jeudi 9 mai 2019

Lancement des ’’Didascalies du monde’’ 2019

Dans le cadre d’une lecture scénique effectuée à l’Institut français de Cotonou

Le mercredi 24 avril 2019 a été inaugurée l’initiative d’ordre théâtral, dénommée ’’Les didascalies du monde’’ (Ldm), pour le compte de l’année en cours. L’événement s’est tenu à l’Institut français de Cotonou (Ifc) à travers la réalisation d’une lecture scénique concernant une pièce de théâtre produit par un dramaturge béninois de la nouvelle génération.

De gauche à droite, Elisabeth Téhouévi, Thibaut Faïzoun, Marcel Kpogodo, Victor Goudahouandji et Hermione Soudé, en pleine lecture scénique
Neuf lecteurs en effervescence, se succédant, s’inter-changeant, faisant vivre au public les émotions de tous ordres que suscitent les répliques aussi comiques qu’inattendues de la pièce de théâtre en construction, intitulée ’’Démocratie chez les grenouilles’’. L’ambiance qu’a vécue le public ayant fait le déplacement de l’auditorium de l’Institut français de Cotonou dans l’après-midi du mercredi 24 avril 2019, au lancement des ’’Didascalies du monde’’, un projet de valorisation des textes de pièces de théâtre et d’un certain type d’acteurs tels que les dramaturges, les comédiens, les lecteurs et les metteurs en scène.
Sur la scène de l’auditorium de l’Ifc, deux groupes constitués, l’un, de cinq lecteurs et, l’autre, de quatre, se sont succédé, livrant les émotions et le message d’un texte aux tirades rigoureusement réparties ; les feuilles de la pièce de théâtre en construction, ’’Démocratie chez les grenouilles’’, sur lesquelles ils lisaient, de manière expressive, étaient maintenues sur un pupitre.
Victor Goudahouandji, Thibaut Faïzoun, Hermione Soudé, Marcel Kpogodo et Elisabeth Téhouévi, les cinq lecteurs du premier groupe incarnaient, de manière rotative et même imprévisible, trois personnages : dans son monologue, un rescapé d’une opération de conquête d’un espace boueux où régnaient des grenouilles dérangeant par leur coassement incessant, ensuite, grenouille père et grenouille mère, sans oublier un liseur de didascalies. 

De gauche à droite, Fidèle Kédahounsi, Eudes Prince Locossou, Yannick Ballo et Paul Ochadé 
Quant aux lecteurs du second groupe, Paul Ochadé, Yannick Ballo, Eudes Prince Locossou et Fidèle Kédohounsi, ils se partageaient entre les rôles du chef de file de l’opération d’envahissement, et de trois chercheurs, Cyclone 1, Cyclone 2 et Cyclone 3, chargés d’isoler le ’’Hkl91 :1’’, un virus dangereux, secrété par les grenouilles. Un projet pour lequel ils ont subi un échec cuisant, ce qui a conduit le souverain de leur pays, le roi Barca, à être contaminé du syndrome de la danse. Ceci a fait basculer la victoire du côté des grenouilles et a contribuer à sceller le mariage entre le père et la mère, dirigeants de la gent batracienne.  
Au-delà d’un simple déchiffrage de texte, les lecteurs ont restitué un jeu combinant les tons respectifs spécifiquement appropriés à des tirades, de la gestuelle impliquant des accolades, des comportements de congratulations et de la danse chaude. Dans ce jeu s’incrustait aussi l’expression de déplacements, de positionnements sur scène, qui permettaient de décrypter le rapport de force ou de faiblesse entre les personnages. Tout ceci fut orchestré par Giovanni Houansou, Directeur artistique, assisté par Nawarath Boni.

Ci-contre, Jérôome-Michel Tossavi,  au cours des échanges avec le public
A la lecture scénique a succédé une discussion libre entre les membres du public, d’une part, et Jérôme-Michel Tossavi, l’auteur de la pièce, ’’Démocratie chez les grenouilles’’, puis le metteur en scène de la lecture scénique, Giovanni Houansou, d’autre part.


Giovanni Houansou, le baroudeur du théâtre

Est à l’initiative de Giovanni Houansou, ’’Les  didascalies du monde’’, ce projet dont la deuxième édition a été lancée le mercredi 24 avril 2019, et qui verra effectuer une lecture scénique le dernier mercredi de chaque mois, pendant une année. A en croire ses propos, trois raisons fondent la mise en place de cette initiative : encourager la production dramaturgique, faire lire et découvrir des dramaturges d’Afrique et de partout ailleurs dans le monde, puis réunir des auteurs, des metteurs en scène et des acteurs.

Giovanni Houansou, modérant les échanges, après la lecture scénique
Par conséquent, pour lui, ces trois animateurs de la chaîne du théâtre sortent gagnants du système : l’auteur rompt avec l’anonymat en voyant son texte lu, de même qu’il a la possibilité de découvrir des pièces de ses homologues d’autres pays du monde, surtout que « les textes d’auteur ne sont pas souvent édités », explique-t-il. De son côté, l’acteur développe ses compétences à lire des textes et se voit toujours en activité. Se rapportant au metteur en scène, « il ne perdra pas tous les réflexes de mise en scène puisqu’on l’invite à un exercice qui est à mi-chemin entre la lecture simple et la lecture mise en scène », développe encore Giovanni Houansou. Et, si un chantier lui tient à cœur, au sein du Projet, c’est d’y faire intervenir des éditeurs pour la concrétisation de la pièce sur le marché du livre.
Par ailleurs, c’est un atelier de 48 à72h qui permet la préparation de la lecture scénique mensuelle, avec des lecteurs-acteurs qui ne sont pas des professionnels, ce concernant quoi le Directeur artistique affirme : « Il faut qu’on arrive à décloisonner l’activité artistique ». Ceci lui permet de combler le fossé entre les artistes et les spectateurs, quitte à donner la possibilité à ceux-ci de visiter le monde des premiers et de retourner dans le leur, selon leur volonté.
En réalité, Sèdjro Nathan Giovanni Houansou, lauréat du Prix ’’Rfi Théâtre’’ 2018, titulaire du Diplôme d’Etudes supérieures spécialisées (Dess) en ’’Gouvernance et démocratie’’ et, de surcroît, ancien Directeur du très mythique Ensemble artistique et culturel des étudiants (Eace) de l’Université d’Abomey-Calavi, est un trentenaire qui s’est donné l’habitude des actions de secousses dans le secteur théâtral béninois, pour lui offrir une nouvelle vie et des perspectives prometteuses. C’est ainsi qu’entre 2014 et 2016, il avait animé le projet ’’Embuscades de la scène’’, qu’il avait créé pour aider à la diffusion de la jeune création théâtrale au Bénin. Giovanni Houansou est une fougue douce et subtile dont le souffle semble en adéquation avec l’endurance et l’énergie que suppose la réussite des ’’Didascalies du monde’’ 2019.

Marcel Kpogodo

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