samedi 17 juillet 2010

Haute autorité de l'audiovisuel et de la communication du Bénin

Théophile Nata, Président de la Haac du Bénin




Activités de la Haute autorité de l’audiovisuelle et de la communication






La clarification des dernières décisions à l’ordre du jour







Une séance d’échanges a eu lieu le 15 juillet dernier à Cotonou entre les conseillers de la Haute autorité de l’audiovisuelle et de la communication (Haac) et les professionnels de la presse béninoise. Cette rencontre, tenue au siège de l’institution, avait pour objectif principal de clarifier les récentes décisions de la Haac, celles-ci ayant suscité beaucoup de controverses au sein de la corporation des journalistes du Bénin.







La séance de travail de la Haute autorité de l'audiovisuel et de la communication (Haac) du Bénin avec les journalistes béninois s’est tenue le 15 juillet au siège de l'institution, en présence de l’ensemble des conseillers et celle des responsables des organes de presse médias du Bénin, tous secteurs confondus. En prélude aux différents points de vue énoncés par les journalistes, Théophile Nata, Président de Haac, a tenu à rappeler qu’il n’y a « pas de régulateur, sans médias ». Il ajoutera ensuite : « Nous sommes à votre service, nous sommes vos obligés ». Les décisions de la Haac sujettes à controverses concernent notamment l’interdiction de la campagne électorale précoce dans les médias, la mise en conformité des organes avec les lois régissant la presse écrite au Bénin, lesquelles décisions sont aussi relatives à la publicité sur les médicaments de la médecine traditionnelle et les écoles d’enseignement. Les avis donnés par les différents confrères étaient partagés. Mais, il ressort de l’ensemble une inquiétude face à des décisions qui, selon eux, pourraient constituer une entrave à leur travail au quotidien. Après ces différentes interventions, Edouard Loko, Vice-président de la Haac a déclaré que ces inquiétudes découlent du fait que les journalistes se bornent à faire une lecture active des décisions de l’institution. C’est ainsi qu’il est simplement demandé aux journalistes de respecter, dans la couverture des activités politiques, les dispositions contenues dans la décision sur la campagne précoce. Ainsi, la couverture de ces activités politiques n’est point interdite par l’autorité de régulation. Aussi, la liste publiée des journaux qui ont une existence légale au Bénin ne décrète pas de facto l’interdiction de ceux dont les noms n’y figurent pas. Seulement, ceux-ci ne doivent pas faire l’objet d’une revue de presse. Cela s’ajoute au fait que l’interdiction de leur parution n’est pas du ressort de la Haac. Par ailleurs, les promoteurs de ces organes peuvent déposer les différentes pièces attestant de leur existence officielle auprès de l'institution, celle-ci prenant déjà les dispositions pour compléter la première liste par leurs noms.





Les autres points abordés





Concernant la publicité sur les médicaments de la médecine traditionnelle, Edouard Loko a expliqué qu’il est demandé aux responsables d'organes de presse de retirer auprès du Ministère de la santé un document officiel attestant de la reconnaissance de l'efficacité des produits dont ils voudraient faire la promotion. Il en est de même des promoteurs d’écoles, qui font de la publicité mensongère sur leurs résultats de fin d’année aux examens. Concernant ce point également, il reviendra bientôt à la presse d’exiger de la part des ministères chargés de l'Education la note officielle qui indique la véracité de ces résultats. Mais, en aucun cas, la Haac n’interdit ni la promotion des produits de la médecine traditionnelle, ni celle sur les écoles d’enseignement.





