mardi 26 juin 2018

« La Cdd-Bénin met en garde le président de la Cour constitutionnelle … », a déclaré la Coalition de Djeffa, crucifiant le Parlement dans sa duplicité


Dans un Communiqué de presse rendu public

Les membres fondateurs de la Cdd
La reconduction par l’Assemblée, le lundi 25 juin 2018, de ses neuf représentants dans la nouvelle mandature du Conseil d’Orientation et de supervision de la Liste électorale permanente informatisée (Cos-Lépi), a donné lieu à la publication d’un Communiqué de presse, dans la même journée, par la Coalition pour la Défense de la démocratie au Bénin (Cdd-Bénin). Il s’agit d’une analyse qui, en substance, tire les conséquences de la situation : « C’est un cinglant désaveu pour l’avocat personnel et ami intime du chef de l’Etat, une grande victoire pour le peuple béninois qui s’est très tôt mobilisé contre la décision incongrue de la Cour de la ruse et de la rage », affirme-t-elle. En outre, la Cdd-Bénin en manifeste sa satisfaction, avant de dénoncer l’attitude du ’’deux poids deux mesures’’, de l’Assemblée nationale face, respectivement, à la Cour constitutionnelle autrefois dirigée par Théodore Holo, et à celle actuellement administrée par Joseph Djogbénou. Enfin, l’instance de l’opposition s’est adressée au Gouvernement et au peuple …



Marcel Kpogodo



Intégralité du Communiqué de presse de la Coalition pour la Défense de la démocratie au Bénin (Cdd-Bénin)


La Coalition pour la Défense de la Démocratie au Bénin (CDD-Bénin) porte à la connaissance de l’opinion publique nationale et internationale que suite à la remise en cause de la décision DCC 18-118 du 22 mai 2018, l’Assemblée nationale a procédé, ce lundi 25 juin 2018, à la désignation des nouveaux membres du COS-LEPI.
Il ressort de la plénière consacrée à ce sujet que ce sont les membres du COS-LEPI jugés forclos par la Cour Djogbénou qui ont été entièrement reconduits. C’est un cinglant désaveu pour l’avocat personnel et ami intime du chef de l’Etat, une grande victoire pour le peuple béninois qui s’est très tôt mobilisé contre la décision incongrue de la Cour de la ruse et de la rage.
La CDD-Bénin salue le consensus trouvé pour maintenir en place l’équipe du COS-LEPI, afin de lui permettre d’accomplir pleinement et convenablement la mission entamée : apurement, correction, mise à jour et actualisation de la Liste électorale permanente informatisée (LEPI) issue du Recensement électoral national approfondi (RENA).
La CDD-Bénin tient à faire observer la célérité avec laquelle les décisions de la Cour Djogbénou sont exécutées par l’Assemblée nationale, tout à l’opposé du mépris affiché contre la Cour Holo. S’agissant de la décision DCC 17-262 du 12 décembre 2017, l’Assemblée nationale avait fait du dilatoire pour ne pas respecter les injonctions de la Haute juridiction. Il a fallu la pression des forces politiques et sociales de l’opposition et de nombreux rappels à l’ordre de la Cour Holo pour que l’Assemblée nationale obtempère, plusieurs mois plus tard, en violation de la Constitution du 11 décembre 1990 et du Code électoral.
La décision DCC 18-124 qui met fin au mandat du COS-LEPI a été prise par la Cour constitutionnelle le 21 juin 2018 et déjà, le lundi 25 juin 2018, le Parlement s’est réuni. Pourquoi ne s’était-il donc pas empressé pour exécuter la décision DCC 17-262 du 12 décembre 2017 ?
A ce sujet, la CDD-Bénin dénonce l’hypocrisie et le jeu trouble de l’Assemblée nationale.
C’est le refus de respecter les décisions de la Cour constitutionnelle qui a conduit à la déclaration de Djeffa le 14 avril 2018. C’est aussi le refus de procéder à la désignation des membres du COS-LEPI depuis le mois de juillet 2017, et surtout, depuis la Décision DCC 17-262 du 12 décembre 2017 qui fait obligation à l’Assemblée nationale de procéder au plus tard le 21 décembre 2017, à la désignation de ses représentants au sein du COS-LEPI ; à la Cour constitutionnelle d’installer le COS-LEPI au plus tard le 29 décembre 2017, et au COS-LEPI de terminer sa mission le 30 juin 2018 qui a conduit, entre autres, à la création de la CDD-Bénin.
Pour des élections libres, transparentes, crédibles, sans violence ni intimidation, la CDD-Bénin invite le Gouvernement à mettre les moyens nécessaires à la disposition du COS-LEPI pour l’accomplissement diligent de sa mission patriotique et exige l’évaluation et l’audit indépendant de la liste électorale avant la tenue des prochaines élections.
La CDD-Bénin met en garde le président de la Cour constitutionnelle contre ses incursions provocatrices dans le processus électoral et le tiendra pour responsable des déconvenues qui en résulteraient.
La CDD-Bénin invite le peuple béninois à rester debout pour préserver les acquis de la Conférence nationale des forces vives de la Nation de Février 1990 qui ont pour socle : le consensus, la non-violence, la dignité, le multipartisme, la séparation des pouvoirs, l’alternance démocratique, la liberté d’opinion, d’association, de manifestation, de presse ; en un mot, l’État de droit.

