L’après-midi du mardi 7
mai 2019 a permis à Candide Azannaï, homme politique béninois, d’animer une
conférence de presse à son Cabinet particulier situé au quartier de Mènontin à
Cotonou, avec un thème bien précis : « Résistance totale contre le
leadership névrotique et destructeur du pouvoir dit de la rupture :
activation de l’article 66 de la Constitution de la République du Bénin ».
Dans une longue déclaration préparatoire aux questions des journalistes, l’ancien
Ministre délégué à la Défense du premier Gouvernement de la Rupture a proposé
sa lecture des événements des 1er et 2 mai 2019, entre autres, tirant
à boulets rouges sur le pouvoir actuel, évoquant les qualités reconnues aux
forces béninoises de sécurité et de défense, attirant l’attention sur l’importance
de l’article 66 de la Constitution béninoise et, bien avant cela, au passage, allant jusqu’à réclamer
la démission du Chef de l’Etat, Patrice Talon, au cas où certaines informations se trouveraient vérifiées … Découvrir l’intégralité de la Déclaration de Candide
Azannaï.
Intégralité de la
Déclaration de Candide Azannaï
« RÉSISTANCE TOTALE
CONTRE LE LEADERSHIP DESTRUCTIF DU POUVOIR DIT DE LA RUPTURE : ACTIVATION DE
L’ARTICLE 66 DE LA CONSTITUTION »
Mesdames et Messieurs
les journalistes,
Mesdames et Messieurs,
D’entrée, je salue la
mémoire des martyrs de la Démocratie, de l'Etat de droit, du pluralisme
politique et de la préservation des Acquis de l’Historique Conférence Nationale
de 1990.
Il apparaît
malheureusement que c’est M. Patrice TALON, lui-même en personne qui aurait
ordonné le massacre des populations dans le but d’imposer par la terreur, sa
folie d'une dictature despotique, chez nous, en République du Bénin.
L'auteur des manœuvres,
totalement insensées contre l'ordre constitutionnel et le modèle démocratique
hérités de la Conférence Nationale est également celui des macabres assassinats
des 1er et 2 mai 2019 à Cotonou et à Kandi.
En effet, au cours de
ces deux journées effroyables, il a basculé dans l'inacceptable en couvrant
l’usage d’armes automatiques sur les pauvres populations béninoises, qui
manifestaient contre l’arbitraire.
Permettez-moi de
transmettre l’interrogation afflictive de mon épouse, en tant que mère à la
première dame : « Chère madame, regardez votre époux droit dans les yeux et
posez lui la question suivante : quel sentiment vous anime lorsque vous voyez
la vidéo d’une nourrice innocente assassinée, sous les balles des forces de
l’ordre ? ».
Je m'incline devant la
mémoire de toutes ces victimes des 1er et 2 mai 2019, et je réclame
justice, sanction pour ces tueries.
Mesdames et Messieurs
les journalistes,
Mesdames et Messieurs,
Je voudrais m'adresser
à vous, cet après-midi, sur le thème intitulé :
« RÉSISTANCE TOTALE CONTRE
LE LEADERSHIP NARCISSIQUE ET TOXIQUE DU POUVOIR DIT DE LA RUPTURE : ACTIVATION
DE L'ARTICLE 66 DE LA CONSTITUTION DE LA RÉPUBLIQUE DU BENIN ».
Il convient de rappeler
ce qui est en jeu, ainsi que l'enjeu de la Résistance Nationale, et d'attirer
l’attention des uns et des autres sur la nature du pouvoir dit de la rupture.
J’évoquerai les
préconisations de la Constitution, à travers les dispositions de son Art. 66 en
cas de coup de force quelconque, de coup d’Etat, de confiscation de pouvoir,
avant de m'étendre sur les axes de notre causerie. Pour terminer, je vais
saluer le panache avec lequel le Peuple béninois a exprimé sa maturité, le 28
avril 2019.
Le 28 avril 2019 a
consacré le triomphe du mot d'ordre : « Pas d'élections législatives sans
l'Opposition ». LA RÉSISTANCE POPULAIRE NATIONALE a révélé au monde entier que
le Président Patrice TALON, avec toutes les composantes du pouvoir dit de la
rupture, représente à peine 5% des électeurs béninois, et au sens large, des
populations béninoises. Une cinglante déculottée que la terreur, que les
mitraillettes automatiques et les massacres ne peuvent réduire au silence.