Bernado Houenoussi

Presse du Cameroun

Le feu Pius N'jawé




Pius N’jawé : mon expérience personnelle





Pius N’jawé est mort. Telle est la nouvelle qui est tombée dans la journée du 12 juillet 2010. Il a trouvé la mort dans un accident de voiture dans l’Etat de Virginie aux Etats-Unis. Ainsi et à 53 ans s’achève le parcours terrestre de ce homme qui a été le pionnier de la presse privée indépendante au Cameroun, en créant le journal « Le Messager » en 1979. C’était au temps fort du régime du président Ahmadou Ahidjo. Durant ces trois dernières décennies, il s’est battu, en donnant de sa personne pour que la liberté d’expression devienne une réalité au Cameroun. J’ai entendu parler de Pius N’jawé pour la première fois à la fin de l’année 1997. Il venait d’être emprisonné juste pour avoir voulu faire son travail. Il passera 10 mois en prison et, en 30 ans de combat, il fut arrêté plus d’une centaine de fois. La seule rencontre que j’ai eue avec lui a été virtuelle. Le 27 avril dernier, sur les ondes d’Africa N°1 la radio africaine, nous avons débattu autour du bilan de la presse africaine après 50 ans d’indépendance de 17 pays d’Afrique francophone. Et, une fois encore, il est resté égal à lui-même, comme il l’a toujours été. Dans notre vie au quotidien, nous rencontrons plusieurs types de personnes ; ce constat se transpose également dans la corporation des journalistes. Il y a des brebis galeuses, mais également des personnes qui aiment véritablement le métier et qui l’exercent avec passion. De loin, il faisait partie de cette deuxième catégorie. Pius N’jawé était conscient du rôle d’une presse libre et indépendante dans le processus démocratique d’un pays. Pius était aussi un modèle de courage et d’abnégation. Son parcours en est un exemple. Lui qui a créé « Le Messager » alors qu’il n’avait que 22 ans. Il aura été lui-même le messager, celui de l’exemple à suivre. Les différentes distinctions qu’il a reçues témoignent de la reconnaissance de son travail. Même des caciques du pouvoir camerounais, qui l’ont combattu durant toutes ces années, ont salué sa mémoire. D’aucuns diront que c’est de bon ton de faire l’éloge d’une personne qui vient de mourir. Mais, les 30 ans de combat de Pius N’jawé justifient pleinement le déluge des hommages qui sont rendus à sa personne. Quelqu’un a dit que « la valeur d’une vie ne repose point dans le nombre de ces jours, mais dans l’usage qu’on en a fait ». Et, à Marcel Beliveau d’aller dans le même sens en disant : « Eh oui, vous êtes mort et on va vous enterrer. Que va-t-on retenir ? La façon dont vous êtes mort ou la façon dont vous avez vécu ? » J’opte pour la seconde possibilité et, c’est ce que je garde de mon doyen et confrère Pius N’jawé.





Bernado Houenoussi

mardi 13 juillet 2010

Concours Harubuntu

Mahamane Garba Touré






Concours Harubuntu 2008





Mahamane Garba Touré : Graine d'espoir est destiné à tous ceux qui vivent pour et par le monde rural"



D’une formation initiale de forestier au journalisme, il y a un grand pas, diront certains. Cela n’a pas empêché Mahamane Garba Touré, forestier de formation, de créer un journal qui parle des réalités de la ruralité de l’extrême nord-malien. Il l'a dénommé « Graine d’espoir ». En 2008, son initiative lui a valu d’être l’un des lauréats du Concours Harubuntu, organisé par Echos Communication, une organisation non gouvernementale belge. A travers de cette interview qu’il nous accorde, allons à la découverte de cette « Graine d’espoir » particulière.




Le Mutateur : Graine d’espoir est le nom du mensuel dont vous êtes le Directeur. Pourquoi avoir choisi cette dénomination ?




