dimanche 20 décembre 2009

Africités 5 à Marrakech

Serges Vyisinubusa



Prix "Entrepreneuriat" du Concours Harubuntu 2009



La récompense d’un entrepreneur pluridimensionnel assez audacieux, ambitieux !



Originaire du village de Manyoni, dans la province Bururi, au sud du Burundi, Serges Vyisinubusa, un fermier, est le porteur de projet digne du programme d’un homme politique. C’est ainsi qu’une école secondaire, une centrale hydroélectrique, une raffinerie d’huile, un bureau de poste, une banque rurale et bien d’autres réalisations, viennent d’entrer, sous son impulsion, dans une phase concrète d'existence : un entrepreneur africain d'une rare grandeur de vue ....



Journal Le Mutateur : D’où puisez-vous une telle générosité ?



Serges Vyisinubusa : Je la puise directement chez moi, car ma foi m’oblige à faire du bien. J’ai constaté que, dans mon village et, surtout, dans ma région natale, il y avait de grands défis à relever ; il n’y avait pas d’eau, ni l’électricité, ni de routes, pour ce citer que cela. Je suis un opérateur économique vivant à Bujumbura, la capitale du Burundi et, les visites que je fais régulièrement dans ma région m’ont permis de connaître réellement les conditions de vie. Partant de cela, j’ai songé à aider ma région, afin qu’elle s’épanouisse et qu’elle se développe. C’est pourquoi, j’ai contribué à l’implantation de toutes ces infrastructures.



Quels sont vos projets d’avenir pour votre village ?



C’est d’abord entretenir les routes d’accès entre mon village et la capitale, et faire la tracée d’autres routes, afin de désenclaver totalement mon village. Mais, il faut aussi veiller à la bonne marche des autres initiatives, telles que la centrale hydroélectrique, la banque rurale, etc.

Est-ce que les autorités de votre village sont au courant de tous ces projets ?



Pour le tracée des routes, il faut faire une étude sur l’impact que pourrait avoir sur l’environnement ces différents aménagements ; il y a la protection de l’environnement qui prime. C’est après cela que les autorités donnent leur accord. Donc, même si elles n’ont pas contribué financièrement à ces projets, elles ont leur mot à dire.



Que pensez-vous du Concours Harubuntu, dont vous êtes l’un des lauréats 2009 ?



C’est un concours très encourageant. Ils sont venus dans mon village pour voir mes différentes réalisations, les entreprises que j’ai mises sur pied, c'est-à-dire qu’ils ont estimé qu’il y avait de la valeur chez moi et puis, ils m’ont récompensé en me donnant ce Prix Harubuntu.



Les bénéficiaires de vos projets, que soient les habitants de votre village, sont-ils au courant de ce Prix Harubuntu 2009 qui vous a été décerné ?



Ils connaissent la nouvelle car, juste avant de venir ici, au Maroc, je les ai informés de l’objet de mon voyage. Et, ils étaient très contents et sont impatients de me voir de retour dans notre village, avec ce Projet.


Est-ce qu’il y a déjà des cas d’opérateurs économiques de votre pays qui connaissent votre sens de l’entrepreneuriat et qui suivent votre exemple, en initiant des projets dans leurs régions d’origine respectives ?



Ils sont au courant, car la télévision burundaise vient souvent dans ma région, pour faire des reportages sur tout ce que j’entreprends, pour l’amélioration des conditions de vie des populations. Et, quelques-uns commencent déjà à m’imiter, et cela me fait plaisir, car je deviens, du coup, un modèle sur place et même dans la sous-région. J’aimerais donc, par exemple, exporter la technologie de cette micro-centrale hydroélectrique vers les autres pays de la région et les autres coins de l’Afrique.



Quelles sont les initiatives que prennent ces différentes personnes qui ont suivi votre exemple ?



Nous sommes dans un pays d’élevage et d’agriculture. Et, souvent nous faisons une agriculture de prestige. Pour leur part, ces personnes élèvent des vaches laitières, de qualité et qui produisent du lait et de la viande. Elles font aussi des semences, pour quelques-unes d’entre elles, des semences de pommes dont la production est bonne.




Pour finir notre entretien, que diriez vous ?


J’encourage nos frères africains à entreprendre ; qu’il n’ait pas peur de se lancer dans cette voie. Il faut commencer par de petites initiatives, afin de parvenir, plus tard, à d’autres qui seront plus grandes. On ne perd pas, quand on entreprend, mais on apprend beaucoup de choses.



Propos recueillis par Bernado Houènoussi, depuis le Sommet Africités à Marrakech.

Aucun commentaire: