Pour une affaire cumulée
de tracasseries domaniales, de confiscation d’héritage, de complot, de
violation des droits de la femme, de violences contre la femme et de misogynie,
Hawa Ibrahim s’est retrouvée au cœur d’un enfer particulièrement cuisant
qu’elle se bat pour faire disparaître de sa vie depuis qu’elle a demandé l’asile
au Haut commissariat pour les Réfugiés (Hcr) au Bénin. Profondément désespérée,
elle a dû s’en remettre à l’art pictural, grâce auquel elle a créé une toile
manifestant un appel à l’aide à l’endroit du chef de l’Etat nigérien.
Hawa Ibrahim, une femme éprouvée ayant besoin d'une assistance au plus haut niveau |
Une femme apparemment
meurtrie tendant respectueusement un message vers un personnage qui semble être
l’actuel Président nigérien, Mahamadou Issoufou. La compréhension qui se dégage
de la toile dénommée ’’La lettre du Président’’, réalisée par Hawa Ibrahim,
artiste peintre libyenne.
Lisible en quatre parties,
le tableau indiqué présente, dans son deuxième quart, d’autres chefs d’Etat
côtoyant celui nigérien : Donald Trump, Emmanuel Macron, Margrethe II et
Cheikh Tamim Ben Hamad Al Thani, respectivement, les présidents américain et
français, la reine du Danemark et le roi du Qatar. Face à une première, en
matière de démarche d’expression, l’artiste donne l’impression d’appeler ces
chefs d’Etat à voir avec le président de la République nigérienne ce qui se
passe concernant le drame personnel qu’elle y raconte.
Détournement de don et accaparement d'héritage
Interrogée à ce propos par
la rédaction du journal, ’’Le mutateur’’, l’artiste s’est ouverte sur les
raisons de l’adresse d’un message d’appel au secours aux sommités politiques
sus-mentionnées : entre autres, les difficultés domaniales que lui ont
créées ses frères, Taher, Bachir et Charaf Ibrahim, face à un terrain légué en
don et devenu litigieux puis l’héritage laissé par son père à sa mort en janvier
2017 et dont Hawa Ibrahim aurait été exclue de la répartition, de même que
plusieurs autres de ses sœurs, par Taher Ibrahim, leur frère aîné, reconnu
comme administrateur des biens du défunt. A en croire l’artiste, cet héritage,
qu’elle estime à deux milliards de Francs Cfa, comporte des actes de session,
des boutiques et des garages, des objets, des jardins, des chameaux, de
l’argent en banque, de l’argent en liquide, des voitures, des marchandises, des
bâtiments, des parcelles, des villas et d’autres biens crédités.
En outre, à plusieurs
reprises mais, en vain, elle a demandé à la justice nigérienne la mise sous
scellés de toutes ces possessions. Selon Hawa Ibrahim, l’absence de réaction face
à la demande de cette mise sous scellés pour la sécurisation des biens de son
père est anormale, vu que cette inertie a provoqué la dilapidation de ce patrimoine
par Taher Ibrahim, soutenu par certains autres frères de la même famille, en
l’occurrence, Bachir et Charaf Ibrahim.
Avec la dilapidation
pratiquée par ses frères, l’artiste continue d’attendre que l’affaire soit mise
en instruction, surtout que Taher Ibrahim a reconnu cette dilapidation devant
la Police judiciaire (Pj) de Niamey, en septembre 2019. Ainsi, le dilatoire est
maintenu avec, pour conséquence, la poursuite de la dilapidation, sous peine qu’un
beau jour, plus aucun bien ne soit disponible.
Hawa Ibrahim, seule contre tous
De plus, elle reconnaît
les frères concernés comme l’ayant rendue victime de plusieurs situations de
harcèlement et même de violence physique, en réaction aux initiatives qu’elle a
prises auprès de la justice, au Niger, un pays dans lequel ils résident tous,
pour obtenir, entre autres, la répartition équitable de l’héritage entre tous
les enfants du feu Ibrahim Ahmed Gatroni, sans une distinction à établir entre
les héritiers de sexe masculin et ceux de sexe féminin.
Toujours du côté de sa
famille, pour Hawa Ibrahim, Mohamed Ahmed, son oncle paternel, ne s’est jamais
impliqué pour faire son devoir qui n’est rien d’autre qu’aider à éradiquer l’injustice.