Vive la démocratie !
Vive le Bénin !

Fait à Cotonou, le 25 juin 2018.

La Coalition pour la Défense de la Démocratie au Bénin (CDD-Bénin)

lundi 25 juin 2018

« La […] Cdd-Bénin) dénonce […] une provocation politique de plus du pouvoir de Patrice Talon », dixit le Regroupement de Djeffa, en faisant six exigences

Dans le cadre d’une Déclaration rendue publique
Les membres de la Coalition de Djeffa
La Coalition pour la Défense de la démocratie au Bénin (Cdd-Bénin), le regroupement politique de l’Opposition au régime Talon, né à Djeffa, le samedi 14 avril 2018, a fait connaître à l’opinion publique une nouvelle déclaration. C’était le vendredi 22 juin 2018, au lendemain de la décision issue de l’audience publique de la Cour constitutionnelle, celle-ci écourtant le mandat du Conseil d'Orientation et de supervision de la Liste électorale permanente informatisée (Cos-Lépi)) au 30 juin 2018, au lieu du 30 novembre de la même année. Rédigée de pair avec un autre opposant de taille, Candide Azannaï, ce texte accuse le Gouvernement  Talon de contribuer à faire naître une certaine tension, de même, entre autres, qu’elle brandit six exigences assorties de trois observations fondamentales sur ce que devrait être le fonctionnement de la Lépi.

Marcel Kpogodo  




Intégralité de la Déclaration de la Coalition pour la Défense de la démocratie au Bénin (Cdd-Bénin)


