dimanche 30 décembre 2018

[…] je nous propose d’aller à la deuxième conférence des forces vives de la nation, de nous parler franchement […] », la thérapie de Daniel Edah, ancien Candidat à l’élection présidentielle


Dans le cadre d’une adresse solennelle à la nation béninoise

L’ancien Candidat à l’élection présidentielle de mars 2016, Daniel Edah, est sorti de son mutisme, dans la soirée du samedi 29 août 2019, par une adresse solennelle aux Béninois, par le biais de sa Page Facebook. La particularité de son propos reste la subtilité et la décence avec laquelle il dénonce la gouvernance du Président Patrice Talon, depuis son accession au pouvoir le 6 avril 2016. Par ailleurs, il assortit son pilonnage de l’action gouvernementale d’une proposition fondamentale : l’organisation d’une deuxième conférence nationale, ce qu’il réitère en ces termes : « Je suis persuadé que seule la tenue de la deuxième conférence nationale dans un esprit de rassemblement, de partage et d’amour de la patrie, permettra d’amorcer la nécessaire révolution durable des mœurs politiques en vue de la délivrance du Bénin de ses difficultés économiques, sociales et politiques récurrentes », avant de s’ouvrir directement de cette idée au Chef de l’Etat : […] je vous prends à témoins pour inviter le Président de la République à s’autosaisir de ma proposition et à convoquer la deuxième conférence nationale s’il la juge encore opportune pour la réussite de son mandat ». Pour un Premier magistrat qui, seul, a décidé des conditions de la réforme du système partisan, en s’appuyant sur une majorité parlementaire acquise à sa cause, ayant avalisé cette orientation en votant de nouvelles lois portant, respectivement, Charte des Partis politiques et Code électoral en République du Bénin, il s’agit d’un désaveu cinglant qui devrait contribuer à relancer le débat sur les mécanismes d’une réforme consensuelle du système partisan. Intégralité de l’adresse de Daniel Edah aux Béninoises et aux Béninois …

Marcel Kpogodo


Daniel Edah


                                                                                                                                                      
Intégralité du message de Daniel Edah au peuple béninois


Béninoises, Béninois,
Mes chers compatriotes,

Mon nom est Daniel Edah. Je suis social-démocrate et je m’adresse à vous en ma qualité d’ancien candidat à l’élection présidentielle et de citoyen toujours disposé à servir son pays.
Une année s’achève, une nouvelle commence.
Je vous félicite pour tous les efforts consentis au cours de l’année 2018. Je vous encourage à ne pas baisser les bras en 2019 et à demeurer des citoyens modèles car aucun développement n’est possible sans le travail, la discipline et la paix.
Je sais que nous ne vivons pas dans les conditions qui nous ont été promises en 2016 de même que nous n’avions pas pu obtenir celles qui nous furent jadis promises.
Cela ne veut pas dire que les différents gouvernements n’ont pas fait ou ne font pas des efforts. Seulement, l’honnêteté et la morale obligent à admettre que les efforts fournis jusqu’à présent demeurent insuffisants face aux défis du pays et aux besoins de la majorité des Béninois.
Les défis d’hier tels que l’éducation, la formation, la santé, l’emploi, la participation des femmes, la participation des jeunes, la réduction des coûts de communication, les libertés syndicales, l’indépendance de la justice, la transparence dans la gouvernance, la lutte inclusive contre la corruption et l’impunité, la justice sociale, la promotion de la contradiction des idées dans les médias publics, l’ouverture réelle à la compétition électorale, l’appartenance ou le soutien à l’opposition sans être persécuté voire forcé à la transhumance politique ou à l’exil, la construction d’une économie de production créatrice de croissance économique et pourvoyeuse d’emplois ainsi que le rayonnement culturel et sportif du Bénin sont restés d’actualité et même sans avancée conséquente, malgré le changement de Président. L’adoption d’un programme d’action de gouvernement ainsi que les nouvelles taxes imposées à nos concitoyens pour le financement des actions du gouvernement n’ont réellement rien amélioré. Bien au contraire.
Hier comme aujourd’hui, la lutte contre la corruption, les malversations et l'impunité est utilisée non pas uniquement pour assainir la gouvernance et les finances publiques mais plutôt pour limiter la compétition ou réduire l'opposition au silence. Je voudrais, malgré cela, réitérer ma détermination à lutter contre la corruption peu importe la saison ainsi que mon soutien à toute initiative gouvernementale de lutte inclusive contre la corruption et l’impunité.

