mardi 29 décembre 2009

Africités 5 à Marrakech


Mostafa Maataoui



Maroc





Harubuntu 2009 récompense le travail d’un élu local marocain





Mostafa Maataoui est, depuis une quinzaine d’années, le Maire de la Commune de Sidi Boumehdi, située à 120 km de la ville de Casablanca. A la tête de cette municipalité, il a concrétisé plusieurs projets. Ses initiatives lui ont ainsi valu d’être le lauréat du Concours Harubuntu 2009, dans la catégorie « Autorité Locale ». Dans cet entretien, cette personnalité évoque ses expériences personnelles et son projet.





Journal Le Mutateur : Pouvez-vous nous parler de votre parcours personnel ?





Mostafa Maataoui : J’ai été étudiant à l’Université de Grenoble où j’ai été initié au développement global, à grande échelle, avec les pôles de développement, c'est-à-dire le modèle mécaniciste. Après ma maîtrise, j’ai voulu changer de vision. Je suis allé à la Sorbonne et, là, dans le cadre de séminaires sur l’économie territoriale, j’ai appris à m’initier au développement par le bas, avec des approches inverses à celle du développement global, c'est-à-dire comment partir des collectivités locales pour construire les économies locales. C’est, en bref, mon parcours universitaire. Je suis rentré après au pays, et j’ai estimé qu’il fallait que je mette en pratique ces idées, car cela ne sert à rien de penser le développement sans le mettre en pratique. Je me suis lancé dans la politique en me présentant aux élections. En 1992, les pouvoirs publics ont procédé à un découpage territorial et, j’ai obtenu, dans ce cadre, la création de la Commune de Sidi Boumehdi.





Abordons maintenant le projet qui vous a permis d’être l’un des lauréats du Concours Harubuntu 2009…





Je tiens à rappeler que je l’ai conçu avant la naissance de la commune de Sidi Boumehdi. Et, je voulais, par le biais de ce projet, désenclaver cette municipalité qui n’avait ni routes, ni électricité, ni eau potable. Mais, il y a eu, par le passé, un développement agricole, car les colons français ont exploité environ trois mille (3.000) hectares qui ont été redistribués, par la suite, lors de la réforme agraire. Mais, la coopérative ne fonctionnait pas efficacement à cause de blocages humains. Il fallait donc changer cet état de choses, car il ne servait à rien de faire diverses infrastructures si le développement agricole était au point mort. On devait produire de la richesse. Pour ce faire, j’ai pensé à des partenariats. Le premier était avec un centre de recherche provincial spécialisé dans l’agriculture et les cultures céréalières. Nous avons essayé de faire un transfert des techniques qui étaient utilisées par ce centre, au niveau de ma commune, afin de doubler le rendement céréalier. L’autre versant était d’aider la Commune à élaborer un plan de développement intégré. Les premiers travaux d’identification ont donné une matrice de quatre-vingt (80) actions partant des infrastructures de base jusqu’aux choses culturelles, les fêtes villageoises, par exemple. Et, par un coup de chance, il y avait une organisation non gouvernementale italienne de la ville de Bologne, qui voulait mener des actions au Maroc, dans le domaine de l’agriculture. Cette ong a été orientée vers le centre de recherche provincial avec lequel nous étions en partenariat. C’est ainsi qu’est né notre deuxième partenariat, car cette organisation a estimé que nos initiatives cadraient avec les actions qu’elle avait pour objectif de mener au Maroc. C’est ainsi que le projet de développement intégré qui a été élaboré continue jusqu’à maintenant, avec une certaine souplesse, car il y a eu une série de sécheresses, et nous avons laissé les cultures céréalières et opté pour l’élevage. Mais, c’est plutôt des expérimentations, car je tiens à souligner que j’ai fait de ma Commune un cadre d’expérimentation et de recherche d’alternatives agricoles à des territoires en difficultés, à cause du changement climatique.





Quels sont vos projets d’avenir pour votre commune ?





J’essaye de m’adapter à la réalité actuelle qui se manifeste par la crise alimentaire qui se dessine à l’échelle internationale. J’ai aussi opté pour une diversification en développant une agriculture vivrière, et en introduisant l’arboriculture et le tourisme rural, qu’on appelle le tourisme vert.





Selon vous, le Prix Harubuntu que vous avez décroché vous incite à faire quoi ?





Il m’encourage à continuer et à travailler, en étant toujours au service de ma population. Je dois aussi donner l’exemple, pour les communes marocaines et africaines, en général.





Auriez-vous des suggestions à formuler aux lauréats du Concours Harubuntu ?





Ce concours est destiné à valoriser l’image de l’Afrique, par des projets qui existent. Mais, dans le cadre du mien, je travaille avec des Européens qui font un travail correct. Il faut, à l’avenir, penser à une reconnaissance de l’action de ces gens.





Marrakech a accueilli la cinquième édition du sommet Africités qui regroupe les élus locaux africains à divers niveaux. Y avez-vous participé ?





Bien sur, mais j’ai remarqué qu’il y avait peu d’ateliers sur ma problématique qui est relative au développement agricole. La plupart de ces ateliers étaient axés sur l’urbanisme. Ce qui est bien, c’est qu’il y en avait aussi sur la planification, la vision, la méthodologie, que peuvent pratiquer les communes urbaines et rurales.




Propos recueillis par Bernado Houènoussi

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