D’après le code électoral, l’apurement, la correction, la mise à jour et l’actualisation de la Liste Electorale Permanente Informatisée (LEPI) issue du Recensement Electoral National Approfondi (RENA) se fait chaque année du 1 octobre au 31 décembre. Si la loi a prévu la mise en place du COS-LEPI le 1er juillet de l’année en cours, il est regrettable de constater que le COS-LEPI Yahouédéhou n’a pas été installé dans les délais règlementaires, en raison des manœuvres politiciennes dilatoires du Gouvernement et de ses députés du BMP, et ce, malgré les nombreuses injonctions de la Cour Holo. Finalement installé, la Cour Constitutionnelle par décision DCC 18-118 du 22 mai 2018 a fixé la fin de la mission du COS-LEPI au 30 novembre 2018. Mais sans surprise, l’avocat personnel du président de la République, une fois à la tête de la Haute juridiction, après les nombreux dégâts causés au ministère de la justice avec notamment l’instrumentalisation de l’appareil judiciaire contre les opposants, décide de démolir complètement la démocratie et l’Etat de droit.
A l’issue d’une audience publique anticonstitutionnelle tenue ce jeudi 21 juin 2018, la Cour Djogbénou a décidé de remettre en cause la décision DCC 18-118 du 22 mai 2018, fixant désormais la fin des travaux du COS-LEPI au 30 juin 2018.
Dans l’après-midi de ce vendredi 22 juin 2018, le bureau du COS-LEPI a été reçu par l’avocat et ami intime du chef de l’Etat, Joseph Djogbénou. « Effectivement, on a abordé le sujet avec le président Djogbénou. Vous savez, la Cour constitutionnelle est une Institution, le COS-LEPI est aussi une institution. Les hommes passent. Même sans l’équipe qui est là, le COS-LEPI va travailler. Nous, jusqu’au 30 juin, nous allons travailler de façon propre de manière à laisser à l’Institution le fruit du travail accompli pendant notre présence ». Ainsi s’est exprimé le président du COS-LEPI, Janvier Yahouédéhou, à l’issue de l’audience.
Quand on sait que le député Janvier Yahouédéhou est l’un des partisans du chef de l’Etat, on ne peut que conclure à une complicité dangereuse entre le président du COS-LEPI et le président de la Cour constitutionnelle pour tuer et enterrer la démocratie béninoise.
Dans sa décision DCC 17-262 du 12 décembre 2017, la Haute juridiction avait déclaré que : « les décisions de la Cour constitutionnelle sont revêtues de l’autorité de la chose jugée ; que de jurisprudence constante de la Cour, cette autorité de la chose jugée impose à l’Administration une double obligation, à savoir, d’une part, l’obligation de prendre toutes les mesures pour exécuter la décision juridictionnelle, d’autre part, l’obligation de ne rien faire qui soit en contradiction avec ladite décision » . En remettant en cause la décision DCC 18-118 du 22 mai 2018, la Cour Djogbénou a violé le principe du respect de l’autorité de la chose jugée. Elle a bafoué la notion de l’autorité de la chose jugée dévolue à toutes les décisions constitutionnelles. C’est un crime. Cette remise en cause, mortelle pour le Bénin et sa démocratie déjà en agonie, fait dérailler le processus électoral et met en péril la paix sociale et la stabilité politique de notre pays.
– Considérant que la LEPI a une validité de 10 ans et n’arrivera à expiration qu’en 2021 ;
– Considérant que « les données nominatives, personnelles et biométriques à produire au terme des opérations du recensement à vocation d’identification dont la Commission nationale de supervision assure le suivi et la mise en œuvre ne peuvent servir que pour l’établissement de la liste électorale permanente informatisée de 2021 ; {…} elles ne peuvent donc servir pour l’actualisation de la liste électorale permanente informatisée existante » ;
– Considérant qu’aucune élection ne peut être organisée au Bénin jusqu’en 2021 en dehors de la LEPI issue du RENA ;
– Considérant la remise en cause de la décision DCC 18-118 du 22 mai2018 ;
– Considérant la nécessité d’apurer, de corriger, de mettre à jour et d’actualiser la liste électorale issue du RENA pour des élections libres, transparentes, crédibles, sans violence ni intimidation ;
– Considérant que le travail d’apurement, de correction, de mise à jour et d’actualisation du fichier électoral est du ressort du COS-LEPI ;
– Considérant que les agissements de l’avocat personnel du chef de l’Etat marquent inéluctablement le début de la remise en cause de toutes les décisions prises par la Cour Holo contre le Gouvernement auquel il avait appartenu, lui-même alors ministre de la justice ayant été condamné à plusieurs reprises pour violation de la Constitution ;
– Considérant la modification du Règlement Intérieur de la Cour Constitutionnelle en violation de la Constitution du 11 décembre 1990 et le revirement opéré sur le contrôle de constitutionnalité des lois ;
– Considérant que les dernières décisions de la Cour Djogbénou confirment les appréhensions du peuple béninois depuis la désignation des membres de la nouvelle Cour constitutionnelle ; 
– Considérant l’urgence de mettre un terme à l’insécurité juridique érigée en système de gouvernance pour éviter de plonger le Bénin dans le chaos ;
La Coalition pour la Défense de la Démocratie au Bénin (CDD-Bénin) dénonce un précédent extrêmement grave et une provocation politique de plus du pouvoir de Patrice Talon visant à distraire le peuple, afin de remplacer la LEPI issue du RENA par le RAVIP de la fraude de SAFRAN.
La CDD-Bénin exige l’apurement, la correction, la mise à jour et l’actualisation de la LEPI issue du RENA par le COS-LEPI, l’évaluation et l’audit indépendant de la liste électorale.
Dans le cadre de l’évaluation de la LEPI, les critères de transparence, de couverture et d’actualité, qui permettent de cerner l’état palpable du fichier électoral, doivent servir de base d’analyse, afin de :
– identifier les forces et les faiblesses des trois principales phases du processus d’élaboration de la LEPI;
– proposer des mesures correctives immédiates dans la perspective de la tenue des prochaines élections, ainsi que des mesures à moyen terme;
– recommander les actions à mettre en œuvre pour consolider et pérenniser les acquis du processus jusqu’en 2021.

Il importe que les résultats de l’évaluation participent à la consolidation de la paix et de la stabilité démocratique du Bénin.
La CDD-Bénin dénonce l’attitude autoritaire du président de la Cour constitutionnelle, le rend responsable des déconvenues qui résulteraient de l’impasse politique du fait de ses décisions partiales et incongrues et le met engarde contre les conséquences de sa soumission aveugle au système mafieux de la ruse et de la rage.
La CDD-Bénin prend à témoin toute la nation béninoise et la communauté internationale sur les jeux politiciens du Gouvernement, de la Cour constitutionnelle et de l’Assemblée nationale, les manœuvres de fraudes électorales et les tentatives d’empêcher les opposants de participer à la compétition électorale qui les préoccupent, au détriment du bien-être et des aspirations profondes du peuple meurtri, affamé, abusé, humilié, méprisé et abandonné par le pouvoir de Patrice Talon.
Enfin, la CDD-Bénin appelle le peuple béninois à la vigilance et à la grande mobilisation, en vue de vaincre les oppresseurs et pourfendeurs de la démocratie et de l’Etat de droit.

Vive la démocratie !
Vive l’Etat de droit !
Vive le Bénin !
BENINOIS DEBOUT !

Fait à Cotonou, le vendredi 22 juin 2018

La Coalition pour la Défense de la Démocratie au Bénin (Cdd-Bénin)

vendredi 1 juin 2018

« […] le pouvoir de dictature autocratique de Talon […] sera également vaincu », a affirmé la C2bd brandissant 6 exigences capitales


Dans le cadre d’une conférence de presse tenue à Cotonou

Les membres de la Coalition pour la Défense de la démocratie au Bénin (C2db) ont tenu une conférence de presse le jeudi 31 mai à ’’Azalaï Hôtel de la plage’’ de Cotonou. Il était question pour cette instance réunissant la plupart des forces de l’opposition au régime du Président Patrice Talon de se livrer à une dénonciation de la gestion actuelle des affaires de l’Etat et d’assortir cela de six points d’exigence au Gouvernement de la Rupture.

Les membres de la C2db, au cours de la conférence de presse
L’assurance des libertés de tous ordres, l’arrêt de la persécution des opposants, la remise en cause du combat orienté contre la corruption, l’analyse de la Lépi assortie du financement du Cos-Lépi, l’abandon de la proposition de loi révisant le Code électoral et la mise en place d’une ’’Assise nationale des Forces vives de la nation’’. Les six exigences fondamentales au pouvoir du Président Patrice Talon, qu’ont fait connaître les représentants des forces politiques étant partie prenante de la Coalition pour la Défense de la démocratie au Bénin (C2db), au cours de l’introduction liminaire à la conférence de presse, qu’ils ont animée dans le début de l’après-midi du jeudi 31 mai 2018 à ’’Azalaï Hôtel de la plage’’ de Cotonou. Cette étape a succédé à la critique en règle de la gouvernance telle qu’elle est exercée par le régime actuel, selon huit facteurs bien précis. A lire, ci-dessous, l’intégralité de l’introduction liminaire indiquée.

Marcel Kpogodo




Intégralité de l'introduction liminaire de la conférence de presse de la Coalition pour la défense de la démocratie au Bénin (C2db)


Mesdames et Messieurs les journalistes,
Mesdames et Messieurs les responsables des partis politiques,
Honorables députés à l’Assemblée Nationale,
Mesdames et Messieurs,

Les Forces politiques de l’opposition, membres de la Coalition pour la Défense de la Démocratie au Bénin vous remercient de votre présence à la Conférence de presse qui est organisée ce jour, jeudi 31 mai 2018 au sujet de la situation socio-politique nationale actuelle. Cette manifestation s’inscrit dans la dynamique du 14 avril 2018 à Djeffa qui a posé le pas pour le rassemblement de toutes les forces politiques et sociales opposées à la restauration dans notre chère patrie d’une gouvernance de dictature autocratique et d’un Etat de non droit.