La solution ne saurait
être au bout du fusil, des commerces de terreurs ou des fuites en avant, qui
trouveraient refuge dans les hypothétiques interventions de la Providence, ou
dans les incantations de mains étrangères salvatrices.
La solution est dans la
capacité de l'ensemble des résistants à assumer avec opiniâtreté à partir de
l’intérieur avec hauteur et dignité les dispositions impératives de l'Art. 66
de la Constitution.
• LA RAISON DE LA
RÉSISTANCE POPULAIRE NATIONALE
Mesdames et Messieurs
les journalistes,
Mesdames et Messieurs,
Après une très longue
nuit d'une dictature militaire et marxiste - léniniste sous l'étendard du parti-État,
PRPB ( Parti de la Révolution Populaire du Bénin ), le Peuple béninois s'est
réconcilié avec lui-même, au cours de la Conférence Nationale de l'ensemble des
Forces vives de la Nation en février 1990.
Un pacte républicain a
été conclu, à l'issue de cette historique Conférence des filles et fils de
notre pays, sur la base du consensus national: proclamation de la République du
Bénin autour des valeurs et des principes universels de la Démocratie, de
l'Etat de droit, du pluralisme politique et sur la profession de foi de
respecter les engagements ainsi pris, qui constituent les Acquis du Renouveau
démocratique.
L'Armée a
solennellement prêté serment de se retirer dans les casernes, à travers son
Chef d'Etat major de l’époque.
C'est à ce pacte
fondateur de la République du Bénin, que s'attaque M. Patrice TALON sous le
piège de prétendues réformes du code électoral et du système partisan.
Il détruit sous ce
complot despotique, tous les partis politiques, exclut des élections toute la
classe politique à l'exception de ses partisans qu'il autorise à constituer le
prochain parlement après les avoir répartis en Union progressiste (UP) et Bloc
républicain (BR).
En réalité, l'UP et le
BR sont deux branches d'un parti-État parrainé par une seule et même personne,
Monsieur Patrice TALON.
Le retour au
monolithisme politique vient ainsi d'être engagé. Par cette option, M. Patrice
Talon vient de rompre son serment du 06 avril 2016 de fidélité et de loyauté à
la Constitution de décembre 1990, comme Loi suprême de l'Etat.
Le but poursuivi n'est
rien d'autre que la confiscation du pouvoir législatif, l’imposition d’une
nouvelle Constitution et, bien entendu, l'instauration d'un régime dictatorial
de type despotique, mafieux et terroriste.
Tous les spécialistes
sérieux du monde vous diront que le recours à un coup de force pour changer
unilatéralement la nature d’un régime, ou pour renforcer un pouvoir ou pour
prendre un pouvoir est un coup d'Etat. La nature du coup de force auquel on
recourt dans la perpétration du coup d'Etat et son mode opératoire déterminent
sa qualification ...
En l’espèce, nous
sommes en face d'un coup d'Etat. Un coup d'Etat pur et simple que certains
qualifient de coup d'Etat institutionnel, parce que c’est l'institution
constitutionnelle génératrice du pouvoir législatif qui est attaquée, braquée
et en voie de confiscation.
Un coup d'Etat avec
usage de deux coups de force, qui a consisté en :
1 - la modification
unilatérale du processus électoral par l'érection d'une pièce illégale et
vecteur d'exclusion dénommée "Certificat de conformité".
2- le recours aux
forces de sécurité et de défense pour empêcher toute réaction de contestations
populaires contre la confiscation du pouvoir législatif.
Mesdames et Messieurs,
Nous devons retenir
que:
- Ce n'est pas pour
l'intérêt général que le Chef de l’Etat a choisi, le 11 avril 2019, de faire la
sourde oreille aux appels des forces politiques de l'opposition qui lui
proposaient la voie du consensus apaisé et inclusif.