Son inaction est due, à l’en croire, à l’endettement de celui-ci vis-à-vis de son
père défunt, ce qui l’oblige à laisser faire ses neveux, de peur qu’ils lui
demandent des comptes par rapport à cette dette.
Inefficacité institutionnelle
Pour elle, à l’effet de
la mise sous scellés des biens de son père par la justice nigérienne et de la
répartition équitable de ceux-ci, selon les règles du droit entre les fils et
les filles de celui-ci, elle a fait valoir devant cette justice des centaines
de pièces justificatives à travers des correspondances qui sont restées sans
effet, sans oublier qu’elle a manifesté plus d’une centaine de fois sa présence
physique devant la justice, et environ une quinzaine de fois, seulement au
ministère de la Justice du Niger, et plusieurs autres fois à la Commission
nationale des Droits de l’homme (Cndh), à la Cour d’Appel, chez le Médiateur de
la République, au ministère de l’Intérieur, à la police, à la gendarmerie, à la
radio, à la télévision, au Sultanat d’Agadez, au siège d’associations
islamiques et, notamment, d’Organisations non Gouvernementales (Ong) de défense
des droits de la femme, puis même auprès de la Haute autorité de Lutte contre
la corruption et les infractions assimilées (Halcia).
Selon elle, elle s’est
toujours imposé de s’en remettre à la voie légale pour le règlement de cette
affaire d’héritage confisqué, sans que cela produise les effets escomptés. De
même, elle s’est refusé de jouer la partition proposée par ses frères,
consistant à divorcer de son mari afin qu’ils s’approprient le complexe
commercial qu’il a érigé, sans oublier qu’elle continue à se battre pour que
toutes ses sœurs soient prises en compte dans la répartition de l’héritage au
même titre qu’elle, face à une situation où ses frères laissent entendre que la
femme n’a pas le droit de se voir attribuer un héritage.
La toile, ''La lettre du Président'' |
Hawa, au coeur de l'enfer
A en croire Hawa Ibrahim, cet engagement lui vaut de payer un lourd tribut. Elle se présente comme la fille d’un riche homme d’affaires libyen établi à Agadez au Niger, et d’une mère de nationalité française. En dépit de ces conditions favorables, salariée de l’Etat libyen depuis 2004, elle a toujours vécu financièrement indépendante de ses parents et menait une vie aisée. Mais, à cause des brimades et des injustices dont ses frères la rendent victime, elle connaît des conditions exécrables d’existence et vit pauvrement, dormant à même le sol, sans matelas.
Par ailleurs, les
précisions apportées par Hawa Ibrahim permettent de comprendre que si le
président nigérien est le premier et principal destinataire de son message
d’appel à l’aide, cela est lié au fait que le Niger est le pays de déroulement
de ces actes répréhensibles, surtout que son père s’y était établi depuis des
décennies et y est même reconnu comme un notable.
Selon Hawa Ibrahim, son
mari et elle ont dû se résoudre à quitter le Niger pour se prémunir contre les
situations de harcèlement, de violences contre la femme, de misogynie, de
menaces, de trafic d’influence, de déni de justice, dont elle était victime de
la part de ses frères, et contre celles d’injustice dont son mari s’est
retrouvé l’objet, vu qu’il a même été amené à être incarcéré pendant six mois
au pays de Mahamadou Issoufou.
En effet, les explications
de l’artiste et agronome font savoir qu’à un moment donné de son évolution,
vivre au Niger était devenu intenable pour le couple, la faute commise par Hawa
Ibrahim ayant été de réclamer la part de l’héritage qui revient à ses sœurs et
à elle. Selon elle, les souffrances attenant à cette réclamation se sont
multipliées, celle parmi lesquelles Dalil Mecheri, son mari, a dû faire face à
un drame tel que, poussé à bout par la situation vécue par son épouse, il a
fallu qu’il abandonne une importante infrastructure économique qu’il a consacré
deux bonnes années à ériger à hauteur de 300 millions de Francs Cfa, sur un
terrain offert à Hawa Ibrahim par son père, en guise de cadeau de mariage,
comme cela est de coutume chez ce donateur. Il s’agit d’une habitude dont il a
fait bénéficier plusieurs autres sœurs de l’artiste, qui se sont mariées bien
avant elle.