1- Après la rencontre de Djeffa, le pouvoir du Président Patrice Talon, après plus de quatre mois de violation de la décision de la Cour Constitutionnelle, a dû céder à la désignation des membres de sa majorité parlementaire au Cos-Lépi pour l’installation de cette structure. Mais, les décisions que continue de prendre le pouvoir ainsi que les actes qu’il pose enfoncent chaque jour davantage le pays dans une crise économique, sociale et politique sans précédent et les citoyens dans la hantise et l’angoisse du lendemain. Les Béninois, tant de l’intérieur que de l’extérieur, vivent aujourd’hui, en plus de la misère qui écrase déjà, le traumatisme du retour de la période lugubre de la dictature autocratique, sous la direction d’un Président dont la préoccupation essentielle et permanente est de s’accaparer de tous les secteurs économiques rentables du pays sans penser au peuple et à la jeunesse. Cela se traduit par la vassalisation de toutes les institutions de la République, l’élimination à coup d’arbitraire et de voies de faits de tous les concurrents économiques et des opposants politiques, les tentatives de réduction au silence de la population affamée.

2- L’actualité nationale est abondante de graves faits attentatoires aux libertés politiques, aux droits constitutionnels, aux droits de l’homme, à la paix et à la quiétude des citoyens. On retiendra pour leur signification profonde les poursuites et détentions du député Mohamed Atao après celle de Laurent Mètongnon et de ses co-accusés, les demandes de la levée d’immunité contre des personnalités de l’opposition, les interdictions et suspensions des journaux, dont la dernière est celle de "La Nouvelle Tribune", les incertitudes sur le fonctionnement du Cos-Lépi, les propositions de tripatouillage du code électoral. Et enfin et non des moindres, la composition de la prochaine Cour Constitutionnelle.

3- Mais avant de revenir sur ces sujets, il faut rappeler que toujours et de tous les temps la politique devrait être au service des intérêts du grand nombre.  
Mais, dans le cas d’espèce, au Bénin, on assiste, depuis le 06 avril 2016, aux conflits d’intérêts permanents au sommet de l’Etat et à leur résolution au profit du Chef de l’Etat et de ses associés en affaires. Dès le premier Conseil des ministres, il y a eu main-basse sur le secteur du coton et auto-remboursement des créances douteuses, au mépris des procès en instance devant les tribunaux ; ensuite, la reprise du PVI par Bénin Control.
Par modification de la loi 2009 sur le Code des marchés publics, le gouvernement de la Rupture a consacré et légalisé en 2017 les grés à grés sans limitation de montants par le Conseil des ministres. Ainsi le pouvoir de Patrice Talon octroie des marchés publics et sans compétition aucune aux entreprises de son clan, avec des partenaires extérieurs ou à l’aide de sociétés écran pour l’accaparement des ressources nationales : le parc Pendjari, le Ravip, l’affermage des hôpitaux, le port, l’aéroport, etc.
Tous les secteurs économiques rentables sont comme sous la convoitise des hommes au pouvoir. Tenez, le PAG, dont 75% des financements sont sous le contrôle direct du Président de la République sous le couvert des projets phares, servi comme un outil de développement, s’est avéré comme un instrument d’accaparement et d’accumulation des ressources publiques par les hommes au sommet de l’Etat. Les autres secteurs non directement concernés par le PAG sont pris en otage sous couvert de réformes dont la finalité est de permettre aux hommes du pouvoir de les contrôler et d’en détenir le monopole. Alors, les opérateurs économiques qui y exercent, pour peu qu’ils apparaissent comme ne voulant pas faire allégeance au régime de la Rupture, sont pourchassés par des redressements fiscaux, exclus des marchés et subventions d’Etat, exposés aux tracasseries administratives. Après les casses des petits marchands et artisans des rues, on assiste maintenant à la casse des entreprises concurrentes et de celles échappant encore au contrôle du Chef de l’Etat et des hommes au pouvoir.