Ce n’est pas pour
l’intérêt général qu’il a décidé d’ignorer les réserves des émissaires des
Nations Unies, de la CEDEAO, de l'Union Africaine, de l'Union Européenne, du
voisin nigérian, les réserves perceptibles de représentations de certains pays
à l’instar des États-Unis qui lui déconseillaient le raidissement contre les
traités, accords, protocoles et mécanismes internationaux en matière de gestion
préventive des conflits notamment des conflits électoraux ...
Ce n'est pas pour
l'intérêt général qu’il s'est radicalisé.
Ce n'est pas pour
l'intérêt général qu'il s'empresse de confisquer le pouvoir législatif.
C’est pour protéger ses
arrières et pour couvrir les atrocités du leadership déviant du pouvoir dit de
la rupture par des lois vénales pouvant garantir impunité et immunité.
C’est pour sa gloire
personnelle qu'il s'obstine à démolir une à une les lois compatibles avec la
Démocratie, avec l'Etat de droit, avec le pluralisme et avec les Acquis du
Renouveau démocratique.
- Recadrer la
Résistance Populaire Nationale :
Il importe devant ce
tableau sombre que la RÉSISTANCE POPULAIRE NATIONALE ne se laisse pas divertir
ni par ce qui n'est pas son objet ni par les provocations du pouvoir dit de la
rupture encore moins par les tentatives de fixation orientée sur des règlements
de compte halogènes à la raison de la résistance.
La résistance doit se
déconnecter de rivalités politiques antérieures à son objet et à son objectif
principal.
Je tiens à faire cette
clarification parce qu'il est nécessaire et urgent de repréciser que la
Résistance a pour objet et pour raison la mobilisation générale pour faire
échec au complot de confiscation du pouvoir législatif, première étape de
l'assassinat de la Démocratie et de l’Etat de droit.
La Résistance vise à
faire échec au coup d'Etat qui est perpétré actuellement, avec le recours à
certains responsables des forces de sécurité publique et de l'armée.
La Résistance s'impose
comme une option impérative qui fonde sa légitimité sur la raclée historique
administrée personnellement au Pouvoir par le Souverain, qu'est le Peuple
béninois le 28 avril 2019.
Venons-en aux faits.
Qui a provoqué les incidents malheureux des 1er et 2 mai 2019 ? Qui
a donné l’ordre de faire le siège du domicile de l'Ancien Président Boni YAYI ?
L'examen de ces
questions édifie à plus d’un titre.
Mesdames et Messieurs
les journalistes,
Mesdames et Messieurs,
Permettez-moi de rendre
un sincère hommage au Président Nicéphore Dieudonné SOGLO, pour avoir peint le
week-end dernier, la moralité de ceux qui nous dirigent. Je passerai la
psychologie du leadership de la rupture au scanner de certaines études
influencées par OWEN, VERGNES et surtout OUIMET.
Nous avons à la tête de
la rupture, un leadership pathologique, destructif, une pathologie que
redoutait Jean-Claude MONOD dans son ouvrage intitulé : ´´Qu’est ce qu’un Chef
en Démocratie ´´?
•LEADERSHIP DESTRUCTIF:
versants narcissique et toxique
C’est à travers la
phénoménologie du pouvoir que se révèle le diagnostic du leadership qui le met
en œuvre, qui lui sert de vecteur directeur.
Depuis des années, j'ai
souvent évoqué, à l’occasion de plusieurs conférences publiques, le danger que
constituent pour les communautés et pour le pouvoir d'État, les leaderships
pathologiques.
Selon David OWEN,
médecin et ancien ministre britannique des Affaires étrangères, une personne
atteinte de la maladie d'Hubris, encore appelé « maladie du pouvoir », développe
« une forte tendance narcissique au point de voir le monde comme une arène
où exercer son pouvoir et où rechercher la gloire. Son égo l'amène à avoir une
confiance excessive en son propre jugement et à mépriser les critiques et les
conseils d'autrui. Dans sa folie du pouvoir, il s'identifie avec la nation, en
prenant son point de vue et ses intérêts pour ceux des populations, de ses
concitoyens, de ses compatriotes. Pour lui, aucune autre vision n'est valable,
tant il conçoit la sienne comme étant messianique. Un tel leader croit avec
force qu'au lieu d'être responsable devant l'opinion publique, le seul tribunal
auquel il devra répondre sera celui de l'histoire et que le jugement de ce
tribunal lui sera favorable. Il perd ainsi le contact avec la réalité et se mue
dans un isolement progressif. Il rompt toute coopération, évite de prendre en
considération les aspects pratiques ou même d'évaluer les coûts et les
conséquences de son choix d'exclure les autres intelligences. En fait, la
confiance excessive qu'il a en lui-même, le rend incompétent à mesurer les
rouages habituels de la politique et du droit. Bref, il se croit omnipotent,
omniscient ».
