vendredi 27 janvier 2017

1331 agents fictifs dans l'armée béninoise: l'intégralité de la déclaration de clarification du Général Laurent Amoussou

Dans le cadre d'un point de presse qu'il a animé ce vendredi 27 janvier

La salle de conférence de l'Etat-major général des Forces armées béninoises a abrité un point de presse, qui s'est très vite mué en une conférence de presse. La séance d'échanges avec les professionnels des médias, qui a eu lieu, en milieu de matinée, ce vendredi 27 janvier 2017, a été animée par le Général Laurent Amoussou, Chef d'Etat-major de l'armée béninoise. Il ressort de sa déclaration que les faits de perception de leur salaire, pendant une quinzaine d'années, par des militaires fictifs, ne sont pas vérifiés. Voilà, soumise à l'analyse de nos lecteus, l'intégralité de la déclaration du Général Luarent Amoussou.


Le Général Laurent Amoussou, au cours du point de presse



Ministère de la Défense Nationale        Cotonou, le 27 janvier 2017
Etat-major général
Cabinet


Point de presse
du
Chef d’Etat-Major Général des Forces Armées Béninoises
sur
La polémique de la présence des personnels fictifs dans les Forces Armées Béninoises
  


Présentation liminaire


« Mesdames et messieurs de la presse,
Je vous remercie d’avoir accepté d’effectuer le déplacement de l’Etat-Major Général des Forces Armées Béninoises, ce matin. Ce point de presse, comme vous pouvez vous en douter, porte sur la polémique qui n’arrête pas d’enfler, au sujet de personnels militaires dit fictifs dans l’armée béninoise. A ce sujet, je voudrais, dans mon intervention liminaire, en attendant vos questions :
-          Donner un aperçu de la polémique ;
-          Rétablir la vérité des faits ;
-          Et faire quelques commentaires succincts.

1.      Au sujet de la polémique

Il a été diversement relayé dans certaines presses et abondamment sur les réseaux sociaux, des informations dont le point de convergence reste la présence de personnels fictifs dans l’armée béninoise. Les journalistes et blogueurs signataires de ces articles, ont divulgué le chiffre de 1331 personnels militaires en position inconnue, ce qui aurait généré un manque-à-gagner de 54 milliards de Francs CFA pour l’Etat béninois sur 15 ans. Certains articles indiquent même que les fonds ainsi dégagés auraient été « illégalement perçus par des hauts gradés de l’armée ».


2.      La vérité des faits

Pour ce qui nous concerne, au niveau des Forces Armées Béninoises, nous avons procédé au recensement des personnels militaires et policiers par la technique du paiement au vu des soldes et primes. Ce travail nous a permis d’évaluer l’effectif total des personnels à 25.493 dont 23.352 enrôlés. Le personnel en stage est à 301, le personnel en mission à l’étranger à 1.162. Nous dénombrons également 242 personnels civils, ce qui dégage un total de 262 personnels qui sont les décédés des Forces Armées Béninoises non encore radiés et les déserteurs.


3.      Quelques commentaires

ü  Vous conviendrez avec moi, Mesdames et Messieurs les journalistes, qu’entre les 262 personnels en position inconnue dénombrés, et le chiffre divulgué dans la presse et sur les réseaux sociaux toute cette semaine, il y a un gap important. En effet, les premiers chiffres sont issus d’une évaluation brute. Cependant, la confrontation avec l’opération de paiement main à main des soldes et primes, a permis de relever des erreurs substantielles. Ainsi, 101 personnels en stage ont été omis par les agents recenseurs, de même que 431 des personnels en mission à l’étranger. De même, 29 personnels non recensés n’ont pas été considérés. Par ailleurs, tous les personnels civils qui sont au nombre de 242 sont également omis, et considérés donc comme « fictifs » ainsi que cela a été dit. Enfin, le premier recensement ne prend pas en compte les FAB non encore radiées et les déserteurs. Ce sont toutes ces omissions qui ont été rajoutées sur le chiffre réel de militaires et policiers en position inconnue, pour générer le chiffre exorbitant largement relayé.
ü  Le souci d’une bonne gestion des ressources humaines dans les Forces Armées Béninoises est au cœur de notre plan stratégique. Nous notons, en substance, dans l’axe 4 relatif aux Ressources Humaines, la volonté de « doter les Forces Armées de personnels de qualité, et [d’assurer] une visibilité dans la gestion des carrières et des compétences … ». C’est donc souligner notre détermination, au plus haut niveau des Forces Armées Béninoises à assainir. Nous n’hésiterons donc pas à appliquer la loi dans sa stricte rigueur aux personnels militaires contrevenants aux lois de la République. Pour ma part, j’ai été clair par le passé, et je voudrais citer une fois encore mon plan stratégique : « La gestion des ressources humaines, dans l’équité et la justice mais surtout dans la rigueur, contribueront [ … ] à la mise en place d’une armée professionnelle telle que le souhaitent les populations et surtout les autorités politiques, pour lesquelles la sécurité reste un facteur primordial de développement ». Cette volonté de justice et de rigueur a toujours guidé notre action, et elle reste le pilier de toutes nos décisions à la tête des Forces Armées Béninoises.
ü  Pour finir, je voudrais souligner que pour ’’grande muette’’ qu’elles soient, les portes des Forces Armées Béninoises vous restent ouvertes. Il suffira à l’avenir d’un simple coup de fil et d’un déplacement vers nous, pour que vous puissiez vérifier toute information sensible sur l’armée, avant de la donner aux populations. Nous voudrions compter sur vous pour pouvoir donner au moins notre version des faits avant vos publications.
                  Je vous remercie ».



Colère à peine dissimulée

Après la présentation de sa déclaration, certains journalistes présents ont manifesté leur désir de poser des questions. Ainsi, le Général Laurent Amoussou a dû se prêter à elles, ce qui lui a permis de laisser entendre qu’a été identifié l’auteur de la vulgarisation de l'information non avérée concernant les 1331 militaires fictifs payés, qui a fait le tour de la presse nationale et des réseaux sociaux, et que celui-ci ferait l’objet de sanctions. En outre, l’intervenant s’est montré profondément indigné, méprisant et répugné par ce qu’il a considéré comme une haute intoxication : « Quand c’est trop puant, on dit ’’Tchi !’’ et on se tait ». Dans la suite de son propos, il n’a pas manqué de se faire menaçant : « Si ça continue, on ira ua tribunal dire le reste … ».   

Marcel Kpogodo

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