mardi 31 décembre 2019

Hawa Ibrahim en détresse au Bénin appelle au secours

Dans le cadre du calvaire qu’elle a traversé au Niger

Pour une affaire cumulée de tracasseries domaniales, de confiscation d’héritage, de complot, de violation des droits de la femme, de violences contre la femme et de misogynie, Hawa Ibrahim s’est retrouvée au cœur d’un enfer particulièrement cuisant qu’elle se bat pour faire disparaître de sa vie depuis qu’elle a demandé l’asile au Haut commissariat pour les Réfugiés (Hcr) au Bénin. Profondément désespérée, elle a dû s’en remettre à l’art pictural, grâce auquel elle a créé une toile manifestant un appel à l’aide à l’endroit du chef de l’Etat nigérien.

Hawa Ibrahim, une femme éprouvée ayant besoin d'une assistance au plus haut niveau
Une femme apparemment meurtrie tendant respectueusement un message vers un personnage qui semble être l’actuel Président nigérien, Mahamadou Issoufou. La compréhension qui se dégage de la toile dénommée ’’La lettre du Président’’, réalisée par Hawa Ibrahim, artiste peintre libyenne.


Lisible en quatre parties, le tableau indiqué présente, dans son deuxième quart, d’autres chefs d’Etat côtoyant celui nigérien : Donald Trump, Emmanuel Macron, Margrethe II et Cheikh Tamim Ben Hamad Al Thani, respectivement, les présidents américain et français, la reine du Danemark et le roi du Qatar. Face à une première, en matière de démarche d’expression, l’artiste donne l’impression d’appeler ces chefs d’Etat à voir avec le président de la République nigérienne ce qui se passe concernant le drame personnel qu’elle y raconte.



Détournement de don et accaparement d'héritage

Interrogée à ce propos par la rédaction du journal, ’’Le mutateur’’, l’artiste s’est ouverte sur les raisons de l’adresse d’un message d’appel au secours aux sommités politiques sus-mentionnées : entre autres, les difficultés domaniales que lui ont créées ses frères, Taher, Bachir et Charaf Ibrahim, face à un terrain légué en don et devenu litigieux puis l’héritage laissé par son père à sa mort en janvier 2017 et dont Hawa Ibrahim aurait été exclue de la répartition, de même que plusieurs autres de ses sœurs, par Taher Ibrahim, leur frère aîné, reconnu comme administrateur des biens du défunt. A en croire l’artiste, cet héritage, qu’elle estime à deux milliards de Francs Cfa, comporte des actes de session, des boutiques et des garages, des objets, des jardins, des chameaux, de l’argent en banque, de l’argent en liquide, des voitures, des marchandises, des bâtiments, des parcelles, des villas et d’autres biens crédités.


En outre, à plusieurs reprises mais, en vain, elle a demandé à la justice nigérienne la mise sous scellés de toutes ces possessions. Selon Hawa Ibrahim, l’absence de réaction face à la demande de cette mise sous scellés pour la sécurisation des biens de son père est anormale, vu que cette inertie a provoqué la dilapidation de ce patrimoine par Taher Ibrahim, soutenu par certains autres frères de la même famille, en l’occurrence, Bachir et Charaf Ibrahim.


Avec la dilapidation pratiquée par ses frères, l’artiste continue d’attendre que l’affaire soit mise en instruction, surtout que Taher Ibrahim a reconnu cette dilapidation devant la Police judiciaire (Pj) de Niamey, en septembre 2019. Ainsi, le dilatoire est maintenu avec, pour conséquence, la poursuite de la dilapidation, sous peine qu’un beau jour, plus aucun bien ne soit disponible.



Hawa Ibrahim, seule contre tous

De plus, elle reconnaît les frères concernés comme l’ayant rendue victime de plusieurs situations de harcèlement et même de violence physique, en réaction aux initiatives qu’elle a prises auprès de la justice, au Niger, un pays dans lequel ils résident tous, pour obtenir, entre autres, la répartition équitable de l’héritage entre tous les enfants du feu Ibrahim Ahmed Gatroni, sans une distinction à établir entre les héritiers de sexe masculin et ceux de sexe féminin.