Comme on peut le voir,
la personnalité d'un individu atteint de l’hubris ou maladie du pouvoir se
résume au narcissisme, à l'arrogance, la prétention, l'égoïsme, la
manipulation, le mensonge, le mépris pour l'avis des autres, le sentiment
d'invulnérabilité, d'invincibilité et de toute-puissance, l'identification
totale entre le sort de l'individu et de l'institution qu'il dirige.
Un dirigeant atteint de
l’hubris " ou " pathologie du pouvoir", perd totalement le sens
du leadership servant qui est le type de leadership qu'ambitionne toute
communauté humaine dont le but est de se débarrasser de la nature animale qui
est en nous pour chercher le bonheur dans la vie associative porteuse de l'humanité.
Cette pathologie est
souvent remarquée chez les dirigeants dans un régime décadent montrant ses
limites, perdant la boussole mais qui s’efforce, dans le sens du mal, à se
maintenir. Lorsque cela survient dans une Nation, le dirigeant plonge dans un
leadership à la fois narcissique et toxique, deux versants du leadership
destructif. Un tel pouvoir devient dangereux pour la paix et la cohésion
nationale.
Philippe VERGNES dit
d'un tel pouvoir, basé sur un leadership toxique, qu'il influence et abuse les
gens relevant de son autorité en utilisant une panoplie de moyens directs ou
détournés, tous condamnables. Il use de la marginalisation, l'ostracisme, la
moquerie, le harcèlement, l'humiliation, la coercition, la compétition
malsaine, l'agression physique, la menace, le mensonge et la tromperie ... tous
procédés mis de l'avant pour aboutir à des fins personnelles du dirigeant ou
pour réaliser les mandats qui lui sont confiés. Le leadership toxique cantonne
l'expression de son pouvoir sur l'établissement d'un régime de la terreur.
Pour VERGNES, tout
individu atteint du narcissisme toxique est enclin à se préoccuper des
fantaisies de succès illimités, de pouvoir, de splendeur. Il a de l'inclination
à l'ostentation c'est-à-dire qu'il est à la recherche constante d'attention et
d'admiration. Par contre, il affiche une froide indifférence envers les autres
ou de vifs sentiments de rage, d'infériorité, de honte, d'humiliation ou de
vide lorsqu'il doit faire face à la critique ou l'indifférence des autres ou,
encore, la défaite. Il développe un caractère cynique c'est-à-dire qu'il
éprouve du plaisir à exploiter les autres, à les abuser, les mettre au service
de ses propres désirs et de son épanouissement personnel. Il méprise le respect
de l'intégrité et des droits d'autrui. Il éprouve du plaisir à dévaloriser les
autres. Il n'a de sentiment pour personne.
Le danger que court une
Nation dirigée par une personne développant un "égo surdimentionné"
est grand. Car dans ce cas précis, on assiste à un leadership narcissique où
les actions du leader sont motivées par l'adhésion à des croyances et la
satisfaction de besoins "égomaniaques", et ce, au détriment des
gouvernés, des administrés.
Un tel gouvernant a
pour mode opératoire, comme le souligne Gérard OUIMET, la mise à profit de son
charisme, la promotion de fascinants projets utopiques, le recrutement de
collaborateurs dépendants et serviles et le traitement machiavélique des dossiers
(étatiques et administratifs).
Ai-je besoin de
commenter un tel scanner du pouvoir dit de la rupture?
Nous pouvons donner
l'éventail des illustrations à partir de vos questions?