Mahamane Garba Touré : C’est le contexte qui prévalait au moment de la naissance de l’idée qui a déterminé le choix du titre. Il y avait à l’époque, en 2007, une conjonction de facteurs, apparemment indépendants les uns des autres, mais qui, aux yeux des initiateurs du mensuel, donnaient à l’entreprise toute sa raison d’être. Ces facteurs, c’étaient quoi : il y avait d’abord le fait que moi qui suis le principal acteur, venais de regagner ma région d’origine que j’ai quittée depuis une vingtaine d’années ; j’y revenais pour servir dans un centre de formation à vocation agropastorale et, au même moment, le Mali venait de se doter d’une Loi d’Orientation Agricole, une loi assez complète, conçue de manière originale et censée être le cadre référentiel du développement agricole du pays. Dans tous les discours, dans les plus hautes sphères de décision, c’est d’agriculture qu’il est question pour sortir le pays de l’ornière. Pour qui sait ce que représente l’Agriculture comme fondation, il y avait là une véritable raison d’espérer. D’où, la notion d’espoir de notre titre. Etant du domaine, nous nous sommes sentis directement concernés et interpellés. Nous nous sommes alors demandé ce que nous pouvions faire, à notre niveau personnel et spécifique, pour accompagner le mouvement et contribuer ainsi à l’essor de notre localité dans un Mali global. Nous avons donc décidé de capitaliser nos expériences diverses en créant un journal spécialisé du Monde rural, donc de l’Agriculture. Une première, dans la région de Gao tout au moins, qui nous a fait considérer notre initiative comme une graine qu’on sème et dont on espère des fruits.







Présentez-nous « Graine d’espoir » (Rubriques, nombres de pages, tirage) ...




Graine d’espoir est née initialement dans le style revue : 20 pages sur format A4 avec la couverture en quadrichromie et les pages intérieures en noir et blanc. Le mensuel est tiré à 1000 exemplaires et distribué partout au Mali. Il traite essentiellement des questions directement liées au monde rural (agriculture, élevage et pêche,environnement) et au développement local. Nous avons des rubriques permanentes telles que "Développement local", "Science et Développement", "Sécurité alimentaire", "Environnement", "Formation". Au bout de trois années d’existence, nous avons naturellement accumulé un certain nombre d’enseignements. Et, nous nous engageons à les capitaliser au fil du temps et en fonction des moyens de bord. C’est ainsi qu’à partir de juin 2010, par exemple, nous avons changé de format et de pagination. Nous paraissons désormais dans le format A3 sur du papier journal « classique » et en huit pages. Ceci dit, rien n’est absolument définitif ; tout dépend de l’évolution de ces mêmes facteurs qui ont présidé à la création du journal. La moindre « éclaircie » dans leur paysage est susceptible de nous inspirer quelques innovations, toujours dans le souci de mieux servir, conformément à nos objectifs.





A qui est principalement destiné ce mensuel ?



Graine d’espoir est destiné d’abord à tous ceux qui vivent par et pour le monde rural ou gravitent autour de lui : les agriculteurs bien sûr, les politiques qui votent les lois et empruntent au nom du monde rural, les partenaires au développement qui financent le secteur pour aider le pays, les chercheurs du domaine qui cherchent à améliorer les performances, les techniciens et autres agents de projets et programmes qui ont pour raison d’être de développer les filières, les organisations de la société civile (associations, ong, etc.) qui intercèdent dans le secteur. Mais, au-delà, Graine d’espoir s’adresse au citoyen lambda qui, à mon sens, a, à la fois, le droit d’être informé et le devoir de se former en s’informant par rapport à un domaine d’activités précis de la communauté dans laquelle il vit.




Les agriculteurs dont parle principalement « graine d’espoir » lisent-ils le journal qui leur est consacré ?




Je crois que la question de la lecture, tout simplement, est à la limite un problème de culture en Afrique, de façon générale. Pour la presse écrite, je peux même dire que c’est le talon d’Achille. Dans une région comme Gao, c’est encore plus aléatoire. Mais, avec le temps, les habitudes évoluent ; et j’espère qu’il viendra ce jour où nous pourrons démentir ceux-là qui pensent que « la meilleure manière de cacher une chose à un Africain, c’est de la mettre dans un livre ». Pour revenir à Graine d’espoir, je disais tantôt que dans le fond, le journal est ouvert à tout le monde ; donc il faudra un peu relativiser l’expression « consacré aux agriculteurs ». Ceci dit, pour être davantage en phase avec certains de nos objectifs en favorisant un accès direct des populations rurales (producteurs) à notre journal, même si c’est déjà le cas à travers leurs organisations faîtières, nous avons introduit dans nos colonnes quelques rubriques en ces langues locales utilisées dans les programmes d’alphabétisation. Il s’agit principalement et, pour l’instant, du Sonraï, du Tamasheq et du Peulh. Cependant, le problème de la lecture reste toujours posé. Nous continuons dons de réfléchir à des stratégies qui puissent amener à changer la donne.