4- Pour faire passer cette gouvernance, Patrice Talon parle de réformes. Des réformes, oui, mais pas celles qui conduisent notre pays à la régression. Autant par exemple, la nationalisation de la société de manutention portuaire en 1969 était progressiste, car allant dans le sens de l’affirmation de la souveraineté nationale, autant aujourd’hui, la cession du Port autonome par Patrice Talon aux Belges du Port d’Anvers est rétrograde et apatride. C’est à juste titre que le peuple béninois rejette de telles réformes rétrogrades que l’on tente d’imposer en instaurant un Etat policier qui réprime dans la terreur.
La politique d’atteintes aux libertés fondamentales, aux droits de l’homme, de rejet des décisions de la Cour Constitutionnelle, est au service de ces intérêts de la minorité et surtout pour leur pérennisation. Talon n’a-t-il pas dit clairement que, « ce qui  permet à un président d’être réélu avec assurance, ce qui assure la réélection d’un président, ce n’est pas son bilan, ce n’est pas son résultat, c’est la manière dont il tient les grands électeurs,  c’est la manière dont il tient tout le monde, c’est la manière dont personne n’est capable de lui tenir tête ou d’être compétiteur contre lui. Quand vous n’avez pas de compétiteur, vous avez beau être mauvais mais vous serez réélu. »
Ainsi, de même que l’accaparement des ressources, le Chef de l’Etat s’est mis très tôt à vouloir asseoir un Etat policier et de terreur pour ne pas avoir de compétiteur contre lui pendant les échéances électorales. Les associations d’étudiants sont interdites dès octobre 2016 ; s’en sont suivies les poursuites contre Sébastien Ajavon dans la fameuse "affaire cocaïne" pour culminer avec le funeste projet de révision de la Constitution. L’échec cuisant infligé à ce projet a mis Talon et son équipe en rage. A partir de cet instant, la lutte contre la corruption et l’impunité, réclamée par tout le peuple béninois, est mise en avant et détournée pour devenir l’instrument d’acharnement contre les opposants politiques. Alors se sont enchaînés également, les violations et rejets des décisions de la Cour Constitutionnelle, le retour des poursuites et détentions politiques, les croisades contre le droit de grève des magistrats et des fonctionnaires, l’acharnement contre les députés de l’opposition et leurs partis, la chasse contre les journaux et médias non conformistes, etc.

5- Le dernier acte d’acharnement contre les libertés est la suspension à titre conservatoire, à compter du 23 mai 2018, du journal "La Nouvelle Tribune". Le journal est accusé de s’être « engagé depuis quelques mois dans un registre injurieux, outrageant, attentatoire à la vie privée du Chef de l’Etat sur la base d’un champ lexical dévalorisant » (sic). Cette mesure conservatoire est contraire au droit, aux lois régissant la HAAC et l’ODEM. Elle relève d’une démarche solitaire et télécommandée pour étendre la répression. Sur la forme, la HAAC recommanderait un champ lexical valorisant et laudateur au profit d’un citoyen. Mais est-ce là sa mission ? Les extraits d’articles épinglés par la HAAC ne sont pas, à nos yeux, dévalorisants. Ce sont des opinions qui doivent s’exprimer.
A l’opposé, ce qui peut être dévalorisant pour toute une Nation, c’est par exemple la traiter de « désert de compétences ». Nous avons observé le silence de la HAAC lorsque de tels propos ont été abondamment relayés par diverses presses. Nous avons constaté également son silence lorsque la presse nationale vilipende des institutions d’Etat et leurs responsables ainsi que des anciens Chefs d’Etat en les traitant par exemple de "vil individu", lorsque des opposants sont traités de "trafiquant de drogue", " vendeur de faux médicaments" et des directeurs d’école jetés en pâture sans aucun procès.
Qu’est-ce qui pourrait justifier aujourd’hui le réveil soudain de la HAAC si ce n’est l’action d’une télécommande relocalisée ? ’’La Nouvelle Tribune’’ est victime de la politique de musèlement de toute expression libre tout comme, avant elle, Sikka tv, la Béninoise tv, Soleil fm, etc. Nous exigeons la levée immédiate de cette mesure de suspension au nom de la liberté d’expression et du droit du peuple à l’information, consacrés par notre Constitution.