Me référant, d'une part,
à la sémiologie du leadership pervers de type narcissique et toxique qui
précède et, d'autre part, à la peinture argumentée de la moralité de la rupture
brillamment exposée par l'Ancien Chef d’Etat, Nicéphore Dieudonné SOGLO, à
laquelle tantôt je faisais allusion, on peut comprendre que les tueries des 1er
et 2 mai participent d'une planification macabre visant à réduire au silence
par la terreur les protestations quasi-générales des populations frustrées
devant l'arrogance de l'imposture du pouvoir dit de la rupture.
• LE RECOURS AUX ARMES
DE GUERRE POUR IMPOSER UN COUP D'ÉTAT: QUI A DONNÉ L'ORDRE D'ABATTRE LES
INNOCENTES POPULATIONS CIVILES?
Mesdames et Messieurs
les journalistes,
Mesdames et Messieurs,
J'ai suivi avec
attention, le comportement de nos forces de sécurité publique. J'ai également
observé l'attitude de nos Forces de défense nationale. J’avais cherché à
comprendre pourquoi soudainement certains responsables militaires commençaient
par s'inviter dans l'atmosphère politique de plus en plus délétère. C'est pour
éviter et prévenir de telles excitations susceptibles de violer la stricte
neutralité de l'Armée que j'avais, à titre informatif, adressé une
correspondance au Chef d'Etat Major Général des Armées au nom de l'ensemble des
forces politiques de l'Opposition dès que M. Patrice TALON a décidé de recourir
au "Certificat de conformité" pour opérer le coup de force visant à
la confiscation du pouvoir législatif.
J’ai écouté les
allusions politiques du Chef d’Etat major de l'Armée de terre, alors qu’il
exposait officiellement les motivations des opérations de sécurisation anti –
terroristes ...
J'ai analysé les
communiqués produits par certains responsables de l'Armée à la veille de la
parodie électorale et surtout après le désaveu historique asséné par le Peuple
béninois aux aventuriers nostalgiques des régimes despotiques de triste
réputation.
J'ai eu le privilège de
connaître la psychologie de notre Armée et surtout la philosophie de défense
largement répandue au sein du Haut Commandement Militaire. Notre Armée n'est
pas une armée d'assassins. Nos responsables militaires font partie des
meilleurs de notre sous-région et même de leur génération. Et pour la plupart,
ils justifient d’une solide assise intellectuelle et de sens de discernement
dans l'art du Commandement et des approches civilisées en matière de maintien
de paix.
Nous n'avons pas une
armée de bouchers. Si je dois avouer redouter des signes d'inquiétude qui
seraient le rêve de quelques responsables militaires ayant le refrain langagier
léger de tireurs sans état d'âme, ils sont bien un infime nombre à la recherche
de promotion et de promotions imméritées ... D’ailleurs, ceux-là sont bien
connus.
J’ai la conviction que
la caractéristique de notre Armée n'est pas le massacre des populations
civiles.
Au plus fort des
débordements populaires des antagonismes politiques, notre histoire ne retient
pas de nos Forces de sécurité et de défense les caractéristiques d'une armée
qui tuent les populations civiles, sans état d’âme.
J'ai également
recueilli plusieurs témoignages, des photos, vidéos et audios continuent de me
parvenir sur les comportements et même des propos de certains responsables
militaires. Je tiens à soutenir que les scènes de tuerie des 1er et
2 mai 2019, sont loin d'illustrer les pratiques de notre Armée.
Il convient de savoir
d'où vient l'ordre d'assassiner les populations civiles?
Qui a conduit les
opérations militaires d'abattage des populations civiles le 1er mai?
Qui a conduit les
massacres du 2 mai?
De quelles unités ou
compagnies provenaient les exécutants des tueries?
Quels sont les
responsables militaires qui y ont pris part ?
Ces interrogations sont
toutes également valables en ce qui concerne la scène de guerre à laquelle se
livraient des éléments armés qui visiblement ignorent à quel point ils ont sali
les uniformes de la République.
Ma connaissance de
notre Armée et celle de nos Forces de sécurité publique me confortent que cette
opération est loin, d'être une décision du Haut Commandement de notre Armée.
L'Armée doit redorer
son blason en se désolidarisant des projets dignes de la dictature.