Dalil Mecheri, l'autre souffre-douleur
Mais, les frères de
celle-ci, à l’en croire, ont considéré cette parcelle comme appartenant
toujours au patrimoine du père de famille défunt, d’où l’expulsion commanditée
de son mari avec, à la clé, des dettes, et l’abandon par celui-ci de son fonds
de commerce.
Avec cette contestation
du don, Dalil Mecheri, l’homme d’affaires concerné, mari d’Hawa Ibrahim, s’est
retrouvé devant la justice nigérienne face aux quatre frères de la famille
Ibrahim vivant à Agadez, dans une phase de conciliation. Selon l’artiste, le
juge a confondu ceux-ci en leur faisant constater, par ses questions, d’une
part, que tous les couples mariés comportant un ou une Ibrahim avaient
bénéficié du don par le père Ibrahim Ahmed Gatroni, comme cadeau de mariage, d’une
maison effectivement habitée. D’autre part, l’homme de droit s’est inquiété que
les frères Taher réclamant la parcelle attribuée au couple Mecheri aient attendu
l’achèvement de plus de deux ans de travaux de construction des bâtiments d’ordre
commercial avant de lancer cette contestation. Comble de coïncidence, le juge
concerné fut muté avant qu’il ne puisse rendre la décision de ce jugement.
Voilà un important
investisseur algérien au Niger, qui plus est, en plein désert, à Agadez, laissé
à lui-même, sans protection de l’Etat nigérien, contrairement à ce qui est de
coutume dans les pays. Une telle situation découragerait tout autre homme
d’affaires algérien et même d’autres pays à risquer des capitaux au Niger.
Mahamadou Issoufou, une implication urgente attendue
Ces souffrances et une
pression insupportable, qui capitalisent plus de cinq années de vie, perdues
pour Hawa Ibrahim, son mari et leur fils en gestation à l’époque, ont conduit
les trois infortunés à demander l’asile au Haut commissariat pour les Réfugiés (Hcr)
au Bénin. La préoccupation de l’artiste est de régler progressivement les problèmes
qui ont fait fuir le Niger à sa famille et à elle. Elle se dit consciente qu’elle
n’aurait pas été victime de ces situations difficiles si le Président Mahamadou
Issoufou en avait été informé. Selon elle, toute sa confiance lui est acquise,
étant dans l’attente que le chef de l’Etat nigérien s’approprie le dossier et
qu’il use de son autorité pour contribuer à le régler.
En réalité, Hawa
Ibrahim précise qu’elle a déjà saisi de la situation à laquelle elle est
confrontée le Président du Niger, de même que le Chef de l’Etat du Bénin et les
ambassadeurs respectifs près le Bénin du Niger, de l’Union européenne, de la
France, des Etats-Unis, du Danemark et du Qatar.
Gênée par les cinq années
de retard qu’elle a connues dans sa vie, elle attend d’obtenir un statut de
réfugiée au Bénin, ce qui, pour l’artiste peintre, dépend, au premier chef, du
Commissaire divisionnaire de Police, Aristide M. Dagou, Secrétaire permanent de
la Commission nationale chargée des Réfugiés (Sp/Cnr). Une urgence qui
interpelle aussi le Haut commissariat pour les Réfugiés (Hcr), toutes les
organisations ayant en charge la défense des droits de la femme et, notamment,
Amnesty international.
Se confiant, en fin de
compte, à notre Rédaction, Hawa Ibrahim exige des autorités nigériennes, avant
même toute répartition équitable de l’héritage, l’acte de propriété de la
parcelle que lui a offerte son père en guise de cadeau de mariage, la
dépossession de Taher Ibrahim par l’Etat nigérien de biens qui ne lui
appartiennent pas, surtout qu’il n’exerce pas une activité professionnelle et
qu’il a toujours été entretenu par leur père. Ensuite, Hawa Ibrahim demande à être
dédommagée des cinq années perdues par son mari et elle, sans oublier qu’elle
promet de vives reconnaissances au Président Mahamadou Issoufou au cas où il
réussirait à élucider cette affaire, lui, incarnant l’autorité nigérienne
suprême à laquelle elle réserve des détails confidentiels inédits sur l’affaire
indiquée. Puis, elle prie Dieu de lui donner la grâce et la force pour réussir
à rétablir la justice et à défendre les citoyens nigériens victimes d’une
situation similaire. De même, Hawa Ibrahim souhaite qu’une telle grave
injustice ne se produise plus au Niger ni partout ailleurs.
Marcel Kpogodo
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