Concours des posters scientifiques franco-béninois
Des binômes de scientifiques récompensés le 30 juin dernier
Le concours pour la Promotion des partenariats bénino-français en matière de recherche pour le développement (Paradev) a été lancé en avril 2010. Destiné à des binômes de scientifiques franco-béninois ayant initié des recherches pour le développement, il vient de livrer, il y a peu, son verdict.
La cérémonie de remise de prix aux lauréats du concours de posters scientifiques a eu lieu le 30 juin au Centre culturel français (Ccf) de Cotonou. Lancé en avril dernier, ce concours a été clôturé le 09 mai 2010. Les posters présentés dans ce cadre devaient mettre en valeur la diversité des travaux réalisés par des binômes de scientifiques franco-béninois. Ces travaux concernent notamment les domaines de l’agriculture, de l’agroalimentaire et de la santé. Pour la sélection des lauréats, le jury a évalué les posters présentés sur plusieurs critères. Il s’agit, entre autres, de la clarté, de la logique, et de la facilité de communication. Mais, il fallait aussi que ces œuvres soient accessibles à un public n’ayant pas une grande culture scientifique. Au terme de la délibération du jury, 14 posters ont été récompensés. C’est ainsi que le Grand Prix du jury a été attribué à Waliou Amoussa Hounkpatin et à Claire Mouquet-Rivier. Leur travail était axé sur la nutrition du jeune enfant. Le prix « Santé » récompense, quant à lui, des travaux sur le paludisme de la femme enceinte. Par le biais d’une exposition itinérante, ces œuvres seront présentées dans des institutions de recherche et de l'enseignement supérieur du Bénin.
Les partenaires institutionnels de l'événement
Le concours des posters scientifiques a été organisé par le Service de coopération et d’action culturelle (Scac) de l’Ambassade de France au Bénin. Le Scac a trois autres partenaires. Il s’agit de la Direction nationale de la recherche scientifique et technique (Dnrst) du Bénin. De même, il y a l’Institut de recherche pour le développement (Ird) et le Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad). Tous deux étant des organismes français. Dans sa prise de parole, Bruno Bordage, représentant de l’Ird au Bénin, a déclaré que « la recherche scientifique dans les domaines qui concernent les pays du sud doit être pensée, construite, vécue avec les acteurs du sud ». Selon lui, « ces binômes sont emblématiques de cette volonté de promouvoir une science plurielle, une science partagée, une science, non pas monolithique, mais au contraire riche de la confrontation des cultures et des modes de pensée ». Et, au représentant du Scac d’ajouté que « les deux premiers objectifs de cette opération sont atteints puisque plus de vingt binômes ont répondu à cet appel et constitué une collection de posters qui, sans être exhaustive, illustre bien la grande diversité de production scientifique et reflète le dynamisme des équipes qui ont saisi l’opportunité de communiquer sur leurs travaux. »
En marge de la remise des prix du concours des posters scientifiques
Yann Madodé, l’un des lauréats, nous confie ses impressions…
Yann Madodé et Christian Mestres sont les co-auteurs d’un des 14 posters primés lors de ce concours. Leur oeuvre est intitulée : "De l’artisanat à l’industrie, la valorisation du « Akpan », un yaourt végétal béninois à base de maïs". Le premier nous donne plus de précisions sur elle.
Journal le Mutateur : Quel est votre parcours personnel ?
Yann Madodé : Je suis ingénieur agronome, formé à la Faculté des sciences agronomiques (Fsa) de l’Université d’Abomey-Calavi (Uac). Je suis aussi détenteur d’un Diplôme d’études approfondies (Dea) en biotechnologie végétale. Actuellement, je prépare une thèse de Doctorat toujours dans le domaine de la technologie et des sciences agro-alimentaires.
Comment vous est venue l’idée de ce poster ?
C’est d’abord une recherche avant d’être un poster. Nous sommes partis de l’intérêt que les gens ont pour un produit de grande consommation au Bénin comme l'« Akpan ». Nous avons dans notre patrimoine culturel un certain nombre de produits qui sont vendus dans la rue, et qui sont de plus en plus délaissés par certaines couches de la population à cause de leur qualité. Certains, en consommant ces produits, ont des maux de ventre ; d’autres n’aiment pas le fait que pour consommer ce produit, d’une part, qu’il faille aller sur le marché vers la vendeuse et, d’autre part, le fait de devoir le consommer sur place. Donc, il y a un certain nombre d’inconforts dans le cadre de la consommation du « Akpan ». Nous sommes à une ère de globalisation, et nous avons jugé nécessaire de proposer quelque chose de notre patrimoine culturel. Nous avons essayé d’améliorer, de mettre au goût du jour ce produit pour voir si les gens vont l’apprécier. C’est un peu l’idée qu’il y a derrière notre recherche et ce poster.
Quelle a été votre démarche vers ces femmes qui fabriquent artisanalement le « Akpan » ?
Pour le moment, notre recherche n’est pas encore terminée. Nous sommes partis du savoir-faire et de l’expérience de ces femmes. Nous nous sommes appropriés la technologie et, avec leur aide, nous avons mis au point ce produit que vous avez là et qui est semblable à un produit du genre "Fan Milk". Il a un emballage typique, un peu comme les yaourts, les « Dèguè » qui sont vendus dans des pots de 25 cl ou de 33 cl. Donc, nous avons essayé de mettre au point, dans un premier temps, le produit conditionné, emballé sous cette forme. Et, la suite, maintenant, c’est d’améliorer la conservation du produit. Une fois que cela sera fait, on pourra retourner vers les femmes pour voir dans quelle mesure elles pourraient s’approprier cette technologie. Elles pourront peut-être, en se regroupant en coopérative ou en petite industrie, fabriquer ces produits à plus grande échelle, pour le bonheur des consommateurs non seulement béninois, mais aussi africains et, pourquoi pas, européens.
Si un tel produit devrait être commercialisé, dans combien de temps sera-t-il disponible sur le marché ?
Cela ne demanderait pas beaucoup de temps. Avec ce que nous avons fait, les études de marché et le matériel nécessaire ont été déjà pris en compte. Pour le moment, nous n’avons pas préconisé une mise sur le marché parce que le produit reste seulement conservable durant huit jours. Nous voulons d’abord l’améliorer pour avoir une conservation de deux semaines à un mois, comme ce que nous avons au niveau du yaourt, avant de penser à une consommation à grande échelle et à une commercialisation. Donc, pour le moment, nous affinons la recherche sur cet aspect afin d’avoir une période de conservation plus longue.
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