 Mesdames et Messieurs,

6- Le peuple est témoin de l’acharnement politique contre Mohamed Atao que ni le mandat de député, ni l’ordonnance du juge des libertés et de la détention n’ont protégé contre l’atteinte par la police à son intégrité physique jusque dans les locaux du tribunal de Cotonou. Et après plusieurs mandats d’arrêt dont le caractère fallacieux est montré, la justice à ordre sort un autre mandat. On ne peut pas ne pas se demander à juste titre si ce ne sont pas les révélations faites sur ses entretiens avec le Chef de l’Etat qui lui valent de telles représailles ! Ne veut-on pas embastiller un élément gênant pour le faire taire ?
C’est ce qui apparaît logiquement avec les demandes de levée d’immunité contre des députés et des personnalités qui sont tous de l’opposition politique. Ne veut-on pas justement jeter au cachot ceux-là qui, ayant refusé de se soumettre au pouvoir de la rupture, sont susceptibles de révélations contre l’homme d’affaires devenu Chef de l’Etat ? Le caractère sélectif confirme cette vue. Pourquoi les auteurs des scandales comme ceux des machines agricoles, de Sodéco, PVI, Maria-gléta, avion présidentiel ne sont nullement inquiétés?
De même, ne sont pourchassés et victimes de destitution que les maires refusant le soutien et la soumission au nouveau régime. Pendant que certains maires appartenant à la majorité présidentielle et accusés de malversations sont libres de leurs mouvements et continuent d’exercer, d’autres, comme Léhady Soglo, sont poussés à l’exil pour fuir l’acharnement policier.
En même temps que les maires et les députés opposants, leurs partis sont victimes de déstabilisation. Tout est mis en œuvre et la justice instrumentalisée et/ou entravée à cet effet. Jusqu’à ce jour, les procès contre le PSD et la RB sont bloqués pour permettre à ceux-là qui apparaissent comme des usurpateurs au profit du camp du Chef de l’Etat de continuer de prétendre d’en être des dirigeants.
C’est ce qui apparaît logiquement lorsque que la loi est violée de façon délibérée, constante, par ceux-là qui sont justement en charge de rendre la justice. Avant le cas de Mohamed Atao, il y a eu celui de Laurent Mètongnon et de ses co-accusés. La Cour Constitutionnelle a déclaré contraire à la Constitution, dans une décision en date du 19 avril 2018, le rapport à la base de leur poursuite et détention, de même que les agissements du procureur de la République. Cette décision, selon l’article 124 de la Constitution s’impose « à tous les pouvoirs publics, à toutes les autorités civiles, militaires et juridictionnelles ». Et pourtant, Laurent Mètongnon et ses co-accusés sont maintenus en détention jusqu’à ce jour.

7- L’Etat de non droit est donc complètement installé et pour le défendre, la nouvelle Cour Constitutionnelle est taillée sur mesure. Le pouvoir et ses complices au Parlement y ont désigné les associés en affaires du Chef de l’Etat. Aucun juriste publiciste, encore moins constitutionnaliste. Point n’est besoin, nous révèle-t-on de compétence en cette matière sous le pouvoir de la Rupture ; il suffit d’avoir des affidés, des obligés prêts à exécuter la volonté du Chef.
Or, la Cour Constitutionnelle est la clé de voûte de tout le système institutionnel de notre pays. C’est elle qui est chargée de la régulation de tous les pouvoirs publics. Elle est garante des libertés publiques. C’est elle qui supervise, contrôle et valide tout le processus électoral législatif et présidentiel, depuis le code électoral, la liste électorale, le vote, les résultats jusqu’au contentieux.  Sa composition ne peut donc laisser indifférente toute personne attachée aux libertés et à la démocratie. De ce point de vue, la composition de la prochaine Cour, avec en son sein, des éléments comme Joseph Djogbénou qui, n’a eu de cesse depuis deux ans, de soutenir les atteintes aux libertés publiques et à l’indépendance de la justice, d’appeler même à rejeter toute décision de la Cour Constitutionnelle contraire aux désidératas du pouvoir en place, cette composition est inacceptable. Joseph Djogbénou est disqualifié pour siéger à la Cour Constitutionnelle.
En effet, il est éthiquement inadmissible que Joseph Djogbénou, un juriste de ce niveau qui a été condamné par l’actuelle Cour pour avoir violé la Constitution en son article 54 devienne membre de cette noble institution.