J'apprends que des
entreprises horribles sont en cours pour dissimuler ou effacer des preuves ...
En démocratie, il y a
des limites à ne pas franchir.
Qu'un des nôtres,
devenu Président de la République, soit atteint de l'hubris, et qu'il piège la
colère populaire en déclenchant des règlements de compte irresponsables contre
un de ses anciens protagonistes est inacceptable !
Au demeurant, si tous
les faits énoncés sont corroborés, M. Patrice TALON doit démissionner pour
avoir versé le sang des paisibles et innocentes populations.
• L'ART. 66 et le
DEVOIR DE RÉSISTANCE TOTALE:
J'avais indiqué
l'intérêt des grandes valeurs et des principes universels qui forment la
profession de foi de notre Pays à travers le Préambule de notre Constitution.
J'ai eu à plusieurs
reprises à indiquer les dispositions des Articles 19 et 36 de la Constitution.
Face à l'assassinat en
cours de la Démocratie béninoise, la première démocratie issue de la première
Conférence Nationale pacifique en Afrique, j'avais indiqué le recours à
l'Article 66 comme une préconisation en cas de déstabilisation ou de tentative
de déstabilisation de l'ordre constitutionnel.
Mesdames et Messieurs
les journalistes,
Mesdames et Messieurs,
Que préconise l’Art. 66
?
« En cas de coup d'
Etat, de putsch, d'agression par des mercenaires ou de coup de force
quelconque, tout membre d'un organe constitutionnel a le droit et le devoir de
faire appel à tous les moyens pour rétablir la légitimité constitutionnelle, y
compris le recours de coopération militaire ou de défense existants.
Dans ces circonstances,
pour tout béninois, désobéir et s'organiser pour faire échec à l'autorité
illégitime constituent le plus sacré des droits et le plus impératifs des
devoirs. »
Notre Pays traverse
trois situations de coup de force qui appellent l'activation de l'Article 66:
1- Le coup de force
consistant en une confiscation du pouvoir législatif par la mise en œuvre
forcenée d'une politique sectaire, d'exclusion et de déni de démocratie;
2- Le cinglant désaveu
infligé au pouvoir dit de la rupture le 28 avril 2019 par le Peuple béninois ;
3- Le massacre des
populations par le recours aux armes de guerre.
Ces trois raisons sont
constitutives des circonstances prévues par la Constitution et qui recommandent
l'activation de l'Article 66.
J'appelle (et vous
comprenez pourquoi) chaque béninoise et chaque béninois, à rejoindre la
RÉSISTANCE et la rendre INTENSE et TOTALE.
Le format de notre
organisation de la résistance intérieure pour faire échec à la forfaiture et au
pouvoir illégitime n'est pas la rébellion. La résistance doit être purgée de
tout vandalisme.
Notre résistance ne
doit pas avoir recours à des moyens et à des méthodes exorbitantes aux
préconisations de la Constitution.
Les démocrates et
patriotes de la RÉSISTANCE POPULAIRE NATIONALE doivent retenir que la victoire
quoique certaine, passera inévitablement par la qualité de l'organisation et
par la capacité de chaque responsable à réussir par rendre le courage plus
contagieux d'un instant à l'autre ; et agir en direction du plus grand nombre
qui doit se déshabiller de la peur qui tressaille au regard de la terreur que
répand le pouvoir et sa soldatesque aux abois.
La Constitution nous
recommande de désobéir, de nous organiser et de faire échec au leadership
toxique du pouvoir dit de la rupture qui s’en est pris par la pathologie de
l’Hubris à la Démocratie, à l’Etat de droit, au pluralisme politique et aux
Acquis du Renouveau démocratique.
Sur nos étendards, nos
fanions, arborons les couleurs de la République, des bandeaux blancs et
avançons pour dire non au pouvoir au son de l'Aube Nouvelle et avec des
pancartes renseignant sur les raisons de la résistance.
Je vous remercie de
votre attention.
Candide Armand - Marie
AZANNAÏ
Ancien Ministre Porte -
Parole du Gouvernement, Ancien Ministre Chargé de la Défense Nationale.
Hall des Conférences du
Cabinet Particulier du Président sis Siège National Cotonou, le 07 mai 2019.
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