Toujours du côté de sa famille, pour Hawa Ibrahim, Mohamed Ahmed, son oncle paternel, ne s’est jamais impliqué pour faire son devoir qui n’est rien d’autre qu’aider à éradiquer l’injustice. Son inaction est due, à l’en croire, à l’endettement de celui-ci vis-à-vis de son père défunt, ce qui l’oblige à laisser faire ses neveux, de peur qu’ils lui demandent des comptes par rapport à cette dette. 

  

Inefficacité institutionnelle

Pour elle, à l’effet de la mise sous scellés des biens de son père par la justice nigérienne et de la répartition équitable de ceux-ci, selon les règles du droit entre les fils et les filles de celui-ci, elle a fait valoir devant cette justice des centaines de pièces justificatives à travers des correspondances qui sont restées sans effet, sans oublier qu’elle a manifesté plus d’une centaine de fois sa présence physique devant la justice, et environ une quinzaine de fois, seulement au ministère de la Justice du Niger, et plusieurs autres fois à la Commission nationale des Droits de l’homme (Cndh), à la Cour d’Appel, chez le Médiateur de la République, au ministère de l’Intérieur, à la police, à la gendarmerie, à la radio, à la télévision, au Sultanat d’Agadez, au siège d’associations islamiques et, notamment, d’Organisations non Gouvernementales (Ong) de défense des droits de la femme, puis même auprès de la Haute autorité de Lutte contre la corruption et les infractions assimilées (Halcia).


Selon elle, elle s’est toujours imposé de s’en remettre à la voie légale pour le règlement de cette affaire d’héritage confisqué, sans que cela produise les effets escomptés. De même, elle s’est refusé de jouer la partition proposée par ses frères, consistant à divorcer de son mari afin qu’ils s’approprient le complexe commercial qu’il a érigé, sans oublier qu’elle continue à se battre pour que toutes ses sœurs soient prises en compte dans la répartition de l’héritage au même titre qu’elle, face à une situation où ses frères laissent entendre que la femme n’a pas le droit de se voir attribuer un héritage.
La toile, ''La lettre du Président''

Hawa, au coeur de l'enfer

A en croire Hawa Ibrahim, cet engagement lui vaut de payer un lourd tribut. Elle se présente comme la fille d’un riche homme d’affaires libyen établi à Agadez au Niger, et d’une mère de nationalité française.  En dépit de ces conditions favorables, salariée de l’Etat libyen depuis 2004, elle a toujours vécu financièrement indépendante de ses parents et menait une vie aisée. Mais, à cause des brimades et des injustices dont ses frères la rendent victime, elle connaît des conditions exécrables d’existence et vit pauvrement, dormant à même le sol, sans matelas.


Par ailleurs, les précisions apportées par Hawa Ibrahim permettent de comprendre que si le président nigérien est le premier et principal destinataire de son message d’appel à l’aide, cela est lié au fait que le Niger est le pays de déroulement de ces actes répréhensibles, surtout que son père s’y était établi depuis des décennies et y est même reconnu comme un notable.


Selon Hawa Ibrahim, son mari et elle ont dû se résoudre à quitter le Niger pour se prémunir contre les situations de harcèlement, de violences contre la femme, de misogynie, de menaces, de trafic d’influence, de déni de justice, dont elle était victime de la part de ses frères, et contre celles d’injustice dont son mari s’est retrouvé l’objet, vu qu’il a même été amené à être incarcéré pendant six mois au pays de Mahamadou Issoufou. 


En effet, les explications de l’artiste et agronome font savoir qu’à un moment donné de son évolution, vivre au Niger était devenu intenable pour le couple, la faute commise par Hawa Ibrahim ayant été de réclamer la part de l’héritage qui revient à ses sœurs et à elle. Selon elle, les souffrances attenant à cette réclamation se sont multipliées, celle parmi lesquelles Dalil Mecheri, son mari, a dû faire face à un drame tel que, poussé à bout par la situation vécue par son épouse, il a fallu qu’il abandonne une importante infrastructure économique qu’il a consacré deux bonnes années à ériger à hauteur de 300 millions de Francs Cfa, sur un terrain offert à Hawa Ibrahim par son père, en guise de cadeau de mariage, comme cela est de coutume chez ce donateur. Il s’agit d’une habitude dont il a fait bénéficier plusieurs autres sœurs de l’artiste, qui se sont mariées bien avant elle.



