Chronique du Journal Le Mutateur, dans sa parution du mercredi 20 octobre 2010
Les dénégations d’Akpaki
Le programme du « Prime time » du vendredi 15 octobre dernier à la télévision nationale a eu les honneurs de monsieur Julien Akpaki, Directeur général de l’Office de radio et télévision du Bénin (Ortb). Durant une heure, il s’est évertué à répondre aux remous actuels au sein de la Rédaction de la Télévision nationale. Ce qui en ressort et, s’il fallait trouver une formule pouvant le résumer, elle serait libellée en ces termes : « Circulez, il n’y a rien, tout va bien dans le meilleur des mondes. »
Avec un ton ironique, flanqué d’un doigt accusateur, il a renvoyé dans les cordes les confrères qui ont publié, la semaine dernière, une lettre dénonçant les pratiques du Directeur de la télévision nationale, Monsieur Stéphane Todomé. Avec les documents officiels qu’il a brandis, Julien Akpaki a réfuté les accusations de l’opposition selon lesquelles il aurait fait des médias du service public une caisse de résonnance du pouvoir actuel. Mais, les opposants ont-ils besoin de ruer dans les brancards avant de pouvoir passer dans les journaux télévisés et dans les autres émissions d’une télévision de service public dont le traitement de l’information est véritablement équilibré ? Assurément non. Mais, depuis, les langues qui se délient au sein de la corporation des journalistes de la maison ont confirmé les rumeurs. Et, avec la démission de la Rédactrice en chef Annick Balley et la lettre signée par elle et par d’autres figures de proue de cette structure, plus rien ne sera plus pareil au sein de l’Ortb dont Julien Akpaki sera encore le Directeur jusqu’en 2014.
Revenons un peu arrière, en 2006, lors de la nomination d’Akpaki à la tête de l’Ortb. La mandature de la Haute autorité de l’audiovisuel et de la communication (Haac) en place à ce moment-là s’y était opposée sans que le gouvernement n’y prête attention. Tel un ver qui était déjà dans le fruit, les accusations de mise au pas de l’Ortb ont commencé à fuser à partir de ce moment. L’homme dont il est question aujourd’hui s’est aussi illustré dans les nombreux dons de divers matériels qu’il effectue à Bassila, sa localité d’origine. Et, comme pour donner raison à ses détracteurs, c’est le Chef de l’Etat qu’il invite les populations à remercier pour un tel acte. En passant par l’effort financier fourni par le pouvoir actuel pour permettre la couverture intégrale du territoire béninois par la télévision nationale, un fait que le Dg de l’Ortb rappelle toujours à qui veut l’entendre, c’est un peu comme si cela n’était pas du devoir et de l’obligation du régime de Boni Yayi. Alors, tous ces faits, mis bout à bout ont créé le terreau fertile qui a vicié l’atmosphère au sein des journalistes et des autres travailleurs de l’Office.
Le parti pris affiché pour un camp politique, dont on accuse Julien Akpaki, et qu’il nie, n’est en rien un fait inédit. Ce qui est en jeu, c’est l’image d’un média professionnel que la Direction doit donner à l’opinion publique. Alors, muré dans un autisme qui semble le déconnecter de cette question essentielle de l’heure sur le traitement de l’information par la
Télévision nationale, le Directeur, sous le feu des critiques, a employé l’arme de l’attaque pour contrer ces différents contradicteurs. Mais, le malaise est toujours présent, et la thérapie explicative n’aura pas les effets escomptés par Akpaki. Cette intervention télévisée a des airs d’un message de fermeté à l’endroit des uns et des autres, tant et si bien que, bien qu’en restant droit dans ses bottes, le Directeur général de l’Ortb ne connaît pas la prochaine réplique des signataires de la lettre frondeuse.
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