Comment ce mensuel peut-il, selon vous, contribuer au développement de la région de Gao ?




Ça, vous devez le savoir autant, sinon plus que moi, puisque vous êtes aussi du métier. Je crois qu’aujourd’hui, la place et le rôle d’un média, quel qu’il soit, dans le processus de développement d’une communauté ne sont plus discutables. La question qui demeure, c’est de savoir si la communauté en question, à travers ses « élites », accorde audit média toute l’importance qu’il mérite pour en tirer le meilleur parti. Pour ce qui est de Gao en particulier, sachez que c’est une région qui a un retard de développement criard sur le reste du Mali. Son éloignement de la capitale du pays, la peur bleue qu’elle inspire du fait d’une réputation de zone d’insécurité qui lui colle et bien d’autres idées reçues font que même des Maliens la connaissent très mal, a fortiori les étrangers. Pourtant, malgré des conditions climatiques naturellement hostiles, tout y est possible. Et, quoi que l’on dise, l’avenir de Gao, à l’instar du reste du pays, est et demeure dans l’Agriculture. Mais, pour cela, il faudra vaincre les résistances aussi bien internes qu’externes en commençant, par exemple, par se débarrasser d’une mentalité d’éternel assisté qui a fini par inhiber tout sens de l’effort et du sacrifice, reconquérir l’estime de soi et de ses compatriotes en reconnaissant leurs valeurs intrinsèques et en appréciant à leur juste valeur les actes qu’ils posent. En un mot, s’aimer et aimer les autres au point de vouloir construire ensemble un toit commun qui garantisse la prospérité et le bien-être à tous. Par rapport à tous ces vastes chantiers, tant idéalistes que matérialistes, je crois que Graine d’espoir peut être d’un précieux apport. D’ailleurs, depuis sa naissance, le mensuel n’a eu cesse de dire et de répéter, chaque fois que l’occasion l’exigeait, dans les lignes de son éditorialiste, que l’une de ses missions est de mettre en exergue tous les actes et tous les acteurs qui contribuent au succès du Mali, en général, et de la région de Gao, en particulier.




Quelle place ont occupée vos expériences précédentes, en matière de journalisme, dans votre choix de créer un groupe de presse qui se consacre à l’actualité de la vie rurale dans la région de Gao? Si, par exemple, vous n’étiez pas passé par ces différentes rédactions, pensez-vous que votre ambition aurait été la même ?




J’avoue que mes expériences précédentes en matière de journalisme ont beaucoup influencé le choix que j’ai fait. Et, je ne sais pas comment me l’expliquer moi-même; le journalisme, ça me colle à la peau. Et, en le liant à un domaine d’activités spécifique et dans lequel j’ai suivi, en fait, ma formation de base, ça devient encore plus passionnant. Je considère le monde rural, et je crois que c’est un avis général, comme la fondation pour tout le reste. Si cette fondation n’est pas solide, le reste ne tiendra pas longtemps. Je crois que l’actualité de ces derniers temps ne fait que confirmer cela. Alors, je me dis que j’ai fait un choix utile. Reste à surmonter les innombrables écueils.




Que vous a apporté ce prix spécial décerné par le Jury d'Harubuntu 2008 ?




Le Prix Harubuntu 2008 nous a apporté surtout un grand réconfort en ce que, comme je viens de le dire, notre entreprise n’est pas vaine, que ce que nous faisons a de la valeur et est appréciable. Cela nous a renforcés dans notre estime de soi et augmenté notre capital confiance. C’est un peu tout cela qui nous donne, aujourd’hui encore, le moral de continuer, malgré les nombreuses difficultés.