Dalil Mecheri, l'autre souffre-douleur

Mais, les frères de celle-ci, à l’en croire, ont considéré cette parcelle comme appartenant toujours au patrimoine du père de famille défunt, d’où l’expulsion commanditée de son mari avec, à la clé, des dettes, et l’abandon par celui-ci de son fonds de commerce.  


Avec cette contestation du don, Dalil Mecheri, l’homme d’affaires concerné, mari d’Hawa Ibrahim, s’est retrouvé devant la justice nigérienne face aux quatre frères de la famille Ibrahim vivant à Agadez, dans une phase de conciliation. Selon l’artiste, le juge a confondu ceux-ci en leur faisant constater, par ses questions, d’une part, que tous les couples mariés comportant un ou une Ibrahim avaient bénéficié du don par le père Ibrahim Ahmed Gatroni, comme cadeau de mariage, d’une maison effectivement habitée. D’autre part, l’homme de droit s’est inquiété que les frères Taher réclamant la parcelle attribuée au couple Mecheri aient attendu l’achèvement de plus de deux ans de travaux de construction des bâtiments d’ordre commercial avant de lancer cette contestation. Comble de coïncidence, le juge concerné fut muté avant qu’il ne puisse rendre la décision de ce jugement. 

       
Voilà un important investisseur algérien au Niger, qui plus est, en plein désert, à Agadez, laissé à lui-même, sans protection de l’Etat nigérien, contrairement à ce qui est de coutume dans les pays. Une telle situation découragerait tout autre homme d’affaires algérien et même d’autres pays à risquer des capitaux au Niger.



Mahamadou Issoufou, une implication urgente attendue

Ces souffrances et une pression insupportable, qui capitalisent plus de cinq années de vie, perdues pour Hawa Ibrahim, son mari et leur fils en gestation à l’époque, ont conduit les trois infortunés à demander l’asile au Haut commissariat pour les Réfugiés (Hcr) au Bénin. La préoccupation de l’artiste est de régler progressivement les problèmes qui ont fait fuir le Niger à sa famille et à elle. Elle se dit consciente qu’elle n’aurait pas été victime de ces situations difficiles si le Président Mahamadou Issoufou en avait été informé. Selon elle, toute sa confiance lui est acquise, étant dans l’attente que le chef de l’Etat nigérien s’approprie le dossier et qu’il use de son autorité pour contribuer à le régler.


En réalité, Hawa Ibrahim précise qu’elle a déjà saisi de la situation à laquelle elle est confrontée le Président du Niger, de même que le Chef de l’Etat du Bénin et les ambassadeurs respectifs près le Bénin du Niger, de l’Union européenne, de la France, des Etats-Unis, du Danemark et du Qatar.
Gênée par les cinq années de retard qu’elle a connues dans sa vie, elle attend d’obtenir un statut de réfugiée au Bénin, ce qui, pour l’artiste peintre, dépend, au premier chef, du Commissaire divisionnaire de Police, Aristide M. Dagou, Secrétaire permanent de la Commission nationale chargée des Réfugiés (Sp/Cnr). Une urgence qui interpelle aussi le Haut commissariat pour les Réfugiés (Hcr), toutes les organisations ayant en charge la défense des droits de la femme et, notamment, Amnesty international.


Se confiant, en fin de compte, à notre Rédaction, Hawa Ibrahim exige des autorités nigériennes, avant même toute répartition équitable de l’héritage, l’acte de propriété de la parcelle que lui a offerte son père en guise de cadeau de mariage, la dépossession de Taher Ibrahim par l’Etat nigérien de biens qui ne lui appartiennent pas, surtout qu’il n’exerce pas une activité professionnelle et qu’il a toujours été entretenu par leur père. Ensuite, Hawa Ibrahim demande à être dédommagée des cinq années perdues par son mari et elle, sans oublier qu’elle promet de vives reconnaissances au Président Mahamadou Issoufou au cas où il réussirait à élucider cette affaire, lui, incarnant l’autorité nigérienne suprême à laquelle elle réserve des détails confidentiels inédits sur l’affaire indiquée. Puis, elle prie Dieu de lui donner la grâce et la force pour réussir à rétablir la justice et à défendre les citoyens nigériens victimes d’une situation similaire. De même, Hawa Ibrahim souhaite qu’une telle grave injustice ne se produise plus au Niger ni partout ailleurs.  

Marcel Kpogodo 

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