En réalité, il faut voir que le Président de la République a fait d’une pierre deux coups. D’abord, sa préoccupation semble avoir été de renouer avec une frange sociale non négligeable, les zémidjans, ceux-là qui, à en croire les avis qui s’échangent de part et d’autre dans la ville de Cotonou, se demanderaient à quoi leur aura servi de porter leur choix, en 2006, sur le Candidat Boni Yayi pour qu’à la fin de son mandat de Président, il soit en train de ne rien leur laisser comme élément d’amélioration de leurs conditions de vie ou comme facteur relayant leur rêve le plus cher : quitter un corps qui ne fait que leur procurer des humiliations de toutes sortes. Le deuxième profit d’ordre politique que Boni Yayi donne l’impression d’avoir voulu tirer de ces échanges soldatesques avec eux est une certaine apparition sur la scène publique, surtout que les occasions pour sortir de son mutisme ne s’offrent pas n’importe comment et qu’une certaine réserve, à un moment donné, lui soit nécessaire pour apprécier l’impact de l’action de ses décisions politiques sur la population et sur la classe politique. Par ailleurs, le signe le plus patent de la forte volonté du Chef de l’Etat de communiquer avec le peuple béninois par l’entremise de cette rencontre avec les zémidjans est la rediffusion, dans le weekend, à une heure de grande écoute, celle des feuilletons, sur la chaîne nationale, de l’élément portant sur l’événement. En cette période de pré-campagne électorale, aucune astuce communicationnelle ne semble de trop de la part du camp Yayi pour porter la contradiction aux critiques très vertes de l’Opposition sur le régime du Changement. Le hic : que ce soit une frange déshéritée qu’on exploite pour la chose, celle des zems.




Marcel Kpogodo

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