Mes chers compatriotes,

Avec votre adhésion massive au changement en 2006, à la refondation en 2011 et votre plébiscite de la rupture et du nouveau départ en 2016, vous avez montré que notre peuple veut le changement et qu’il est prêt pour le changement.
L’obstacle au développement du Bénin n’est donc pas le peuple qui est déjà prêt mais plutôt la classe politique qui s’est montrée réfractaire au changement, à la rupture et au nouveau départ tant prônés. Nous avons désormais le devoir patriotique de l’amener à s’ajuster et à obéir à la volonté du peuple.
Le défi fondamental que nous avons à relever n’est donc plus le vote-sanction contre un président défaillant pour encore faciliter l’élection de son ennemi ou d’un nouveau président aux belles intentions mais sans un véritable projet de société mais plutôt la constitution d’une équipe préparée à la gestion du pouvoir pour combler les attentes et répondre aux aspirations du peuple.
A cet effet, le défi à relever – pour que les citoyens vivent mieux de leurs efforts dans un Bénin économiquement prospère et socialement stable – est la révolution des mœurs politiques grâce à la révision du système politique pour arrêter de produire des dirigeants dont l’aptitude, la probité et l’intégrité sont de plus en plus questionnées par les masses populaires victimes de l’incapacité de la classe politique à honorer ses promesses.
J’ai compris que les populations béninoises n’attendent plus des invectives, des récriminations intempestives contre l’action du gouvernement, des règlements de comptes ou des guerres de personnes mais plutôt des solutions crédibles, portées par des acteurs courageux et intègres pour la gouvernance inclusive, la construction d’une économie de production, le développement du capital humain, la consolidation des acquis démocratiques et le rayonnement du Bénin.
Pour y parvenir, je nous propose d’aller à la deuxième conférence des forces vives de la nation, de nous parler franchement, faire le bilan de la mise en œuvre des actes de la conférence nationale de février 1990, tirer les leçons de notre expérience, jeter les bases d’un système politique rénové avec, notamment, la révision des fondamentaux de notre système de gouvernance, la délibération sur les grandes réformes économiques, sociales, culturelles, institutionnelles et politiques à opérer et, enfin, réunir le consensus nécessaire pour l’adoption par référendum d’une nouvelle constitution de la République.

Mes chers compatriotes,

Les vœux de bonheur et de prospérité échangés de part et d’autre ainsi que les efforts du gouvernement demeureront inopérants dans le quotidien de notre pays tant que nous n’aurons pas pris, en tant que citoyens condamnés à vivre ensemble, la pleine mesure de l’urgence de renoncer à la haine, à la vengeance et aux règlements de compte pour oser embrasser l’amour du prochain et de la patrie ainsi que l’unité nationale et l’esprit de rassemblement.
Je suis persuadé que seule la tenue de la deuxième conférence nationale dans un esprit de rassemblement, de partage et d’amour de la patrie, permettra d’amorcer la nécessaire révolution durable des mœurs politiques en vue de la délivrance du Bénin de ses difficultés économiques, sociales et politiques récurrentes.
Dans l’intérêt national, très sensible aux souffrances de notre peuple et parce que mon bloc politique est le Bénin, je vous prends à témoins pour inviter le Président de la République à s’autosaisir de ma proposition et à convoquer la deuxième conférence nationale s’il la juge encore opportune pour la réussite de son mandat.
Ceci étant, avec le soutien de mes amis et d’autres compatriotes de l’intérieur et de la diaspora qui se mobilisent déjà pour la vision du Bénin économiquement prospère et socialement stable, j’irai à votre rencontre dans les semaines et mois à venir pour engager les échanges directs sur ma vision et mon avant-projet de société pour le Bénin économiquement prospère et socialement stable.
Parce que l’avenir du Bénin est entre les mains des citoyens béninois, au-delà des guerres de personnes qui empoisonnent actuellement la vie politique nationale, au-delà des divergences politiques partisanes sans fondements idéologiques, au-delà des clivages mouvance/opposition, je vous invite au rassemblement pour le Bénin !
Ensemble, nous créerons les conditions pour la consolidation de la démocratie, pour l’instauration d’une  économie de production, pour le développement du capital humain, pour le rayonnement culturel, sportif et diplomatique de notre cher et beau pays, le Bénin.

Nous le pouvons et nous le ferons par la grâce de Dieu.

Au Président de la République du Bénin, aux autres présidents d’institutions de la République, aux forces de défense et de sécurité, aux travailleurs du public et du privé, à vous tous Béninois de l’intérieur et de la diaspora, aux communautés étrangères résidant au Bénin, aux investisseurs étrangers et aux amis du peuple béninois, j’adresse mes vœux de santé, de paix et de prospérité.

Dieu bénisse le Bénin !
Il fera beau.

Daniel Edah

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