8- Notre pays et sa démocratie sont en danger. L’Etat de non droit est installé. Le peuple se trouve confronté à ce défi, redoutable certes, mais à sa portée. Depuis 28 ans, notre peuple ne s’est trouvé dans un tel Etat de non droit, de piétinement systématique de ses droits et de sa dignité.
Mais, il ne fait aucun doute que le pouvoir de dictature autocratique de Talon qui a déjà échoué sur le plan économique et social sera également vaincu. Aucune dictature ne peut survivre face à un peuple organisé où les travailleurs et la jeunesse défendent pieds à pieds leurs droits à la liberté et aux conditions décentes de vie, de travail et d’étude. La levée de bouclier de tout le peuple a fait reculer le pouvoir et permis l’installation du Cos-lépi.
Mais les exigences fondamentales demeurent. Vient encore illustrer ces exigences la proposition de loi portant nouveau code électoral qui est un véritable déni des droits des citoyens à des élections démocratiques, libres et transparentes. La proposition de loi (commanditée pour être portée par des députés comme on en a l’habitude sous le pouvoir de la ruse) est une monstruosité anti-démocratique. Tenez, l’article 12 exclut du droit d’être électeur (et donc aussi d’être éligible) tout citoyen condamné à une peine d’emprisonnement avec ou sans sursis d’une durée supérieure ou égale à trois mois, et pour tous autres faits prévus par les dispositions des lois pénales et constitutifs de délits. Ainsi une peine d’emprisonnement de trois mois avec sursis et pour délit vous prive de vos droits civiques ! La porte est ouverte au dictateur d’activer davantage son « bras judiciaire » TOGBONON, déjà en œuvre contre tous les opposants et concurrents politiques aux prochaines compétitions électorales. Si l’on ajoute la nécessité pour les candidats de vivre sans interruption pendant un an dans une résidence au Bénin, de présenter un quitus fiscal dont la délivrance est réservée au seul DG des impôts et sans compter toutes les autres entraves mesquines, le nouveau code est de la facture du funeste projet de révision de la Constitution et qui doit aussi être vigoureusement combattu et rejeté.
Tout le peuple doit continuer de se mobiliser et mieux s’organiser pour mettre fin à la gouvernance de dictature autocratique.
Par ailleurs, de toute évidence, Patrice Talon est disqualifié pour mener la lutte contre la corruption, car il a longtemps été un acteur du système et selon ses propres propos, il en a été bénéficiaire. De surcroît, sa gouvernance actuelle est fortement sujette à caution et rejetée.
C’est pourquoi, les Forces politiques de l’opposition, membres de la Coalition pour la Défense de la Démocratie au Bénin proposent et exigent :

a- Le rétablissement et la garantie des libertés publiques, d’expression, de presse, de manifestation : la levée de la suspension de "La Nouvelle Tribune", des autres organes de presse (Sikka tv, La Béninoise tv, etc), la fin du piratage de Soleil Fm, l’abrogation des arrêtés contre les manifestations pacifiques ;

b-  La fin de l’acharnement contre les opposants politiques : la libération des détenus politiques, Laurent Mètongnon, Mohamed Hinnouho Atao ; le retour des exilés politiques, l’arrêt des poursuites contre Lucien Médjico ; la fin de l’immixtion du pouvoir dans le judiciaire ; le rétablissement dans leur droit des partis politiques injustement attaqués ; la fin des redressements fiscaux sélectifs et abusifs ;

c- La fin de la lutte sélective contre la corruption et l’impunité : la tenue effective et sans parti pris des procès des affaires Dangnivo et Icc-services ; l’instruction sans délai des nombreux autres scandales : avion présidentiel, machines agricole, Ppea2, Sodéco, Pvi , Maria-gléta, nouveau siège de l’Assemblée nationale, motos du ministère du cadre de vie, contrats opaques et de gré à gré (Port, aéroport, Ravip, etc) ;

d- L’audit international indépendant de la Lépi, les moyens de fonctionnement du Cos-lépi en vue des élections législatives et présidentielles, constitutionnelles qui sont insusceptibles de report.

e- Le retrait immédiat de la proposition de loi sur le code électoral

f- La convocation d’urgence d’une Assise nationale des Forces Vives de la nation en vue de redéfinir de nouvelles bases consensuelles de gouvernance du pays.


La Coalition pour la Défense de la Démocratie au Bénin appelle alors tous les partis politiques, toutes les organisations démocratiques des travailleurs, de la jeunesse et de défense des droits humains, tout le peuple à se lever pour dire non à la gouvernance autocratique.
Elle appelle la communauté internationale à soutenir les luttes pour la démocratie contre la restauration de la dictature autocratique au Bénin.
Enfants du Bénin, debout ! Merci

La Coalition pour la Défense de la Démocratie au Bénin (C2D)