Deux ans après la création du mensuel, quelles sont les difficultés que vous affrontez dans l’atteinte de vos objectifs ?





Ce sont les mêmes que rencontre tout organe de la presse écrite partout en Afrique : difficultés financières liées à la mévente, au manque d’insertions publicitaires, d’annonces ou autres partenariats susceptibles de générer des ressources. Pour un organe régional tel que le nôtre, il faut multiplier ces difficultés-là par dix ! Parce qu’à tout cela s’ajoute un esprit local très souvent hostile et rétrograde, qui rechigne à accepter les changements.




Quelles sont vos perspectives ?




Consolider les assises de Graine d’espoir en commençant par s’établir - sans transférer le siège - à Bamako, pour mieux se distribuer sur l’ensemble du territoire. Ensuite, chercher les moyens de mettre en œuvre les autres composantes du projet initial.




Si je vous appelle Agronome-journaliste, que me répondrez- vous ?




Moi, je suis plutôt forestier de formation. Mais, peut-être que le destin m’impose tout simplement l’appellation journaliste !




Propos recueillis par Bernado Houenoussi

jeudi 1 juillet 2010

Vie scientifique au Bénin



Concours des posters scientifiques franco-béninois



Des binômes de scientifiques récompensés le 30 juin dernier



Le concours pour la Promotion des partenariats bénino-français en matière de recherche pour le développement (Paradev) a été lancé en avril 2010. Destiné à des binômes de scientifiques franco-béninois ayant initié des recherches pour le développement, il vient de livrer, il y a peu, son verdict.



La cérémonie de remise de prix aux lauréats du concours de posters scientifiques a eu lieu le 30 juin au Centre culturel français (Ccf) de Cotonou. Lancé en avril dernier, ce concours a été clôturé le 09 mai 2010. Les posters présentés dans ce cadre devaient mettre en valeur la diversité des travaux réalisés par des binômes de scientifiques franco-béninois. Ces travaux concernent notamment les domaines de l’agriculture, de l’agroalimentaire et de la santé. Pour la sélection des lauréats, le jury a évalué les posters présentés sur plusieurs critères. Il s’agit, entre autres, de la clarté, de la logique, et de la facilité de communication. Mais, il fallait aussi que ces œuvres soient accessibles à un public n’ayant pas une grande culture scientifique. Au terme de la délibération du jury, 14 posters ont été récompensés. C’est ainsi que le Grand Prix du jury a été attribué à Waliou Amoussa Hounkpatin et à Claire Mouquet-Rivier. Leur travail était axé sur la nutrition du jeune enfant. Le prix « Santé » récompense, quant à lui, des travaux sur le paludisme de la femme enceinte. Par le biais d’une exposition itinérante, ces œuvres seront présentées dans des institutions de recherche et de l'enseignement supérieur du Bénin.



Les partenaires institutionnels de l'événement



Le concours des posters scientifiques a été organisé par le Service de coopération et d’action culturelle (Scac) de l’Ambassade de France au Bénin. Le Scac a trois autres partenaires. Il s’agit de la Direction nationale de la recherche scientifique et technique (Dnrst) du Bénin. De même, il y a l’Institut de recherche pour le développement (Ird) et le Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad). Tous deux étant des organismes français. Dans sa prise de parole, Bruno Bordage, représentant de l’Ird au Bénin, a déclaré que « la recherche scientifique dans les domaines qui concernent les pays du sud doit être pensée, construite, vécue avec les acteurs du sud ». Selon lui, « ces binômes sont emblématiques de cette volonté de promouvoir une science plurielle, une science partagée, une science, non pas monolithique, mais au contraire riche de la confrontation des cultures et des modes de pensée ». Et, au représentant du Scac d’ajouté que « les deux premiers objectifs de cette opération sont atteints puisque plus de vingt binômes ont répondu à cet appel et constitué une collection de posters qui, sans être exhaustive, illustre bien la grande diversité de production scientifique et reflète le dynamisme des équipes qui ont saisi l’opportunité de communiquer sur leurs travaux. »



En marge de la remise des prix du concours des posters scientifiques



Yann Madodé, l’un des lauréats, nous confie ses impressions…




Yann Madodé et Christian Mestres sont les co-auteurs d’un des 14 posters primés lors de ce concours. Leur oeuvre est intitulée : "De l’artisanat à l’industrie, la valorisation du « Akpan », un yaourt végétal béninois à base de maïs". Le premier nous donne plus de précisions sur elle.



Journal le Mutateur : Quel est votre parcours personnel ?


Yann Madodé : Je suis ingénieur agronome, formé à la Faculté des sciences agronomiques (Fsa) de l’Université d’Abomey-Calavi (Uac). Je suis aussi détenteur d’un Diplôme d’études approfondies (Dea) en biotechnologie végétale. Actuellement, je prépare une thèse de Doctorat toujours dans le domaine de la technologie et des sciences agro-alimentaires.



Comment vous est venue l’idée de ce poster ?


C’est d’abord une recherche avant d’être un poster. Nous sommes partis de l’intérêt que les gens ont pour un produit de grande consommation au Bénin comme l'« Akpan ». Nous avons dans notre patrimoine culturel un certain nombre de produits qui sont vendus dans la rue, et qui sont de plus en plus délaissés par certaines couches de la population à cause de leur qualité. Certains, en consommant ces produits, ont des maux de ventre ; d’autres n’aiment pas le fait que pour consommer ce produit, d’une part, qu’il faille aller sur le marché vers la vendeuse et, d’autre part, le fait de devoir le consommer sur place. Donc, il y a un certain nombre d’inconforts dans le cadre de la consommation du « Akpan ». Nous sommes à une ère de globalisation, et nous avons jugé nécessaire de proposer quelque chose de notre patrimoine culturel. Nous avons essayé d’améliorer, de mettre au goût du jour ce produit pour voir si les gens vont l’apprécier. C’est un peu l’idée qu’il y a derrière notre recherche et ce poster.



Quelle a été votre démarche vers ces femmes qui fabriquent artisanalement le « Akpan » ?


Pour le moment, notre recherche n’est pas encore terminée. Nous sommes partis du savoir-faire et de l’expérience de ces femmes. Nous nous sommes appropriés la technologie et, avec leur aide, nous avons mis au point ce produit que vous avez là et qui est semblable à un produit du genre "Fan Milk". Il a un emballage typique, un peu comme les yaourts, les « Dèguè » qui sont vendus dans des pots de 25 cl ou de 33 cl. Donc, nous avons essayé de mettre au point, dans un premier temps, le produit conditionné, emballé sous cette forme. Et, la suite, maintenant, c’est d’améliorer la conservation du produit. Une fois que cela sera fait, on pourra retourner vers les femmes pour voir dans quelle mesure elles pourraient s’approprier cette technologie. Elles pourront peut-être, en se regroupant en coopérative ou en petite industrie, fabriquer ces produits à plus grande échelle, pour le bonheur des consommateurs non seulement béninois, mais aussi africains et, pourquoi pas, européens.



Si un tel produit devrait être commercialisé, dans combien de temps sera-t-il disponible sur le marché ?


Cela ne demanderait pas beaucoup de temps. Avec ce que nous avons fait, les études de marché et le matériel nécessaire ont été déjà pris en compte. Pour le moment, nous n’avons pas préconisé une mise sur le marché parce que le produit reste seulement conservable durant huit jours. Nous voulons d’abord l’améliorer pour avoir une conservation de deux semaines à un mois, comme ce que nous avons au niveau du yaourt, avant de penser à une consommation à grande échelle et à une commercialisation. Donc, pour le moment, nous affinons la recherche sur cet aspect afin d’avoir une période de conservation plus longue.



Réalisation : Bernado Houenoussi